Réalisateur, metteur en scène de théâtre, scénariste et producteur suédois, Ingmar Bergman est né en 1918 d’un père pasteur luthérien et d’une mère d’origine wallonne.
Une enfance difficile
Le jeune garçon grandit dans une discipline très stricte étant donné la position de son père qui se doit être une référence pour le reste de la communauté. Ainsi, les punitions corporelles ne sont pas rares et le petit garçon se réfugie dans l’imaginaire avec sa sœur qui l’aide à construire un petit théâtre de marionnettes.
Pour échapper à l’emprise paternelle, Ingmar Bergman part en Allemagne à l’occasion d’un échange culturel. Il assiste alors à la montée du nazisme qui le séduit. Finalement, il débute ses études d’histoire et de littérature à Stockholm en 1937, mais il est davantage motivé par le théâtre universitaire auquel il consacre l’essentiel de son temps. Devenu assistant-metteur en scène, Bergman parvient à se faire engager à la Svenk Filmindustri en tant que scénariste. Il écrit notamment Tourments (Sjöberg, 1944) et tente de s’imposer en tant que réalisateur de son script. On lui fait comprendre que son tour viendra, mais pas avec ce script.
Le passage à la réalisation dans les années 40
C’est finalement en 1946 que la Svenk Filmindustri permet à Bergman de passer à la réalisation avec Crise (1946) qui est déjà très personnel. Il signe ensuite une série de drames qui lui permettent d’explorer des thèmes différents sans encore y affirmer une marque totalement personnelle. On peut citer durant cette période L’éternel mirage (1947) qui connaît un certain succès en France avec 383 243 cinéphiles dans les salles. On peut aussi évoquer Ville portuaire (1948) et La prison (1949) qui attire 115 701 curieux. Toutefois, sa plus belle réussite de l’époque est sans aucun doute le magnifique Vers la joie (1950), sorte de mélodrame musical qui évoque pour la première fois les problèmes de couple qui seront au centre de son œuvre future.
Les premiers succès de scandale des années 50
Dans les années 50, Ingmar Bergman affirme la puissance de son cinéma à travers plusieurs films remarquables. Cela commence par Jeux d’été (1951) qui motive 195 451 cinéphiles français et qui est présenté au Festival de Venise. Ensuite, il bouleverse la censure avec Monika (1953) où il filme la nudité d’Harriet Andersson. Le métrage fait grand bruit et affirme sa place dans le cinéma mondial. En France, le film à l’érotisme très soft, mais exceptionnel pour l’époque, attire 926 796 voyeurs dans les salles.
Alors qu’il connaît enfin la reconnaissance internationale, Bergman est fortement critiqué dans son pays dès La nuit des forains (1953) que les critiques locaux descendent. En France, le film attire 232 614 curieux. Après plusieurs déconvenues, Bergman retrouve les faveurs du public et de la critique avec le léger Sourires d’une nuit d’été (1955) qui est présenté avec succès au Festival de Cannes et séduit 885 617 cinéphiles en France.
Le temps des chefs d’œuvre établissant sa renommée internationale
Toutefois, Ingmar Bergman change radicalement de style avec son œuvre suivante, le chef d’œuvre Le septième sceau (1957) qui déconcerte 647 825 amateurs de cinéma rigoureux. Le film d’une beauté incroyable sur le plan esthétique a obtenu le Prix spécial du jury à Cannes et demeure une des œuvres marquantes du réalisateur suédois. Le cinéaste enchaîne avec un autre chef d’œuvre éclatant : Les fraises sauvages (1958) qui reçoit l’Ours d’or du Festival de Berlin et le Golden Globe du meilleur film étranger aux États-Unis. Le film pourtant très ambitieux et difficile d’accès remporte un beau succès en France avec 895 112 entrées.
Ensuite, le cinéaste réalise un beau portrait de trois femmes dans Au seuil de la vie (1958) qui marche cependant beaucoup moins, puis il tourne Le visage (1958) qui reçoit plusieurs prix à Venise. Toutefois, son œuvre la plus marquante de cette période est assurément le chef d’œuvre La source (1960) qui dépasse même le million d’entrées en France. Certains estiment même que le long-métrage est l’un des premiers rape and revenge. Il faut dire que cette histoire de viol qui a inspiré notamment Wes Craven pour La dernière maison sur la gauche (1972) est d’une violence incroyable pour l’époque.
