Réalisateur, scénariste, producteur et acteur russe, Andrei Konchalovsky est né dans une prestigieuse lignée d’artistes russes. Il est par ailleurs le frère aîné du cinéaste Nikita Mikhalkov. Au départ musicien, Konchalovsky étudie le piano durant une dizaine d’années au Conservatoire de Moscou. Toutefois, sa rencontre avec Andrei Tarkovski va être décisive dans sa réorientation vers le cinéma. Effectivement, il participe à l’écriture des chefs-d’œuvre que sont L’enfance d’Ivan (Tarkovski, 1962) et Andrei Roublev (Tarkovski, 1966).
Konchalovsky, fondateur de la nouvelle vague soviétique
Konchalovsky intègre l’école du VGIK où il réalise un premier court-métrage d’étude. Il décide de tourner son premier long-métrage de fiction en Kirghizie, intitulé Le premier maître (1965). Par son noir et blanc quasiment documentaire et sa volonté d’employer des non-comédiens, Le premier maître (1965) peut être considéré comme l’acte de naissance d’une nouvelle vague soviétique, loin du réalisme socialiste en vigueur.
Le cinéaste poursuit dans la même veine naturaliste avec Le bonheur d’Assia (1967) qui est jugé trop cru par les autorités d’alors. Le long-métrage est peu diffusé aussi bien en URSS qu’à l’étranger. Il attendra ainsi une diffusion au Festival de Berlin en 1988 pour recevoir enfin un prix. Contraint de tourner des œuvres plus patrimoniales et prestigieuses, Konchalovsky livre avec Le nid des gentilshommes (1969) et Oncle Vania (1971) des films plus classiques, mais tout de même très réussis. Il déçoit davantage avec La romance des amoureux (1974) qui s’inscrit dans une esthétique plus conforme à la volonté du pouvoir en place. Même problème avec Sibériade (1978) qui compense son conformisme idéologique par une ampleur de réalisation impressionnante. Le film obtient le Grand Prix du jury à Cannes en 1979.
La période américaine (1984-1992)
Toutefois, Konchalovsky a de plus en plus de mal à trouver des projets viables en URSS. Il parvient toutefois à fuir le régime soviétique et s’installe aux États-Unis dans les années 80. Les compères de la Cannon, Menahem Golan et Yoram Globus, à la recherche de noms prestigieux à ajouter à leur catalogue, organisent la rencontre du cinéaste avec la jeune star Nastassja Kinski. C’est une belle réussite puisque ce long-métrage inspiré d’un récit de Platonov et intitulé Maria’s Lovers (1984) est présenté avec succès au Festival de Venise et approche du million d’entrées sur la France. En 1985, Menahem Golan et Yoram Globus s’achètent encore ses services pour réaliser un gros film d’action intitulé Runaway Train. Le réalisateur parvient à transcender le script et fait de cette commande un véritable film culte, tandis que le public de l’époque reste davantage en retrait.
La suite de la carrière américaine de Konchalovsky est globalement décevante. Duo pour une soliste (1986) n’éveille pas l’attention (37 570 spectateurs sur toute la France), de même que Le bayou (1987) malgré un prix d’interprétation décroché à Cannes pour Barbara Hershey. Toutefois, ces deux drames restent dignes comparés à Voyageurs sans permis (1989), comédie avec Whoopie Goldberg, puis le pas terrible Tango & Cash (1989) avec Sylvester Stallone. Le réalisateur termine sa carrière américaine avec un intéressant Le cercle des intimes (1992) qui est un gros échec international.
Retour au pays
Déçu de son expérience américaine, Andrei Konchalovsky fait le choix de revenir dans son pays, alors que le régime soviétique s’est effondré. Il retrouve là l’inspiration de ses débuts avec Riaba ma poule (1994) qui ne réalise pas beaucoup d’entrées en France (73 353 curieux), mais lui permet enfin d’obtenir des bons papiers, montrant un cinéaste toujours vert. Pourtant, cette renaissance amène Konchalovsky à la télévision où il tourne une production gigantesque en deux parties intitulée L’odyssée d’après Homère. Il ne revient au cinéma qu’en 2002 avec La maison de fous qui obtient le Grand prix du jury du Festival de Venise 2002, mais passe inaperçu en salles.
En 2006, il livre un Gloss terriblement superficiel qui fait douter de ses capacités à se renouveler. Alors que les années 2000 ont été peu porteuses, Konchalovsky revient en grande forme dans la décennie suivante, enchaînant les œuvres intimistes puissantes. On lui doit l’excellent Les nuits blanches du facteur (2014), qui obtient le Lion d’argent du meilleur réalisateur au Festival de Venise 2014. Ils ne furent malheureusement que 35 366 spectateurs français à faire le déplacement en salles. Mais les critiques furent excellentes, à juste titre. Il réitère cette réussite avec Paradis (2016), nouvelle fois Lion d’argent du meilleur réalisateur au Festival de Venise 2016.
Konchalovsky a eu moins de chance avec son biopic sur Michel-Ange (2019) dont l’exploitation a été interrompue par la crise de la Covid-19, mais reçoit un très bon accueil critique. Son film suivant Chers camarades ! (2020) sort sur les écrans en septembre 2021 non sans avoir glané le Prix spécial du jury du Festival de Venise en 2020.
On notera que depuis quelques années, Andrei Konchalovsky a suivi la même pente idéologique que son frère Nikita Mikhalkov en soutenant le régime de Vladimir Poutine. Il n’en demeure pas moins l’une des figures les plus importantes du cinéma russe, et même mondial.