Spasmo est un giallo au scénario malin qui s’enfonce progressivement dans les spirales de la paranoïa pour mieux détourner les règles du genre.
Synopsis : Sur une plage désertique, un couple découvre le corps d’une femme évanouie sur le sol. Le lendemain, Christian croise de nouveau la femme mystérieuse de l’île. Au moment où ils s’apprêtent à faire l’amour, un inconnu les agresse et l’affrontement dégénère en bain de sang. Ce n’est que le début d’une implacable descente aux enfers. Personne ne sortira indemne.
Un nouveau thriller à machination pour Umberto Lenzi
Critique : Un bien curieux giallo que ce Spasmo. Détournant les codes du genre en s’écartant du sempiternel tueur à l’arme blanche et des bimbos dénudées, Umberto Lenzi qui n’était pas à son coup d’essai dans le domaine (Le tueur à l’orchidée) a calmé la violence graphique de ses précédentes œuvres pour mettre en place un travail intrigant sur la paranoïa.
Au lieu de suivre les traces du giallo dans son versant Dario Argento, Umberto Lenzi préfère retrouver l’ambiance de ses films des années 60 plutôt tournés vers le thriller à machination. Il a déjà été particulièrement inspiré dans le domaine grâce à ses incursions dans les manigances de la haute société qui étaient au cœur de la trilogie informelle formée par Une folle envie d’aimer (1969), Si douces, si perverses (1969) et Le couteau de glace (1972), tous trois avec Carroll Baker. La différence principale vient du fait que sur Spasmo, Umberto Lenzi n’est pas l’auteur du script et que cela se ressent dans la façon de concevoir cette intrigue fort biscornue.
Effectivement, le projet était initialement destiné à Lucio Fulci qui devait en être le maître d’oeuvre. Trop occupé sur d’autres tournages et mécontent du script, le maestro a préféré passer la main et le producteur Ugo Tucci a fait appel en urgence à Lenzi dont il savait qu’il pourrait emballer un produit de bonne tenue en un minimum de temps.
Des audaces narratives qui n’ont pas porté leurs fruits
Mettant en scène des personnages d’une ambiguïté perverse où chacun manipule l’autre jusqu’à l’horrible révélation finale, le cinéaste se joue du spectateur qui assemble les morceaux d’un puzzle sophistiqué au gré d’une musique d’Ennio Morricone sophistiquée et envoûtante. Le charme opère avec une efficacité peut-être moins spontanée qu’à l’accoutumée. Lenzi n’a pas cherché la facilité, mais une respectabilité dans le suspense où il se révèle armé et légitime.
Toutefois, cette audace dans le traitement de son sujet ne lui a pas porté chance puisque le long métrage fut un cuisant échec commercial qui a condamné les chances de diffusion à l’étranger, et notamment en France où le film est demeuré inédit pendant des décennies. Il a fallu patienter jusqu’à l’année 2007 pour que le giallo trouve un écrin en DVD chez le défunt éditeur culte Néo Publishing. Depuis, le vilain petit canard boiteux a eu le droit à une sortie en blu-ray chez BQHL Éditions, pourvu d’une copie encore perfectible.
©️ 1974 Rewind Film S.r.l. (Rome, Italy). Tous droits réservés. All Rights Reserved.
Le test du DVD Néo Publishing (2007)
Compléments : 2,5 / 5
Un entretien de 16 minutes avec Lenzi en guise d’unique bonus dévoile les intentions du cinéaste dans ce giallo iconoclaste. Ce dernier justifie sa démarche psychologique et lumineuse alors que ce film devait être réalisé initialement par Lucio Fulci. Des filmographies, une fiche technique et une galerie photo complètent cette édition assez minimaliste.
Image & son : 2,5 / 5
Le gros grain d’époque a été conservé, mais les couleurs sont équilibrées et les images de bonne facture. Le film est proposé dans une VF assez calamiteuse au niveau du doublage et une VO italienne sous-titré en français tout aussi bancale, cependant la version française est vocalement plus nette.
Critique et test DVD de Frédéric Mignard
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Biographies +
Umberto Lenzi, Suzy Kendall, Ivan Rassimov, Maria Pia Conte, Robert Hoffmann
Mots clés
Cinéma bis italien, Giallo, Les tueurs fous au cinéma
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