Jeanne du Barry (Cannes 2023) : la critique du film (2023)

Drame | 1h56min
Note de la rédaction :
6.5/10
6.5
Jeanne Du Barry, affiche Maïwenn

  • Réalisateur : Maïwenn
  • Acteurs : Benjamin Lavernhe, Pascal Greggory, Johnny Depp, Melvil Poupaud, Noémie Lvovsky, Nathalie Richard, Pierre Richard, Robin Renucci, Marianne Basler, Maïwenn, India Hair, Capucine Valmary, Raphaël Quenard, Pauline Pollmann
  • Date de sortie: 16 Mai 2023
  • Année de production : 2023
  • Nationalité : Français
  • Titre original : Jeanne du Barry
  • Titres alternatifs :
  • Autres acteurs : Luna Carpiaux, Suzanne de Baecque, Diego Le Fur, Micha Lescot
  • Scénaristes : Maïwenn, Teddy Lussi-Modeste, Nicolas Livecchi
  • D'après une oeuvre de :
  • Monteuse : Laure Gardette
  • Directeur de la photographie : Laurent Dailland, AFC
  • Compositeur : Stephen Warbeck
  • Chef Maquilleur : Tom Pêcheux
  • Chef décorateur : Angelo Zamparutti
  • Designer des costumes / Coiffures Jürgen Doering / John Nollet
  • Producteurs : Pascal Caucheteux, Konstantin Elkin , Grégoire Sorlat
  • Producteurs exécutifs :
  • Sociétés de production : Why Not Productions, IN.2 Film, La Petite Reine, Impala Productions, Les Films de Batna, Les Films du Fleuve, en association avec Red Sea Film Festival Foundation, World Vision Films, Okko, avec la participation de France Télévisions, Netflix, Casa Kafka Pictures, Belfius
  • Distributeur : Le Pacte (France) / Netflix (USA)
  • Distributeur reprise :
  • Date de sortie reprise :
  • Editeur vidéo :
  • Date de sortie vidéo :
  • Budget : 22 400 000 euros
  • Box-office France / Paris-Périphérie :
  • Box-office nord-américain / monde :
  • Rentabilité :
  • Classification :
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleur / 5.1 Dolby Digital
  • Festivals : Film d'ouverture - Festival de Cannes 2023
  • Nominations :
  • Récompenses :
  • Illustrateur/Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attachés de presse : Myriam Bruguière, Olivier Guigues? Thomas Percy
  • Tagline :
Note des spectateurs :

Jeanne du Barry est le film des contrastes. Des décors somptueux pour faire oublier une narration qui ronronne, un couple royalement désaccordé et des personnages secondaires de haut vol, un récit historique teinté de modernisme qui finit par susciter l’émotion. Autant d’éléments qui s’unissent et s’entrechoquent pour composer une fresque en demi-teinte.

Synopsis : Jeanne Vaubernier, fille du peuple avide de s’élever socialement, met à profit ses charmes pour sortir de sa condition.
Son amant le comte Du Barry, qui s’enrichit largement grâce aux galanteries lucratives de Jeanne, souhaite la présenter au Roi. Il organise la rencontre via l’entremise de l’influent duc de Richelieu. Celle-ci dépasse ses attentes : entre Louis XV et Jeanne, c’est le coup de foudre…
Avec la courtisane, le Roi retrouve le goût de vivre – à tel point qu’il ne peut plus se passer d’elle et décide d’en faire sa favorite officielle. Scandale : personne ne veut d’une fille des rues à la Cour.

Le retour de Maïwenn sur la Croisette

Critique : Après Polisse qui obtient le prix du jury en 2011, puis Mon roi qui, en 2015, vaut à Emmanuelle Bercot un prix d’interprétation féminine et enfin ADN en sélection officielle en 2020, Maïwenn est de retour au festival de Cannes. En effet, son sixième long-métrage, consacré à la grandeur et à la décadence de la favorite du roi Louis XV, est choisi pour faire l’ouverture de la 76è édition du plus grand festival cinématographique du monde.

Roturière cherche roi en mal d’amour

Comme nous l’apprend la voix off qui, tout au long du film, ponctuera les étapes importantes de sa vie, Jeanne Bécu dite de Cantigny (ou Gomard) de Vaubernier naît en 1743 d’une mère cuisinière et d’un père moine. Elle appartient au monde de la roture et ne connaît rien aux us et coutumes de la royauté. Dès l’adolescence, sa grande beauté attire les hommes et tout particulièrement ceux de la haute noblesse avec qui elle participe à des fêtes libertines. Le Comte du Barry jette son dévolu sur elle. En est-il amoureux ? Peut-être mais il perçoit surtout ce que les faveurs du roi, à qui il présente sa bien-aimée, pourraient lui rapporter. Alors que depuis bien longtemps, aucune femme n’a su émouvoir le cœur royal, il se pourrait bien que Jeanne possède un nombre suffisant d’atouts pour se faire une place de choix auprès de ce roi en mal d’amour.

Jeanne du Barry et le transfuge de classe

ADN soulevait la douloureuse question de ses origines.  Avec Jeanne du Barry, Maïwenn s’empare d’un autre thème personnel : celui du transfuge de classe. Si le premier se noyait dans l’exubérance, cette fois, celui-ci fait preuve d’une sobriété poussée jusqu’à l’alanguissement empesé. Certes, la réalisatrice-scénariste ne manque pas de truffer son récit d’anecdotes tendrement humoristiques en détaillant avec jubilation le protocole grotesque autour du lever du roi ou l’obligation faite à tout courtisan de marcher à petits pas arrière pour ne jamais tourner le dos au roi.

