Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? : critique du film (2014)

Comédie | 1h37min
Note de la rédaction :
8/10
8
Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?, affiche du film (2014)

  • Réalisateur : Philippe de Chauveron
  • Acteurs : Chantal Lauby, Christian Clavier, Ary Abittan, Medi Sadoun, Frédéric Chau, Noom Diawara, Frédérique Bel, Julia Piaton, Elodie Fontan, Pascal N’Zonzi, Salimata Kamate, Elie Semoun, Nicolas Wanczycki, David Salles, Emilie Caen
  • Date de sortie: 16 Avr 2014
  • Année de production : 2014
  • Nationalité : Français
  • Titre original : Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu ?
  • Titres alternatifs : Serial (Bad) Weddings (international), Monsieur Claude und seine Töchter (Allemagne), Bon Dieu! (Pays-Bas), Non sposate le mie figlie! (Italie), Que Mal Fiz Eu a Deus? (Portugal), Colorful Weddings (Corée du Sud), Dios mío, ¿pero qué te hemos hecho? (Espagne), Familiekaos (Norvège), Bröllopskaos (Suède), Dios Mío ¿Qué hemos hecho? (Argentine),
  • Scénaristes : Guy Laurent, Philippe de Chauveron
  • Directeur de la photographie : Vincent Mathias
  • Monteurs : Sandro Lavezzi
  • Compositeur : Matthieu Gonet
  • Producteur : Romain Rojtman
  • Sociétés de production : Les films du 24, TF1 Droits Audiovisuels, TF1 Films Production, Sofica UGC 1, La Banque Postale Image 7
  • Distributeur : UGC Distribution
  • Editeur vidéo : UGC Vidéo
  • Date de sortie vidéo : 24 septembre 2014 (DVD, blu-ray)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 12 366 033 entrées / 2 601 250 entrées
  • Box-office monde : 176 404 493
  • Budget : 12 790 000 euros
  • Rentabilité : 300% (rentabilité salle France), numéro 1 annuel
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleur (Technicolor, DCP) / Dolby Digital
  • Festivals et récompenses : Nommé au European Film Awards en 2015 (People's Choice Award), Nommé aux Goya en 2015 (Meilleur film étranger), Prix Lumière du Meilleur scénario en 2015
  • Illustrateur / Création graphique : Le Cercle Noir pour Fidelio, d'après des photos de © Arnaud Borrel. Tous droits réservés. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Les films du 24, TF1 Droits Audiovisuels, TF1 Films Production. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Franchise : Premier volet de la trilogie Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu?
Note des spectateurs :

Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? est le Rabbi Jacob des années 2010… Une œuvre généreusement populaire au potentiel commercial énorme, devenue le second plus gros succès de la décennie. Un phénomène.

Synopsis : Claude et Marie Verneuil, issus de la grande bourgeoisie catholique provinciale sont des parents plutôt “vieille France”. Mais ils se sont toujours obligés à faire preuve d’ouverture d’esprit…Les pilules furent cependant bien difficiles à avaler quand leur première fille épousa un musulman, leur seconde un juif et leur troisième un chinois.
Leurs espoirs de voir enfin l’une d’elles se marier à l’église se cristallisent donc sur la cadette, qui, alléluia, vient de rencontrer un bon catholique.

Blacklistés par les attaché.e.s de presse

Critique : Il aurait été facile d’être mesquin avec cette énième comédie française dans un paysage de divertissements nationaux souvent rébarbatifs. Après tout, n’avions-nous pas été blacklistés de la projection officielle du film ? Les attachés de presse chargés des comédies  sont parmi les moins drôles du métier et aiment servir de cerbère pour sauver ce qu’ils peuvent de produits souvent attaquables qu’ils rêvent de voir surtout défendus sur les plateaux de télévisions. Parisianisme et élitisme, quand tu nous tiens…

Mais, en retour, nous ne sommes pas tomber pas dans le jeu aisé de l’attaque contre Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu? qui vraiment méritait un autre état d’esprit de la part de son équipe de communication. Etre juste et vrai face aux comédies françaises, genre casse-gueule et mal-aimé des critiques, mais qui mérite bien des égards quand leurs jalons sont réussis, c’est ce que nous nous essayons toujours de faire.

