Francis Ford Coppola

Réalisateur, Scénariste, Producteur
Tous les films de Francis Ford Coppola Coppola, dossier exclusif

Personal Info

  • Nationalité : Américain
  • Date de naissance : 7 avril 1939, à Détroit, Michigan (Etats-Unis)
  • Lien de parenté : Père de Sofia et Roman Coppola, grand-père de Gia Coppola, frère de Talia Shire, oncle de Nicolas Cage, Jason Schwartzman et Robert Carmine

Biographie

Note des spectateurs :

Francis Ford Coppola est un génie du septième art, l’une des figures majeures du Nouvel Hollywood, réalisateur de la trilogie du Parrain et d’Apocalypse Now. Un monument qui a redéfini le cinéma, tout en marquant l’âge d’or d’un cinéma d’auteur américain où la prise de risques était totale. Son carburant ? L’adrénaline.

Avec le déclin de l’intérêt de la jeunesse et des étudiants pour le cinéma américain, celui du système, des studios, des productions lisses vidées de contenu social et d’aspérité, le septième art américain est en proie à une crise d’identité dans les années 60 et au début des années 70.

Le nouvel Hollywood et ses auteurs

La réforme du système de classification et l’avènement de thèmes matures aident à faire face à la concurrence de nouveaux médias comme la télévision, mais surtout de nouveaux talents émergent à la fin des années 60 ou au tout début des années 70. Peter Bogdanovich, Mark Rydell, Robert Altman, Bob Rafelson, Michael Ritchie, Jerry Schatzberg, Alan J. Pakula, Paul Morrissey, Paul Mazursky, Monte Hellman, Philip Kaufman, Bob Fosse, Mel Brooks, William Friedkin, Hal Ashby, John G. Avildsen, Paul Bogart et, évidemment Francis Ford Coppola sont les principaux concernés.

Interview Francis Ford Coppola

Apocalypse Now © 1979 Omnia Zoetrope / Apocalypse Now Redux © 2000 Zoetrope Corporation. All Rights Reserved – Illustrateur : Laurent Durieux

Une amitié solide entre Coppola et Lucas

Coppola appartient à une génération que l’on rapprochera plus particulièrement de Martin Scorsese et George Lucas : le premier pour ses origines italiennes et une ascension très proche dans les années 70,  le second pour l’amitié les liant et leur histoire professionnelle commune qui les mènent à fonder ensemble le studio légendaire American Zoetrope, à l’origine de remous plus ou moins sismiques avec les échecs de THX 1138 de Lucas (1971) et surtout l’accident industriel Coup de cœur de Coppola qui ruinera le studio (1982). Les deux collaboreront souvent ensemble et se feront quasiment concurrence, ironiquement, à la sortie d’Apocalypse Now. Celui-ci devait affronter American Graffiti 2 pour atteindre le sommet du box-office américain. Coppola produira Lucas (American Graffiti), et Lucas produira Coppola (Captain EO, Tucker).

La mélodie du bonheur

Né en 1939, avec une mère actrice et un père auteur-compositeur (Carmine Coppola, qui travaillera régulièrement avec son fils, jusqu’à sa mort en 1991), Francis Ford Coppola a toujours baigné dans le milieu du cinéma. Il quitte très vite le Michigan où il est né pour New York. Si la maladie le frappe jeune et le contraint à s’imaginer le monde de son lit d’où il assiste aussi à des spectacles de marionnettes, il hésite entre le cinéma et le théâtre à la fin des années 50.

Le système D dans le B pour des débuts chez Roger Corman

Il opte pour le grand écran qui lui permet de concrétiser sa vision artistique, via l’image et le montage qui dépasse les frontières de la réalité. Dans un premier temps, il accepte de tourner pour le faiseur de séries B à micro-budget Roger Corman, et réalise notamment pour lui le célèbre Dementia 13, qui sera exploité une fois sa célébrité acquise, à partir des années 70.

