Réalisateur, scénariste et producteur italien, Ettore Scola est né à Trevico et a débuté des études de droit, avant de se réorienter vers le dessin de presse et la radio.
Ettore Scola, un brillant scénariste de comédies
Au début des années 50, il entre dans le milieu du cinéma en tant que script doctor, puis scénariste. Son sens de l’ironie et de la dérision lui vaut rapidement la réputation d’être l’un des meilleurs scénaristes dans le domaine de la comédie. Ainsi, il a écrit Le célibataire (Pietrangeli, 1955) pour Alberto Sordi, Nos plus belles années (Mattoli, 1956) pour Vittorio De Sica, Les époux terribles (Pietrangeli, 1958), L’homme aux cent visages (Risi, 1960) et Le fanfaron (Risi, 1962) pour Vittorio Gassman ou encore le film culte Les monstres (Risi, 1963). Pour Dino Risi, il a également écrit La marche sur Rome (1962) et Il gaucho (1964).
Le passage à la réalisation avec des œuvres commerciales
Comme il est à l’aise dans le genre de la comédie, il décide de passer à la réalisation avec son complice Vittorio Gassman pour Parlons femme (1964). Si Scola n’a jamais cessé d’écrire pour les autres, il se consacre désormais majoritairement à sa carrière de réalisateur qu’il débute en tournant des films de commande. Cela donne des œuvres sympathiques comme Belfagor le magnifique (1966), toujours avec Gassman, ou encore Nos héros réussiront-ils à retrouver leur ami mystérieusement disparu en Afrique ? (1968) avec Alberto Sordi.
C’est véritablement avec Le fouineur (1969) que le cinéaste commence à affirmer un regard cinglant et critique envers la société italienne. De cette période, on peut retenir également Drame de la jalousie (1970) avec Marcello Mastroianni.
La grande décennie de Scola : 1974-1984
Toutefois, il faut attendre 1974 et Nous nous sommes tant aimés pour qu’Ettore Scola passe enfin à la vitesse supérieure et s’affirme comme un réalisateur majeur de la décennie. Il s’agit de son premier vrai succès en France avec 810 233 amoureux dans les salles. Le long-métrage amer gagne également le César du meilleur film étranger en 1977. Dans un genre très différent, Scola enchaîne avec Affreux, sales et méchants (1976), comédie culte d’une vulgarité sans nom. La comédie crasseuse attire 683 836 spectateurs français hilares tandis que le réalisateur est récompensé au Festival de Cannes du Prix du meilleur réalisateur. Une consécration, donc.
Ettore Scola n’entend pas se limiter à la comédie caustique et il livre ensuite le poignant Une journée particulière (1977), œuvre majeure qui traite de l’homosexualité à l’époque mussolinienne. Il y fait preuve d’une grande économie de moyens et d’une sensibilité à fleur de peau qui bouleverse les spectateurs et lui apporte un million de spectateurs émus en France. Le film est porté par un duo magique : Marcello Mastroianni et Sophia Loren. Le chef d’œuvre reçoit deux nominations aux Oscars, remporte le Golden Globes du meilleur film étranger et le César du meilleur film étranger en 1978, soit pour la deuxième année consécutive. Le métrage sera le plus gros succès du réalisateur sur le territoire français.
Des prix, des prix, encore des prix…
Ensuite, Scola revient à la comédie grinçante avec le formidable Les nouveaux monstres (1977) dont il signe plusieurs sketches. Ce sont encore 760 962 spectateurs hilares qui accueillent la comédie à sa sortie. Place à la comédie dramatique chorale avec La terrasse (1980) qui remporte encore un joli succès avec 642 352 clients. Le long est également présenté avec succès au Festival de Cannes, remportant deux prix : celui du meilleur scénario et de la meilleure actrice dans un second rôle pour Carla Gravina.
Le cinéaste poursuit son exploration du passé avec Passion d’amour porté par Bernard Giraudeau. Le drame performe moins en France avec 424 145 amateurs de frissons romantiques, mais est tout de même présenté au Festival de Cannes, tout en remportant trois récompenses aux David di Donatello. La France accueille le féru d’histoire pour tourner La nuit de Varennes (1982) au casting impressionnant : Marcello Mastroianni, Jean-Louis Barrault, Hanna Schygulla, Harvey Keitel, Jean-Claude Brialy et Daniel Gélin. Mais le film est une déception au box-office avec 461 572 entrées en France pour un budget bien plus conséquent. La reconstitution historique a encore eu les honneurs du Festival de Cannes, et a remporté trois autres David di Donatello dont celui du meilleur scénario pour Scola.
À l’opposé de sa grande fresque, Scola réalise ensuite un film sans star ni aucun dialogue intitulé Le bal (1983). Le métrage est une nouvelle réussite éclatante saluée par 841 862 spectateurs dont votre serviteur, alors très jeune. Le métrage a reçu une pluie de récompenses internationales largement méritées. Il a été nominé aux Oscars, mais a surtout gagné le Prix du meilleur réalisateur au Festival de Berlin, les César du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleure musique, et 4 David di Donatello dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur.
Un déclin qui accompagne celui du cinéma italien
Il s’agit de l’apogée de la carrière d’Ettore Scola qui enchaîne avec la comédie Macaroni (1985) qui oppose deux géants du cinéma : Marcello Mastroianni et Jack Lemmon. Ils furent 522 783 Français à faire le déplacement pour une œuvre mineure. Avec La famille (1987), nouvelle œuvre chorale, Ettore Scola plonge un peu plus dans la nostalgie et traite des problèmes intergénérationnels. Il séduit encore 508 523 spectateurs alors que la crise du cinéma commence à faire rage, aussi bien en France qu’en Italie.
Cela lui fournit d’ailleurs l’argument de Splendor (1989) qui est un très gros échec commercial avec seulement 65 903 cinéphiles. Les spectateurs lui préfèrent une autre œuvre sur le cinéma, un certain Cinéma Paradiso (Tornatore, 1988) qui joue à fond la carte de la nostalgie, là où Scola appuie sur l’amertume.
La nostalgie n’est plus ce qu’elle était…
Les films suivants sont marqués par un certain déclin qualitatif, même si Quelle heure est-il ? (1989) demeure de bonne tenue. Avec Le voyage du capitaine Fracasse (1990), Scola n’intéresse plus que 114 044 curieux. Désormais passé de mode, le réalisateur italien voit un certain nombre de ses films rester inédit sur notre territoire, tandis que les quelques sorties demeurent dans l’anonymat le plus complet. On peut alors citer Le roman d’un jeune homme pauvre (1995) qui indiffère (35 389 égarés). Même lorsqu’il retourne au film chorale avec Le dîner (1998), il laisse les Français sur le bord de la route avec seulement 72 684 convives, malgré la présence de stars françaises au casting. Le déclin inexorable se confirme avec Concurrence déloyale (2001) qui attire 13 847 commerçants dans les salles.
Finalement, lorsque le cinéaste se lance dans la DV avec Gente di Roma (2003), il rencontre davantage d’écho et suscite la curiosité de 49 271 cinéphiles dans une combinaison de salles restreinte. Le vieil homme s’arrête alors de tourner durant plusieurs années avant de livrer un ultime docufiction intitulé Qu’il est étrange de s’appeler Federico (2013) qui rend hommage au maestro. Ils n’ont été que 9 278 à célébrer la disparition d’un cinéma que l’on a tant aimé.
Ce cinéaste majeur des années 70-80 est mort à la suite d’une chirurgie cardiaque en 2016 à l’âge de 84 ans. Il laisse derrière lui une œuvre considérable.