Symptomatique d’une saga qui tourne en rond, Fast & Furious X bégaie et se fourvoie dans un humour de bas étage et des personnages caricaturaux au possible. L’un des volets les plus faibles d’une franchise sur la voie de garage.
Synopsis : Au cours de nombreuses missions et contre toute attente, Dom Toretto et sa famille ont déjoué et dépassé tous les ennemis sur leur chemin. Mais cette fois, Dom va faire face à un adversaire lié à son passé à Rio, contre lequel il éprouvera les plus grandes difficultés et qui s’en prendra à ce qu’il a de plus cher : sa famille.
Une formule qui tourne à vide
Critique : A chaque nouveau chapitre de l’increvable saga Fast & Furious, le spectateur est convié à suivre la vengeance d’un protagoniste envers la famille de Dom Toretto, toujours incarné par l’impassible Vin Diesel. L’imagination ayant déserté la franchise depuis quelques épisodes, les scénaristes ont donc imaginé la revanche du fils du truand aperçu à Rio dans Fast & Furious 5 (Justin Lin, 2011) et interprété par Joaquim de Almeida. Ainsi, lors du prologue de ce dixième chapitre, le spectateur est convié à revivre la séquence marquante du film avec le coffre qui était tiré par plusieurs bolides à travers la ville de Rio. Afin de justifier la suite du script, les auteurs ont inséré des plans de Jason Momoa qui interprète donc le fils du mafieux brésilien décédé dans le numéro 5. De quoi amorcer une terrible vengeance qui va s’abattre sur Toretto et sa famille.
Si le point de départ n’est pas plus idiot qu’un autre, le traitement infligé aux différents personnages par les scénaristes et le nouveau réalisateur, le Français Louis Leterrier en remplacement de Justin Lin, mine chaque séquence de ce Fast & Furious X qui est de loin l’épisode le plus faible de la franchise depuis bien des années. Déjà alerté par la médiocrité des scènes spatiales très bis du précédent volet, le spectateur ne peut constater qu’une seule chose : l’incapacité notoire des auteurs à renouveler une formule désormais en bout de course.
Une première séquence romaine qui fait illusion
A force de multiplier les personnages au sein d’une saga plurielle, les scénaristes ne semblent plus capable de leur offrir de quoi s’épanouir. Dès lors, tous les protagonistes sont réduits à l’état de marionnettes sans aucune saveur et d’archétypes plus ou moins bien digérés. Certes, la première demi-heure fait vaguement illusion lors de la première grosse séquence d’action située à Rome. Durant ce passage, la réalisation aérienne de Leterrier s’avère plutôt efficace et les cascades sont toujours très impressionnantes, même si elles défient de manière outrancière les lois de la gravité.
© 2023 Universal Pictures. All Rights Reserved.
Malheureusement, ce premier gros morceau de bravoure est gâché en partie par les inserts sur le personnage du méchant interprété en roue libre par un Jason Momoa absolument horripilant. Le comédien, qui n’a jamais été un grand acteur, montre ici toutes les limites de son jeu en roulant des yeux, arborant des tenues ridicules et surjouant la folie de la manière la plus pathétique possible. Cela ne s’améliore guère par la suite et son personnage – qui devrait encore être au centre des prochains volets déjà programmés – est sans aucun doute le pire de toute l’histoire d’une saga déjà pas bien fameuse.
Des comédiens en roue libre
Toutefois, au concours des comédiens les plus faibles, on peut également saluer la performance insipide de Brie Larson qui pense qu’elle est douée pour l’action depuis qu’elle a triomphé dans le rôle de Captain Marvel (Anna Boden et Ryan Fleck, 2019). Pourtant, il ne s’agit pas de serrer la mâchoire pour avoir l’air badass et la comédienne apparaît encore terriblement fade dans un emploi où elle devait briller. Autre potentialité d’irritation, le duo comique formé par Ludacris et Tyrese Gibson exaspère une fois de plus. Décidément, on aura toujours du mal avec cet humour débile, typique des blockbusters US.
