L’exorciste du Vatican de Julius Avery (Overlord) est un Mal pour un bien, un mauvais film qui sert l’Ostie avec quelques effets récréatifs. Il saura séduire sa cible adolescente.
Synopsis : Inspiré des véritables archives du Père Gabriele Amorth, exorciste en chef du Vatican. Le Père Gabriele Amorth enquête suite à la découverte terrifiante d’un jeune garçon possédé. Ses investigations le mèneront à dévoiler une conspiration séculaire que le Vatican a désespérément tenté de maintenir dans l’oubli.
Un Gladiator sous l’emprise du mal
Critique : L’exorciste du Vatican qui est en fait L’exorciste du Pape si l’on reprend le titre original, est une idée de franchise intéressante pour Sony Pictures, dans la lignée de ce que proposent Warner et New Line avec Les Dossiers Warren. Depuis le premier Conjuring, le couple Ed et Lorraine combattent les manifestations diaboliques dans une série de films à succès. Et cela donne forcément des idées aux studios concurrents, puisque la rentabilité de ces produits est maximale (voir Scream VI, Megan, Evil Dead Rise en 2023).
Dans The Pope’s Exorcist, il s’agit pour Sony/ScreenGem (La chapelle du diable, 2021) de placer sur orbite les péripéties d’un exorciste atypique qui aime le whisky et s’amuse tel un iconoclaste au sein de la conservatrice puissance catholique. Appelé aux quatre coins du monde pour répondre aux manifestations de possession avérées ou pas, il est à la fois soldat de Dieu et psychologue des âmes en peine.
Une histoire forcément vraie? La caution du Vatican
Interprété par un Gladiator dans l’arène du diable, Russell Crowe, sans charme mais avec un sens de l’humour qui fonctionne bien, le personnage principal se veut être l’incarnation du vrai exorciste du Vatican, c’est-à-dire de Don Amorth qui a officié au sein de l’Eglise, pratiqué des milliers d’exorcismes, et écrit plusieurs ouvrages depuis son engagement en 1986. Il a même fondé une association internationale d’exorcistes.
L’exorciste du Vatican adapte de loin deux ouvrages de Don Amorth, avec toutes les libertés à la réalité des faits écrits que l’on peut attendre d’un authentique spectacle hollywoodien destiné exclusivement à une cible adolescente. Le Vatican, lui, prend ses distances.
© 2023 Sony Pictures. Tous droits réservés.
Oubliez les auteurs, servez le produit
Personne n’ira chercher dans The Pope’s Exorcist un jalon de l’épouvante ou de l’horreur ; L’exorciste du Vatican n’est ni L’exorciste de Friedkin, ni Evil Dead de Sam Raimi, qui traitaient tous deux de possessions terrifiantes. L’exorciste du Vatican est au cinéma ce que le train-fantôme est à la fête foraine, une anarque destinée à effrayer les moins de 12 ans et à amuser inoffensivement les adolescents qui aiment se faire peur.
Les personnages sont des archétypes sans réel intérêt et relèvent d’un ensemble qui accumule les poncifs psychologiques, narratifs, et thématiques. Une telle écriture prête à rire. Il ne s’agit ni plus ni moins d’un film de producteurs et de studio cherchant à occuper une case à un moment de l’agenda des sorties. On y retrouve le prétexte du déménagement, les adolescents boudeurs, le trauma de la mort d’un parent… A peu près n’importe qui est capable d’écrire la même chose ; il faut juste avoir ses entrées à Hollywood. C’est une autre histoire.
Diable, fais-moi peur !
Plutôt rare dans les années 90, cette exploitation du phénomène de L’exorciste de William Friedkin (l’un des plus gros succès de l’histoire du cinéma) réalise une résurrection impressionnante à l’approche de l’an 2000, avec bon nombre de stars cachetonnant pour payer leurs impôts : L’associé du diable avec Al Pacino et Keanu Reeves, Kim Basinger dans L’élue, Arnold Schwarzenegger dans La fin des temps, Les âmes perdues avec Winona Ryder, Le Purificateur avec Heath Ledger, Possession avec Sarah Michelle Gellar, Les châtiments avec Hilary Swank, Le rituel avec Anthony Hopkins… La Malédiction connaît un remake en 2006, Amityville en 2005, et L’exorciste de Friedkin un prequel par Renny Harlin.
