Evil Dead Rise remplit parfaitement son contrat en proposant un rythme soutenu, des effets gore percutants et des personnages principaux correctement dessinés. Diablement efficace.
Synopsis : Après une longue route éreintante, Beth arrive chez sa sœur aînée Ellie. Cette dernière élève seule ses trois enfants dans un petit appartement de Los Angeles. Dans l’immeuble, les deux sœurs découvrent un mystérieux livre. Celui-ci renferme des démons qui prennent possession des corps humains. Confrontées à leurs pires cauchemars, Beth et Ellie vont devoir survivre et protéger leur famille.
Evil Dead Rise : ni suite, ni reboot, ni remake…
Critique : En 2013, le remake éponyme du premier Evil Dead (Raimi, 1981) réalisé par Fede Alvarez a convaincu les plus sceptiques qu’il était possible de passer derrière Sam Raimi sans démériter pour autant. Tandis que le génial cinéaste à l’origine du premier film ne cesse de se compromettre dans des productions hollywoodiennes de médiocre qualité, l’idée de donner une suite au remake a peu à peu fait son chemin. Toutefois, il a fallu attendre une bonne dizaine d’années pour que le projet voit vraiment le jour, en étant profondément modifié.
Tout d’abord, Evil Dead Rise n’est pas une suite du remake, ni même de la saga originale, et encore moins de la série Ash vs. Evil Dead. En réalité, après le départ de Fede Alvarez, puis le désistement de Bruce Campbell qui ne souhaite pas rempiler une fois de plus, Sam Raimi propose au cinéaste irlandais Lee Cronin, dont il a apprécié le premier film (le sympathique et inquiétant The Only Child en 2019), de rédiger un script qui serait une extension de l’univers Evil Dead.
Un point de départ identique à celui de Démons 2
Pour Evil Dead Rise, exit donc Ash, exit la cabane maudite au fond des bois et même le groupe d’amis. Dans ce segment ne subsiste de la franchise que le Livre des Morts et l’intrusion de démons particulièrement retors au cœur d’un nouvel espace clos. Cette fois, les esprits frappeurs investissent un immeuble très urbain (on pense bien évidemment à Démons 2 de Lamberto Bava pour le point de départ similaire). Certes, le métrage démarre bien autour d’un lac pour une séquence d’ouverture saignante qui offre surtout l’occasion au cinéaste d’afficher le titre de manière spectaculaire.
© 2022 New Line Cinéma, Warner Bros. / © 2023 Metropolitan FilmExport. All Rights Reserved.
Après ce passage annonciateur de bien des réjouissances, Evil Dead Rise prend la peine de nous présenter ses personnages centraux, à savoir deux sœurs plutôt paumées et les trois enfants de l’une d’entre elles. Cela occasionne un ralentissement sévère du rythme, mais ainsi l’histoire – toujours très basique – s’appuie sur des protagonistes que l’on prend le temps de connaître et donc d’apprécier. Lorsque les trois gamins rapportent dans leur appartement le fameux Livre des Morts (dont on apprend qu’il existe trois exemplaires), les forces maléfiques vont enfin pouvoir se déchaîner sur cette petite famille.
Peu de concessions et du gore qui tache
Bien entendu, c’est lorsque l’action s’enclenche que Lee Cronin gagne des points. Effectivement, celui-ci parvient à faire fi d’un budget réduit en se servant au mieux de l’espace qui lui est dévolu – à savoir un appartement et un couloir d’immeuble. Il sait optimiser les possibilités d’affrontement grâce à une caméra très mobile. Mais notre plus grande crainte avec l’univers familial dans lequel baigne la première partie était que l’ensemble soit édulcoré afin de ne pas choquer le grand public.
Que les fans d’Evil Dead soient rassurés, Lee Cronin a osé se débarrasser de personnages importants, y compris très jeunes. En fait, le long-métrage tourne progressivement au jeu de massacre, avec des litres d’hémoglobine et des passages franchement gore. Plus modéré que dans une œuvre aussi extrême que Terrifier 2 (Leone, 2022), Evil Dead Rise n’est toutefois pas à mettre devant tous les yeux et mérite donc amplement son interdiction aux moins de 16 ans.
Evil Dead Rise préfère le premier degré rentre-dedans à l’humour
Au passage, le réalisateur reprend telle quelle la scène de l’ascenseur de Shining (Kubrick, 1980), sans que cela soit onirique cette fois, avant de se régaler en faisant intervenir une tronçonneuse qui hache menu tous les démons passant à sa portée. Même si le long-métrage chausse les pas du cinéma bis, Lee Cronin a fait le choix de ne pas renchérir dans l’humour cartoonesque si cher à Sam Raimi.
On se rapproche ici davantage de l’ambiance poisseuse et horrifique du tout premier volet et de son très sérieux remake. Ce premier degré n’est aucunement pour nous déplaire, loin de là. Bien entendu, cela n’empêche nullement quelques clins d’œil à la saga d’origine qui raviront les fans, mais on est loin ici du fan service qui pollue la plupart des créations contemporaines se regardant le nombril.
Efficacité garantie sur grand écran
Mené par des actrices plutôt bien dirigées (et notamment une Lily Sullivan très juste), Evil Dead Rise est donc un film d’horreur qui remplit pleinement son contrat en créant une atmosphère anxiogène et en plongeant le spectateur dans un vrai cauchemar sanguinolent. Et peu importe que l’ensemble manque d’approfondissement dans son sous-texte sur la maternité puisque l’on est venu là pour voir un film percutant et efficace. Mission accomplie.
Réalisé au départ pour être proposé sur la plateforme HBO Max, Evil Dead Rise a tout de même eu le droit à des projections test qui se sont révélées excellentes. Dès lors, New Line Cinéma et Warner Bros. ont changé leur fusil d’épaule et ont opté pour une sortie en salles que l’on salue tant le film est effectivement une réussite.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 19 avril 2023
© 2022 New Line Cinema, Warner Bros. All Rights Reserved.
Biographies +
Lee Cronin, Lily Sullivan, Alyssa Sutherland, Nell Fisher, Gabrielle Echols, Morgan Davies
Mots clés
Franchise Evil Dead, Gore, Les enfants maléfiques au cinéma, Les mères au cinéma