Babysitting ou quand les Français s’approprient l’esprit de Very bad trip et Projet X. Fun et enthousiasmant. Un triomphe inattendu de la comédie française qui mit en orbite une nouvelle bande de comiques, Philippe Lacheau en tête.
Synopsis : Faute de baby-sitter pour le week-end, Marc Schaudel confie son fils Remy à Franck, son employé, “un type sérieux” selon lui. Sauf que Franck a 30 ans ce soir et que Rémy est un sale gosse capricieux. Au petit matin, Marc et sa femme Claire sont réveillés par un appel de la police. Rémy et Franck ont disparu ! Au milieu de leur maison saccagée, la police a retrouvé une caméra. Marc et Claire découvrent hallucinés les images tournées pendant la soirée.
Un Projet X français au succès aussi inattendu
Critique : Un babysitting qui dérape, c’est un peu le sujet du mythique Nuit de Folie de Chris Columbus (1988), avec Elisabeth Shue. Une soirée arrosée, filmée par le biais d’une caméra amateur, qui vire à l’happening incontournable, c’est totalement Projet X, triomphe générationnel en France en 2012, au succès moindre à l’étranger. Enfin, le scénario délire où le spectateur recherche l’origine du grand dérapage avec disparition mystère d’un protagoniste, c’est incontestablement Very Bad Trip premier du nom.
Naissance au cinéma de la bande à Fifi
Tous les ingrédients pour faire un blockbuster du rire américain sont réunis, sauf qu’ici, on est en France, avec de jeunes comédiens qui montent, notamment Philippe Lacheau, également co-réalisateur du film avec Nicolas Benamou. La future star aux films systématiquement millionnaires, avait été vue dans Paris à tout prix et certains connaissaient Lacheau pour avoir été présentateur sur Fun TV. Il est accompagné ici de ses anciens potes de la Bande à Fifi, et se retrouve, contre son gré, au centre d’une soirée canon dans la villa de son patron (Gérard Jugnot en magnat ingrat), avec un petit air coincé qui ne prend pas auprès du fils tyrannique de son boss qu’il doit garder une nuit. Dans ce rôle turbulent, le jeune Enzo Tomasini vise juste du haut de ses 12-13 ans.
Pas de chance pour le protagoniste improvisé babysitteur, cette soirée coïncide avec l’anniversaire du col blanc qui voit débarquer tous ses potes pour une fête qui culmine en un moment de démence collective alors que le garnement se met à fuguer. Il va donc falloir le pister, le traquer pour le rendre à ses parents bourgeois avant qu’il ne soit trop tard.
© Axel Films, Madame Films, Cinéfrance 1888, Good Lap Production, en association avec Universal Pictures International (UPI) et La Banque Postale Image 7. Tous droits réservés.
Un public jeune bien ciblé
Avec un petit air de comédie à la Manu Payet – l’esprit pote et de déconne évoque Radiostars ou Situation amoureuse : c’est compliqué -, Babysitting essaie d’apporter du sang frais à la comédie franchouillarde bien pépère. On notera donc sur l’affiche que la couleur bleue qui caractérise nos films comiques a cédé le pas à un ton plus branché… Babysitting ne s’adresse pas vraiment au public de Dany Boon (Supercondriaque sortait deux mois auparavant) ou à celui des Inconnus qui revenaient la même année avec Les trois frères le retour, mais plutôt à une audience accro à son époque 2.0 où l’insouciance est devenue synonyme de délire exponentiel. Les vannes sont nombreuses : convives et spectateurs sont venus là pour s’éclater. Il y a du Michaël Youn dans l’esprit du film et de la complicité chez cette bande gravement atteinte.
Babysitter cartonne à l’Alpe d’Huez
Le casting est parfois un peu gringalet, avec un jeu artificiel, même si, de Tarek Boudali à Julien Arruti, tous deviendront célèbres et des comiques à part entière dans d’autres longs de la troupe. Mais cela ne diminue en rien le capital de sympathie qu’ils parviennent tous à faire naître au gré de mésaventures agitées qui font de cette nuit de garderie, un espace temps extensible où tout peut arriver, surtout les pires galères…et la liste de celles qu’ils vont vivre est particulièrement longue, cocasse et désopilante.
Prix spécial du Jury et du public à l’Alpe d’Huez, Babysitting est une comédie générationnelle qui a su parler à son public jeune et adulescent sans s’encombrer du moindre discours, devenant un tournant pour le genre, comme les films du Splendid à leur époque. Le phénomène venu de nulle part fut tel que Babysitting, distribué par la major Universal France, devint la 3e fiction la plus lucrative en 2014, procurant à la bande à Fifi un passeport pour une décennie de comédies, plus ou moins médiocres, parfois bonnes, mais jamais des flops.
Sorties de la semaine du 16 avril 2014
Biographies +
Philippe Lacheau Nicolas Benamou,Gérard Jugnot, Philippe Duquesne, David Salles, Clotilde Courau, Vincent Desagnat, Grégoire Ludig, David Marsais, Philippe Lacheau, Tarek Boudali, Julien Arruti, Alice Dufour, Alice David, Enzo Tomasini, Charlotte Gabris