Robert Aldrich

Réalisateur, Scénariste, Producteur
En Quatrième Vitesse, affiche reprise du film de Robert Alrich

Personal Info

  • Nationalité : Américain
  • Date de naissance : 9 août 1918, à Cranston, Rhode Island (Etats-Unis)
  • Date de décès : 5 décembre 1983, à Los Angelès, Californie (Etats-Unis), à l'âge de 65 ans
  • Crédit photo : En Quatrième Vitesse © 2016 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. Tous Droits Réservés

Biographie

Note des spectateurs :

Robert Aldrich, neveu du milliardaire John Rockefeller, n’a jamais été oscarisé. Il s’agit pourtant de l’un des réalisateurs majeurs de Hollywood, dont l’une des œuvres fortes, Le Démon des femmes, demeure l’une des plus rares… Un auteur implacable, impitoyable, malgré des bas dans une carrière pas toujours bien comprise.

Issu d’une famille fortunée de l’Est des États-Unis, Robert Aldrich commence des études de droits qu’il abandonne pour tenter sa chance à Hollywood, où il travaille dans l’administration de la production, à la RKO Pictures, assistant de Robert Stevenson, Edward Dmytryk, Irving Reis…

En 1944, il se tourne vers Enterprise Studios, ce qui lui permet d’assister des cinéastes d’envergure : Jean Renoir, Robert Rossen, Max Ophüls, Richard Fleischer, Albert Lewin, Joseph Losey, Charlie Chaplin, Lewis Milestone, William A. Wellman…

Il démarre sa carrière de réalisateur en 1953, avec Big Leaguer, film sportif. Mais c’est son deuxième film, Alerte à Singapour, avec Dan Duryea, qui lui permettra d’accéder à une petite notoriété. Le film noir est suivi par Bronco Apache, un classique du western avec Burt Lancaster, où il prend cause pour les Indiens. Le million de spectateurs est largement dépassé en France.

Avec Vera Cruz, en 1954, il obtient l’un des plus gros succès de toute sa carrière, notamment 4 500 000 spectateurs en France. Le western vigoureux dans lequel s’affrontent Gary Cooper et Burt Lancaster marque une nette évolution du genre.

Avec En quatrième vitesse (1955), Robert Aldrich revient au film noir avec un succès commercial moindre, mais la critique est enthousiaste. Le casting (Maxine Cooper et Ralph Meeker) est moins prestigieux. Issu de la série Mike Hammer de Mickey Spillane, le film dénonce le maccarthysme et évoque la peur du nucléaire.

En Quatrième Vitesse, affiche reprise du film de Robert Alrich

© 2016 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. Tous Droits Réservés

En 1955, Le grand couteau, avec Jack Palance, permet au cinéaste de remporter le Lion d’Argent au festival de Venise. Le succès public n’est pas au rendez-vous (215 000 entrées en France), en raison de sa noirceur dramatique. Le mélodrame Feuilles d’automne l’année suivante remporte l’Ours d’argent à Berlin (1956), mais connaît de nouveau l’échec, malgré la présence de Joan Crawford en tête d’affiche.

Robert Aldrich repasse à l’Attaque !, en 1956, un film de guerre avec Jack Palance, œuvre sans concession, dont le discours passe mal aux USA ; mais le métrage est plutôt encensé en Europe, où il remporte le prix de la critique à Venise. En France, le film approche les 1 500 000 spectateurs, ce qui devient alors son deuxième plus gros succès.

Nouveau film noir avec Racket dans la couture, où il est question de corruption, de couches populaires gangrenées par la mafia. Encore une fois son regard trop sombre ne passe pas et Columbia demande à un autre cinéaste, Vincent Sherman, de finir le film. A cette époque, Robert Aldrich est soupçonné de complicité communiste et doit s’exiler en Europe où il tourne pour la Hammer Tout près de Satan, avec Jeff Chandler, Jack Palance et Martine Carol, sans avoir de contrôle sur le film qui n’est vu que par 330 000 spectateurs chez nous.

En Grande-Bretagne, il trouve les financements pour Trahisons à Athènes, avec Robert Mitchum, œuvre mineure (588 000).

Petit retour à Hollywood avec le western El Perdido, en 1961, avec Kirk Douglas : un succès imparable (1 650 000). Le scénario est écrit par Dalton Trumbo.

Il passe au péplum avec Sodome et Gomorrhe, coréalisé par Sergio Leone. Cette œuvre commerciale, étonnante dans sa carrière, lui permet de fidéliser son public (1 614 000), mais déroute la critique.

Vera Cruz, affiche de a reprise 2018 par Swashbuckler Films

© Swashbuckler Films

En 1962, Robert Aldrich, enfin de retour aux États-Unis, tourne l’un de ses meilleurs films, et des plus sulfureux, en confrontant les rivales de toujours, Bette Davis et Joan Crawford, dans le déliquescent Qu’est-il arrivé à Baby Jane?. Sifflé à Cannes, le drame psychologique, particulièrement tourmenté, est bien reçu par le public ; il s’agira de l”une des œuvres phares de sa carrière et de celles qui inspireront bien d’autres auteurs.

Le cinéaste américain essaie de reproduire l’exploit en 1964 avec Chut… Chut chère Charlotte, thriller poisseux, avec Bette Davis, Olivia de Havilland et Joseph Cotten, mais l’écho n’est pas aussi favorable. Toutefois, le score au box-office américain est convenable.

