Mon cher assassin (Folie meurtrière) : la critique du film (1973)

Thriller, Giallo | 1h40min
Note de la rédaction :
7/10
7
Mon cher assassin (Folie murtrière), affiche française

  • Réalisateur : Tonino Valerii
  • Acteurs : Lara Wendel, Salvo Randone, George Hilton, Piero Lulli, Dana Ghia, Marilù Tolo, William Berger, Andrea Scotti, Mónica Randall, Manuel Zarzo
  • Date de sortie: 06 Oct 1973
  • Nationalité : Italien, Espagnol
  • Titre original : Mio caro assassino
  • Titres alternatifs : Folie meurtrière (titre vidéo et Québécois) / La chatte de la voisine (titre cinéma alternatif) / My Dear Killer (titre international) / Sumario sangriento de la pequeña Estefania (Espagne) / Mi querido asesino (Mexique) / O Carrasco da Mão Negra (Brésil)
  • Année de production : 1972
  • Scénariste(s) : Roberto Leoni, Franco Bucceri, José Gutiérrez Maesso et Tonino Valerii
  • Directeur de la photographie : Manuel Rojas
  • Compositeur : Ennio Morricone
  • Société(s) de production : B.R.C. Produzione S.r.l., Kramot Cinematografica, Tecisa
  • Distributeur (1ère sortie) : Univers Galaxie
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Delta Vidéo Diffusion (VHS, 1983) / Néo Publishing (DVD, 2007) / Le Chat qui Fume (blu-ray, 2022)
  • Date de sortie vidéo : 15 février 2022 (blu-ray)
  • Box-office France / Paris-périphérie : -
  • Box-office nord-américain : -
  • Budget : -
  • Rentabilité : -
  • Classification : Interdit aux moins de 16 ans
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleurs / Son : Mono
  • Festivals et récompenses : -
  • Illustrateur / Création graphique : Frédéric Domont (blu-ray)
  • Crédits : Surf Films S.r.l.
Note des spectateurs :

Unique giallo de Tonino Valerii, Mon cher assassin (Folie meurtrière) est un film de très bonne tenue, marqué par une certaine violence et une critique cinglante des élites corrompues. Un thriller à découvrir, donc.

Synopsis : Les meurtres successifs du détective d’une compagnie d’assurances, puis d’un conducteur d’excavatrice conduisent le commissaire Luca Peretti à rouvrir une affaire non classée. À l’époque, une petite fille, Stefania Moroni, avait été kidnappée, puis assassinée, et son corps jamais retrouvé. Avec l’aide d’une institutrice, Paola Rossi, Peretti reprend l’enquête à son compte, déterminé à identifier le coupable. Commence alors, pour le policier, une lutte contre la montre, afin de retrouver les derniers indices et résoudre l’énigme.

Un whodunit classique transformé en giallo sanglant

Critique : Au début des années 70, Dario Argento rencontre le succès en Italie et à l’étranger avec sa trilogie animalière qui popularise d’un coup de giallo, thriller typiquement latin dont l’origine remonte en réalité à Mario Bava. Dès lors, les producteurs désireux de rencontrer le succès s’engouffrent dans la brèche ouverte et des centaines de films sont produits en très peu de temps. Parmi eux, le producteur Manolo Bolognini (frère du réalisateur Mauro Bolognini) s’entiche du script rédigé par Roberto Leoni (futur scénariste de Santa Sangre de Jodorowsky) intitulé Mon cher assassin.

Folie meurtrière, détails du blu-ray

© 1972 Surf Films S.r.l. /© 2022 Le Chat qui Fume. Tous droits réservés.

Convaincu de la puissance de cette histoire, le producteur engage le réalisateur Tonino Valerii qui voulait se diversifier et changer de registre après avoir tourné deux westerns de très bonne tenue : Le dernier jour de la colère (1968) avec Lee Van Cleef et Texas (1969) avec Giuliano Gemma. Le cinéaste s’entend immédiatement très bien avec le scénariste Roberto Leoni et il lui propose même de l’accompagner sur le plateau en tant qu’assistant. Cela permettait également de modifier quelques répliques directement sur le tournage et d’impliquer l’auteur dans la confection du produit fini.