Johnny Depp en demi-teinte

Néanmoins dans des décors dont le faste est parfaitement mis en lumière grâce à une photographie somptueuse, les scènes se succèdent gentiment dans une ambiance surannée qui sied sans doute à une époque que l’on imagine pourtant plus vénéneuse. D’autant que Jeanne, au cœur de ce Versailles guindé, entend bien vivre sa vie comme elle l’entend et imposer ses codes, y compris vestimentaires et capillaires. Une force de caractère qui la rendra détestable aux yeux de certains (les filles du roi dont l’une est incarnée par la malheureuse India Hair outrageusement transformée en caricature bête et méchante de Javotte, la demi-sœur de Cendrillon) tandis qu’elle forcera l’admiration chez d’autres (l’émouvant La Borde, le valet du roi que Benjamin Lavernhe illumine d’une profonde humanité). Une cour qui, à travers ses personnages tour à tour facétieux, touchants ou hypocrites, nous régale de l’interprétation impeccable de rôles dits secondaires. De Pierre Richard débarrassé de ses tics de clown distrait à Benjamin Lavernhe bouleversant d’authenticité en passant par Melvil Poupaud équivoque à souhait, ils n’ont aucun mal à voler la vedette à un Johnny Depp, reclus dans sa peau de monarque falot, tout juste doté de quelques répliques minimalistes, tandis que Maïwenn, plutôt convaincante sous les traits de cette avant-gardiste déterminée à gravir l’échelle sociale, est de tous les plans.

S’il ne s’encombre sans doute pas d’une parfaite réalité historique, ce film joyeux et espiègle devrait assurer un divertissement aussi plaisant qu’enrichissant à tous ceux qui auront la curiosité de venir à sa rencontre.

Critique de Claudine Levanneur

Sortie le 16 mai 2023

Les sorties de la semaine du 10 mai 2023

Jeanne Du Barry, affiche Maïwenn

Photo © Stéphanie Branchu

Lire aussi : Jeanne du Barry est le film d’ouverture de l’édition 2023 du Festival de Cannes, production en costumes signée Maïwenn, avec Johnny Depp dans le rôle du monarque Louis XV. Un pari à 20 millions d’euros distribué par Le Pacte.

Jeanne du Barry ou la Putain du roi

Présentation du film événement : Pour son sixième film en tant que réalisatrice, Maïwenn a vu grand. Un budget de 20 millions d’euros, des costumes, maquillages et un tournage notamment à Versailles, le lundi, quand le palais est fermé au public. Son nouveau long n’est effectivement pas une entreprise contemporaine, riche en improvisation, mais une aventure historique, riche en silence, avec une narration contée par une voix-off. Amoureuse du personnage de la putain du roi Louis XV dans le Marie-Antoinette de Sofia Coppola, alors jouée par Asia Argento, la réalisatrice franco-algérienne prend plus de 15 ans pour murir l’idée d’une biographie sur ce personnage féminin sulfureux de maîtresse.

Johnny Depp en Louis XV dans Jeanne du Barry

Johnny Depp en Louis XV dans Jeanne du Barry – Photo © Stéphanie Branchu

La réalisatrice qui a reçu le Prix du Jury à Cannes pour son plus gros succès à ce jour, Polisse (2011), attend d’avoir la maturité cinéphilique et technique pour passer à la concrétisation d’un film hors normes où elle s’offre le rôle éponyme de l’intrigante, femme du peuple qui grimpera l’ascenseur social, au mépris des classes sociales et de ceux et celles qui les occupent. Elle devient la maîtresse d’un roi français joué par l’idole de plusieurs générations, l’Américain Johnny Depp.

Cette opportunité de diriger la star américaine n’a pas été acquise tout de suite. Maïwenn a essuyé plusieurs refus du côté des acteurs français dans un premier temps, avant de se décider à aller frapper à la porte des internationaux. On veut des noms, évidemment !

Des efforts récompensés pour Maïwenn ?

Si le succès n’est pas acquis, Maïwenn peut déjà se targuer d’un beau coup marketing. La réalisatrice du Bal des actrices, d’A.D.N et Mon Roi (qui a remporté un prix d’interprétation pour Emmanuelle Bercot) portera Jeanne du Barry avec son équipe, en ouverture du festival de Cannes, et par conséquent hors compétition. Un moment qui fera ou détruira cette production très attendue. Marie-Antoinette de Sofia Coppola avait de son côté concouru pour la Palme, en 2006. Faute d’avoir reçu un prix, le biopic avec Kirsten Dunst avait été couronné par un fort succès public et critique. On souhaite de même à Maïwenn qui a suivi ses instincts, dont celui qui lui dictait la patience pour aborder ce personnage complexe que l’on situe dans les coulisses de la grande histoire française, celle du XVIIIe siècle.

Frédéric Mignard

Jeanne du Barry, affiche Johnny Depp (2023)

Photo © Stéphanie Branchu

Biographies +

Maïwenn, Benjamin Lavernhe, Pascal Greggory, Johnny Depp, Melvil Poupaud, Noémie Lvovsky, Pierre Richard, Robin Renucci, Marianne Basler, India Hair, Capucine Valmary, Pauline Pollmann

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Jeanne Du Barry, affiche Maïwenn

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