Campus 86 (Dangerously Close) : la critique du film (1986)

Thriller, Drame | 1h35min
Note de la rédaction :
8/10
8
Campus 86 d'Albert Pyun, affiche

  • Réalisateur : Albert Pyun
  • Acteurs : John Stockwell, Carey Lowell, J. Eddie Peck, Bradford Bancroft, Thom Mathews, Madison Mason, Gerard Christopher
  • Date de sortie: 06 Août 1986
  • Année de production : 1985
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Dangerously Close
  • Titres alternatifs : Campus '86 (USA, France), Campus / Campus 86 (France), Teuflische Klasse (Allemagne), Dødsleken (Norvège), Hiuskarvan varassa (Finlande), Pericolosamente vicini (Italie), Se apostasi anapnois (Grèce), Los centinelas (Espagne), Caçada Perigosa / A Ronda da Morte (Brésil), Peligrosamente cerca (Argentine), Dödsleken (Suède), Niebezpiecznie blisko (Pologne)
  • Scénaristes : Scott Fields, John Stockwell, Marty Ross
  • D'après une histoire de Marty Ross
  • Directeur de la photographie : Walt Lloyd
  • Monteur : Dennis M. O'Connor
  • Compositeur : Michael McCarty
  • Producteurs / Producteurs exécutifs Harold Sobel / Yoram Globus, Menahem Golan
  • Sociétés de production : Golan-Globus Productions, The Cannon Group
  • Distributeurs : UGC Distribution, Cannon France / Cannon Film Distributors (UGC)
  • Editeur vidéo : Vestron (VHS), Olive (Blu-ray américain)
  • Date de sortie vidéo : 1987, 24 février 2015 (blu-ray USA)
  • Box-office Paris-Périphérie : 29 146 entrées
  • Box-office nord américain / monde : 2 390 525 $
  • Budget : 1 500 000$
  • Classification : Interdit aux moins de 13 ans à sa sortie en salle et VHS / R (USA)
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleur / Dolby Stéréo
  • Illustrateur / Création graphique © Philippe. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 1986 Cannon Films, Inc & Cannon International B.V. , © 2019 Metro-Goldwyn-Mayer (MGM) All Rights Reserved. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Campus 86, film culte d’Albert Puyn sur les milices fascistes aux USA, est un teen movie sombre et hypnotisant, et tout simplement l’une des meilleures productions du répertoire Cannon à destination des adolescents. Ce drame poignant sur une élite raciste blanche qui règne dans un lycée américain est d’une actualité toujours brûlante dans les années 2020.

Synopsis : A Vista Verde, la disparition d’un étudiant d’origine hispanique suscite des interrogations quant aux activités d’une association d’étudiants réservée à l’élite… Le jeune Danny Lennox, issu d’une famille monoparentale pauvre va se frotter à la réalité sombre des coulisses du bahut.

Tout savoir sur Campus 86 (Dangerously Close)

© 1986 Golan-Globus Productions – The Cannon Group. Tous droits réservés.

Critique : Redécouvrir Campus 86 en blu-ray (américain ou espagnol) relève du plaisir nostalgique, tant l’empreinte des années 80 est omniprésente. Outre le sujet des violences anti-communautaires dans le système scolaire qui reproduit les injustices sociales qui évoque forcément Class 84 de Mark L. Lester, on citera la puissante réalisation de l’artisan du bis, d’ores et déjà marquée du sceau du futur réalisateur de Cyborg, Albert Pyun.

Un teen movie porté par une thématique sociale et sociologique

Loin d’être anecdotique, le regard d’Albert Pyun, lui-même d’origine hawaïenne et donc concerné par le sujet, est celui d’un auteur qui refuse la négligence. Il soigne les éclairages (somptueuse photographie) via le travail du directeur de la photo Walter Lloyd (Hitcher), qui travaillera par la suite pour Steven Soderbergh sur Kafka (1991), et construit une atmosphère particulièrement dark. Le synthétiseur est pesant, et l’utilisant des morceaux de Depeche Mode (StrippedQuestion of Lust), Fine Young Cannibals, Robert Palmer et The Lord of the New Church, sont loin d’être illustratifs ; ils participent à rendre cette virée sur le campus mortifère, renvoyant à une réflexion intéressante sur la légitimité des milices américaines dont l’existence est garantie par les deux premiers amendements de la Constitution (la liberté d’expression et le droit de porter des armes pour se défendre).

La dialectique du mépris des classes sociales inférieures et de la diversité ethnique est traitée, certes, avec surlignage, mais pour un produit pour ado, l’énergie incite suffisamment à l’indignation pour susciter la rébellion inhérente à l’âge.

Dangerously Close d'Albert Pyun (Campus ou Campus 86 en France)

Affiche cinéma et promo vidéocassette américaine de Campus 86 (Dangerously Close) © 1986 Golan-Globus Productions – The Cannon Group. Tous droits réservés.