De l’art de l’introspection et de l’austérité cinématographique
A partir des films suivants, Ingmar Bergman va explorer une voie stylistique encore différente, allant vers toujours plus d’épure. Ainsi, il peut régler ses comptes avec son enfance et son père avec une œuvre aussi belle que À travers le miroir (1961). Il continue dans cette voie austère avec Les communiants (1963) et surtout Le silence (1963) qui séduit tout de même 661 726 cinéphiles exigeants.
C’est à cette époque que le cinéaste s’établit définitivement dans l’île de Faro dans la mer Baltique. Cet isolement l’amène à une ascèse encore plus profonde. Il tourne alors Persona (1966) avec Liv Ullmann, grand film psychanalytique particulièrement complexe à analyser. Les œuvres de cette période sont âpres, mais radicales comme le terrible L’heure du loup (1968), La honte (1968) et le plus ennuyeux Une passion (1969). C’est aussi à cette période que Bergman se lance dans une œuvre tournée pour la télévision, à savoir Le rite (1969). De même, il accepte de tourner une œuvre internationale avec en vedette Elliott Gould : Le lien (1971) n’est assurément pas sa plus grande réussite.
Les grands films psychologiques des années 70
Pourtant, le réalisateur rebondit rapidement et s’oriente de plus en plus vers des drames rudes sur le plan psychologique. Il livre ainsi le chef d’œuvre Cris et chuchotements (1972) qui sera son plus gros succès en France avec 1,3 millions de spectateurs. Le drame a obtenu un Oscar de la meilleure photographie pour Sven Nykvist, mais aussi un Grand Prix technique à Cannes et un David di Donatello du meilleur film étranger en Italie.
Pour la télévision, Bergman réalise ensuite Scènes de la vie conjugale qui dure environ 5h, mais qu’il monte parallèlement dans une version de 3h pour le grand écran. Malgré une durée qui restreint le nombre de séances, le métrage cumule 997 612 entrées en France, confirmant une fois de plus le poids du cinéaste suédois sur les cinéphiles. Cette version gagne même le Golden Globe du meilleur film étranger aux États-Unis.
Bergman peut ainsi tourner une version télévisée de La flûte enchantée (1975) qui est pourtant exploitée en salles à l’étranger, et notamment en France avec succès (864 328 mélomanes). Il connaît toutefois un revers de fortune avec Face à face (1976) qui reçoit des critiques plus mitigées. A la suite d’un scandale fiscal qui rend sa vie difficile en Suède, Ingmar Bergman accepte de tourner en Allemagne L’œuf du serpent pour le producteur Dino de Laurentiis. L’excellent film, pourtant critiqué à sa sortie, a encore attiré 757 375 cinéphiles.
Toutefois, Bergman met tout le monde d’accord avec son œuvre suivante, le chef d’œuvre Sonate d’automne (1978) où il oppose Ingrid Bergman et Liv Ullmann dans une œuvre intense et cruelle. Le tout est récompensé par un beau succès en salles (946 105 spectateurs français) et plusieurs récompenses internationales. Il tourne ensuite De la vie des marionnettes (1980) pour la télévision et décide d’arrêter le cinéma après sa magnifique fresque Fanny et Alexandre (1982) qui déçoit quelque peu au box-office français avec 374 208 entrées.
Bergman tourne pour la télévision et écrit pour les autres
Finalement, Ingmar Bergman a continué à réaliser des téléfilms dont certains sont finalement sortis en salles en France. Parmi eux, on peut citer Après la répétition (1984), En présence d’un clown (1997) qui sort tardivement en France en 2010, ou encore le petit bijou Saraband (2003).
Parallèlement, certains scripts du réalisateur ont été tournés par d’autres. Ainsi, Les meilleures intentions (August, 1992) obtient carrément la Palme d’or. Il écrit aussi Infidèle (2000), tourné par son ancienne compagne Liv Ullmann.
Finalement, Ingmar Bergman meurt finalement le 30 juillet 2007 à l’âge de 89 ans. Un jour funeste pour le cinéma mondial puisque Michelangelo Antonioni nous as quitté à la même date. Ingmar Bergman reste aujourd’hui un monument du cinéma mondial.