Big Boy, affiche du premier film de Francis Ford Coppola

Copyrights : Warner Bros

Actif également comme scénariste (il a coécrit Paris brûle-t-il de René Clément, 1966), il signe avec Big Boy un film de fin d’étude abouti qui le conduit à entrer en compétition à Cannes, en 1967. L’exploitation en salle n’est pas couronnée de succès en France, mais Geraldine Page décroche de nombreuses nominations pour son second rôle (Oscar et Golden Globe en 1967).

Des débuts remarqués aux USA, moins en France

Désormais, les studios remarquent le jeune homme aux ambitions dévorantes. Francis Ford Coppola est un espoir à suivre. Pour Warner, il réalise une comédie musicale avec Fred Astaire et la gloire britannique du moment, Petula Clark. La vallée du bonheur, film de commande, n’est pas du tout du goût des Français qui sont à peine 100 000 à faire le déplacement en 1969, mais l’adaptation de la comédie musicale de Broadway Finian’s Rainbow reçoit quelques nominations aux Oscars et Golden Globes. Cela sera aussi le film de la rencontre avec George Lucas qui est alors stagiaire sur le film.

La vallée du bonheur, affiche du film de Francis Ford Coppola

Illutsrateur : Jean Masci

Le premier long métrage d’American Zoetrope et déjà un risque de faillite

Très méconnu, malgré une reprise en salle en 2019, Les gens de la pluie est un mélodrame qu’il tourne en 1968. Le drame met en scène des acteurs culte comme James Caan, Robert Duvall et dans le premier rôle, Shirley Knight. Les gens de la pluie sera le premier long métrage du studio American Zoetrope. Lucas, investi, en tirera un making-of d’une demi-heure sobrement intitulé Filmmaker. L’échec des Gens de la pluie et surtout de celui de THX 1138 que réalise George Lucas, met un coup de frein à la volonté de Coppola de livrer des œuvres personnelles. La société de production souffre et connaît des premiers remous qui seront récurrents, refrain d’une faillite annoncée, puis repoussée…

De façon alimentaire, Coppola signe le scénario du biopic Patton que réalise Franklin J. Schaffner. La réussite lui vaut son premier Oscar ! Il écrira également Gatsby le magnifique d’après F. Scott Fitzgerald, en 1973.

Le Parrain III, promo Pariscope 1991

Copyrights : Paramount Pictures, American Zoetrope

Le Parrain, une vraie commande de cinéma

Pour des raisons financières, il accepte de réaliser pour Paramount Le Parrain, d’après le roman acclamé de Mario Puzo. L’écrivain, également scénariste de cinéma, est l’un des grands noms de l’époque. Il écrira également les scripts de la méga-production Tremblement de terre, Superman et son sequel, et, hors Parrain, retrouvera Coppola pour Cotton Club en 1984.

Le film est un phénomène de société qui remporte l’Oscar du Meilleur film, de la Meilleure adaptation pour Puzo et Coppola, et du Meilleur acteur pour Brando. Le classique comptait huit autres nominations déçues, dont celle de Meilleur réalisateur. Le Parrain dépasse en France les 4 000 000 entrées en 1972 et devient le premier succès du cinéaste, alors totalement inconnu sur notre territoire (Les gens de la pluie avait à peine été vu par… 25 000 Français !).

La Palme d’Or pour une œuvre méconnue

En 1974, entre les deux Parrain, Francis Ford Coppola réalise Conversation secrète, coproduit par Paramount. Cet étonnant film d’espionnage, moins spectaculaire, plus intimiste, décroche la Palme d’Or au festival de Cannes 1974 et de nombreuses nominations aux Oscars et Golden Globes. Particulièrement chéri par le cinéaste, ce petit budget connaîtra une carrière assez minimaliste, sans pour autant être un échec (en France, 244 409 spectateurs). Gene Hackman avouera beaucoup aimer ce film dans sa filmographie. Il faudra attendre 1987 et Jardins de pierre pour que le cinéaste décroche autant au box-office en France.

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Conversation secrète, affiche du film de Francis Ford Coppola

Design : Rosebud Advertising Corp – © 1974 Paramount Pictures Corporation. All Rights Reserved. ©Zoetrope Corporation. All Rights Reserved.