Un slasher qui a évolué au fil des scripts en un thriller lycéen

Evidemment, certains préfèreront le premier degré du thriller, avec une ouverture léchée, avec fumée et éclairages bleutés, qui démarre sur un lynchage d’un élève mat de peau, où la mise à mort mimée, sera finalement effectuée par un sombre individu issu du groupe de la milice, sans que l’on sache alors de qui il s’agit. Sur le plan du thriller, d’aucuns regretteront le peu de victimes du film – seulement deux -, qui avait été envisagé initialement comme un slasher. Mais Albert Pyun, mécontent du strict d’origine, demandera à l’acteur  John Stockwell, qu’il avait dirigé en 1985, dans Radioactive Dreams, avec Michael Dudikoff.  John Stockwell a préféré à l’horreur mettre l’accent sur une atmosphère pesante où le social clinquant l’emporte sur le cinéma de genre.

Le troisième film d’Albert Pyun en salle

Depuis Campus 86 (Dangerously Close), Albert Pyun a balancé du lourd dans le bis, chez Empire, Full Moon ou Cannon. Il a notamment servi  Cyborg avec Van Damme, à une fanbase qui considère ce dernier comme son film ultime. Il s’est compromis dans l’un des pires nanars de Menahem GolanCaptain America, quand le nabab israélien était au fond du trou. Il a notamment dirigé Christophe Lambert dans Adrénaline (1996) et Mean Guns (1997). Surtout, il nous a tristement quittés en 2022, à l’âge de 69 ans, laissant un vrai vide pour un public jeune des années 80-90 qui ont digéré ses vidéocassettes à un rythme surréaliste (il pouvait réaliser cinq films par an, comme en 1996, où il réalisa notamment deux volets de sa franchise Nemesis).

Lambada...le film de Joel Silberg pour Cannon Pictures

© 1990 Cannon Films – Warner Bros

Des acteurs charismatiques, symbole des années 80

Les acteurs de Campus 86, eux, ont connu leur heure de gloire. John Stockwell, vu dans Christine de Carpenter, a été embauché par Disney (Les Aventuriers de la 4e dimension) et s’est confronté à Tom Cruise dans Top Gun. Il est devenu réalisateur dans les années 2000 (Crazy Beautiful, Bleu d’enfer, Blue Crush…). Carey Lowell, de son côté, a revu Puyn le temps d’une aventure à San Lucas et a fait craqué James Bond dans Permis de Tuer. Quant au héros du film, le beau mais lisse John Eddie Peck (alias J. Eddie Peck), son corps d’athlète en a fait un choix évident pour Lambada le film (Cannon Films). Sa carrière au cinéma fut aussi succincte que la mode de la mythique chanson. Et c’est à la télévision qu’il a fait le gros de sa carrière, de Dallas aux Feux de l’amour, en passant par Kyle XY.

Parmi les seconds rôles de ce “class of 86“, Don Michael Paul est hargneux. Le futur scénariste de Harley Davidson and the Marlboro Man n’allait-il pas devenir le réalisateur de Jarhead 2, Tremors 5, Un flic à la maternelle 2, Death Race 4, Le roi Scorpion  : le livre des âmes, devenant à son tour un artisan du bis, voire le Albert Pyun des années 2010? Enfin on apprécie également la présence d’un autre habitué des Pyun productions, à savoir Thom Mathews, connu pour ses rôles culte dans l’épouvante (Le retour des morts vivants 1 et 2, Jason le mort vivant…).

Campus 86 un film UGC en France

Timidement apparu sur les écrans en France en août 1986, Campus 86 est l’une des nombreuses productions Cannon a être sorties en 1986, avec l’association du distributeur UGC. La campagne d’affichage a été agressive la semaine précédant sa sortie sur les murs parisiens, avec un message inquiétant (l’inscription est libre, mais dangereuse). Sur l’affiche, une invitation à contacter un obscur numéro de téléphone raccrochait le film avec son époque. Pas de doute, ce film de lycéen – mais avec des acteurs qui ont la vingtaine bien passée-, au titre français en forme de clin d’œil à Class 84 (UGC, en 1982) est bel et bien destiné à une jeunesse de plus de 13 ans en quête d’un vigilante-survival de son âge. On notera que le titre varie en fonction des médias, de l’exploitation, du générique… Campus ou Campus 86? En fait les deux sont bons. Le distributeur a opté pour l’ambiguïté en salle. En revanche, en VHS, l’éditeur Vestron, proposant la série B au début de l’année 1987, décide d’écarter l’année du titre pour un Campus qui joue sur la carrure d’acteurs qui ont tout d’étudiants et non de lycéens comme c’est pourtant dans le cas, puisque le film se situe dans un lycée public nanti de Californie et non sur un campus universitaire. Les Français n’y voient que du feu, mais pas les Américains qui reprocheront à Dangerously Close un casting trop “vieux” pour son sujet.

Le Camp de l'enfer d'Erik Karson, avec Tom Skerritt, affiche

© 1986 Orion, Glaser & Berk Production. Tous droits réservés.

