La baie sanglante – la critique du film et le test du blu-ray (1973)

Epouvante-Horreur, Slasher | 1h24min
Note de la rédaction :
8/10
8

Note des spectateurs :

Mario Bava s’amuse à massacrer treize personnages dans cette œuvre en roue libre, totalement imprévisible et culte. A ne pas rater.

Synopsis : La vieille comtesse Frédérica est brusquement arrachée à son fauteuil roulant et pendue par son mari qui, à son tour, succombe sous les coups de poignard d’un mystérieux assassin. Dès lors, de nombreux personnages viennent dans la baie afin d’enquêter ou tout simplement afin de profiter du formidable héritage laissé par la comtesse.

Critique : Alors que sa carrière bat sérieusement de l’aile depuis quelques années, Mario Bava délivre aux amateurs de film d’horreur un uppercut à l’estomac avec cette Baie sanglante tournée en 1971. Commençant son métrage par un meurtre commis par un homme ganté, Bava semble s’aventurer une fois de plus sur les terres du giallo, sous genre qu’il a popularisé au cinéma avec La fille qui en savait trop (1963) et surtout Six femmes pour l’assassin (1964). Pourtant, par un pied de nez inattendu, le cinéaste s’évertue à briser les règles classiques de ces thrillers et s’oriente vers un nouveau type de film. Effectivement, abandonnant les constructions narratives complexes du giallo, Bava filme une série de treize meurtres atroces en se servant de l’effet boule de neige (ou réaction en chaîne, comme l’indique l’un des nombreux titres alternatifs). D’où cette impression particulière éprouvée durant la projection de cette œuvre en roue libre, apparemment dénuée de scénario, où seules les mises à mort comptent.

© Filmexport Group Srl. ©ESC Editions 2019. Tous droits réservés.

Véritable métaphore d’un monde en déliquescence, La baie sanglante peut être considérée comme une ode à la nature, malheureusement devenue la proie d’hommes avides. Doté d’une misanthropie certaine, Bava décrit l’humanité comme un repère de pourritures seulement intéressées par l’argent, la possession et l’envie d’égaler Dieu. Pour cela, l’homme est prêt à s’autodétruire dans une grande sarabande macabre dont le point d’aboutissement est l’ironique scène finale. Avec une idée nouvelle par plan et une photographie splendide, Bava parvient à concrétiser le fantasme de tout cinéaste : réaliser une œuvre uniquement charpentée par le brio de sa mise en scène. Le réalisateur est soutenu par un casting de qualité où l’on distingue surtout l’excellente Laura Betti, actrice fétiche de Pasolini, dans un rôle de voyante hallucinée. Les amateurs de sang frais seront également servis grâce à d’excellents maquillages gore réalisés par le grand Carlo Rambaldi et à une imagination débordante en matière de meurtres sadiques. Même si l’accumulation d’atrocités peut lasser au bout de quarante-cinq minutes, le metteur en scène arrive à nous capter grâce à sa fin terriblement ironique. Par la suite, La baie sanglante a inspiré de nombreux cinéastes et a donné naissance à un nouveau sous genre : le slasher (films où un tueur psychopathe tue toutes les victimes qui lui passent par les mains). En somme, une date dans l’histoire du film d’horreur qui a pourtant mis plusieurs années avant d’être diffusé en France suite à son passage remarqué au festival d’Avoriaz.

Les sorties de la semaine du 2 mai 1973

Le Mediabook :

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Compléments & packaging : 4/5

Il faut tout d’abord signaler la beauté de l’objet, particulièrement soigné sur le plan esthétique. Outre une jaquette reprenant un visuel splendide, le Mediabook propose également un livret illustré de 16 pages écrit par le fidèle Marc Toullec.

Sur la galette, on notera la présence providentielle d’une version italienne au montage alternatif dont la qualité est plus proche d’une VHS. Toutefois, on apprécie la démarche de l’éditeur qui entend livrer une version collector ultime. Ensuite, le critique Gérard Lenne nous abreuve d’informations sur la genèse du long-métrage durant 25min très précieuses. Du scénario à la production, en passant par le casting et le tournage proprement dit, tout y passe avec un beau souci d’exhaustivité. Ensuite, Nicolas Stanzick, spécialiste de la Hammer répète certaines informations (25min), mais approfondit la réflexion à travers des pistes de lecture passionnantes, même lorsqu’il ose parfois sur interpréter l’œuvre (de son propre aveu d’ailleurs). Enfin, Mathieu Macheret analyse pour nous deux séquences du film afin d’en faire ressortir les grands principes stylistiques à l’œuvre (20min). Entre informations précieuses et analyses passionnantes, ces suppléments sont donc d’excellente tenue.

L’image du blu-ray : 3,5/5

 On est ici à des encablures des précédentes éditions DVD, toutes problématiques. Ici, le format 1.85 est parfaitement compatible avec le 16/9. On peut bien entendu regretter la présence encore trop importante de points blancs, de griffures et une légère instabilité sur certains plans larges sur la nature, mais l’ensemble, sans être exceptionnel, est de bonne tenue et offre un confort de visionnage jusque-là impossible à obtenir pour ce film.

Le son du blu-ray : 4/5

 Les deux pistes françaises sont plutôt de bonne tenue (au choix en 5.1 ou en 2.0). Pour la première, il s’agit de la plus efficace et de la plus conforme à nos habitudes d’écoute. La plus proche du rendu d’origine est la seconde en 2.0. Pour ce qui est de la version originale, seule la version anglaise, passable, mais pas géniale, est visible avec une image retravaillée. La version italienne, elle, agrémente plutôt la partie bonus car l’image n’est pas bonne. De toute façon, rappelons que ces œuvres étaient toutes postsynchronisées à l’époque. Pour une fois, le choix du français est donc plutôt recommandé.

Critique du film et test Blu-ray : Virgile Dumez

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