Coppola distributeur et exploitant

En 1974, Coppola devient par ailleurs distributeur et exploitant. Il fait l’acquisition de 72 000 actions de Cinéma 5, la société fondée par Donald Rugoff qui possède notamment quinze salles d’exclusivité dans la ville de New York.

Coppola contre Coppola : deux films aux Oscars en 1975

En 1975, aux Oscars, Francis Ford Coppola est en compétition avec lui-même. C’est durant cette même cérémonie qu’il obtient l’Oscar du Meilleur film pour Le Parrain 2e partie, mais aussi celui du Meilleur réalisateur. De Niro est consacré dans un second rôle. La suite du Parrain décroche trois autres Oscars. Le nouvel Hollywood est triomphal entre la statuette d’Ellen Burstyn pour Alice n’est plus ici de Scorsese (Meilleure actrice), celle d’Art Carney pour Harry et Tonto, sacré Meilleur acteur chez Paul Mazursky, et celle du Meilleur scénario original pour Robert Towne pour Chinatown de Roman Polanski, qu’a produit le légendaire Robert Evans (producteur exécutif sur le premier Parrain).

Au box-office, Le parrain 2e partie ne marquera pas les esprits, avec 90 millions de dollars de recettes en moins aux USA, et trois millions d’entrées perdues entre les deux films en France. Toutefois, il s’agit d’une réussite patente qui figure au palmarès personnel de Francis Ford Coppola, désormais ogre du cinéma, dont les ambitions vont prendre des proportions avec son long métrage suivant, et son ultime monument, Apocalypse Now. Coppola inaugure d’une certaine façon la mode des sequels qui sera reprise très vite par le cinéma de genre en particulier : Les dents de la mer, L’exorciste, La malédiction

Affiche française d'Apocalypse Now (1979)

Apocalypse Now © 1979 Omnia Zoetrope – Artiste : Bob Peak

Genèse d’Apocalypse Now

American Zoetrope a pu sortir de la faillite grâce aux succès des deux premiers Parrain, mais se retrouve de nouveau face à un défi désormais légendaire, Apocalypse Now. Le projet avait été initié par George Lucas et John Milius, à la fin des années 60, au moment où la contre-culture s’opposait au plus fort à la guerre des Américains au Vietnam. Le trauma générationnel et l’Amérique déchirée de l’époque, par des vagues contestataires et les assassinats répétés de figures politiques majeures, dont celle d’un président américain, laisse la jeunesse à laquelle appartient Coppola et ses amis, en ébullition. Lucas devait réaliser The Psychedelic Soldier en 1971 et en faire un faux documentaire. Il renoncera pour des divertissements plus légers.

Qui pour réaliser et jouer dans le monstre Apocalypse Now ?

Finalement, en 1975, alors que Lucas, accaparé par La guerre des étoiles, et John Milius, également occupé, rechignent à réaliser Apocalypse Now, Coppola décide d’en faire son projet. Le fameux soldat psychédélique de John Milius, premier titre envisagé, sera un film de rage et de folie qui sera le fiasco humain du Vietnam dans toute sa démesure. Coppola prépare le film. Brando accepte le rôle mythique de Kurtz pour une modique somme historique entre 1 et 3 millions de dollars. Le budget prévisionnel de 14 millions de dollars doublera d’ici la fin d’un tournage pharaonique objet de tous les fléaux. Le projet le plus dingue de Hollywood essuie de nombreux refus : Pacino, Nicholson, Redford, Caan, McQueen, Eastwood ne veulent pas s’embourber dans un projet qui leur aurait pris des années de leurs vies… Qu’importe. Coppola le guerrier, avance.

