Overlord est un film de guerre horrifique sombre, qui nous renferme dans une atmosphère oppressante, proche de celle de La Forteresse Noire, dans sa thématique et son côté hors du monde, mais qui pèche par son travail scénaristique bien trop balisé pour laisser ses marques.
Synopsis : À la veille du débarquement, un groupe de parachutistes est largué en France occupée. Alors qu’ils luttent pour accomplir ce qui ressemble à une mission impossible, ils tombent sur un laboratoire secret dans lequel sont menées des expériences surnaturelles, aussi étranges que terrifiantes.
Apocalypse Now
Critique : Voulu par J.J. Abrams comme un film de guerre horrifique franc dans sa violence et son nihilisme, Overlord a donc été classé R aux USA -interdiction aux mineurs non accompagnés d’un adulte-, et interdit aux moins de 16 ans en France. Cette classification, rare de par chez nous, est un peu exagérée, car au-delà de la réelle transposition dans un cadre de guerre maléfique et oppressant, le gore a toutefois quelques limites qui est celui d’un grand nombre de productions de cinéma de genre qui sont moins sévèrement frappées par la commission de classification.
On commence l’action in media res, dans un ciel fluide d’un apocalypse aérien où, sauter en parachute n’a jamais paru aussi dangereux. La série B est active ; elle revêt une photographie nocturne du plus bel effet. Cette obscurité de fond et de forme ne nous quittera plus dans ce film caverneux où forêt en territoire occupé, village de briques sous occupation allemande, grenier et laboratoires secrets servent d’environnements peu sensibles à l’humour pour détendre l’atmosphère.
Le décor (le film a été tourné à Londres) est une merveille d’ambiance pour nous extirper de toute réalité, avec un refus de se soumettre aux aléas flous des bâches vertes. Il sert énormément le propos du réalisateur australien, Julius Avery. Cet auteur méconnu dont on avait subi le premier film, Son of a gun, avec Brenton Thwaites, Ewan McGregor et Alicia Vikander, en e-cinéma, réussit un travail plutôt satisfaisant derrière la caméra, filmant l’oppression et la rencontre avec le Mal (les Nazis, puis les créatures démoniaques crées par les Allemands) avec une certaine vivacité et un goût évident pour le cinéma noir, et mettant même en scène un combat avec un mort-vivant invincible qui évoque un peu Terminator 2. Les choix de comédiens sont solides, la révélation de l’actrice française Mathilde Ollivier, et l’excellent Jovan Adepo, qui joue un jeune soldat au rapport difficile avec la violence, aident à donner de la crédibilité à cetteintrigue.
Overlord n’est pas de la trempe de La forteresse noire de Michael Mann
Reste que le temps est un peu long sur 1h50, alors que le script de Billy Ray (coupable du thriller érotique Color of Night avec Bruce Willis, et du nanar Volcano), achevé par Mark L. Smith (les pas très bons Motel, The Hole de Joe Dante et le script du remake de Martyrs), n’a absolument aucune consistance, accouchant de deux lignes d’idées rebattues et de personnages bien trop rodés, bref, le scénario est incapable de transcender le genre, là où La Forteresse Noire de Michael Mann, lui, s’imposait dans son étrangeté unique et demeure le maître étalon dans ce sous-genre du cinéma fantastique.
Accueilli par des critiques globalement correctes, sans être totalement emballées, Overlord n’a pas su communiquer auprès des spectateurs, et a dû se contenter de résultats assez ternes au box-office mondial (à peine 40M$, en comptant les recettes américaines). Il s’agissait pourtant d’une alternative aux productions Blumhouse, et proposait de la rage quand le cinéma d’épouvante actuel se contente de bouh-fais-moi-peur. D’ailleurs pour la sortie vidéo, l’éditeur Paramount a abandonné le visuel effrayant, voire méphistophélique, en faveur d’un visuel plus canonique, d’action et de violence que les fans de Tarantino et de jeux vidéo apprécieront.
Le blu-ray
Proposé depuis mars 2019 en DVD et Blu-ray, avec notamment une belle édition HD en steelbook, Overlord convie l’enfer dans le salon, avec un son tonitruant et des images d’une noirceur totale. On vous laisse découvrir les bonus constitués de près d’une heure de featurettes-making-of.
Les horreurs de la guerre (VOST) :
– Création (11’04”)
– La mort dans les airs (7’18”)
– La mort sur le terrain (9’16”)
– La mort sous terre (6’25”)
– Mort-vivant (12’19”)
– Frères d’armes (5’03”)
Critique et test vidéo : Frédéric Mignard
Les sorties de la semaine du 21 novembre 2019