Le grand frère : la critique du film (1982)

Policier, Drame | 1h55min
Note de la rédaction :
6/10
6
Le grand frère, l'affiche

  • Réalisateur : Francis Girod
  • Acteurs : Gérard Depardieu, Jean Rochefort, Jacques Villeret, Souad Amidou, Roger Planchon, François Clavier, Hakim Ghanem, Smaïn, Corinne Dacla
  • Date de sortie: 08 Sep 1982
  • Nationalité : Français
  • Titre original : Le grand frère
  • Titres alternatifs : Der große Bruder (Allemagne) / El gran hermano (Espagne) / Il grande fratello (Italie) / Kosto Marseillessa (Finlande)
  • Année de production : 1982
  • Scénariste(s) : Francis Girod et Michel Grisolia d'après le roman éponyme de Sam Ross
  • Directeur de la photographie : Bernard Zitzermann
  • Compositeur : Pierre Jansen
  • Société(s) de production : Odessa Films, Partner's Productions, TF1 Films Production
  • Distributeur (1ère sortie) : Gaumont
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Sunset Vidéo (VHS, 1982) / Studiocanal (DVD, 2005 et 2012)
  • Date de sortie vidéo : 18 septembre 2012 (DVD)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 1 120 418 entrées / 256 961 entrées
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdit aux moins de 12 ans
  • Formats : Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : Festival de Venise 1982 : en compétition / César 1983 : 1 nomination pour Souad Amidou en tant que meilleur jeune espoir féminin
  • Illustrateur / Création graphique : Jean Mascii
  • Crédits : StudioCanal
Note des spectateurs :

Film inégal, mais non dépourvu d’un certain intérêt sociologique, Le grand frère est un faux polar qui bénéficie surtout d’une bonne interprétation de l’ensemble du casting. Assez pertinent à défaut d’être abouti.

Synopsis : Trahi par un compagnon, Gérard Berger, ancien légionnaire, le retrouve et le tue. Témoin du meurtre, le jeune Ali va se lier d’amitié avec Berger…

Francis Girod propose un polar aux ambitions diverses et variées

Critique : Après l’imposant succès rencontré par La banquière (1980) avec Romy Schneider, le réalisateur Francis Girod poursuit sa collaboration avec le producteur Ariel Zeitoun et la firme Gaumont à la distribution avec Le grand frère (1982). Francis Girod lui-même explique dans le livre  Gérard Depardieu (Gonzalez, Edilig, 1985) :

C’est la lecture d’une Série Noire de Sam Ross qui m’a fourni une trame me permettant de concrétiser des désirs diffus et divers. À savoir : faire un film contemporain ou la violence de l’époque serait omniprésente ; essayer de renouveler “à la française” le genre polar ; refaire un film avec Gérard Depardieu […] ; parler des immigrés maghrébins, leur donner des rôles en vedette, évoquer la nouvelle délinquance juvénile ; filmer certains extérieurs de Marseille.

Cette note d’intention démontre à elle seule la multiplicité des objectifs poursuivis par Francis Girod qui a eu besoin d’aide au niveau du scénario afin d’aménager l’intrigue du polar d’origine. Il a pu profiter des conseils éclairés de Michel Grisolia, romancier qui a aussi écrit des œuvres comme Le choix des armes (Corneau, 1981) et L’étoile du nord (Granier-Deferre, 1982). Toutefois, malgré le savoir-faire indéniable du scénariste, tous les éléments cités par Francis Girod ne parviennent pas toujours à cohabiter de manière harmonieuse au sein de ce polar inégal et finalement bancal.

Un faux film de vengeance, mais une vraie étude sociologique

Ainsi, Francis Girod débute son long-métrage comme un classique film de vengeance, pour progressivement le faire évoluer vers autre chose. Débutant en Afrique, le film se projette assez rapidement à Marseille, ce qui permet effectivement au cinéaste de livrer de beaux plans de la cité phocéenne et de ses environs. Toutefois, au bout d’une demi-heure, la vengeance est finalement consommée et Le grand frère désarçonne le public en se concentrant sur l’après. Que reste-t-il à un homme dont la vie se résumait à un désir de vengeance, une fois que celle-ci est accomplie ? Peut-il encore espérer vivre normalement ? A-t-il une possibilité de rebondir alors que sa vie n’est qu’un champ de ruine ?