La folie guette et Francis Ford Coppola contemple la banqueroute et le suicide

Deux ans de préparation, deux cents jours de tournage, deux ans de postproduction… des heures de film ramenées à un premier montage salle de 2h33… Coppola, entre la drogue et l’alcool, fond en kilos. Il n’est pas le seul à basculer. Il aurait pu voir sa carrière stoppée net, avec des dates de sortie sans cesse repoussées. Apocalypse Now était devenue l’Arlésienne et matière à rire dans le milieu journalistique tant le jusqu’auboutisme du réalisateur du Parrain paraissait aussi lointain que ridicule.  Mais Coppola prenait les choses à cœur, hypothéquait, pensait au suicide…

Apocalypse Now Final Cut Affiche 2019

Apocalypse Now © 1979 Omnia Zoetrope / Apocalypse Now Redux © 2000 Zoetrope Corporation. All Rights Reserved – Illustrateur : Laurent Durieux

La sortie des ténèbres

L’adaptation de Heart of Darkness de Joseph Conrad réussit toutefois à décrocher la Palme d’or cannoise dans une copie de travail, la seconde pour Coppola, mais les Oscars le snobent. Sur 8 nominations, C’est l’apocalypse, pour reprendre le titre québécois, ne glane que deux prix techniques. Le réalisateur qui a mis sa fortune en jeu, est sauvé pour cette fois-ci de la faillite. Hors reprise, c’est le second plus gros succès de 1979 en France, avec 4 537 431 spectateurs en fin de carrière, entre Le gendarme et les extra-terrestres et Flic ou voyou avec Belmondo. Il fait mieux que 007, Alien 1, Superman 1

Aux USA, Apocalypse Now finit sixième annuel, après Superman, Amityville 1, Rocky 2, Star Trek Le Film et Alien.

La fin du nouvel Hollywood et de la démesure

En 1982, tout bascule pour Francis Ford Coppola. Le cinéaste a eu la folie des grandeurs. L’hybris le conduit à créer son propre studio à Hollywood et il installe sa société sur place. Désormais, il veut tout contrôler et rêve de raviver le cinéma hollywoodien des années 40, celui de son enfance, mais dont sa génération avait pourtant eu la peau avec leurs propres films. Il met en scène une superproduction visuellement époustouflante et tourne notamment avec Nastassja Kinski. Le budget dérape et passe à 26 000 000$, Paramount abandonne Coppola qui va faire place au plus gros échec de sa carrière et à l’un des accidents industriels qui changent les règles du jeu à Hollywood. Coup de cœur rapporte 636 796$ et achève l’année en 126e position. Ironiquement , le nouvel Hollywood était aussi né pour éviter les projets pharaoniques d’antan qui ne contrôlaient pas leur budget (Cléopâtre de Joseph L. Mankiewicz, pour n’en prendre qu’un). Après l’échec de La porte du paradis de Michael Cimino, cela sera la fin d’un genre, d’une époque et surtout d’une ambition d’un cinéma américain, qui abdiquera définitivement pour l’action abrutissante et les effets spéciaux.

Mickey Rourke dans Rusty James

Rusty James © 1983 Hot Weather Films, American Zoetrope

Un géant ruiné, déchu, condamné à multiplier les projets

Du jour au lendemain, Coppola est ruiné et devra désormais multiplier les films pour éponger des dettes colossales. Paria des studios qui ne veulent pas avoir affaire à sa mégalomanie, il se dirige vers des œuvres mélancoliques tournées vers les années 50 et sa jeunesse. Comme une manière de revenir aux sources et de survivre.

Matt Dillon dans Rusty James

Rusty James © 1983 Hot Weather Films, American Zoetrope

Le diptyque adolescent d’après S.E. Hinton et The Brat Pack

En 1982, il tourne Outsiders, adaptation d’un classique de l’auteur S.E. Hinton, dont il proposera un director’s cut plus de vingt ans après. Le mélodrame somptueux sur les bandes et la délinquance des années 50 vaut également pour la fournée de jeunes acteurs qui fera Hollywood pendant la décennie. On les surnommait The Brat Pack : Rob Lowe, C. Thomas Howell, Matt Dillon, Ralph Macchio, Tom Cruise, Emilio Estevez, Patrick Swayze. Tout un symbole d’une époque que Coppola ré-engagera partiellement dans Rusty James, toujours de la même auteure, avec en fait Matt Dillon et Mickey Rourke. Le film apparaît comme la face B du diptyque sur la jeunesse tumultueuse des années 50. Ces deux œuvres très abouties, en particulier Rusty James et son esthétique noir et blanc que Coppola réinvestira dans Tetro dans les années 2000, sont des succès en France, dépassant le million d’entrées, mais Rusty James sera un lourd échec nord-américain.

