Actrice italienne naturalisée française, Sophia Loren (de son vrai nom Sofia Villani Scicolone) est née en 1934 à Rome. Son enfance est globalement marquée par la pauvreté vécue dans la banlieue de Naples. Effectivement, son père ne veut pas aider financièrement sa mère qui doit élever ses enfants seule. Tandis que la guerre fait rage, la petite Sofia rêve de devenir professeure d’anglais. Très maigre, l’adolescente se présente au concours de beauté Miss Italie en 1949 et elle atteint la deuxième place. C’est lors de ce concours de beauté qu’elle fait la rencontre de son futur mari, le producteur Carlo Ponti.
La rencontre avec le producteur Carlo Ponti
Celui-ci la convainc de venir à Cinecittà, de prendre des cours de comédie au Centro Sperimentale di Cinematografia et de commencer à apparaître dans plusieurs photos-romans, genre très populaire à l’époque. La jeune femme est rarement créditée au générique de ses premiers films, ou alors sous le nom de Sofia Lazzaro. On la remarque très furtivement dans le péplum Quo Vadis (Mervyn LeRoy et Anthony Mann, 1951) dans le rôle d’une esclave. Après un nombre conséquent de petits emplois dans des comédies et mélodrames, elle adopte enfin le nom de Sophia Loren en 1953 pour le film Sous les mers d’Afrique (Giovanni Roccardi, 1953) où elle tient le rôle féminin principal. C’est pour elle le temps de la révélation.
L’ascension des années 50
L’actrice enchaîne avec le film-opéra Aïda (Clemente Fracassi, 1953), mais elle doit surtout son ascension à Carlo Ponti qui lui offre des rôles enfin conséquents dans des comédies populaires. Elle est en beauté dans Une fille formidable (Mauro Bolognini, 1953), mais aussi dans un sketch de Quelques pas dans la vie (Alessandro Blasetti, 1954). Sophia Loren fait scandale en 1954 en exhibant ses seins nus dans Deux nuits avec Cléopâtre (Mario Mattoli, 1954). Toujours très juste, elle enchaîne L’or de Naples (Vittorio De Sica, 1954), Attila, fléau de Dieu (Pietro Francisci, 1954), puis tourne avec Dino Risi dans Le signe de Vénus (1955) et Pain, amour, ainsi soit-il (1955), troisième volet d’une franchise à succès où elle succède à Gina Lollobrigida. C’est aussi à cette époque que les cinéastes l’associent systématiquement à l’acteur Marcello Mastroianni, avec qui elle forme un duo d’anthologie à l’écran.
Le départ pour Hollywood et le temps des grosses productions
Après son mariage avec Carlo Ponti, celui-ci ambitionne de faire de sa muse une star internationale et lui propose de partir un temps à Hollywood. Là, elle tourne dans Orgueil et passion (Stanley Kramer, 1957) où elle donne la réplique à Cary Grant et Frank Sinatra, rien que ça. Elle enchaîne aussitôt avec La cité disparue (Henry Hathaway, 1957), film d’aventures peu enthousiasmant où elle fait face à John Wayne. Du lourd !
Toutefois, la comédienne est plus à l’aise dans le drame et on la préfère largement dans des films comme La clé (Carol Reed, 1958) ou L’orchidée noire (Martin Ritt, 1958). En matière de comédie, on la retrouve à l’affiche d’Une espèce de garce (Sidney Lumet, 1959), La diablesse en collant rose (George Cukor, 1960).
Toutefois, c’est en retournant en Italie pour les besoins du mélodrame de guerre La ciociara (Vittorio De Sica, 1960) que Sophia Loren rencontre le plus bel écho de sa carrière. Elle prouve qu’elle est une excellente actrice et obtient l’Oscar de la meilleure actrice, ce qui fait d’elle la première actrice étrangère à décrocher la récompense. Au sommet de sa notoriété, la star triomphe immédiatement après dans la superproduction tournée en Espagne intitulée Le Cid (Anthony Mann, 1961). Cette fois-ci, plus de doute, Sophia Loren est une superstar internationale.
Superstar des années 60-70
Très à l’aise sous la direction de son ami Vittorio De Sica, Sophia Loren tourne pour lui dans Boccace 70 (1962), Les Séquestrés d’Altona (1962) et le film à sketchs Hier, aujourd’hui et demain (1963). En revanche, elle est moins inspirée en participant au péplum La chute de l’Empire romain (Anthony Mann, 1964) qui déçoit fortement sur les plans artistique et commercial. Par la suite, elle retrouve ses complices De Sica et Mastroianni pour l’excellent Mariage à l’italienne (1964) qui confirme son aura.
On peut sans doute regretter son entêtement à jouer dans des grosses productions internationales impersonnelles comme Opération Crossbow (Michael Anderson, 1965), Arabesque (Stanley Donen, 1966), mais qui peut lui reprocher d’avoir été dirigée par Charlie Chaplin, même pour le médiocre La comtesse de Hong-Kong (1967).
Parmi ses bons films de l’époque, on peut citer Les fleurs du soleil (Vittorio De Sica, 1970), La femme du prêtre (Dino Risi, 1970), Le voyage (Vittorio De Sica, 1974) et surtout Une journée particulière (Ettore Scola, 1977) qui lui offre un David di Donatello de la meilleure actrice, largement mérité tant elle se révèle bouleversante dans ce chef d’œuvre de sensibilité.
Une star à l’aura intacte, malgré une certaine absence des écrans
Ce drame bouleversant où elle apparaît sans maquillage constitue le sommet de sa carrière qui va, dès lors, décliner à cause de choix moins pertinents. Cela n’entamera pourtant jamais son aura de diva de l’écran, d’autant qu’elle s’engage à côté dans des grandes opérations humanitaires. Toutefois, quelques affaires avec le fisc au début des années 80 ternissent quelque peu cette belle image. Finalement, elle se consacre à sa famille dans les années 80 où elle disparaît quasiment des grands écrans. Elle consent à tourner quelques téléfilms et épisodes de séries. En 1991, elle reçoit un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.
Pourtant, Sophia Loren n’a pas dit son dernier mot et elle retrouve le chemin des plateaux avec le Prêt-à-porter (1994) de Robert Altman et dit oui à Roger Hanin pour son mélodrame Soleil (1997) qui est un échec commercial. Par la suite, Sophia Loren accepte quelques apparitions symboliques dans des productions comme la comédie musicale Nine (Rob Marshall, 2009). Désormais très âgée, Sophia Loren revient à un rôle majeur avec la production Netflix La vie devant soi (Edoardo Ponti, 2020) d’après le roman d’Emile Ajar. Elle y tient le rôle de Madame Rosa sous la direction de son propre fils. Les critiques sont unanimes pour encenser son interprétation. Pas uniquement une actrice, un monument!