Le succès de ces productions est souvent énorme dans le domaine de la série B avec des anonymes : L’exorcisme d’Emily Rose en 2005, Insidious, The Last Exorcist, Paranormal Activity… Des nanars comme Lazarus Effect, Les dossiers secrets du Vatican en ajoutent dans la nullité de productions parfois efficaces (Paranormal Activity, Conjuring), mais souvent irregardables (Unborn…).
L’exorciste du Vatican vous expliquera l’origine de l’Inquisition et vous allez rire
L’exorciste du Vatican, avec ses quelques obscénités, ses jeux de crucifix, sa femme araignée qui marche au plafond à quatre pattes, est à situer quelque part près de La nonne de Corin Hardy, de par ses décors gothiques et son goût maquillé du macabre, avec une touche du Demonia de Lucio Fulci, voire de L’au-delà à la sauce images de synthèse, puisque cette grande supercherie surnaturelle est un festin numérique, avec bouillon de sang, oiseau avalé vivant, et créatures démoniaques… Les effets spéciaux sont très nombreux dans sa deuxième partie balourde.
Les spectateurs plus âgés trouveront audacieux le révisionnisme historique quant à l’origine de l’Inquisition. Ce qui est présenté à juste titre dans le film comme la page la plus sombre du catholicisme est finalement justifié comme l’œuvre du démon. L’idée est tellement gonflée qu’on peut trouver cela drôle.
Au final, ouvertement grotesque, avec un goût pour les décors et les effets spéciaux grandiloquents, L’exorciste du Vatican appartient aux mauvais spectacles que l’on peut apprécier sans aimer, tout en étant conscient de la réalité de sa cible qui est d’un autre âge, de celui qui n’a pas encore vu grand-chose et qui donc se pâme pour un rien.
Un Mal pour un bien.
Les sorties de la semaine du 10 mai 2023
Design affiche : BLT Communications, LLC © 2023 Sony Pictures. Tous droits réservés.
Box-office :
Sorti aux USA un mois avant la France, le week-end du 14 avril 2023, L’exorciste du Vatican n’a pas eu le succès escompté en raison d’une concurrence peu favorable dans le domaine de l’épouvante. Deux nouveautés horrifiques se sont cannibalisées ce week-end-là, puisque parallèlement, dans 3 375 cinémas, le film de vampire ultra gore avec Nicholas Hoult et Nicolas Cage Renfield sortait également. Ce dernier ouvrait à 8M$ contre 9M$ pour Russell Crowe et le diable.
L’exorciste du Vatican et Renfield se cannibalisent aux USA
Pour son second week-end, L’exorciste du Vatican perd 62.2% de ses recettes contre 59.5% pour Renfield. Cette fois-ci, la chute était principalement due à l’apparition événement d’Evil Dead Rise, en 2e place du classement, avec 24.5M$ dans 3 402 cinémas.
Pour son 3e week-end, The Pope’s Exorcist conforte son avance sur Renfield (1 .7M$ contre 1.2M$) et dépasse les 18M$ non sans douleur. Pendant ce temps, la franchise de Sam Raimi plastronne. Avec 12M$ supplémentaires, le diable s’envoie en l’air pour 44.3M$ en 10 jours.
Des résultats moyens dans le monde
Le reste du monde qui a profité de dates de sortie autour du 6 et 7 avril a conforté le manque d’intérêt du public pour cette production, avec des scores relativement moyens : 3M$ au Royaume-Uni, 2.9M$ en Espagne, 2.6M$ au Mexique, 2.5M$ en Italie, 2M$ en Allemagne… Cela équivaut à une fréquentation entre les 300 000 et 500 000 spectateurs France. Le Brésil, lui, est parti pour battre les records d’affluence.
En France, Sony Pictures vise une distribution sur 400 écrans et un score supérieur à 400 000 entrées. Mais pour sûr, il restera en-deçà des 824 000 entrées du Rite avec Hopkins, en 2011, film pour lequel Warner avait obtenu après les USA et le Mexique ses meilleurs résultats mondiaux. A suivre.
Affiche américaine de L’exorciste du Vatican – Design affiche : BLT Communications, LLC © 2023 Sony Pictures