Affiche de Cotton Club de Francis Ford Coppola

Illustrateurs : – Patrick Claeys – Michel Berbérian

Cotton Club, le film de la dernière chance

Quand le producteur mythique Peter Evans décide à la dernière minute de ne pas réaliser Cotton Club, une plongée dans le cabaret légendaire des années 20-30, c’est Francis Ford Coppola qui hérite du projet. C’est une vraie production de luxe et l’occasion certaine pour le cinéaste de se remettre en selle. Il s’investit énormément et y croit, pensant, au milieu d’une décennie de films de divertissements à effets spéciaux, trouver le moyen de raviver le cinéma total qu’il affectionne. Malheureusement, malgré son esthétique somptueuse, des visuels promotionnels sublimes, la beauté de Richard Gere et de la jeune Diane Lane qu’il dirigeait pour la troisième fois consécutive, le film aux 58 000 000$ met un peu plus Zoetrope Studios au bord de la banqueroute.

Francis Ford Coppola à la soupe populaire

Francis Ford Coppola fait donc dans l’alimentaire. Le court métrage de 17 minutes, Captain Eo, met en scène Michael Jackson en 3D pour une attraction de Disneyland. Elle apparaîtra logiquement à EuroDisney, lors de l’ouverture du parc en 1992. Les cinéphiles, eux, ne s’attendaient pas à voir le géant hollywoodien jouer à George Lucas – qui produisait – ou à anticiper les carrières de faiseurs de productions Marvel et DC Comics des années 2010. Il méritait mieux.

Dossier Coppola, Peggy Sue s'est marié et Jardins de pierre

© 1986 & 1988 TriStar Pictures, Inc. Tous droits réservés

Peggy Sue s’est mariée, humour, mélancolie et Kathleen Turner

En 1986, il retrouve la voie du succès avec le charmant Peggy Sue s’est mariée, projet initialement destiné à Penny Marshall et à la comédienne Debra Winger. Coppola réussit à imposer Nicolas Cage dans le premier rôle masculin et même sa fille, Sofia Coppola, pour un petit rôle. Kathleen Turner y excelle et sera nommée à l’Oscar de la Meilleure actrice. Le réalisateur de Cotton Club y retrouve une fois de plus les années 50 chères à son cœur et, faute d’une œuvre personnelle, cette coproduction American Zoetrope lui permet de ne pas s’embourber davantage dans la faillite.

Kathleen Turner dans Peggy Sue s'est mariée

© 1986 TriStar Pictures, Inc. Tous droits réservés

La mort d’un fils

Malheureusement, cette année-là, il perd aussi son fils aîné, de 22 ans, Gian-Carlo Coppola, lors d’un accident tragique. Gia Coppola, future réalisatrice de Palo Alto (2013) naîtra de façon posthume, un peu plus de six mois après la mort de son père, Gian-Carlo Coppola. Le fils de Ryan O’Neal, Griffin O’Neal sera accusé pénalement d’être responsable de l’accident de hors-bord en 1987. Sick.

Huit ans après l’Apocalypse, le Vietnam gronde toujours, mais de l’intérieur

Avec Gardens of Stone, Coppola retrouve l’un de ses acteurs fétiches, James Caan. Il l’avait dirigé à trois reprises, dans Les gens de la pluie et les deux Parrain. Le film évoque, de façon intimiste, la vie d’un soldat jusqu’à l’inéluctable drame, et rend avec plus de sensibilité un hommage à ces hommes qui se sont sacrifiés pour leur patrie lors d’une guerre sans but, ni victoire. Le traitement est intimiste, mais malheureusement pour Coppola, c’est de nouveau un échec. Avec 245 263 entrées, il lui faut remonter à Conversation secrète pour connaître un score aussi terne. Aux USA, il en est de même. Coppola espérait une sélection à Cannes qui ne se fera pas, et pour les Oscars, c’est aussi raté.