Philippe de Chauveron comprend enfin ce qu’est une bonne comédie

Nous serons honnêtes en soulignant la réussite populaire qu’est Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu ?, premier bon film du réalisateur Philippe de Chauveron, habitué jusqu’ici aux comédies ras-les-pâquerettes comme Les parasites ou L’amour aux trousses. Cette fois-ci, fort d’une étude de marché parfaitement échantillonnée, où il a compris ce qui composait les grands succès de ces quarante dernières années, le spécialiste de la comédie a conçu un authentique blockbuster du rire, pure bombe de marketing où tout relève de l’artisanat loufoque, entre dialogues pétaradants et rires de situation. UGC et les producteurs du film pouvaient largement envisager d’atteindre les 5 millions de spectateurs. En fait, le film parviendra à ce score en moins de trois semaines et achèvera sa carrière phénoménale à plus de 12 millions de Français hilares.

Comédie de mariage ethnique et communautaire, c’est banco

Le potentiel comique de Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? évoque celui des comédies ethniques et/ou communautaires qu’ont été Rabbi Jacob, La vérité si je mens!, Black Mic Mac, mais aussi celui très bankable comédies de mariage qui irriguent les écrans mondiaux depuis au moins Quatre mariages et un enterrement en 1994.

A la fois black, beur, juif, bourgeois, provincial, djeune, boomer et retraité, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? fonctionne aussi bien pour tous les publics, chose rare pour un ersatz du genre franchouillard. Les femmes et les hommes y répondront aussi favorablement tant le casting a été soigné pour manger à tous les râteliers. Le travail d’équilibriste donne donc raison au cinéaste qui est également co-scénariste. La dynamique comique agrège ; elle ne divise pas une société morcelée qui a bien besoin de ciment social pour la reconstruction. On rit effectivement de stéréotypes, mais avec ces mêmes communautés que le film ne méprise pas.

Au moins aussi bon que Les aventures de Rabbi Jacob

Désopilant, sans aucun temps mort, le divertissement joue sur une situation apriori tirée par les cheveux : un couple de notables catho voit chacune de leurs quatre filles épouser des enfants d’immigrés de différentes communautés, les plongeant dans une dépression inéluctable. Ce qui pouvait s’avérer difficilement à avaler devient extrêmement cocasse. Il faut dire que ce Rabbi Jacob des années 2000, au moins aussi bon que le film de Gérard Oury (un rêve pour Clavier qui égale enfin Louis de Funès sans chercher à imiter le comique comme il a pu le faire dans La soif de l’or vingt ans auparavant) est une bombe comique se jouant du politiquement correct en se vautrant généreusement dans le petit racisme quotidien. Tout le monde ici, peu importe ses origines, s’en donne à cœur joie dans les petits gags de la xénophobie ordinaire, sans jamais être méchants, puisque le film est taquin et non d’un conservatisme abject.

Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, un politiquement incorrect fédérateur

L’approche est simple, titiller les relents racistes du tout un chacun en confrontant ses préjugés à une situation extraordinairement improbable, pour in fine mieux marier les communautés et porter un message social d’apaisement entre les populations. A l’époque des fortes tensions sociales que traversaient la France en 2014, où certaines villes basculaient dans les extrêmes, le spectacle iconoclaste fédérait une nation rarement réunie dans un lieu de culture populaire autour d’une thématique qui lui ressemblait autant, dans un bon esprit que la trilogie essaiera de conserver avec plus ou moins de succès en 2019 et 2022.

Lors de l’avant-première public de Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? à laquelle nous avons assisté, il était difficile de se souvenir de spectateurs qui riaient autant et surtout qui paraissaient aussi heureux d’être dans le collectif de la salle. Le phénomène n’avait pas été aussi flagrant depuis Bienvenue chez les Ch’tis. Philippe de Chauveron et son casting quatre étoiles aussi extraverti qu’attachant, parvenaient à l’impensable, rassemblant lors d’une grand-messe burlesque, toutes les communautés ethniques et sociales, tous les âges et tous les genres, au sein de la plus efficace des comédies populaires vue en France depuis le second film de Dany Boon.

Pour ceux qui découvriraient le film en 2022, époque des générations offensées, oubliez vos propres préjugés, notamment envers la comédie franchouillarde, et tentez le diable ; il y a matière à y passer encore un excellent moment de divertissement ludique, de ceux que l’on voit et revoit pendant des décennies grâce aux multidiffusions à la télévision. Cela tombe bien, Christian Clavier et sa clique reviennent régulièrement en prime réchauffer les chaumières. Pour notre part, on s’est déjà laissé tenter par les rediffusions.

Frédéric Mignard

La trilogie Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu?

