Le choix des armes : la critique du film (1981)

Policier, Drame | 2h15min
Note de la rédaction :
8/10
8
Le choix des armes, affiche de Ferracci

Note des spectateurs :

Au confluent entre le film de gangster classique et le polar urbain rugueux, Le choix des armes s’impose comme une œuvre maîtrisée, portée de bout en bout par un casting impeccable.

Synopsis : Noël Durieux, un ancien truand, s’occupe désormais d’un haras avec sa femme Nicole. Mickey, un malfrat en cavale, trouve refuge chez lui, mais en le voyant discuter avec l’inspecteur Sarlat, il s’imagine que Noël l’a dénoncé…

Un hommage sincère au cinéma de Melville

Critique : Devenu le spécialiste du polar à la française durant la seconde moitié des années 70 grâce à quelques très bons longs-métrages (Police Python 357, La menace et Série noire), le réalisateur Alain Corneau persiste dans le genre et signe en 1981 un hommage à peine déguisé aux films de son maître à penser, le grand Jean-Pierre Melville.

Avec Le choix des armes, Alain Corneau se glisse avec talent dans les pas de son mentor dont il a retenu les leçons en matière de construction dramatique et d’approfondissement de la psychologie des personnages. A partir d’une intrigue de Michel Grisolia qui privilégie les hasards et les coïncidences, le cinéaste tisse une toile d’araignée où tous les protagonistes viennent s’agglutiner, comme dans une ultime pulsion de mort. Ainsi, le spectateur assiste impuissant à la descente aux enfers d’êtres humains qui font systématiquement les mauvais choix au mauvais moment.

Le choix des armes confronte deux univers sociaux bien distincts

Si le réalisateur évite le commentaire sociologique, il plonge tout de même sa caméra dans deux univers bien distincts : les quartiers huppés où règne un calme de surface et des banlieues désargentées où les immeubles délabrés sont à l’image de leurs habitants, oubliés de la République. Dans les deux cas, des truands officient dans l’ombre pour l’argent, mais également pour défendre un code d’honneur ancestral. De manière assez classique, le réalisateur oppose la vieille garde, plus respectueuse des codes, et la jeunesse emportée dans un flot de violence par la drogue et l’absence de repères.

Sans concession, Le choix des armes se situe au carrefour de deux influences au sein du polar français. Il reprend tout d’abord des thématiques classiques et met en scène des personnages de vieux routards dans un style qui évoque celui des années 50-60 (Yves Montand a parfois des allures paternelles de Jean Gabin ou Lino Ventura, d’ailleurs un temps envisagé pour le rôle), mais en confrontant ce fantasme à la dure réalité des années 80.

Depardieu dans l’un de ses rôles majeurs

Très violent dans son évocation des bandes de loubards et de la drogue, le film se place également à l’avant-garde des polars plus radicaux des années 80 et constitue ainsi une passerelle entre deux univers. Si Yves Montand et Catherine Deneuve sont particulièrement à l’aise dans des rôles qu’ils connaissent sur le bout des doigts, on doit décerner une mention spéciale à la prestation dantesque de Gérard Depardieu. Complètement fou, les yeux exorbités, il glace les sangs à chaque apparition avant de laisser apparaître une profonde fêlure qui rend son personnage plus humain. Se mettant clairement en danger sur le plan psychologique, l’acteur se surpasse et réalise l’une de ses performances les plus magistrales, écrasant toutes les stars qui l’entourent de son magnétisme.

Un casting d’enfer pour un film très sombre

Des talents en pleine ascension comme Gérard Lanvin et Richard Anconina, soutiennent avec bonheur la prestation de Depardieu. Mais il ne faut pas négliger la présence de vieux briscards comme Michel Galabru et Christian Marquand, ou encore de seconds couteaux brillants tels que Jean-Claude Dauphin, Etienne Chicot ou Roland Blanche.

Ces talents multiples participent à l’incontestable réussite de ce polar qui remporta un joli succès à sa sortie, et ceci malgré son extrême noirceur. Avec pas moins de 1 787 299 d’entrées, Le choix des armes n’a certes pas été un triomphe, mais il constituait à l’époque le plus gros succès remporté par le cinéaste, ce qui lui permettra de réunir un important budget pour sa fresque Fort Saganne (1984).

Voir le film en VOD

Critique du film :  Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 19 août 1981

Le choix des armes, affiche de Ferracci

© 1981 Studio Canal – France 2 Cinema / Affiche : Ferracci. Tous droits réservés.

Box-office :

19 août 1981. C’est la rentrée du cinéma. Parafrance sort le film français du moment, avec trois stars en haut de l’affiche et un réalisateur à la mode. La combinaison est monstre. 40 écrans Paris-Périphérie pour 1981, c’est beaucoup. Le précédent film de Corneau, Série Noire n’avait bénéficié que de 19 écrans. Avec 166 892, Depardieu, Deneuve et l’immense Yves Montand font la loi et écrase Les hommes préfèrent les grosses de Poiré avec Balasko qui réalise un score très honorable, avec 111 502 spectateurs dans 26 salles. Pour trouver un film américain, il faut descendre en 3e place avec la production surnaturelle de Gary Sherman proposé par UGC, Reincarnation (int-18 ans). Ses 45 876 entrées dans 24 salles font figure de marginales à côté. Le Polonais Wadja s’offrait la Palme avec L’homme de fer et une 4e place, avec  33 787 spectateurs avec une séance de moins par jour, puisque le film durait 2h20. Depardieu serait justement du prochain Wadja, le biopic Danton qui récompensait l’auteur européen pour cette Palme de prestige.

Le choix des armes bénéficie du circuit prestige de Parafrance

En première semaine, Le Choix des armes claironne dans 21 cinéma intra-muros. dont 11 écrans Paramount (le City, le Bastille, le Marivaux, le Montparnasse, l’Orléans, le Gobelins, le Maillot, le Galaxie, l’Odéon, le Montmartre, l’Opéra). Il figurait également au Publicis Elysées, au Publicis Matignon, au Studio Médicis, au Publicis St-Germain, au Passy, au Forum Cinéma, au Rex, au Magic Convention, au Convention St-Charles et au 3 Secrétans. C’est sur les Grands Boulevards, au Paramount Opéra que la superproduction française accueillait le plus de spectateurs avec 12 340…

Corneau sort les armes contre les Grosses et Maccione

En 2e semaine, Le Choix des armes rétrogradait à 111 666 spectateurs quand Balasko faisait preuve de davantage de stabilité (98 821). Le polar urbain est détrôné en 3e semaine (84 255) par Aldo Maccione et le fameux Tais-toi quand tu parles, de Philippe Clair qui faisait un tabac pour cette rentrée de septembre, avec 100 657 entrées dans 23 salles.

En 4e semaine, ce qui devait arriver arriva, le challenger Les hommes préfèrent les grosses (56 655) fait montre de davantage d’endurance que son concurrent à gros budget (51 402) qui aura bien roulé sa bosse.

Frédéric Mignard

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Le choix des armes, affiche de Ferracci

Bande-annonce de Le choix des armes

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