Pari gagné pour James Gunn qui dépoussière l’univers Marvel à coup d’humour ravageur et d’action bigger than life. Les Gardiens de la galaxie est définitivement fun, et déjà culte. L’un des succès de l’année 2014 et la naissance d’une trilogie qui prendra 9 ans pour se réaliser.
Synopsis : Peter Quill est un aventurier traqué par tous les chasseurs de primes pour avoir volé un mystérieux globe convoité par le puissant Ronan, dont les agissements menacent l’univers tout entier. Lorsqu’il découvre le véritable pouvoir de ce globe et la menace qui pèse sur la galaxie, il conclut une alliance fragile avec quatre aliens disparates : Rocket, un raton laveur fin tireur, Groot, un humanoïde semblable à un arbre, l’énigmatique et mortelle Gamora, et Drax le Destructeur, qui ne rêve que de vengeance. En les ralliant à sa cause, il les convainc de livrer un ultime combat aussi désespéré soit-il pour sauver ce qui peut encore l’être…
Marvel sur Cinédweller
Critique : Alors que la machine Marvel commence à ronronner à force d’exploiter les mêmes recettes de film en film, l’annonce de la mise en chantier des Gardiens de la galaxie a pris tout le monde par surprise. Effectivement, cette équipe de héros est loin d’être la plus célèbre de l’univers Marvel. Créée en 1969, elle fut entièrement reconstituée en 2008 avec de nouveaux personnages, mais le comic n’a jamais connu une renommée qui justifiait la mise en chantier d’un blockbuster dont le budget est certainement largement supérieur à 150M$ hors promotion. Cette prise de risque inédite se double d’une autre originalité : avoir confié cet énorme projet à un cinéaste tel que James Gunn. Certes culte auprès d’une petite frange de bisseux et de geeks pour avoir signé des séries B de très bonne tenue (Horribilis ou Super), son univers plutôt décalé et parfois franchement trash (PG-13 aux USA) n’avait a priori rien pour rassurer les investisseurs du studio. Finalement, il faut croire que le principal argument de vente du long-métrage est justement la prise de risque dans un genre désormais connu pour son absence totale d’originalité. Le tout est de savoir si cela paye sur le plan qualitatif.
Un incipit hallucinant
Après une séquence d’ouverture intimiste placée sous le signe du mélodrame, James Gunn se charge de donner le ton lors d’un générique assez hallucinant qui triera d’emblée ceux qui entreront dans la danse ou refuseront le pari du cinéaste. Alors que des décors sublimes annoncent une scène très sombre, le réalisateur joue immédiatement la carte du décalage bis en employant une musique kitsch issue du répertoire des années 70. Il procédera ainsi durant la totalité du long-métrage en prenant systématiquement le contre-pied de ce qu’attend le spectateur. Ainsi, ses personnages sont des losers qui n’ont en principe pas du tout l’étoffe des héros habituels : entre un raton-laveur adepte de la gâchette facile, un arbre vivant qui ne sait prononcer que trois mots, un gros bras dont les muscles compensent mal l’absence de jugeote (très bon Dave Bautista) et un mercenaire qui tient plus du branleur à la Han Solo, Gamora (Zoe Saldana, très convaincante) est finalement la seule qui tienne vraiment la route au combat. Pourtant, ce qui fait le sel, c’est justement le décalage entre ces personnalités borderline et les aventures très sérieuses que l’équipe doit affronter.
Les Gardiens de la galaxie est un manifeste d’action spectaculaire
Foncièrement fun et instantanément culte, le résultat final ne laisse pas souffler les amateurs d’action et de spectaculaire. Entre une évasion bigger than life, et un combat final d’une demi-heure qui voit l’éradication presque complète d’une ville, Les Gardiens de la galaxie s’avère particulièrement généreux en morceaux de bravoure, filmés avec une certaine classe. Au passage, le cinéaste n’abandonne pas les références à l’univers Marvel en faisant intervenir brièvement le méchant Thanos (séquence d’anthologie pour tous ceux qui ont lu la saga du Gant de l’infini, crossover du génial Jim Starlin) et en reliant finalement le tout à l’univers des Vengeurs pour la future confrontation qui marquera le box-office mondial.
Doté d’effets spéciaux très impressionnants et d’une 3D absolument immersive, Les Gardiens de la galaxie s’emploie aux trois idées à la seconde et parvient même à atteindre une certaine forme de poésie lors de quelques scènes touchantes. James Gunn a donc amplement réussi son pari en maintenant sans cesse le difficile équilibre entre action bravache, humour décalé à la lisière de laparodie, une déférence pour le comics, et même quelques petites incartades Z qui raviront ses fans de la première heure.
Critique de Virgile Dumez