Mon crime : la critique du film de François Ozon (2023)

Comédie policière | 1h42min
Note de la rédaction :
7/10
7
Mon crime, l'affiche

  • Réalisateur : François Ozon
  • Acteurs : Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, Dany Boon, Jean-Christophe Bouvet, Dominique Besnehard, Nadia Tereszkiewicz, Evelyne Buyle, Rebecca Marder, André Dussollier, Lucia Sanchez, Daniel Prévost, Félix Lefebvre, Myriam Boyer, Régis Laspalès, Michel Fau
  • Date de sortie: 08 Mar 2023
  • Nationalité : Français
  • Titre original : Mon crime
  • Titres alternatifs : The Crime Is Mine (titre international) / Brottet är mitt (Suède) / Mi crimen (Espagne) / O Crime é Meu (Portugal) / Moja zbrodnia (Pologne) / Det var jeg! (Norvège) / Mon Crime - La colpevole sono io (Italie) / Bűnös vagyok (Hongrie) / Mein fabelhaftes Verbrechen (Allemagne) / Ese crimen es mío (Colombie) / O Crime é Meu (Brésil)
  • Année de production : 2023
  • Autres acteurs : Édouard Sulpice, Olivier Broche, Michel Fau, Franck de Lapersonne
  • Scénariste : François Ozon
  • D'après la pièce de théâtre Mon crime !… de Georges Berr et Louis Verneuil
  • Monteuse : Laure Gardette
  • Directeur de la photographie : Manuel Dacosse
  • Compositeur : Philippe Rombi
  • Chef maquilleur : -
  • Chef décorateur : Jean Rabasse
  • Directrice artistique : Stephanie Laurent Delarue
  • Producteurs : Éric Altmayer, Nicolas Altmayer
  • Producteurs exécutifs : -
  • Sociétés de production : Mandarin Cinéma, FOZ, Scope Pictures
  • Distributeur : Gaumont
  • Distributeur reprise : -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : Gaumont (DVD et blu-ray, 2023)
  • Date de sortie vidéo : 12 juillet 2023
  • Budget : 13 700 000 €
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 1 091 489 entrées / 282 891 entrées
  • Box-office nord-américain / monde : 10 304 632 $ (* au 13 janvier 2024)
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleur / Son : Dolby Digital
  • Festivals : -
  • Nominations : -
  • Récompenses : -
  • Illustrateur/Création graphique : © Le Cercle Noir pour Silenzio. Photographies : Carole Bethuel. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 2023 Mandarin Films - FOZ - Gaumont - France 2 Cinéma - Playtime - Scope Pictures. All Rights Reserved. Tous droits réservés.
  • Attachés de presse : André-Paul Ricci, Tony Arnoux, Pablo Garcia-Fons
  • Tagline : A qui profite le crime ?
Note des spectateurs :

Vaudeville malin, Mon crime est une comédie amusante qui bénéficie d’un casting féminin formidable. On reste plus réservé quant au traitement caricatural réservé aux comédiens masculins.

Synopsis : Dans les années 30 à Paris, Madeleine Verdier, jeune et jolie actrice sans le sou et sans talent, est accusée du meurtre d’un célèbre producteur. Aidée de sa meilleure amie Pauline, jeune avocate au chômage, elle est acquittée pour légitime défense. Commence alors une nouvelle vie, faite de gloire et de succès, jusqu’à ce que la vérité éclate au grand jour…

Ozon dépoussière un vaudeville de 1934

Critique : Toujours aussi prolixe, François Ozon est également toujours un grand amateur de théâtre. En effet, il vient à peine d’adapter une œuvre théâtrale de Rainer Werner Fassbinder sous le titre Peter Von Kant (2022) qu’il se lance cette fois-ci dans le pur vaudeville avec Mon crime. Ce nouveau long-métrage est ainsi l’adaptation d’une pièce du vaudeville datant de 1934 écrite par Georges Berr et Louis Verneuil. Bien dans l’esprit de son temps et d’un style à la Sacha Guitry, cette œuvre possédait initialement un léger fond misogyne qui a été gommé ici pour être remplacé par une critique du patriarcat davantage dans l’air du temps.

Pourtant, François Ozon a eu l’intelligence de ne pas faire de Mon crime un tract féministe bas du front. Certes, il démontre la puissance du patriarcat dans les années 30, mais il ne fait pas nécessairement de toutes les femmes des victimes innocentes. Il leur octroie justement cette part d’humanité qui est en chacun de nous et n’hésite pas à les montrer calculatrices et manipulatrices, tout comme les hommes qui les entourent. Contraint de mentir pour se faire une place dans la société de leur temps, le duo d’héroïnes se joue ainsi des hommes pour mieux arriver à leurs fins.

D’excellentes comédiennes entourées d’acteurs cabotins

Ce discours donne surtout l’occasion à François Ozon de se moquer de la société des années 30. Ainsi, il critique avec beaucoup d’humour les errements de la justice, mais aussi se paie la tête des milieux d’affaires, ainsi que celle du monde de la culture puisque Nadia Tereszkiewicz incarne une jeune actrice sans grand talent, tandis que la grande Isabelle Huppert joue le rôle d’une ancienne star du muet avec une certaine gourmandise. Il faut d’ailleurs saluer la direction des actrices qui sont toutes impeccables, avec une mention spéciale pour Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder dont le jeu est précis, incisif et non dénué de personnalité.

