Arnold Schwarzenegger est l’une des plus grandes stars d’action du cinĂ©ma amĂ©ricain, acteur des franchises Conan et Terminator.
VĂ©ritable incarnation du rĂŞve amĂ©ricain, Arnold Schwarzenegger est parti de son village autrichien pour devenir Monsieur Univers, dans le domaine du culturisme, une star de cinĂ©ma iconique dans les annĂ©es 80, et gouverneur de Californie, l’État le plus puissant des Etats-Unis d’AmĂ©rique, dans les annĂ©es 2000. Pas mal pour celui qui ne fut naturalisĂ© amĂ©ricain qu’en 1983.
Hercule avant Conan
S’il dĂ©marre sa carrière en 1969 dans Hercule Ă New York, il rate Ă la tĂ©lĂ©vision le rĂ´le principal de la sĂ©rie culte L’incroyable Hulk, que remporte avec Lou Ferrigno. Mais peu importe, il n’aura que quelques petits rĂ´les dans l’attente de la gloire dans les annĂ©es 70, notamment dans Le privĂ© de Robert Altman (1973), Stay Hungry de Bon Rafelson, et Cactus Jack de Hal Needham.
Arnold Schwarzenegger, le monolithe devenu star
1981-1985 : l’Autrichien connaĂ®t une ascension fulgurante, avec un crescendo impressionnant jusqu’en 1991, c’est-Ă -dire de Conan le Barbare, le testament Ă©pique de John Milius Ă Terminator 2 : le jugement dernier, une rĂ©volution technologique qui compte parmi les plus gros succès de l’histoire du 7e art.
Après Conan et son incarnation musclĂ©e peu ouverte Ă la psychologie et aux expressions faciales, l’acteur reste attachĂ©, dans la première moitiĂ© des annĂ©es 80, Ă des rĂ´les de monolithe : Conan le destructeur de Richard Fleischer, pour le compte de Dino De Laurentiis, ou Kalidor, la lĂ©gende du Talisman, par la mĂŞme Ă©quipe, oĂą il tient un second rĂ´le, derrière celui de Brigitte Nielsen, alias Red Sonja ; mais la promo s’oriente davantage sur son personnage pour crĂ©er un lien faux avec la franchise de Conan. A cette mĂŞme Ă©poque, il joue au cyborg tueur dans une sĂ©rie B sortie de nulle part et qui fait très peur ; elle va mĂŞme devenir le point de dĂ©part de l’une des plus grosses franchises post 1984 : Terminator de James Cameron.
Schwarzenegger, du tueur de science-fiction aux comédies populaires
DĂ©sormais cataloguĂ© star d’action, au mĂŞme titre que Sylvester Stallone, son concurrent direct, ou plus tard Jean-Claude Van Damme, il ne cesse de tourner : Commando de Mark Lester, un succès, Le contrat de John Irvin, un semi-succès, Running Man d’après Stephen King… Mais c’est Predator qui redonne vĂ©ritablement du souffle Ă sa carrière, le film de guerre et de S.F teigneux de John McTiernan, concurrent direct de L’arme fatale durant l’Ă©tĂ© 1987, est le 12e plus gros succès de l’annĂ©e aux États-Unis !
Devenu bankable, car populaire sur son seul nom (pourtant imprononçable !) au-delĂ du raisonnable, la star autrichienne aligne dĂ©sormais des films de studio destinĂ©s Ă un public large, voire familial : le buddy movie Double dĂ©tente de Walter Hill, avec James Belushi, Jumeaux d’Ivan – SOS FantĂ´mes – Reitman (5e film de 1988 au B.O. amĂ©ricain), ou Un flic Ă maternelle, toujours de Reitman, sont certes des Ĺ“uvres sans intĂ©rĂŞt, mais qui lui permettent d’Ă©largir vĂ©ritablement son audience.
Le paroxysme de sa carrière cinématographique : 1990-1991
N’oubliant pas d’oĂą il vient, c’est-Ă -dire de la sĂ©rie B burnĂ©e qui n’a pas peur de la violence, l’acteur dĂ©laisse les divertissements humoristiques et se retrouve coup sur coup dans Total Recall de Paul Verhoeven en 1990 et Terminator 2 : le jugement dernier, le mĂ©ga-blockbuster de James Cameron, oĂą il devient un cyborg sympa, ami des adolescents. Cela ne s’invente pas. Le film de S.F. avec Sharon Stone finit 7e de l’annĂ©e 1990 et, comme Jumeaux, dĂ©passe les 100M$ de recettes, tandis que le retour de Linda Hamilton chez James Cameron est le numĂ©ro un annuel en 1991, avec plus de 200M$.
En 1991, Schwarzy est la plus grande star du cinéma américain, devant Tom Cruise, alors que son concurrent direct, Stallone, connaît un déclin effroyable, avec les bides de Rambo 3 ou de Rocky 5 et son incursion improbable dans la comédie.