Pour aborder cette thématique complexe, Francis Girod a bénéficié de l’interprétation très intériorisée de Gérard Depardieu. Conscient d’incarner un mort en sursis, Depardieu se laisse rarement aller à une gestuelle outrancière et livre donc une prestation inhabituelle. Face à lui, on apprécie également le jeu de Souad Amidou dont ce fut l’une des premières prestations à l’écran et celui du gamin Hakim Ghanem, très à l’aise en gosse débrouillard.

Un rythme inégal et des personnages parfois caricaturaux

Si ces personnages sont particulièrement bien traités par l’auteur, avec à la fois empathie, mais également sans angélisme aucun – on parle ici de prostitution et de petite délinquance – on peut être davantage circonspect de la caricature faite des forces de l’ordre. A côté du fouineur interprété par Jacques Villeret, l’inspecteur joué par Roger Planchon est absolument odieux. Non content d’être corrompu et pervers, le personnage est également un flingueur patenté, doublé d’un impuissant au plumard. Cette tendance au trait grossier – marque de fabrique du cinéaste – dessert franchement son propos, alors même que sa vision de l’immigration maghrébine et du racisme de la société française est pertinente.

Finalement, Le grand frère doit surtout être vu comme un instantané intéressant sur la société française du début des années 80, et non comme un polar commercial trépidant. Le cinéaste n’évite pas toujours les redites, les scènes inutiles et donc l’ennui qui s’installe petit à petit. Heureusement, il est davantage inspiré lors du dernier quart d’heure où le drame se noue enfin, sans doute de manière un peu trop tardive.

Un polar à 1 million de spectateurs

Lancé avec la force de frappe de Gaumont à une époque où Gérard Depardieu sort de plusieurs énormes succès comme Le dernier métro (Truffaut, 1980) et surtout La chèvre (Veber, 1981), Le grand frère débarque en septembre 1982 en pole position du classement parisien avec 92 263 curieux. La semaine suivante, le film glane encore 64 543 spectateurs supplémentaires, concédant sa première place face à Blade Runner (Scott). Alors qu’il conserve un parc de salles conséquent, Le grand frère chute davantage en troisième septaine avec 47 094 retardataires. La suite voit une perte de plusieurs salles et logiquement d’entrées (30 749). L’effondrement intervient en 5ème semaine avec 11 552 clients. Au final, Le grand frère a intéressé 256 961 Franciliens.

La province a finalement été plus favorable au long-métrage, même s’il ne se hisse pas à la première place, tout juste dépassé par le phénomène Mad Max 2 (Miller). Avec 240 538 spectateurs, l’entame est plutôt bonne. La semaine suivante est assez stable avec 202 184 retardataires, puis 178 000 (semaine 3), 135 240 (semaine 4). Comme à Paris, c’est la cinquième semaine qui voit les entrées fléchir avec 82 128 tickets vendus. Contrairement à la capitale, Le grand frère est exploité en province jusqu’à la fin novembre, lui permettant de franchir la barre symbolique du million d’entrées.

Exploité ensuite en VHS, Le grand frère a rejoint ces vingt dernières années le catalogue de StudioCanal. Le métrage a été diffusé en DVD et se retrouve maintenant disponible sur la plateforme Canal +.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 8 septembre 1982

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Le grand frère, l'affiche

© 1982 StudioCanal / Affiche : Jean Mascii. Tous droits réservés.

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Francis Girod, Gérard Depardieu, Jean Rochefort, Jacques Villeret, Souad Amidou, Francis Girod, Roger Planchon, François Clavier, Hakim Ghanem, Smaïn

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