Film culte des années 80 au triomphe en France, Class 1984 est un pur film d’exploitation, complaisant dans la violence, mais particulièrement rythmé et efficace.
Synopsis : Andy Norris est nommé professeur de musique à la “Abraham Lincoln Highschool”, un établissement scolaire terrorisé par un gang d’élèves dirigés par un jeune pianiste psychopathe. Revente de drogue, brutalité, racket, menaces sont le pain quotidien de ceux qui y étudient et y enseignent. L’attitude ouverte mais ferme d’ Andy envers le gang ne sert à rien. Au contraire, elle engendre de nouvelles provocations. L’ affrontement n’est plus très loin et il s’annonce sanglant…
De la complaisance, de la violence et du gore.
La critique : Si l’on prend au sérieux Class 1984, comme y invite le carton initial, le film est une dénonciation de la violence des jeunes : une bande sème la terreur dans un lycée et se confronte à un professeur de musique intègre, dans une indifférence générale. Il y a même des explications : les parents aveugles, l’institution défaillante, la police impuissante et la télévision qui diffuse des métrages sanglants. Et comme le métrage est censé se passer dans un futur très proche, il pourrait viser le statut d’avertissement moral. Mais si ce sérieux se maintient pendant une bonne partie, la fin suffit à prouver que les intentions de Mark L. Lester sont ailleurs : Class 1984 n’est ni un brûlot visionnaire ni une enquête sociologique ; c’est seulement un film d’exploitation, plutôt bien fait mais sacrément complaisant.
Le justicier est un prof !
La complaisance, c’est le viol de la femme de Norris ou la vengeance de celui-ci, qui va jusqu’au gore (le bras scié). On est alors plus près du Justicier dans la ville (Michael Winner, 1974) que de la sobriété âpre de Graine de violence (Richard Brooks, 1955) : le scénario justifie le meurtre des adolescents et va même jusqu’à l’absoudre légalement dans un carton final. Faites-vous justice, n’hésitez pas, personne ne s’en chargera à votre place. On peut trouver le message déplaisant, voire écœurant, et il l’est.
Reste qu’on ne peut pas prendre au sérieux un film qui s’abîme dans des excès voyants : entre l’épouse nunuche et la caricature des méchants punks, Class 1984 ne s’encombre ni de nuances ni de finesse. Cela ne va pas sans efficacité : le rythme est soutenu, et certaines séquences sont plutôt réussies, à l’image du générique qui se déroule sur un trajet résumé de toutes les violences à venir. Mais ce qui a marqué les esprits à l’époque (le film fut un très gros succès) et demeure frappant, c’est l’hallucinant cours du professeur de biologie (l’impeccable Roddy McDowall) arme à la main. Ce n’est pas encore La journée de la jupe (Lilienfeld, 2009), mais ça y ressemble.
On prendra un certain plaisir à revoir ce film légèrement bourrin, on s’amusera des débuts du jeune (et grassouillet) Michael Fox, on partagera la hargne de Norris. Bref, ça fonctionne. À défaut d’être enthousiaste, le spectateur bien intentionné plongera sans ennui dans un métrage roublard, très typique des années 80, qui a été un succès à sa sortie et surtout plus tard en vidéo.
L’affiche culte de Class 1984 par l’illustrateur Landi.
Les sorties de la semaine du 29 septembre 1982
Le test blu-ray
Compléments & packaging : 4.5 / 5
Après avoir évoqué la carrière (modeste) de Mark Lester et Tom Holland, Olivier Père analyse avec brio Class 1984 et ses influences sans tomber dans la défense systématique (27mn). Les entretiens avec les actrices (16mn), le réalisateur et le compositeur (21mn) et des membres de l’équipe (35mn) en revanche versent dans le compliment incessant et lassant : tout le monde est merveilleux et le métrage un chef-d’œuvre visionnaire. On fera néanmoins son miel de quelques anecdotes distillées par Lester. Plus inattendu, le regard sur la carrière de Perry King (47mn) par lui-même ne manque pas de panache. Pour terminer ce menu copieux, le Blu-ray propose la bande-annonce.
L’édition mediabook proposée par ESC est superbe, avec un design moderne, un pop up qui reprend le visuel de l’affiche surgissant de l’écrin quand on ouvre l’ouvrage. Un livret de 15 pages accompagne l’ensemble. La class… 2019.
Affiche cinéma originale : Crédits Landi. Crédits du film : Cardinal XD 2019. Editions DVD/Blu-ray 2019 Crédits : ESC Editions 2019. Tous droits réservés.
L’image : 3,5 / 5
Globalement la copie est nette, même si les couleurs sont assez fades, et les contrastes insuffisants. Les plans sombres laissent voir des défauts patents (fourmillements, fluctuations). Néanmoins aucun parasite ne vient troubler un confort visuel satisfaisant.
Le son : 3,5 / 5
Trois pistes possibles (VF 5.1, VO 5.1 et 2.0) qui, à défaut d’être brillantes, sont débarrassées de toute scorie. La VF a néanmoins quelque chose de désuet.
Critique et test vidéo : François Bonini