Fast & Furious X tourne donc totalement à vide durant ses deux heures et vingt minutes de destructions massives où les neurones grillent en même temps. Pire, le film se termine sur une scène post-générique qui annonce le retour de Dwayne Johnson au sein de cet univers. Car plusieurs longs métrages sont déjà programmés pour prendre la suite de ce très mauvais dixième chapitre. On attend prochainement un spin-off Fast and Furious presents : Hobbs and Reyes qui opposera Dwayne Johnson et Jason Momoa, avant que Louis Leterrier ne revienne à la charge avec un Fast & Furious 11 et sans doute un douzième opus. Autant dire que l’on n’est pas franchement pressés de découvrir le résultat, même si l’on n’est jamais à l’abri d’une bonne surprise, en fonction de l’inspiration du moment.
Une grosse déception aux Etats-Unis
Pourtant, ce beau planning pourrait bien être revu à la baisse, y compris en termes de budget puisque Fast & Furious X est loin d’avoir rempli son contrat de blockbuster friqué dont le budget annoncé est tout de même de 340 millions de dollars (hors frais de publicité). Ainsi, aux Etats-Unis, pour sa première semaine d’exploitation, le chapitre faiblard a seulement généré 84 millions de dollars de recettes. Pire, le second week-end le voit perdre plus de 65 % de ses recettes et dépasse à peine les 107 millions de dollars, preuve d’un faible indice de satisfaction du grand public. Pour finir, Fast & Furious X ne réussit aucunement à dépasser les recettes d’un numéro 9 déjà à la peine et termine sa carrière nord-américaine avec 146 126 015 $.
© 2023 Universal Pictures. All Rights Reserved.
Cette déception se retrouve à l’international où le chapitre mal aimé a calé à 704 875 015 $ de recettes. C’est la Chine qui lui offre sa plus belle récompense avec 135 millions de dollars, suivi de très loin par le Mexique avec 37,8 millions, le Brésil avec 27,3 millions et le Japon avec un score identique. La France se retrouve en cinquième position avec 21,9 millions générés par les 2,3 millions de spectateurs qui sont venus découvrir ce nouveau volet fin mai 2023.
Fast & Furious X cale au démarrage, même en France
Pourtant, même en France où la saga a souvent connu de beaux chiffres, les 200 418 entrées générées dès le premier jour d’exploitation apparaissent comme décevantes car ce sont les pires chiffres depuis 2009. En réalité, seuls les trois premiers films – qui étaient encore des séries B de bas étage – ont fait pire au démarrage. Pourtant, le long métrage d’action a réussi à cumuler plus de 1,1 million d’entrées dès sa semaine d’investiture, marquée par un jour férié qui l’a avantagé. Il n’avait face à lui aucune réelle concurrence si ce n’est la sortie événement du film cannois Jeanne du Barry (Maïwenn) qui ne s’adressait de toute façon pas du tout au même public.
Par la suite, Fast & Furious X a perdu régulièrement plus de 50 % de ses entrées au cours de son exploitation poursuivie jusque durant l’été. Symbole de l’érosion rapide du chapitre, les deux millions d’entrées ont été franchies au bout du premier mois et le reste tient donc du pur reliquat. Cela a toutefois permis à Fast & Furious X de faire mieux que son prédécesseur en France avec 2 300 601 entrées contre 2 025 112 pour le numéro 9.
Critique de Virgile Dumez
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© 2023 Universal Pictures / Affiche : L.A. All Rights Reserved.
Biographies +
Louis Leterrier, Brie Larson, Jason Momoa, Charlize Theron, Jason Statham, Vin Diesel, Helen Mirren, Dwayne Johnson, Gal Gadot, Michael Rooker, Joaquim de Almeida, Michelle Rodriguez, Tyrese Gibson, Scott Eastwood, Ludacris, Nathalie Emmanuel, Jordana Brewster, John Cena, Sung Kang, Rita Moreno
Mots clés
Cinéma américain, Blockbuster, Franchise Fast & Furious, Les films d’action, Les voitures au cinéma