Une critique cinglante de la haute bourgeoisie

Cette parfaite osmose entre le cinéaste et son scénariste se ressent puisque l’intrigue n’apparaît jamais comme un parent pauvre de Mon cher assassin (Folie meurtrière). Alors que les ressorts du giallo sont souvent distendus, ceux de ce long-métrage s’avèrent parfaitement huilés et participent au plaisir ressenti durant la projection. Ainsi, le long-métrage s’impose petit à petit comme une critique sans fard de la haute bourgeoisie italienne des années 70. Alors que les meurtres se multiplient, le commissaire de police incarné avec charisme par George Hilton met au jour les secrets qui entourent une famille de la grande bourgeoisie d’une localité indéterminée. La volonté de ne pas situer les événements – lié à un tournage entre Italie et Espagne – renforce l’aspect métaphorique de l’œuvre. Il s’agit ici de déterrer les secrets enfouis par une bourgeoisie soucieuse de ne jamais faire de vague.

Jaquette du blu-ray de Folie Meurtrière aux éditions Le Chat qui fume (2022)

Design: Fred Domont © 1972 Surf Films S.r.l. /© 2022 Le Chat qui Fume. Tous droits réservés.

Si le script fonctionne bien sur le mode du whodunit classique – avec même une scène finale qui reprend le modèle défini par Agatha Christie – les auteurs ont soin de faire de chaque membre de la famille un coupable potentiel. Même si tous ne sont pas des meurtriers, ils ont finalement tous quelque chose à se reprocher. L’un d’entre eux est un trafiquant aux pratiques douteuses, l’autre est un artiste dont on suspecte un goût prononcé pour les petites filles – ce qui donne lieu à une scène étrange de nudité juvénile qui est somme toute assez dérangeante, même si sans conséquence pour la gamine en question. Enfin, un autre est un frère frustré d’être le parent pauvre de la fratrie.

Des meurtres très graphiques et originaux

Dans ce grand bal des faux jetons, Tonino Valerii ne cherche aucunement à sauver le moindre personnage et s’entend plutôt à défendre l’innocence de l’enfance face à des adultes vus comme des corrupteurs et des monstres. Autant dire que la misanthropie est à l’œuvre dans Folie meurtrière qui n’y va pas avec le dos de la cuillère en matière de meurtres. Ainsi, dans une volonté évidente de surenchère graphique, les auteurs nous proposent notamment deux meurtres originaux et gratinés. Cela commence très fort avec une décapitation par une excavatrice, mais c’est surtout le meurtre sauvage à la scie circulaire – particulièrement sanglant – qui a durablement marqué les esprits par sa puissance graphique.

Doté d’une excellente ambiance, rehaussée par l’étrange partition d’un Ennio Morricone en mode expérimental, Mon cher assassin est également soutenu par une très bonne interprétation de la part d’acteurs de qualité tels que Salvo Randone, Marilu Tolo ou encore Piero Lulli. Bien que le film soit de très bonne tenue, il n’a malheureusement connu qu’une carrière limitée en Italie à cause d’un distributeur qui a fait faillite au moment de sa sortie. Cela a également eu un impact sur son exportation.

Un giallo surtout exploité en vidéo en France

Ainsi, en France, le film est apparu furtivement sur les écrans en octobre 1973 sous le titre Mon cher assassin. Le métrage semble même être ressorti sous le titre étrange et totalement hors de propos de La chatte de la voisine. Mais il a surtout connu une exploitation vidéo grâce à la VHS éditée par Delta Vidéo en 1983 sous le titre plus percutant de Folie meurtrière. C’est d’ailleurs ce titre vidéo qui a ensuite été réemployé par Néo Publishing pour son DVD et plus récemment par Le Chat qui Fume pour son édition blu-ray.

A noter que cette dernière propose une copie de très bonne qualité, des suppléments toujours aussi pertinents et passionnants, ainsi qu’un CD contenant des bandes originales rares signées Ennio Morricone. De quoi foncer tête baissée pour tous les amoureux de cinéma populaire italien.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 3 octobre 1973

Acheter le film en blu-ray sur le site de l’éditeur

Mon cher assassin (Folie murtrière), affiche française

Mon cher assassin, affiche française originale. © 1972 Surf Films S.r.l. Tous droits réservés.

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