La queue du scorpion est l’un des grands gialli de Sergio Martino, à la splendeur réjouissante et au casting étincelant.
Synopsis : Un riche homme d’affaires décède dans un accident d’avion, laissant une assurance d’un million de dollars à sa femme, Lisa. Très vite les soupçons se portent sur celle-ci qui est accusée d’avoir piégé son défunt mari. Mais les choses se compliquent lorsque Lisa est violemment assassinée par un mystérieux individu alors qu’elle s’apprêtait à s’envoler pour Tokyo avec tout l’argent de l’assurance en liquide. L’enquête prend alors un chemin chaotique jonché de meurtres sanglants…
Une seule salle, un seule semaine à l’affiche, La queue du scorpion se découvre en DVD chez Néo
Critique : Avril 2006. L’éditeur Neo Publishing, seul dans le domaine de l’exploitation de bisserie italienne, démarre sa collection giallo avec un opus d’une grande beauté, La coda dello scorpione. Un titre énigmatique pour un film alors méconnu, qui fut distribué en France à la sauvette en 1973 (une seule semaine de présence à Paris, au Hollywood Boulevard pour 742 entrées), avant de connaître une timide sortie en VHS en 1986, chez American Vidéo, nouvelle société des guru d’Hollywood Vidéo, Jean-Jacques Villermin et Frank Lpstik qui dans la foulée propose du folk horror Blood Feast et 2000 Maniacs, du Jean Rollin, et des séries B gothiques britanniques (La maison qui tue...).
L’un des grands gialli de Sergio Martino
En 2006, la sortie DVD de La queue du scorpion est donc providentielle et permet à plusieurs générations de cinéphiles de découvrir un thriller transalpin d’excellente facture parmi les meilleurs de Sergio Martino. Ce dernier sort alors d’une trilogie de l’excellence, avec l’actrice fétiche du cinéaste, Edwige Fenech : L’Étrange Vice de madame Wardh (1971), L’alliance invisible – Toutes les couleurs du vice (1971), et Ton Vice est une chambre close dont moi seul ai la clé (1972) qui est une variation du Chat noir d’Edgar Allan Poe.
Avec La queue du scorpion, succès local évident, Martino ne peut diriger Edwige Fenech, alors enceinte, et décide donc de faire appel aux charmes froids d’Anita Strindberg qui sortait des Salopes vont en enfer / Carole de Lucio Fulci. De même, il complète son casting féminin d’Ida Galli (Evelyn Stewart), partie pour incarner le personnage principal, mais qui, lors d’un meurtre brutal, est écartée du métrage en cours de route. La Française Janine Reynaud donne également de sa personne pour une mise à mort oppressante et magnifiquement orchestrée, influencée par le maestro Dario Argento qui sort de L’oiseau au plumage de cristal, Le chat à neuf queues et Quatre mouches de velours gris.
Une réalisation particulièrement inspirée
Il est vrai que le style de Sergio Martino est sur ce film très élaboré ; outre la virtuosité d’Argento, il convoque également les excentricités picturales de Mario Bava. L’ombre des maîtres plane sur cette œuvre d’exploitation, mais ne lui porte pas préjudice pour autant tant Martino est dans la maîtrise graphique et formelle d’un récit pour le moins abracadabrant qui part dans tous les sens et dont le point de départ est une histoire très terre à terre d’une assurance vie.
© 1972 Dania Film
Derrière la caméra, Sergio Martino, qui se compromettra par la suite dans des “bisseries” honteuses comme Alligator, Les Zizis baladeurs, 2019 après la chute de New York, et plus tardivement Rickshaw, fait un boulot exemplaire. Il construit un suspense haletant et efficace en peaufinant sa réalisation jusqu’au maniérisme. La cinégénie est de chaque plan, tous somptueusement composés et sublimés par une photographie impeccable et un cinémascope à faire pâlir bon nombre de productions contemporaines.
La musique orchestrale de Bruno Nicolai est obsédante sans jamais être envahissante et participe à cette ambiance harmonieuse qui nous renvoie au meilleur du giallo des années 70.
En 2025, le film réapparaît enfin en France… en HD chez Le Chat qui fume
L’interprétation, souvent l’une des faiblesses de ce type de productions, est solide avec George Hilton au sommet de sa gloire, qui était déjà présent dans L’Etrange Vice de Madame Wardh de Martino, et les sublimes Anita Strindberg et Ida Galli qui apportent grâce et érotisme à ce thriller, certes saignant, mais surtout capiteux, qui se situe à Londres et Athènes.
En 2025, c’est au tour de l’éditeur Le Chat qui fume de proposer une sortie en blu-ray, avec quelques excellents bonus (entre autres, des interviews de Sergio Martino et de son poto George Hilton) qui rendent cette réédition en HD essentielle.
Sorties de la semaine du 4 octobre 1973
© 1972 Dania Film
Instantané de vécu : Le packaging cartonné de Néo Publishing reprenait la couleur jaune aux couleurs du giallo (justement “jaune” en italien, en référence aux romans policiers dont s’inspiraient ces films). Il donnait le ton d’une collection soignée qui intégrerait des classiques comme La fille qui en savait trop et La baie sanglante de Mario Bava, L’Étrange vice de Mme Wardh et Toutes les couleurs du vice de Sergio Martino, Mais… Qu’avez-vous fait à Solange ? de Massimo Dallamano, L’homme à pondu un œuf de Giulio Questi, L’homme sans mémoire de Duccio Tessari, Le tueur à l’orchidée et Spasmo d’Umberto Lenzi, ou encore Folie meurtrière / Mon cher assassin de Tonino Valerii.
Le Giallo sur Cinedweller
© 1972 Dania Film. Graphisme : © Neo Publishing & Le Chat qui fume
Biographies +
Sergio Martino, Luigi Pistilli, Alberto de Mendoza, George Hilton, Evelyn Stewart (Ida Galli), Anita Strindberg