En 1990, le vinyle est mort mais Cannon Films, désormais sans Menahem Golan, espère faire danser les foules d’adolescents devenus accros au hip hop sur la lambada. Lambada… le film est un pur produit de marketing conçu par des roublards sur un phénomène déjà passé comme la décennie de gloire de Golan Globus, appartenant aux années 80.
Synopsis : Une lycéenne s’entiche de son professeur de mathématiques aux nuits secrètes et torrides, sur les pistes de danse underground de la ville. La réputation et la carrière du jeune prof est mise en danger par l’ancien petit-ami jaloux de la jeune fille.
Lambada… le film, la fin symbolique d’une époque
Critique : Golan Globus, c’est fini. Lambada, c’est un peu le chant du cygne pour les anciens associés. Menahem Golan s’en est allé créer une nouvelle société, 21st Century Fox, qui, au hasard des coïncidences, sortira son premier long en France le même jour que Lambada… le film. Exit donc l’association avec UGC pour la distribution, ou Cannon France comme distributeur : c’est Warner qui ose le lancement de la danse infernale, estampillée NRJ pour exposer la production d’exploitation pure à un public cible.
Comédie musicale pas désagréable, mais indigente, Lambada…le film ressort les muscles et la belle gueule de J.Eddie Peck, que Cannon avait déjà engagée sur le Campus 86 de Puyn, et la rayonnante Melora Harlin, virée de Retour vers le futur pour des raisons d’incompatibilité de taille avec Michael J. Fox, connu pour être haut comme trois pommes.
Kaoma, trop ringard le produit opportuniste mise sur cible jeune plus branchée
La chanson du groupe Kaoma, Lambada, entreprise de producteurs, produit de marketing pour devenir chanson de l’été, avait battu des records de vente dans le monde. Le film sera marketé sans trop se soucier d’un rapprochement avec le ton même du phénomène des bals populaires de l’époque. Il faut parler à une cible plus jeune et plus branchée. La lambada du film est celle des Latinos des quartiers populaires qui vivent dans la marge et exposent leur rythmes latins dans des clubs souterrains.
Sensualité aseptisée et clichés sur le dancefloor
Le réalisateur Joel Silberg a écrit le scénario et s’est attelé à la réalisation très vite après la sortie de Lambada, The Forbidden dance, série Z produite par Golan-Globus quelques mois auparavant, en 1989. Ce dernier n’avait connu qu’une sortie provinciale en France, le film de Silberg connaîtra une vraie exposition nationale. L’artisan israélien, expert en rythmes urbains, a déjà mis en boîte, entre deux comédies paillardes, Break Street 84 et sa deuxième suite pour la Cannon. Il dirige son film avec un esprit de jeunesse regorgeant de clichés, et aseptise toute sensualité, malgré le potentiel culturel de la danse qui appelait des chorégraphies plus torrides.
Danse macabre
Le récit fade d’une jeune bourgeoise qui découvre les nuits secrètes de son prof de mathématiques sur les pistes brûlantes de la ville, et dont le béguin va provoquer la jalousie d’un ancien petit ami et va faire voler en éclat la carrière du professeur trentenaire mais canon, est teinté d’éléments sociaux qui prête à sourire. Le brave gars donne des cours gratos à sa communauté ethnique tout en laissant bobonne s’occuper du fiston à la maison, alors qu’il conjugue la nuit, après ses heures au lycée, virées en moto, tours de danse avec partenaires féminines aux jambes possédées, et enseignement caritatif. On se rassurera, J. Eddie Peck est toujours frais lors de ses cours devant la petite bourgeoisie branchouille de son établissement où ses compétences devaient lui permettre de viser une promotion.
Bref, le film est bidon même si, avec dix ans d’avance, il préfigure les Sexy Dance au panthéon des fables sur le dancefloor. Le problème, c’est qu’auparavant, Hair, Flashdance et Dirty Dancing ont déjà exploité le filon avec bien plus de talent. Fin d’une époque. En 1990, même le vinyle était quasiment mort… alors la lambada fait ici figure de danse macabre.