De façon tout aussi alimentaire, pour le compte de son ami milliardaire George Lucas, il réalise Tucker, un biopic sur quatre roues. Le film relate l’histoire d’un petit ingénieur qui révolutionne l’industrie automobile et se met à dos les géants que sont Ford, General Motors et Chrysler. Jeff Bridges dans le rôle principal s’octroie un beau rôle et le film est un succès d’estime, avec 19 652 000$ aux USA, en 1988 et une 53e place annuelle. Sorti dans seulement 720 cinémas et distribué par Paramount, Tucker bénéficie d’un beau bouche-à-oreille.

En France, entre Cotton Club en 1985 et Twixt en 2012, il s’agira de son meilleur résultat au box-office si on laisse de côté la grosse production qu’est Dracula.

Autre production alimentaire, mais néanmoins sympathique, New York Stories réunit trois grands auteurs : Coppola, épaulé par sa fille Sofia, Martin Scorsese et Woody Allen. Distribué aux USA par Walt Disney, le film est un nouvel échec.

Coppola cède ensuite aux caprices de Paramount pour la réalisation d’une troisième partie au Parrain. Avec ses réelles qualités qui ont en fait une œuvre implacable, réévaluée notamment par un nouveau montage en 2020, Le Parrain partie III est un certain succès aux USA et prend la tête du box-office pour la semaine des fêtes de Noël. S’il réalise un score convenable de 66 000 000$ pour un budget de 58M$, dans le reste du monde, le résultat est plus terne, voire catastrophique en France où la suite attendue par les fans a été vue par 357 837 aficionados de la saga familiale mafieuse.

La faim de Dracula et la résurrection du genre horrifique

Un rebondissement agréable intervient dans la carrière de l’ancien nabab en 1992.  Columbia le charge de réaliser un blockbuster vampirique, l’adaptation du roman de Bram Stoker, Dracula. Avec Gary Oldman dans le rôle-titre et des acteurs appréciés et à la mode comme Anthony Hopkins, mais aussi Winona Ryder et Keanu Reeves, le conte gothique bénéficie de bonnes critiques et d’un engouement de la part du grand public qui redécouvre le genre horrifique, alors en plein trépas dans les années 90. Dracula de Bram Stoker aspire 82 522 790 $ et se positionne en douzième place annuelle. La promotion française a été monstre et la réalisation baroque de Coppola lui vaut son troisième plus gros succès derrière Apocalypse Now et Le parrain 1, avec 2 684 518.

Affiche de Dracula de Bram Stoker, par Francis Ford Coppola

© 1992 Columbia Pictures Industries – American Zoetrope. All Rights Reserved.

Avec grandiloquence, l’auteur revenait au cinéma de ses débuts, celui de ses années chez Roger Corman, à tourner des séries B fauchées. Le contraste est flagrant. A l’issue du succès de Dracula, les studios se précipitent pour réinvestir les grands monstres des années 30. Wolf, avec Jack Nicholson, Frankenstein de Kenneth Branagh, avec Robert De Niro (et d’ailleurs produit par Coppola himself), et Mary Reilly de Stephen Frears avec Julia Roberts, en seront les avatars directs.

Président du Jury à Cannes

En 1996, le cinéaste doublement palmé, est président du Jury au 49e festival de Cannes. Secrets et Mensonges de Mike Leigh obtient la Palme d’Or, Breaking the Waves remporte le Grand Prix et Crash de Cronenberg le Prix du Jury.

