Nastassja Kinski est la plus grande actrice féminine des années 80. Un phénomène dont la fulgurance au cinéma était à l’image de sa sensibilité à fleur de peau. Un mystère que nul n’aura percé. Indomptable, solitaire, elle choisit ses films seule, allant de tournage en tournage pour combler les manques créés par une jeunesse compliquée. L’élan biographique s’impose.
Probablement la meilleure actrice de sa génération, elle a vu sa carrière minée par ces fantômes du passé et l’insuccès des grandes rencontres cinématographiques qui ont souvent conduit les studios au bord de la rupture. La poisse ? Certainement, le nom de l’actrice sera associé au mot bide. Mais Nastassja Kinski, malgré une décennie 90 où elle joua pour des raisons alimentaires, a su trouver la quiétude dans la maternité.
Offrir du bonheur à des enfants quand on en a été privé soi-même ? Probablement. Dans chacune de ses interviews depuis 1980, mais aussi dans ses choix cinématographiques, celle qui aurait voulu être danseuse et non comédienne, n’a jamais vraiment cessé de parler d’enfants. Lors de la promotion de Maladie d’amour (1987) de Jacques Deray, Michel Piccoli a même comparé son ascension, non pas à celle d’une star née, mais d’une mère née… Il n’avait pas tort.
Nastassja a inspiré toutes les comédiennes des années 90 qui ont trouvé dans la fébrilité de son jeu un repère intarissable. Pourtant, alors que la comédienne célèbre ses 60 ans, le 24 janvier 2021, elle semble désormais méconnue des nouvelles générations de cinéphiles. La mère a pris le dessus sur l’actrice, acceptant de facto l’anonymat qui va avec.
Celle qui aime peu parler des coulisses de ses films, rarement dans le désir de s’ouvrir aux autres, n’a jamais semblé vouloir écrire une autobiographie, trouvant dans le cinéma la part de thérapie nécessaire à son équilibre.
Pourtant, pour les cinéphiles en herbe des années 80, le repère qu’elle représentait est un manque réel à notre épanouissement contemporain, alors que son absence en France fait mal. Cinémathèque, es-tu là ? Son aisance à incarner les vertiges et fêlures semble avoir déserté le caractère lisse des jeunes actrices contemporaines. Kinski, femme-enfant, femme-objet, femme manipulée, ou puissante, était surtout un modèle de maturité quand bien même elle n’avait que 20 ans lors du tournage difficile de La lune dans le caniveau.
Le besoin de revivre ses années, nos années, est d’une évidence criante. Rares auront été les actrices à avoir frappé de si fort, à la sortie de l’adolescence, une décennie. Surexposée, de tous les plus grands festivals, y compris membre du jury cannois en 1988, décrochant alors le record du plus jeune âge pour un juré, Nastassja ou Nastassia était « la Kinski »… Avec dévotion sûrement subjective, je reviens sur ses 46 ans de carrière, par envie, besoin, et désir de transmission de ce qu’est une vision complète du septième art.
Cette biographie alterne librement les prénoms de Kinski, communément appelée Nastassia ou Nastassja. Les deux délivrent la même volupté et ont été tellement usités qu’il serait dommage de s’en priver.
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Photo : Screen shot taken from Cat People © 1982 Universal Studios, Inc All Rights Reserved – Edition blu-ray : © 2016 Elephant Films – Tous Droits Réservés
Filmographie de Nastassja Kinski
(Actrice, longs métrages)
- 1975 : Faux Mouvement (Falsche Bewegung) de Wim Wenders
- 1976 : Une fille pour le diable (To the Devil a Daughter) de Peter Sykes
- 1978 : Deux Heures de colle pour un baiser (Leidenschaftliche Blümchen) d’André Farwagi
- 1978 : La Fille (Così come sei) d’Alberto Lattuada
- 1979 : Tess de Roman Polanski
- 1982 : Coup de cœur (One from the Heart) de Francis Ford Coppola
- 1982 : La Féline (Cat People) de Paul Schrader
- 1983 : La Symphonie du printemps (Frühlingssinfonie) de Peter Schamoni
- 1983 : Surexposé (Exposed) de James Toback
- 1983 : La Lune dans le caniveau de Jean-Jacques Beineix
- 1984 : Faut pas en faire un drame (Unfaithfully Yours) de Howard Zieff
- 1984 : L’Hôtel New Hampshire (The Hotel New Hampshire) de Tony Richardson
- 1984 : Paris, Texas de Wim Wenders
- 1984 : Maria’s Lovers d’Andreï Kontchalovski
- 1985 : Revolution de Hugh Hudson
- 1985 : Harem d’Arthur Joffé
- 1987 : Maladie d’amour de Jacques Deray
- 1989 : Magdalene de Monica Teuber
- 1989 : Les Eaux printanières (Torrents of Spring) de Jerzy Skolimowski
- 1989 : Par une nuit de clair de lune (In una notte di chiaro di luna) de Lina Wertmüller
- 1990 : L’alba de Francesco Maselli
- 1990 : Il segreto de Francesco Maselli
- 1990 : Le Soleil même la nuit (Il sole anche di notte) de Paolo et Vittorio Taviani
- 1991 : Humiliés et Offensés (Униженные и оскорбленные) d’Andreï Andreïevitch Echpaï
- 1992 : In camera mia de Luciano Martino
- 1992 : La bionda de Sergio Rubini
- 1993 : Si loin, si proche ! (In weiter Ferne, so nah!) de Wim Wenders
- 1994 : Crackerjack de Michael Mazo
- 1994 : Terminal Velocity de Deran Sarafian
- 1996 : Somebody Is Waiting de Martin Donovan
- 1997 : Drôles de pères (Fathers’ Day) d’Ivan Reitman
- 1997 : Little Boy Blue d’Antonio Tibaldi
- 1997 : Pour une nuit (One Night Stand) de Mike Figgis
- 1998 : Ciro norte, court métrage d’Erich Breuer
- 1998 : Savior de Predrag Antonijević
- 1998 : Entre amis et voisins (Your Friends & Neighbors) de Neil LaBute
- 1998 : Susan a un plan (Susan’s Plan) de John Landis
- 1999 : La Carte du cœur (Playing by Heart) de Willard Carroll
- 1999 : The Lost Son de Chris Menges
- 1999 : Suspicion (The Intruder) de David Bailey
- 2000 : The Magic of Marciano de Tony Barbieri
- 2000 : Red Letters de Bradley Battersby
- 2000 : Time Share de Sharon von Wietersheim
- 2000 : Rédemption (The Claim) de Michael Winterbottom
- 2001 : Une si douce victime (Cold Heart) de Dennis Dimster
- 2001 : Potins mondains et Amnésies partielles (Town & Country) de Peter Chelsom
- 2001 : American Rhapsody (An American Rhapsody) d’Éva Gárdos
- 2001 : Le Piège d’une liaison (Say Nothing) d’Allan Moyle
- 2001 : Le journal d’un obsédé sexuel (Diary of a Sex Addict) de Joseph Brutsman
- 2001 : Braquage au féminin (Beyonds the City Limits) de Gigi Gaston
- 2002 : .com for Murder de Nico Mastorakis
- 2003 : Gauguin (Paradise Found) de Mario Andreacchio
- 2004 : À ton image d’Aruna Villiers
- 2006 : Inland Empire de David Lynch
- 2013 : Sugar de Rotimi Rainwater