LĂ©gende hollywoodienne qui rĂ©volutionna le cinĂ©ma amĂ©ricain provoquant une vague de films “tarantinesques” pendant une dĂ©cennie, Quentin Tarantino aura survĂ©cu aux annĂ©es 90 qui le lancèrent.
Il a dĂ©passĂ© son propre phĂ©nomène qui aurait pu rester gĂ©nĂ©rationnel, ancrĂ© dans une dĂ©cennie grunge, (celle de sa production, True romance, qu’il a Ă©crite et qui a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par Tony Scott, mais dont on retrouve la patte du Tarantino que l’on aime, jusqu’au choix rĂ©fĂ©rentiel des acteurs, Christian Slater, Patricia Arquette, Dennis Hopper, et un certain Brad Pitt, en pleine ascension. True Romance est devenu la sĂ©rie B la plus reprĂ©sentative d’une gĂ©nĂ©ration de jeunes cinĂ©philes dans les annĂ©es 90.
CinĂ©aste estampillĂ© Miramax, la firme mythique du sulfureux Harvey Weinstein, Tarantino va enchaĂ®ner les projets faisant la part belle Ă la nostalgie du cinĂ©ma grindhouse, aux classiques du cinĂ©ma d’exploitation, amĂ©ricain (la blaxploitation, avec Jackie Brown, en 1997) ou italien (Inglourious Basterds et la nazisploitation).
Son cinĂ©ma se joue de la structure narrative (le palmĂ© Pulp Fiction, pas mal pour un second film, oĂą Tarantino relance la carrière de John Travolta, et met sur orbite Uma Thurman et Samuel L. Jackson), dĂ©passe les canons de durĂ©e hollywoodiennes (Kill Bill, sera exploitĂ© en salle en 2 volumes, pour Ă©viter de souffrir d’une durĂ©e de plus de 3h en salles), et, dans sa bravoure rĂ©fĂ©rentielle, ose imposer des dialogues verbeux atypiques, mĂ©ta-cinĂ©matographiques, gĂ©nĂ©reux dans leur amour de la culture populaire (la rĂ©flexion collective sur le Like a Virgin de Madonna, dans Reservoir Dogs, en 1992). On retrouvera cet aspect chez Wes Craven et son succès Scream, qui sera la suite logique de l’ascension de Tarantino et de son influence grandissante sur la production amĂ©ricaine de la dĂ©cennie.
Avec Django Unchained (2012) et Les Huits salopards (2009), il devient un monstre intouchable, faisant ce qui lui plaît, dans le dédain des modes (le cinéma franchisé et rebooté des années 2010) et de la bonne conduite.
Quatre de ses films ont dĂ©passĂ©, en 2019, les 100 millions de dollars :Pulp Fiction, Inglorious Basterds, Django Unchained, et sa satire amĂ©ricaine dĂ©jantĂ©e, Once upon a time in… Hollywood, vestige Ă©pique d’un cinĂ©ma en voie de disparition qui casse la baraque dans le monde entier, malgrĂ© les polĂ©miques sur le caractère subversif et misogyne de son Ĺ“uvre.
La France est le pays oĂą Tarantino est le plus adulĂ© des auteurs. A l’exception de son premier long, sorti avec d’excellentes critiques, en 1992, qui suscita la curiositĂ© et un sacrĂ© bon bouche Ă oreille (Reservoir Dogs, 310 000), et Boulevard de la mort, Ĺ“uvre rĂ©alisĂ©e dans le cadre d’un diptyque grindhouse, avec le cinĂ©aste Robert RodrĂguez, qui lui sortit la mĂŞme annĂ©e Planète Terreur, tous les films de Tarantino ont franchi en France le seuil du million de spectateurs. Django Unchained a mĂŞme dĂ©passĂ© les 4 millions.
La France a couronnĂ© d’une Palme ses dĂ©buts, l’a fait Officier dans l’Ordre des Arts et des Lettres (2004), puis Commandeur (2013). L’auteur passionnĂ© est sĂ©lectionnĂ© rĂ©gulièrement Ă Cannes oĂą le tapis rouge lui est rĂ©gulièrement dĂ©ployĂ©…
On lui souhaite de ne pas arrêter le cinéma à son dixième film, comme il menace de le faire. Il a encore beaucoup à apporter au septième art.