Mon crime, photo d'exploitation

© 2023 Mandarin Films – FOZ – Gaumont – France 2 Cinéma – Playtime – Scope Pictures / Photographies : Carole Bethuel. Tous droits réservés.

Cependant, on sera plus réservé quant à la direction prise par le cinéaste en ce qui concerne les comédiens. On avait déjà repéré le goût du cinéaste pour l’outrance et la caricature dans Peter Von Kant, mais il pousse encore le bouchon plus loin dans Mon crime. Le réalisateur établit le curseur de la caricature un peu trop loin avec des acteurs comme Fabrice Luchini ou encore André Dussollier, mais le pire vient de Dany Boon qui en fait des caisses en riche architecte marseillais. Le comédien s’empare de l’accent du sud avec fausseté et nous rappelle ici le mauvais moment passé devant Le dindon (Jalil Lespert, 2019) où son jeu était déjà bien fragile. Cette tendance au cabotinage concerne donc tout le casting masculin du film et vient tempérer sérieusement notre enthousiasme vis-à-vis d’un script par ailleurs très amusant et divertissant.

Mon crime, un divertissement académique à succès

Réalisé de manière classique, pour ne pas dire académique, Mon crime s’inscrit dans la lignée de Huit femmes (2002) et de Potiche (2010), avec lesquels il peut former une sorte de trilogie informelle, mais sans en posséder le souffle dévastateur. En fait, il s’agit surtout d’un divertissement agréable à suivre, mais qui n’entre pas dans la catégorie des grands films de son auteur. Pour la firme Gaumont, il s’agissait toutefois de parier gros sur un réalisateur qui n’a pas rencontré le succès depuis plusieurs années. Il faut effectivement remonter à Grâce à Dieu et ses 915 327 entrées pour retrouver un beau résultat dans la filmographie de l’auteur.

Lancé le 8 mars 2023 sur une large combinaison de 600 copies, Mon crime a fonctionné dès son entame, ce qui a été favorisé par de très nombreuses avant-premières (pour un total de 31 749 spectateurs) qui ont permis à la comédie de se bâtir une bonne réputation auprès des spectateurs. Le jour de sa sortie, la comédie policière devait affronter Scream VI qui ne parlait pas au même public. Si l’on ajoute les avant-premières aux entrées du seul mercredi, Mon crime a empoché 82 000 entrées, soit le meilleur démarrage d’Ozon depuis Potiche en 2010. Au bout d’une semaine, Mon crime ravit 427 391 féministes.

Rebecca Marder et Nadia Tereszkiewicz dans Mon Crime

© 2023 Mandarin Films – FOZ – Gaumont – France 2 Cinéma – Playtime – Scope Pictures / Photographie : Carole Bethuel. Tous droits réservés.

Une carrière en salles relativement courte

Face à ces chiffres encourageants, Gaumont injecte des copies supplémentaires. Celles-ci s’élèvent même à plus de 900 sur l’ensemble du territoire. Ainsi, la semaine suivante, le métrage se maintient à un excellent niveau avec 309 967 retardataires. En trois semaines, le film arrive aux portes des 900 000 tickets vendus et peut désormais compter parmi les succès de François Ozon.

Toutefois, lorsqu’il franchit enfin la barre du million d’entrées en seulement un mois, le vaudeville perd son assise et sa carrière se prolonge petitement par la suite jusqu’à finir son exploitation avec 1 091 489 entrées. Ainsi, Mon crime s’est écroulé plus vite que prévu et n’est pas parvenu à dépasser Dans la maison (2012) qui avait pourtant coûté moins cher que ce dispendieux vaudeville en costumes. Depuis, le film est sorti au mois de juillet en DVD et blu-ray et il poursuit sa vie sur les plateformes de VOD.

Aux USA où François Ozon jouit d’une certaine notoriété grâce au triomphe de Swimming Pool (10M$, 2003), The Crime is Mine a réalisé 35 000$ pour ses deux premières semaines dans une poignée de salles lors de sa sortie à la fin 2023. Le cinéaste n’a pas connu le succès nord-américain depuis Frantz en 2017 (880 000$).

Si Mon Crime a engrangé 4 900 000$ de recettes en France, la production Gaumont a pu compter sur l’Italie (981 000), l’Espagne (338 000$) et la Russie (212 000$) pour lui permettre de doubler ses recettes globales. La comédie féministe a également réalisé 127 000$ aux Pays Bas et 115 000$ en Australie.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 8 mars 2023

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Mon crime, l'affiche

© 2023 Mandarin Films – FOZ – Gaumont – France 2 Cinéma – Playtime – Scope Pictures / Affiche : Le Cercle Noir pour Silenzio. Photographies : Carole Bethuel. Tous droits réservés.

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François Ozon, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, Dany Boon, Jean-Christophe Bouvet, Dominique Besnehard, Nadia Tereszkiewicz, Evelyne Buyle, Rebecca Marder, André Dussollier, Lucia Sanchez, Daniel Prévost, Félix Lefebvre, Myriam Boyer, Régis Laspalès

Mots clés

Comédie policière, Film féministe, La revanche des femmes, Adaptation de pièces de théâtre

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