Les flops du génie disparu

Après cette incroyable résurrection, on aurait pu espérer retrouver Coppola au firmament, mais le réalisateur a perdu la flamme. Le pire dans sa carrière survient coup sur coup, avec tout d’abord Jack, comédie fantastique avec Robin Williams, Diane Lane, Jennifer Lopez et Bill Cosby. Le divertissement est pathétique. Le cinéaste devient tâcheron pour Disney/Hollywood Pictures, réalisant une comédie grimaçante avec un Robin Williams sur le déclin. Aux USA, Jack fait illusion (58M$ pour une mise de départ de 45M$), mais le divertissement, peu  adapté pour l’Europe, en particulier pour les Français, peine à trouver la sympathie des spectateurs étrangers (179 940).

Affiche de Jack, avec Robin Williams

© Hollywood Pictures Company

Francis Ford Coppola, un tâcheron comme un autre

Avec L’idéaliste (The Rainmaker), Coppola poursuit un cinéma impersonnel, dépourvu d’intérêt, avec un casting fade. Matt Damon jeune, Claire Danes toujours aussi transparente, Danny DeVito en pleine descente, Mickey Rourke sans la flamme, peinent à nous convaincre. Coproduit par la Zoetrope, The Rainmaker est une énième adaptation de John Grisham (La firme, L’affaire pélican, Le client, Le droit de tuer?…) que seul le public américain appréciera.

Hollywood abandonnera l’idée d’adapter de façon systématique l’auteur après l’échec du très nineties L’idéaliste, dont Coppola avait pourtant écrit le scénario. Pour la première fois depuis Les gens de la pluie, en 1970, Francis Ford Coppola échoue à franchir les 100 000 entrées, avec 94 641 entrées.

Désormais sans inspiration, de nouveau paria, le Parrain de Hollywood a perdu la confiance des spectateurs qui ne savent plus trop quoi attendre de lui, quand une nouvelle génération de cinéphiles l’ignore.

Quand Spielberg, George Lucas ou Martin Scorsese sont au firmament, Coppola déçoit et prend une retraite forcée pendant neuf ans, dont la parenthèse délicieusement désenchantée sera le retour en salle d’Apocalypse Now.

Apocalypse Now Redux, affiche 2001

Apocalypse Now © 1979 Omnia Zoetrope / Apocalypse Now Redux © 2000 Zoetrope Corporation. All Rights Reserved –

La rédemption par le Redux

En 2001, la version Redux d’Apocalypse Now s’incruste dans quelques grandes salles sélectionnées au compte-gouttes pour se retrouver par la suite, en France, exploitée en DVD, puis en blu-ray dans de sublimes éditions collector. On y retrouve de nouvelles séquences, avec même des acteurs français écartés du montage initial, et toute l’intensité du travail du cinéaste qui a activement collaboré à cette version démontrant une fois de plus son génie. De nouveau hype, Coppola est la voix d’un cinéma d’outre-tombe que l’on veut revivre dans toute son immensité. Toute la cinéphilie mondiale attend désormais son prochain long comme le Messie. Il lui faudra attendre longtemps.

Coppola est désormais rentier, et joue sur le cépage de Californie pour exporter ses vins. Chardonnay Director’s cut ? Francis Coppola est là pour étancher les soifs de rouge ou de blanc… De la vente de ses vins, il réussira à financer les films de ses proches via American Zoetrope.

Si sa fille, Sofia Coppola, prend la relève auprès des cinéphiles avec les classiques Virgin Suicides, Lost in Translation et Marie Antoinette, qu’il produit, Coppola père ne revient qu’en 2007 avec le très laborieux L’homme sans âge. Pénible, sentencieuse, cette mise en image du roman de Mircea Eliade passe inaperçue. Les critiques sont pour le moins que l’on puisse dire partagées, voire amères. Plus d’une décennie plus tard, le monde l’a oublié et ne s’en porte pas plus mal.

L'homme sans âge, affiche du film de Francis Ford Coppola

© 2008 Pathé Distribution – American Zoetrope

Boulot, Tetro, Retro

Semblant retrouver le goût de la réalisation, Francis Ford Coppola enchaîne deux ans plus tard avec un budget restreint et une intention de revenir à la photographie éclatante de beauté de Rusty James : Tetro(Quinzaine des Réalisateurs 2009), avec Vincent Gallo, est inattendu. Le film transpire la contemplation d’un cinéma indépendant qui séduit. Son rythme latin envoûte. On rêve à nouveau d’un Coppola libre de ses choix qui puisse redonner vie à des expérimentations esthétiques et narratives radicales.

