Godzilla (3D) : la critique du film (2014)

Action, Catastrophe, Film de monstre | 2h03min
Note de la rédaction :
4/10
4
Godzilla de Gareth Edwards (2014)

Note des spectateurs :

L’expérience Roland Emmerich ne vous avait pas suffi? Reprenez-en une couche avec ce reboot de Godzilla sans grande envergure psychologique qui n’aura, à son palmarès, qu’une excellente bande-annonce pour vendre un bien piètre avatar de la franchise japonaise. 

Synopsis : Godzilla tente de rétablir la paix sur Terre, tandis que les forces de la nature se déchaînent et que l’humanité semble impuissante…

© 2014 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. & LEGENDARY PICTURES PRODUCTIONS LLC – Photo Credit: Kimberley

 

Le Kaiju Eiga à la sauce yankee

Critique : Plus d’un demi-siècle est passé depuis l’apparition de Godzilla (1954), monstre japonais légendaire créé par Ishirō Honda… Le casseur de maquettes en costume reptilien, issu de l’imaginaire post-apocalyptique, a engendré le genre jubilatoire du Kaiju Eiga, avec grosses bestioles aux combats épiques et ringards. De quoi étoffer le cinéma populaire nippon jusque dans les années 2000. On se souvient notamment sur les écrans français de la sortie hallucinante de Godzilla Final Wars de Ryuhei Kitamura en 2005, que les bisseux avait su tirer de sa niche, avec son bestiaire de créatures belliqueuses à l’assaut d’une planète dont le seul sauveur avait pour nom “God-zilla”, notre Dieu à tous !

Renaissance d’un mythe

Les Américains de Tri Star Pictures s’étaient associés en 1998 à la Tōhō pour essayer d’imposer, dans les règles de la mondialisation de cette décennie de dérèglements économiques, une version internationale, basée sur les fondamentaux du mauvais cinéma yankee de cette triste décade : destructions massives et images de synthèse floues. Le Godzilla de Roland Emmerich, avec ses allures de Jurassic Park pluvieux, alternait moments de gloire et de pauvreté visuelle et scénaristique, pour le plus grand malheur du studio. Le film fut une déception patente au box-office mondial avec 136M$ aux USA quand Independence Day du même réalisateur engrangeait le score historique de 306M$ deux années plus tôt (l’équivalent de plus de 624M$, en 2019, avec l’inflation !).

Gareth Edwards et la folie des grandeurs

En mode documenteur, avec le novateur found-footage flick Cloverfield ou armé par Warner pour satisfaire les ambitions dévastatrices de Guillermo del Toro avec Pacific Rim, le genre a continué à faire parler de lui en Occident, même si l’engouement commercial n’a jamais vraiment été au rendez-vous. On imagine les craintes du studio Warner, de réitérer la déception relative de Pacific Rim avec Godzilla 2014. Beaucoup de buzz pour des chiffres moyens?

Elizabeth Olsen dans Godzilla

© 2014 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. & LEGENDARY PICTURES PRODUCTIONS LLC – Photo Credit: Kimberley

Le Godzilla dont on parle aujourd’hui aurait bénéficié d’un budget de 200 briques et d’une campagne marketing supérieure à 150M$. Il n’a donc pas le droit de s’écraser au démarrage, comme une baudruche en plein vol, ce qu’il fit au passage, puisqu’au final, il a empoché 200 bâtons aux USA et un peu plus de 500 millions dans le monde. Le potentiel était plus élevé, mais la réalité du produit en a décidé autrement.

C’est Gareth Edwards, réalisateur britannique du contemplatif Monsters (un ersatz de District 9), qui est aux commandes. Son film de monstres poétique lui a ouvert les portes d’Hollywood et, avec peu d’expériences dans le moteur, il s’est retrouvé projeté aux commandes d’une oeuvre hybride sur un plan qualitatif où l’on retrouve pourtant réellement sa trace.