Embouteillage de séries B durant l’été 1986

Le troisième film d’Albert Puyn (il est finalement sorti avant Vicious Lips qui avait pourtant été tourné auparavant) était donc un pur produit estival. Une programmation modeste bâclée en 3 semaines sur la capitale, avant la tournée provinciale, caractérise son exploitation française lors d’un été encombré en films de genre (Le Camp de l’enfer, Dans les Bras de l’Enfer, Week-end de terreur, La cage aux vices, Le Mal par le Mal, Hitcher, Teen Wolf, Psychose 3, Poltergeist 2, Le métro de la mort).

En première semaine, Campus 86 affronte Karaté Kid 2 (45 salles), Si t’as besoin de rien fais moi signe de Philippe Clair (32 salles), Psychose 3 d’Anthony Perkins (34 salles), Le Clan de la caverne des ours, avec Daryl Hannah (26 salles), mais aussi Gung Ho, du saké dans le moteur de Ron Howard (22 salles), American Justice proposé dans 14 cinémas, et Mona Lisa de Neil Jordan (13 sites) qui sortait victorieux de La compagnie des loups.

Où voir Campus 86 sur Paris?

UGC et Cannon trouvent néanmoins 23 cinémas pour exploiter Campus / Campus 86 (les deux titres sont valables), sur la capitale et sa périphérie. Le premier jour à 2 506 entrées n’est pas formidable, mais au moins cela lui permet davantage de flirter avec la deuxième suite au classique d’Alfred Hitchcock qui ouvre à 3 110 entrées qu’avec le flop patenté (en France du moins) de Gung Go dont CIC ne tire que 650 tickets…

Affiche de Psychose 3 d'Anthony Perkins

© Universal Pictures

A l’issue de la première semaine parisienne, Campus 86 tire certes à peine 20 519 adolescents dans ses salles, mais au vu de sa 4e position hebdomadaire, dans un contexte de crise du cinéma épouvantable, c’est plutôt bon signe. Psychose 3 réalise à peine 400 entrées de plus, mais avec 10 écrans de plus. American justice est très bas, avec à peine 8 718 entrées. Ron Howard est raide mort avec 5 763 entrées dans 22 cinémas.

C’est évidemment le circuit UGC qui a principalement tiré Campus vers le haut. Le distributeur l’a programmé en priorité dans ses salles, l’UGC Ermitage/Montparnasse/Danton/Convention/Boulevard/Gare de Lyon et Gobelins. Campus 86 traîne son arbalète mortelle au Rex, au Forum Cinémas, aux Images et au Trois Secrétan, au métro Jaurès.

Une carrière express en raison de la concurrence

En deuxième semaine, Campus 86 perd 10 salles en raison d’un nombre impressionnant de nouveautés, dont Dans les bras de l’enfer, nouveau produit codistribué par Cannon-France et UGC. Albert Pyun ne dispose plus que des UGC Ermitage/Boulevard/Montparnasse/Gobelins, du Rex et les Forum Cinémas, en intra-muros. Le gadin à 7 452 spectateurs est prévisible.

Avec 16 salles grâce à la force de frappe du distributeur AMLF, Le Clan de la caverne des ours n’est plus qu’à 6 941 entrées en 2e semaine. Gung Ho a été retiré de l’affiche illico, mettant à disposition immédiates ses 22 écrans, et American Justice rumine dans 3 cinémas. Avec 13 salles, Psychose 3 passe derrière Campus 86 avec 6 165 spectateurs. Une question générationnelle.

In fine, Dangerously Close achève sa carrière parisienne dans 3 cinémas sur PP, dont 1 dernier écran en intra-muros, l’UGC Ermitage. Les 1 175  entrées supplémentaires lui permettent de flirter avec les 30 000 spectateurs. Sur l’ensemble de la France, il faudra compter sur plus du double.

Forcément pas très juteux pour UGC/Cannon,  Aussi, c’est surtout en VHS (chez Vestron), que le film poursuit sa tentative de séduction.

Depuis l’édition VHS en 1987, le film est totalement passé à la trappe en France. En DVD et évidemment en blu-ray, puisque seuls les marchés américains, espagnols ou allemands proposent enfin une version HD plus ou moins correcte, mais qui au moins à le mérite d’exister.

On notera qu’MGM exploite également Dangerously Close, avec le répertoire Cannon qu’elle a acquis, sur différentes plateformes de SVOD à l’étranger. Mais toujours rien en France. C’est dur, dur d’être un fan d’Albert Pyun.

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 6 août 1986

Campus 86 d'Albert Pyun, affiche

Affiche : Philippe By Spadem. © 1986 Golan-Globus Productions – The Cannon Group. Tous droits réservés.

Biographies +

Albert Pyun, John Stockwell, Carey Lowell, J. Eddie Peck, Bradford Bancroft, Thom Mathews, Madison Mason, Gerard Christopher

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Campus 86 d'Albert Pyun, affiche

Bande-annonce de Campus 87

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