Thor est un blockbuster costaud emporté par le souffle épique de sa mise en scène, à peine diminué par sa fin expédiée. Une production en son temps distribuée par Paramount et issue de la phase I de l’univers cinématographique Marvel.
Synopsis : Au royaume d’Asgard, Thor est un guerrier aussi puissant qu’arrogant dont les actes téméraires déclenchent une guerre ancestrale. Banni et envoyé sur Terre, par son père Odin, il est condamné à vivre parmi les humains. Mais lorsque les forces du mal de son royaume s’apprêtent à se déchaîner sur la Terre, Thor va apprendre à se comporter en véritable héros…
Un peu maigre dans la durée
Critique : Ca passe vite un film Marvel, toujours très vite, même si finalement il ne s’y passe pas grand-chose. On se souvient des deux adaptations peu concluantes d’Hulk qui ont peu brillé au box-office ou des deux Iron man qui, au niveau action, ne valaient vraiment pas tripette.
Thor ne déroge pas vraiment à la règle. On reste sur notre faim quant aux bastons et même le grand spectacle, principalement à cause d’une fin précipitée qui nous fait soupirer : “ah bon, déjà, c’est fini ?” est bien maigre.
Alors que beaucoup de blockbusters dépassent les 2h10, Thor lui, cale à 1h54 (bien, moins si l’on compte le générique) et à vrai dire vingt minutes supplémentaires auraient été les bienvenues tant on rentre facilement dans l’univers du guerrier divin, prince d’Asgard.
Kenneth Branagh excelle à la réalisation
C’est d’autant plus dommage que l’on apprécie beaucoup tout ce que l’on voit à l’écran. On ne critiquera pas en effet le choix de réalisateur adapté aux conflits shakespeariens qui déchirent le roi d’Asgard, son rejeton héritier Thor et son autre fils qui vont mener un combat fratricide pour le pouvoir.
Kenneth Branagh, grand nom du théâtre britannique et réalisateur émérite d’Henry V et Beaucoup de bruit pour rien donne du caractère aux tempêtes familiales, aux tourments psychologiques des deux frangins. Les personnages du royaume extra-terrestre d’Asgard sont animés par de sombres enjeux qui les rendent souvent passionnants, bien plus que ceux assez maigrelets des films Iron Man, par exemple, qui n’arrivent vraiment pas à la cheville des ambitions de Branagh.
Un casting impérial
Au niveau de la réalisation, un vrai souffle épique emporte le récit, jusque dans la mise en scène des décors impériaux. Les premières séquences reposent entièrement sur ces décors grandioses qui respirent de leur propre personnalité. Le royaume du roi Odin, joué par Anthony Hopkins, est resplendissant ; il comble de plaisir l’avidité de spectacle des spectateurs lors de la longue exposition des personnages divins. Il en va de même du royaume inhospitalier de Jotunheim, tenu par le monstrueux Laufey, ennemi juré d’Odin. Le conflit qu’initie par vengeance irréfléchie l’impétueux Thor, alors qu’il est sur le point d’être couronné successeur du monarque, et qui aura pour conséquence son bannissement sur Terre, est impressionnant dans ses actes de bravoure et la force des combats. On en apprécie la lisibilité de l’action, sans que la caméra n’approche le côté plan plan de la réalisation de Jon Favreau.
Thor est avant tout une comédie d’action à l’humour irrésistible
On défendra aussi l’humour prégnant du métrage, farouchement enraciné dans la partie terrestre. La petite troupe de scientifiques avec en son centre Natalie Portman, qui joue souvent bouche bée, apporte un regard frais sur le mythe, celui de la comédie récréative qui pâlie finalement le manque d’action des séquences sur Terre. La répartie de Kat Dennings (irrésistible !) et l’attitude frustre de notre robuste guerrier blond qui perd tous ses pouvoirs sur notre planète, y compris sa force divine qui lui permettait de manier son outil favori, son fameux marteau, jouent énormément dans la dynamique comique du film. Branagh confère à l’humour une empreinte forte, parfois même à la limite de la théâtralité dans le jeu brut de Thor. Cela n’est pas pour nous déplaire.
Au final, on considérera Thor, dans le panel des adaptations de comics, comme un effort canonique dans un genre rarement sublimé (le meilleur reste les deux derniers Batman par Christopher Nolan), mais toutefois nettement supérieur à la majorité des productions proposées récemment.
Malgré sa fin précipitée et forcément très convenue, cette première aventure de Thor, avant son retour à l’écran aux côtés des autres “Vengeurs” (Hulk, Iron Man, Captain America, La Veuve Noire…) dans Avengers en 2012, est pleinement satisfaisante dans ses intentions de divertissements. C’est amusant, pêchu, limpide et toujours bien fichu. On ne boude pas son plaisir.