La cage aux vices est un film de prison de femmes en furie qui n’a pas l’audace et la sauvagerie de ses prédécesseurs, format Cannon Films oblige.
Synopsis : Une séduisante jeune femme, emprisonnée pour le crime d’un autre, doit apprendre à survivre dans la prison de femmes où sa naïveté et sa beauté font d’elle la victime parfaite. Entre la gardienne perverse et les codétenues furieuses, c’est désormais une question de vie ou de mort.
Critique : La prison des sévices, Révolte au pénitencier de filles, Prison de femmes en furie… L’enfer pour les femmes, dans les années 80, était souvent carcéral. Le women in prison movie (alias le WIP flick), genre phare des années 70, alimentait encore les cinémas de quartier et la province de ses clichés, et faisait le bonheur des vidéo-clubs indépendants. Il devenait même un genre de téléfilm branché sur nos chaînes de télévision.
Cannon Group, alias Menahem Golan et Yoram Globus, exploitants de sous-genres putassiers en série, avaient forcément l’opportunisme ouvert à ces petits succès garantis. Pour y trouver l’inspiration, ils emploient en 1985 le scénariste et réalisateur Paul Nicholas. Les gangs de femmes déchaînées, le monsieur les connaissaient bien pour les avoir mis en scène en 1982 dans Chained Heat. Un gros carton au box-office, sorti en France sous le titre Les anges du mal, en 1984, avec l’égérie de L’exorciste, Linda Blair, côtoyant la prêtresse du genre sadique, Sybil Danning.
La collaboration entre Paul Nicholas et Cannon ne sera pas forcément une réussite dans le genre, toute l’équipe s’étant mise d’accord pour mettre en scène les clichés matons du genre, sans y chercher l’audace ou l’envie d’offrir une once d’originalité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le film fera moitié moins de recettes que Chained Heat aux USA.
LE CINEMA CARCERAL SUR CINEDWELLER
Sorti à Paris le même jour que Le camp de l’enfer, film de guerre qui s’y apparentait beaucoup, mais dans l’enfer de la jungle, La cage aux vices se glisse sans mal en 3e position de box-office de la semaine du 23 juillet 1986, derrière Le contrat avec Schwarzenegger et la reprise de Cendrillon. L’affiche magnifique signée par Landi cadre l’ambiance, évoquant les visuels de Blow out et Pulsions qu’il avait réalisés pour Brian De Palma avec le succès que l’on sait. Les 27 106 spectateurs qui se pressent pour découvrir une cage aux poulettes interdite aux moins de 18 ans, se sentent floués et n’apprécient vraisemblablement pas l’aspect “téléfilmesque” du produit. Graphiquement le film a l’ambiance hot et toc des productions câblées à la Hollywood Night, avec, toutefois, une délicieuse musique que l’on croirait signée par Tangerine Dream. Le genre de divertissement pour spectateurs un brin voyeurs, qui pouvaient accompagner les programmations de M6, de La 5 ou TF1.
Deux semaines plus tard, après ce bon démarrage, faute d’un bouche-à-oreille salvateur, il ne reste plus que 4 322 amateurs de misogynie filmique pour mater de la détenue humiliée par un système grotesque qui envoie une innocente derrière les barreaux. Oui, l’héroïne de La cage aux vices qui doit s’adapter aux communautés plurielles des prisons de l’horreur (blacks, lesbiennes, droguées…) a été incarcérée pour un braquage auquel elle n’était nullement liée et qui a provoqué la mort d’innocents. Seuls son drogué de petit ami et une évadée de prison dominatrice avaient tout manigancé. Le dommage est collatéral.
L’héroïne, Shari Shattuck, porte les doux traits de la playmate et épouse (en vrai) de Ron “Ridge Forester” Moss d’Amour, gloire et beauté. On ne croit guère à sa présence lisse et fade dans une production où les aspérités sont surtout à mettre au crédit des seconds rôles comme Angel Tompkins, dans sa période Cannon Films (le même été, elle figurait dans La loi de Murphy et Campus 86, deux autres films maison), et surtout au crédit des doubleurs qui s’en donnent à cœur joie pour faire basculer le thriller dans la comédie involontaire, tant les dialogues tels qu’ils ont été réécrits et interprétés en France se vautrent dans la vulgarité outrancière.
Au final, La cage aux vices n’est pas bon, mais cette production, passée à la postérité le temps de quelques années en VHS chez Vestron, a au moins pour elle un certain sens du rythme et du rebondissement, notamment lors de sa fameuse scène d’hystérie collective qui donnerait presque l’impression d’assister à une série ultra B avec des moyens. Les amateurs de vilains petits canards oubliés apprécieront.
Disponible en blu-ray chez Shout Factory (Région A exclusivement).
Box-office :
Le 23 juillet 1986, on ne plaisantait pas dans les salles, avec plus de 14 nouveautés. La cage aux vices et Week-end de terreur, slasher, dominent avec 26 salles chacun. La reprise de Rambo dégainait sur 24 champs de bataille. Le camp de l’enfer profitait de 21 salles. Tom Hanks avait 20 “Baraque à tout casser“. Prisonnières de la vallée des dinosaures s’écrasait dans 6 cinémas, Solo pour deux dans 5 cinémas, Violée partout, elle crie encore faisait la Une de cinq cinémas à caractère pornographique. Bref, le spectateur en quête de légèretés avait de quoi faire.
La cage aux vices prend la tête des nouveautés dès le mercredi de sa sortie, avec 4 174 voyeurs. Le slasher Week-end de terreur est loin derrière avec 2 614 adolescents à trucider, malgré une couverture équivalente.
Avec 27 106 prisonnières du vice, la production Cannon se positionne en 3e place hebdomadaire en première semaine, avec un très bon score au Montparnasse Pathé. UGC et Cannon, associés pour cette sortie, ont réussi à la placer au Marignan, aux Saint-Lazare Pasquier, Forum Cinémas, Maxéville, Nation, Bastille, Fauvette, Mistral, Clichy Pathé, Français Pathé, Convention Saint-Charles, Maillots, et au 3 Secrétan. La deuxième semaine n’est pas glorieuse : perte de 6 places, ce sont 14 307 geôliers qui festoient dans 21 cinémas. En 3e semaine, le sort de la prévenue est scellé. La cage aux vices (The Naked Cage) en est réduit à un parc de 5 cellules, dont le cinéma de quartier le Paris Ciné. 4 214 spectateurs font monter le total à 45 735 franciliens contre 29 289 pour Week-end de terreur.
En 4e semaine, la Maxéville, sur les Grands Boulevard, en tire encore 613 visiteurs. Une 5e et dernière semaine conclura l’affaire à un total de 47 204 spectateurs. Il ne faudra pas compter sur la province pour faire des miracles.
Sorties de la semaine du 23 juillet 1986