Suit Quatre du Texas, un western parodique, qui triomphe (1 360 000 spectateurs en France). La tête d’affiche est magnifique : Frank Sinatra, Dean Martin, Anita Ekberg, Ursula Andress, Charles Bronson…

En 1966, Robert Aldrich connaît un échec, malgré sa collaboration avec James Stewart : Le Vol du Phoenix essuie les plâtres et dépasse à peine les 300 000 tickets en France. Mais qu’importe le bide quand le plus gros succès commercial de votre carrière vous attend… C’est en 1967 que le réalisateur propose le pamphlet antimilitariste, hyper-violent, Les douze salopards, pour la MGM. Ce triomphe (4 670 000 entrées) rassemble Lee Marvin, Ernest Borgnine, Charles Bronson, John Cassavetes…

Aldrich acquiert alors ses propres studios, mais le cinéaste va décliner commercialement, avec des films estimés trop sombres. Le démon des femmes, avec Kim Novak, œuvre devenue rare, est assassinée par la critique et boudée par le public : trop sulfureux, et certaines salles lui portent la signalisation infamante du X, celle d’un système de classification qui doit apprendre à gérer l’émergence d’un cinéma aux thématiques explicitement scandaleuses pour les mœurs de l’époque.

Robert Aldrich en revient donc au film de guerre, avec Trop tard pour les héros (1970), avec Michael Caine et Cliff Robertson, qui s’abîme au box-office en raison du caractère antimilitariste du scénario (294 000 entrées France). Le film de gangsters Pas d’orchidées pour Miss Blandish enfonce le clou dans la misanthropie.

L’auteur ressaie de rebondir en revenant au western, avec le nihiliste Fureur apache, avec Burt Lancaster, en 1973 (414 000 entrées). Encore un échec qui le contraint à vendre son studio.

En 1973, dans une carrière déprimée, Robert Aldrich évoque la Grande Dépression avec L’empereur du Nord, film de vagabondage noir, que devait tourner initialement Sam Peckinpah. On y retrouve Lee Marvin, Ernest Borgnine et Keith Carradine.

Il dirige à deux reprises avec Burt Reynolds, dans le film sportif Plein la gueule (remaké en 2015, dans une comédie avec Adam Sandler, Mi-temps au mi-tard), et La cité des dangers qui bénéficient tous deux d’un bon accueil aux USA. Ce dernier film lui permet également de diriger une grande dame du cinéma français, Catherine Deneuve. Malgré la présence de cette dernière, les Français resteront hermétiques à cette proposition de cinéma (217 000).

Aldrich n’a plus les faveurs de la France où tous ses films à suivre seront des bides : la comédie Bande de flics ! (292 000), l’action flick L’ultimatum des trois mercenaires (86 000 entrées, peut-être à cause de la présence d’un Burt Lancaster vieillissant), la comédie Le rabbin au Far West (156 000 entrées, malgré la présence de  Gene Wilder et Harrison Ford), et son ultime long métarge, tourné dans la douleur de la maladie, Deux filles au tapis, avec Peter Falk en 1981 (89 000).

Frédéric Mignard

Filmographie (réalisateur) :

1953 : Big Leaguer
1953 : Alerte à Singapour (World for Ransom)
1954 : Bronco Apache (Apache)
1954 : Vera Cruz (Vera Cruz)
1955 : En quatrième vitesse (Kiss Me Deadly)
1955 : Le Grand Couteau (The Big Knife)
1956 : Attaque (Attack)
1956 : Feuilles d’automne (Autumn Leaves)
1956 : Racket dans la couture ( The Garment Jungle ) terminé par Vincent Sherman
1959 : Tout près de Satan (Ten Seconds to Hell)
1959 : Trahison à Athènes (The Angry Hills)
1961 : El Perdido (The Last Sunset)
1962 : Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? (What Ever Happened to Baby Jane?)
1962 : Sodome et Gomorrhe (Sodom and Gomorrah)
1963 : Quatre du Texas (Four for Texas)

Robert Aldrich : la biographie1964 : Chut… chut, chère Charlotte (Hush… Hush, Sweet Charlotte)
1965 : Le Vol du Phœnix (The Flight of the Phoenix)
1967 : Les Douze Salopards (The Dirty Dozen)
1968 : Le Démon des femmes (The Legend of Lylah Clare)
1968 : Faut-il tuer Sister George ? (The Killing of Sister George)
1970 : Trop tard pour les héros (Too Late the Hero)
1971 : Pas d’orchidées pour miss Blandish (The Grissom Gang)
1972 : Fureur apache (Ulzana’s Raid)
1973 : Plein la gueule (The Longest Yard)
1973 : L’Empereur du Nord (The Emperor of the North)
1975 : La Cité des dangers (Hustle)
1977 : Bande de flics (The Choirboys)
1977 : L’Ultimatum des trois mercenaires (Twilight’s Last Gleaming)
1979 : Le Rabbin au Far West (The Frisco Kid)
1981 : Deux filles au tapis (…All the Marbles)

La cité des dangers, affiche de la reprise 2015

© 1975 Paramount Pictures – Zeeuwse Maatschappij N.V. – Affiche reprise 2015

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