Réalisateur, producteur et acteur américain, John Ford (de son vrai nom John Martin Feeney) est l’un des plus grands réalisateurs du grand Hollywood classique.
Sa carrière s’étale des années 1910 aux années 60. Et si le cinéaste est généralement réduit à sa contribution, certes majeure, au western, il ne faut pas négliger le reste d’une œuvre qui embrasse des genres très différents.
John Ford : formation et le temps du muet
John Ford est le dernier né d’une famille irlandaise comptant onze enfants. Il fait ses études à Portland où il se passionne pour l’Histoire. Au moment d’entrer à l’université, il choisit de rejoindre son frère Francis Ford en Californie et débarque donc à 19 ans à Hollywood. Le jeune homme devient alors cascadeur, puis acteur de complément dans les westerns de son frère, déjà réalisateur. Peu à peu, John devient assistant réalisateur pour le compte de Francis.
En 1917, John Ford est appelé par les pontes de la Universal pour remplacer au pied levé un réalisateur absent et il peut ainsi tourner son tout premier film intitulé The Tornado (1917). Rapidement, John Ford – encore crédité Jack Ford au générique – trouve un collaborateur fidèle en l’acteur Harry Carey. Avec lui, il tente même dès 1917 l’aventure d’un long-métrage intitulé Le ranch Diavolo, d’une durée exceptionnelle pour l’époque (une heure de projection). Le succès est immense et désormais, Ford va imposer ce format moyen et long sur ses productions suivantes. S’il tourne un nombre conséquent de westerns, il commence à se diversifier avec le drame The Prince of Avenue A (1920), puis réalise pour la Fox Pour la sauver (1920) qui est un nouveau triomphe.
Le maître du western
Dès lors, John Ford passe sous contrat avec la Fox qui va le garder durant une vingtaine d’années. Il y réalise majoritairement des westerns avec la star maison Tom Mix, mais aussi d’autres types de spectacles comme L’homme aux camées (1923) avec John Gilbert. En 1924, il tourne ce qui peut être considéré comme son premier chef-d’œuvre, l’impressionnant Le cheval de fer (1924) qui évoque en plus de deux heures la naissance de la voie ferrée reliant l’Est et l’Ouest des États-Unis.
© 1939 Ariès – Walter Wanger – United Artists / Affiche : Vandor. Tous droits réservés.
Ce beau succès ne pousse pourtant pas le réalisateur vers des sommets et ses productions suivantes se démarquent moins. Il connaît même un échec public avec Trois sublimes canailles (1926). Il abandonne alors son genre de prédilection et se coule davantage dans le moule des studios. De cette période moins faste, on peut retenir le drame Les quatre fils (1928) ou Arrowsmith (1931) qui lui permet d’obtenir une première nomination à l’Oscar.
Le passage au parlant et l’ascension des années 30
Le passage au parlant ne lui pose pas de problème particulier et il retrouve le succès avec Deux femmes (1933) et La patrouille perdue (1934). Ensuite, John Ford connaît enfin la consécration avec Le mouchard (1935) qui remporte quatre Oscars dont son premier en tant que meilleur réalisateur. Il continue dans la même veine plus sociale avec Révolte à Dublin (1936) ou encore Marie Stuart (1936). Mais son plus gros succès commercial, il l’obtient en faisant tourner la jeune Shirley Temple dans La mascotte du régiment (1937).
Le temps des chefs-d’œuvre
C’est le temps de la gloire pour John Ford dont chaque film devient alors un événement. Ainsi, il enchaîne avec Hurricane (1937), Patrouille en mer (1938) et surtout La chevauchée fantastique (1939) qui relance la mode du western et fait de John Wayne une star de premier plan, lui qui vivotait dans des tonnes de séries B depuis une décennie. Le film obtient deux Oscars et un succès commercial imposant. La même année, il fait de Henry Fonda une star en lui faisant jouer Lincoln dans Vers sa destinée (1939). Ensemble, ils poursuivent immédiatement avec Sur la piste des Mohawks (1939) et confirment leur immense talent avec le chef-d’œuvre Les raisins de la colère (1940) d’après John Steinbeck. Le métrage vaut à John Ford l’Oscar du meilleur réalisateur, amplement mérité.
© 1940 Renewed 1967 Twentieth Century Fox Film Corporation / Affiche : Constantin Belinsky. Tous droits réservés.
Toujours en verve, Ford signe encore plusieurs films remarquables comme Les hommes de la mer (1940) et Qu’elle était verte ma vallée (1941) qui lui vaut un nouvel Oscar du meilleur réalisateur, récompense obtenue donc deux années consécutives.
Avec l’entrée en guerre des États-Unis, John Ford s’engage sous les drapeaux et tourne de nombreux documentaires. Seul long-métrage de fiction de cette époque, Les sacrifiés (1945) est une réussite. Après la guerre, retour au western avec un nouveau triomphe intitulé La poursuite infernale (1946) interprété par Henry Fonda. Par la suite, il retrouve John Wayne sur plusieurs films dont Le Massacre de Fort-Apache (1948) et La charge héroïque (1949). Avec Le convoi des braves (1950), il évoque l’odyssée des mormons, mais on préfère retenir de cette année-là Rio Grande (1950), toujours avec Wayne.
Un réalisateur au sommet dans les années 50-60
En 1952, John Ford retourne à ses origines en partant tourner en Irlande L’homme tranquille (1952) qui lui vaut un nouvel Oscar du meilleur réalisateur. L’année suivante, il livre le film d’aventures Mogambo (1953). Il faut attendre 1956 pour que John Ford s’impose à nouveau avec La prisonnière du désert (1956) qui est considéré comme l’un de ses derniers chefs-d’œuvre.
Pourtant, nous ne sommes pas loin de préférer ses dernières œuvres à celles des années 50. Ainsi, sa vision de la politique américaine dans La dernière fanfare (1958) ne manque pas de pertinence et d’acuité. Si certains films apparaissent comme dispensables, on peut admirer L’homme qui tua Liberty Valance (1962), un petit bijou qui montre un John Ford plus nuancé et plus sage.
John Ford touché par la maladie
Enfin, Les Cheyennes (1963) permet au réalisateur de se pencher de manière humaniste sur les peuples amérindiens, le film résistant ainsi mieux au temps que certains autres. Il termine son impressionnante carrière avec Frontière chinoise (1966), plus anecdotique, mais non dénué de fulgurances.
Au début des années 70, John Ford est malade, victime d’un accident de voiture et on lui découvre un cancer. Il décède en 1973 à l’âge de 79 ans, restant à jamais considéré comme l’un des plus grands réalisateurs de l’âge d’or hollywoodien.