Twixt, affiche du film de Francis Ford Coppola

© 2012 Pathé Distribution – American Zoetrope

Horreur, Francis Ford Coppola revient à l’épouvante

En 2011, président d’honneur du festival de Deauville, Francis Ford Coppola se compromet une dernière fois avec une expérimentation cinématographique et une nouvelle incursion dans le domaine du fantastique qui fait mal aux yeux. Twixt, avec Val Kilmer et Elle Fanning, est pathétique. La production est proposée directement en vidéo sur de nombreux marchés. Bénéficiant de la présence massive de Coppola en France pour la promo, Twixt sort toutefois chez nous où les curieux sont peu nombreux : 110 156 spectateurs. On se situe bien loin derrière les 378 584 du magnifique Tetro. Les spectateurs ont l’impression d’avoir été arnaqués. Coppola s’en défend lors d’un entretien avec des blogueurs auquel nous avons participé. Nous vous invitons à le découvrir ci-joint. 

Depuis, Coppola le patriarche, le viticulteur, profite de son statut pour présider des jurys (le festival de Marrakech, en 2015), reçoit des récompenses (le prix Lumière, en 2019) et produit en famille (le film de son épouse, Eleanor, Love is Love is Love, en 2020). Celui qui a produit dans le passé, via la Zoetrope, Kurosawa (Kagemusha, Palme d’Or), le chaotique Hammett que Wenders garde en travers de la gorge, Godard, Godfrey Reggio (les Qatsi), Agnieszka Holland (Le jardin secret), Don Juan de Marco avec Brando et Johnny Depp, Tim Burton (Sleepy Hollow) ou encore les films de Victor Salva (Jeepers Creepers…) rêve toutefois de réaliser son ultime film, Megalopolis, avec Jude Law. Un titre “megalo” qui lui va bien, d’autant que le projet pourrait tomber, forcément, “à l’eau.”

Frédéric Mignard

Tetro, affiche du film de Francis Ford Coppola

Affiche par Benjamin Seznec pour Troïka

Entretien avec Francis Ford Coppola

Acheter Peggy Sue s’est marié et Jardins de Pierre en Collector Prestige chez Carlotta

Filmographie

(long métrage, réalisateur)

Jardins de pierre, les critiques du film de Francis Ford Coppola

Les dix films de Francis Ford Coppola à ne pas rater :

  1. Apocalypse Now
  2. La trilogie du Parrain
  3. Rusty James
  4. Outsiders
  5. Tetro
  6. Coup de cœur
  7. Conversation secrète
  8. Cotton Club
  9. Jardins de pierre
  10. Peggy Sue s’est mariée

Box-office France :

  1. Apocalypse Now : 4 537 867
  2. Le Parrain : 4 025 064
  3. Bram Stoker’s Dracula : 2 684 518
  4. Cotton Club : 1 639 038
  5. Outsiders : 1 476 505
  6. Le Parrain, 2ème partie : 1 120 577
  7. Rusty James : 1 054 444
  8. Coup de coeur : 494 408
  9. Tucker : 459 958
  10. Peggy Sue s’est mariée : 423 549
  11. New York Stories* : 411 540
  12. Tetro : 378 583
  13. Le Parrain, 3ème partie : 357 837
  14. Conversation secrète : 244 909
  15. Jardins de pierre : 245 263
  16. Jack 179 940
  17. Twixt : 110 156
  18. La vallée du bonheur : 108 045
  19. L’homme sans âge: 106 904
  20. L’idéaliste : 94 641
  21. Big Boy : 56 681
  22. Les gens de la pluie : 25 575
Apocalypse Now, VHS française (septembre 1984)

Apocalypse Now © 1979 Omnia Zoetrope – Artiste : Bob Peak

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