Alain Corneau

Réalisateur, Scénariste, Producteur
Série Noire d'Alain Corneau

Personal Info

  • Nationalité : Français
  • Date de naissance : 7 août 1943, à Meung-sur-loire (France)
  • Date de décès : 29 août 2010, à Paris (France)
  • Illustrateur : © Ferracci

Biographie

Note des spectateurs :

Alain Corneau est l’un des plus grands cinéastes français des années 70 et 80, spécialisé dans le cinéma noir. Son triomphe personnel reste Tous les matins du monde, en 1991.

Après des cours à l’IDHEC dans la section montage et réalisation, il a fait ses premières armes comme assistant, travaillant pour Marcel Camus, José Giovanni, Costa-Gavras, Michel Drach, et même Roger Corman.

France société anonyme est son premier long métrage, en 1973. Cette curieuse production, proche de la science-fiction, déroute et donne le ton d’une œuvre âpre et consistante. Il poursuit avec les réussites de Police Python 357 avec Yves Montand, en 1977 (César du Meilleur montage), La Menace, également avec Montand, en 1977 (César du meilleur second rôle féminin pour Marie Dubois), puis Série Noire, en 1979, l’une de ses œuvres les plus sombres, avec Patrick Dewaere et la jeune Marie Trintignant. Série noire est présenté à Cannes, en compétition, et décrochera 5 nominations aux César.

En 1981, il dirige Deneuve, Depardieu et de nouveau Yves Montand, dans Le Choix des armes. On y trouve également Lanvin et Galabru à contre-emploi, et Richard Anconina.

La tentation de la fresque au budget trop élevé

En 1984, Alain Corneau présente à Cannes un classique du film romanesque français, Fort Saganne, d’après le roman de Louis Gardel. Pour son 6e long métrage, il bénéficie de l’un des plus gros budgets de l’histoire du cinéma français. Le film fleuve de trois heures est présenté à Cannes, en sélection officielle, hors compétition. Depardieu, Noiret, Deneuve, Sophie Marceau dans son premier rôle dramatique, montent les marches. Le film est un monument, mais ne réalisera que 2 157 000 entrées, ce qui en fait une certaine déception commerciale au vu de son budget. Il sera diffusé à la télévision dans une version longue. Aux César, mis à part une nomination pour Depardieu comme acteur, Fort Saganne n’obtiendra que des nominations techniques.

En 1986, Alain Corneau connaît son vrai premier échec personnel avec Le Môme, sorti en pleine crise du cinéma durant l’été 1986. Le polar urbain dépend d’un Richard Anconina à la notoriété encore trop fragile pour porter un film sur ses seules épaules. Et le second rôle féminin, Ambre, déçoit.

Série Noire d'Alain Corneau

Affiche © Ferracci – Gaumont

Alain Corneau change de genre

En 1989, l’auteur s’évade avec un Nocturne Indien plus intimiste, avec Jean-Hugues Anglade au cœur d’une enquête humaine moite. Ce changement de style permet au cinéaste d’obtenir 5 nominations aux César. Son proche collaborateur, Yves Angelo obtiendra la récompense de la Meilleure photographie.

En 1991, il sort Tous les matins du monde, le film le plus important de sa carrière, dans un style lyrique qui s’éloigne de la noirceur de ses polars pour embrasser une approche psychologique tortueuse des personnages de Pascal Quignard. Le film à costumes remporte 7 César, dont meilleur réalisateur et meilleur film. C’est également le prix Louis-Delluc de l’année 91. Un succès inattendu à 2 152 000 spectateurs.

La mauvaise passe

Malheureusement le reste de la décennie 90 sera plus difficile. Il adapte à nouveau Quignard en 1995 avec la chronique américaine Le nouveau monde, qui manque de notoriété et de vedettes (James Gandolfini n’est pas encore la célébrité américaine qu’il deviendra, Alicia Silverstone non plus).

Son retour au polar, avec Le cousin, à contre-courant des modes (les années 90 seront dépourvus de grands films policiers français) est un lourd échec. Alain Chabat et Patrick Timsit sont dirigés dans des directions inhabituelles, puisque ce sont deux artistes de comédie. Le résultat est bon, séduit les critiques, mais le public boude. Le film obtient une nomination aux César pour le scénario.

Alain Corneau là où on ne l’attend pas

Contraint, pour des raisons alimentaires, d’accepter une grosse production comique et d’aventure, il tourne au début des années 2000 Le Prince du Pacifique, blockbuster avec Thierry Lhermitte, Timsit, Marie Trintignant, Berléand… Le cœur n’y est pas et le budget de 17 000 000 d’euros se solde par un four au box-office, avec un million d’entrées.

Loin de s’arrêter sur ce faux pas, Alain Corneau va surprendre là où ne l’attend pas. Tout d’abord avec Stupeur et tremblements, d’après Amélie Nothomb, comédie cocasse sur l’intégration au Japon. Un succès d’estime à 416 000 spectateurs, pour un budget moyen. La comédie est truculente.

En 2004, il réalise Les mots bleus, drame sublime qui s’inspire de la chanson de Christophe. Il retrouve pour l’occasion Sylvie Testud. Cette fois-ci l’échec emporte le film au plus bas du box-office (140 000), mais les critiques saluent une fois de plus la qualité de l’œuvre.

Le bide historique du Deuxième souffle

En 2007, Alain Corneau ose adapter le roman Le Deuxième Souffle de José Giovanni, qui avait déjà accouché d’un chef-d’œuvre en 1966, celui de Jean-Pierre Melville, avec Lino Ventura et Paul Meurisse. L’exercice de style, notamment dans la photo (toujours d’Yves Angelo) et le montage, partagent la critique. D’une durée de 2h36, ce budget de 21 000 000 est l’un des plus gros accidents industriels de la décennie.

Alain Corneau ne baisse pas les bras et propose un ultime film, polar vénéneux au féminin, avec Ludivine Sagnier et Kristin Scott Thomas. Crime d’amour sort durant l’été 2010, c’est un semi-succès. Le film sera adapté par Brian De Palma. Passion, le remake, met en scène Rachel McAdams et Noomi Rapace, mais n’arrive pas à la cheville de la comédie sardonique française.

Mort d’un auteur qui manque au cinéma français

Le cinéaste meurt moins de 15 jours après la sortie de Crime d’amour, des suites d’un cancer du poumon, un drame bouleversant. Il n’avait que 57 ans. Il était l’époux de Nadine Trintignant dont il avait adopté, avec le consentement de Jean-Louis Trintignant, le père biologique, les deux enfants, Vincent et Marie Trintignant.

Il a été inhumé au Père-Lachaise auprès de sa fille adoptive.

Frédéric Mignard

 

Filmographie d’Alain Corneau (réalisateur):

1974 : France société anonyme
1976 : Police Python 357
1977 : La Menace
1979 : Série noire
1981 : Le Choix des armes
1984 : Fort Saganne
1986 : Le Môme
1989 : Nocturne indien
1991 : Tous les matins du monde
1995 : Le Nouveau Monde
1997 : Le Cousin
2000 : Le Prince du Pacifique
2002 : Stupeur et Tremblements
2005 : Les Mots bleus
2007 : Le Deuxième Souffle
2010 : Crime d’amour

 

Le choix des armes, affiche de Ferracci

© Ferracci

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