Orgie d’organismes monstrueux

Avec plus de moyens, il peut enfin filmer les créatures comme il le souhaite. Comme le suggéraient les bandes-annonces, il se laisse aller à une mise en scène des MUTO (Massive Unidentified Terrestrial Organism), totalement esthétique, voire sublimée. Les étreintes de titans, les contre-plongées dantesques, tout est fait pour donner du corps à chaque percée des entités surgies des entrailles de la terre… Le cinéaste se laisse aller à une orgie de mutants qui voie donc la résurrection de Godzilla, créature mythifiée jusqu’à l’overdose, dans le moindre plan où elle apparaît, avec une puissance de ligne et de forme qui en font une icone de cinéma évidente…

Godzilla revient donc parmi les humains pour terrasser d’autres entités radioactives, ou du moins des organismes gargantuesques qui aiment se repaître du nucléaire… C’est souvent beau, notamment lors de la chute en parachute de militaires, des hauteurs d’un ciel d’apocalypse et de ténèbres sur la musique de György Ligeti. Toutefois, cette scène figure dans le trailer et les spectateurs n’auront rien d’autre que ces belles images pour satisfaire leur appétit carnassier.

Les chiens et les enfants d’abord

En effet, si Gareth Edwards parvient à filmer son opéra de Kaijū dans le monde dévasté qui lui était cher dans Monsters, avec des zones désertées et interdites, protégées par les soldats (les similitudes sont nombreuses…), il rate toutefois toute la dimension humaine de son film, qui se retrouve superposée aux combats de monstres sans jamais se joindre à la mêlée. Avec ses grands noms venant de différents horizons, symboles d’une mondialisation des talents (la Frenchie Juliette Binoche, la vedette du petit écran, Bryan Cranston, de Breaking Bad, la Britannique Sally Hawkins, le Japonais Ken Watanabe), Godzilla 2014 est moins un hommage à l’original de 1954 qu’une renaissance d’un genre hollywoodien que l’on n’aime pas : le blockbuster improbable des années 90, pauvre en écriture, indigent en caractérisation, désastreux en humanité.

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© 2014 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. & LEGENDARY PICTURES PRODUCTIONS LLC

Les années 90 renaissent de leurs ruines

Les Independence Day, Twister, Volcano, Le Pic de Dante et Armageddon, c’est-à-dire toutes ces productions improbables où l’on cassait de la brique pour le plaisir de déployer des moyens numériques tout en éradiquant les conséquences des destructions massives se retrouvent un peu dans Godzilla. Les chiens courent très vite devant un tsunami qui n’impressionne guère, les enfants, trop nombreux à l’écran, trouvent toujours une âme charitable pour les sauver des assauts de Dame Nature, les familles retrouvent très vite leurs proches au milieu des décombres et surtout le premier rôle humain est incarné par le plus fade des acteurs, à savoir Aaron Taylor-Johnson.

L’échec d’un script sans enjeu psychologique

Aussi, si la jeune vedette de Kick-Ass a nettement amélioré la musculature de son corps pour l’occasion, il n’a guère gagné en étoffe, en particulier dans le domaine dramatique. Il jouera donc au cliché pompier du militaire sauteur, au bon samaritain. Quant aux noms qui plastronnent en haut de l’affiche, Juliette Binoche en premier (elle disparaît au bout de 10 minutes), ils sont très vite écartés et n’interfèrent pas vraiment dans les enjeux démesurés que représentent ces créatures de 300 mètres de hauteur, pour qui l’humain est forcément un insecte insignifiant…

Faute d’un script digne de notre époque que l’on aurait pu croire plus exigeante, les nouveaux exploits du pote Godzilla, protecteur de la Terre et incarnation des colères de notre monde déséquilibré, s’affichent comme de beaux croquis apocalyptiques qui procurent un certain enthousiasme plastique, mais qui consternent par l’inévitable comparaison avec le film de Roland Emmerich.

Bref, une débauche d’argent pour un résultat très moyen. Le buzz n’est donc pas à la hauteur de la stature du “Roi des monstres”.

 

Godzilla de Gareth Edwards (2014)

© 2014 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. & LEGENDARY PICTURES PRODUCTIONS LLC – Photo Credit: Kimberley

 

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