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Last Action Hero, le début de la fin
En 1992, la star autrichienne connaĂ®t le premier Ă©chec de sa carrière, avec une comĂ©die d’action ambitieuse, sur fond de mĂ©ta-cinĂ©ma et de mise en abĂ®me, pourtant bien accueillie par la critique : Last Action Hero. Flop mondial lors de l’Ă©tĂ© 1993, cette production Columbia Ă©choue Ă la 26e place annuelle avec 50M$. Il s’agissait pourtant de l’un des films les plus chers de l’annĂ©e et de ceux qui avaient bĂ©nĂ©ficiĂ© du plus gros marketing. Cette production marquait ses retrouvailles avec le rĂ©alisateur de Predator, le maudit John McTiernan.
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La suite pour l’acteur est alors une longue chute vers la sortie. Alors que Stallone connaĂ®t un lĂ©ger sursaut, en 92-93, avec Cliffhanger et Demolition Man, Schwarzenegger ne vivra plus qu’un seul succès franc, la comĂ©die d’espionnage True Lies de James Cameron, remake du film de Claude Zidi, La totale.
Une star déchue en roues libres
Si l’on Ă©carte le score moyen de L’effaceur de Chuck Russell, en 1996, la star bodybuildĂ©e ne fait rire personne dans Junior, histoire d’homme enceint, avec Danny DeVito et Emma Thompson. La comĂ©die de NoĂ«l La course au jouet touche le fond et Batman et Robin est Ă l’image de son personnage, totalement risible.
Après une petite pause nĂ©cessaire pour faire le point sur sa carrière, l’artiste revient en 1999, avec un film apocalyptique dans l’air du temps de cette fin de dĂ©cennie ; La sĂ©rie B diabolique La fin des temps, de Peter Hyams, est aussi insipide que son score au box-office. La dystopie A l’aube du 6e jour, de Roger Spottiswoode, pile poil un an plus tard, touche un peu plus le fond en 2000… Mais le pire arrive avec le film de guerre Dommage collateral d’Andrew Davis (2002), sĂ©rie B anachronique que l’on croirait issue du catalogue de la Cannon ou de Nu Image.
La pause politique des années 2000 chez les Républicains
DĂ©sormais de plus en plus intĂ©ressĂ© par la politique et le sort du Parti rĂ©publicain, Arnold Schwarzenegger apparaĂ®t dans Terminator 3 : le soulèvement des machines, suite ringarde cautionnĂ©e par James Cameron, qui ne soulèvera pas l’enthousiasme. L’acteur, qui a encore une fois un second rĂ´le, dans Le tour du monde en 80 jours, avec Jackie Chan et CĂ©cile De France, est Ă©lu gouverneur de Californie pour deux mandats qui l’Ă©cartent du septième art, Ă partir de 2003, dans une AmĂ©rique post-11 septembre, qui a besoin de symboles.
Le retour aux affaires : Expendables
Son vrai retour au cinĂ©ma se fera via des apparitions dans le collectif d’actioners convoquĂ©s par Stallone en 2009, 2011 et 2013, la trilogie très bis des Expendables, trois hommages poussifs au cinĂ©ma d’action des annĂ©es 90 qui remportent le pactole, mais la fin est proche pour l’acteur en tant que mĂ©ga-star. DĂ©sormais papi de plus de soixante ans voit Dernier rempart, en 2012, ĂŞtre un Ă©chec. Evasion avec Stallone connaĂ®t un score miteux au cinĂ©ma, sauf en Chine (!) Sabotage, pourtant rĂ©alisĂ© par David Ayer, est une mauvaise blague, et le drame paternel sur fond de fille zombifiĂ©e, Maggie, est une fausse bonne idĂ©e que personne ne voit en salle alors que tous les spectateurs dĂ©vorent The Walking Dead Ă la tĂ©lĂ©vision.
Y-a-t-il un Terminator pour sauver l’ancien musclĂ©?
En 2014, l’acteur n’a plus qu’Ă revenir dans Terminator Genisys, pour essayer de relever la tĂŞte, mais le flop est notoire, Ă l’exception de la Chine, et il s’agit probablement du pire Ă©pisode de la saga, avec le troisième volet de sinistre mĂ©moire. On a beaucoup, mais vraiment, beaucoup de peine pour lui.
DĂ©sormais acteur de films vidĂ©o destinĂ©s aux plateformes de contenus (Aftermarth de Elliott Lester, en 2017, ou Killing Gunther de Taran Killam, cette mĂŞme annĂ©e), l’acteur trouvera au moins la rĂ©demption dans Terminator : Dark Fate, Ă©nième segment de l’increvable saga, qui se veut revenir aux sources, en relatant les faits qui suivent le second Ă©pisode de James Cameron. Le film de Tim Miller sort en salle en 2019.