Sorties de la semaine du 14 avril 2014

Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu ?, affiche du film (2014)

Design Le Cercle Noir pour Fidelio, d’après des photos de © Arnaud Borrel. Tous droits réservés.

Box-office :

Avec 104M$ de recettes en France et 70M$ supplémentaires dans le monde, Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? est un triomphe de la comédie française, le 2e plus gros succès de la décennie sur notre territoire, avec 12 366 862 entrées. Il se classe ainsi derrière Intouchables, phénomène à 19 493 921 entrées, paru en 2011, avec François Cluzet et Omar Sy.

Un triomphe européen désavoué par l’Amérique

Parmi les marchés mondiaux qui ont le mieux accueilli cette comédie de mariage, l’on évoquera, dans l’ordre, l’Allemagne (35M$, 3 769 000 spectateurs), l’Espagne (10M$, 1 056 000 entrées), la Suisse (5M$), l’Autriche (4M$), l’Italie (4M$), la Belgique (4M$), la Pologne (1.2M$), et la Corée du Sud (1.2M$).

Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu connaîtra des sorties difficiles aux USA et au Royaume-Uni où les stéréotypes ethniques et religieux ont été dénoncés.

Méfiance à l’égard de la presse et succès phénoménal

Le succès français est inconditionnel. UGC met en avant son Label UGC (qui, trop souvent, récompense les films de la maison, ndlr) et fait tourner le film en avant-première pour susciter le buzz. En revanche, la presse n’est pas conviée à des projections de presse quasi inexistantes, comme pour protéger cette production au potentiel énorme d’échos assassins chez les professionnels de la critique, notamment sur internet, où la force de frappe est jugée immédiate.

Proposé en salle pendant les vacances de Pâques, la comédie avec Christian Clavier, dont la carrière venait d’être relancée par Les profs, restera quatre semaines au-dessus du 1 500 000 entrées. Un résultat phénoménal qui le place à plus de 6 000 000 de spectateurs en quatre semaines d’exploitation, avec une moyenne faramineuse de plus de 2 700 spectateurs.

La comédie ne dispose que de 621 écrans pour sa première semaine et montra jusqu’à 821 en 5e semaine, au mois de mai.

Quatre premières semaines éblouissantes

Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu attire 1 680 249 ouailles pour ses sept premiers jours. Pour sa deuxième septaine, la comédie monte à 1 734 346 curieux. Même sa 3e semaine est supérieure à sa prodigieuse semaine d’investiture (1 715 283).

Le film le plus drôle de l’année 2014 restera 7 semaines au-dessus des 700 000 entrées. La Fête du cinéma réhausse sa fréquentation (457 461 entres contre 162 758  spectateurs, une semaine plus tôt). La comédie demeurera ultra rentable pendant tout l’été avec des chiffres solides tout au long du mois de juillet et du mois d’août.

C’est la rentrée cinématographique qui précipitera la comédie vers sa fin annoncée. La semaine du 3 septembre, le premier volet du triptyque réalisé par Philippe de Chauveron, passe sous la barre des 100 000 (55 856, pour être plus précis). L’apparition du film en VOD et en format physique SD et HD, le 24 septembre, contribuera à mettre un terme à sa carrière dans les cinémas, dans les rires et la joie.

Après ce succès, Philippe de Chauveron, qui avait été à deux reprises millionnaire, avec L’élève Ducobu et sa suite, ne retrouvera pas le succès. Débarquement immédiat ! avec Ary Abittan et Medi Sadoun, est un désastre (400 000 entrées pour un budget de 15 millions d’euros). Ses retrouvailles avec Christian Clavier dans A bras ouverts seront rances (1 027 000 entrées, pour un budget de 17M$). Il lui faudra revenir à la franchise Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, pour retrouver en 2019, avec Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu, le succès (6 722 000 entrées) et une 4e place annuelle derrière trois productions Disney, dont Le roi lion et sa version en live action, à 10 017 995 spectateurs.

En avril 2022, après plus d’un an de reports de sortie en raison des différentes vagues de coronavirus, de la fermeture des salles, du faible taux d’occupation de celles-ci à leur réouverture, et de la mise en examen pour viol de l’acteur Ary Abittan, Qu’est-ce qu’on a tous fait au Bon Dieu sort enfin. Sa mission? Rabibocher les Français en période d’élections présidentielles, marquée à nouveau par l’irrésistible montée des haines, du mépris et des extrêmes. On attend donc les chiffres…

Frédéric Mignard

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Bande-annonce de Qu'est-ce qu'on a fait au Bon Dieu

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