Peggy Sue s’est mariée : la critique du film et le test blu-ray (1987)

Comédie fantastique, Romance | 1h43min
Note de la rédaction :
6.5/10
6.5
Peggy Sue s'est mariée, affiche française, poster

  • Réalisateur : Francis Ford Coppola
  • Acteurs : Kathleen Turner, Jim Carrey, Nicolas Cage, Barry Miller, Catherine Hicks, Joan Allen, Kevin J. O’Connor, Leon Ames, Lucinda Jenney, John Carradine, Don Murray
  • Date de sortie: 07 Jan 1987
  • Année de production : 1986
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Peggy Sue Got Married
  • Titres alternatifs : Peggy Sue si è sposata (Italie),Peggy Sue Casou-se (Portugal), Peggy Sue hat geheiratet (Allemagne), Peggy Sue meni naimisiin (Finlande), Peggy Sue se casó (Espagne), Peggy Sue ble gift (Norvège), Pegii Su no kekkon (Norvège), Peggy Sue, su pasado la espera (Mexique, Pérou)...
  • Scénaristes : Jerry Leichtling, Arlene Sarner
  • D'après l'œuvre de : -
  • Directeur de la photographie : Jordan Cronenweth
  • Monteur : Barry Malkin
  • Compositeur : John Barry
  • Producteurs : Paul R. Gurian, Barrie M. Osborne
  • Sociétés de production : TriStar Pictures, Rastar Pictures, Zoetrope Studios, Delphi V Productions
  • Distributeur : Columbia TriStar
  • Distributeur reprise : -
  • Date de sortie reprise : -
  • Editeur vidéo : CBS-Fox (VHS), Columbia TriStar (DVD), Carlotta (DVD, blu-ray 2021)
  • Date de sortie vidéo : Octobre 1987 (VHS), 7 octobre 2001 (DVD), 17 février 2021 (DVD, Blu-ray)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 425 984 entrées / 155 984 entrées
  • Box-office USA : 41 382 841 $
  • Budget : 18 000 000$
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1:85.1 / Couleurs - 35 mm / Mono
  • Festivals et récompenses : 3 nominations aux Oscars (dont meilleure actrice pour Kathleen Turner), 2 nominations aux Golden Globes (dont Meilleure actrice)...
  • Illustrateur / Création graphique : © Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © TriStar Pictures, Inc. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Peggy Sue s’est mariée est une comédie fantastique fantaisiste. Peut-être l’œuvre la plus accessible de Coppola, qui inspirera Camille Redouble de Noémie Lvovsky. Kathleen Turner est l’une des raisons de redécouvrir cette prom comedy joliment désuète, mais savoureusement féministe.

Synopsis : La quarantaine passée, Peggy Sue vient de se séparer de Charlie, son grand amour de jeunesse. Un soir, elle se rend à la fête des anciens du lycée Buchanan, classe 1960 : Peggy Sue retrouve tous ses camarades d’alors et se fait élire reine de la soirée. Mais lorsqu’elle découvre Charlie dans l’assemblée, la voilà qui s’évanouit… pour se réveiller vingt-cinq ans plus tôt, à l’infirmerie du lycée !

Pourquoi Peggy Sue s’est mariée n’a pas fonctionné en France ?

Critique : Les Français n’ont pas fait de Peggy s’est mariée le succès qu’il méritait. Alors que Coppola revenait de gros échecs aux USA, notamment ceux de Rusty James et Cotton Club, l’Amérique accueille généreusement la comédie nostalgique et rétro du réalisateur d’Apocalypse Now. Les Français, eux, avaient fait de Outsiders, Rusty James et Cotton Club de vrais succès de box-office. Alors pourquoi cette indifférence vis-à-vis de Peggy Sue? Kathleen Turner ne venait-elle pas de sortir des triomphes de A la poursuite du diamant vert et de son sequel, Le diamant du Nil ?

Plusieurs raisons à cela. La crise du cinéma, en janvier 1987, allait couler toutes les sorties du mois, à l’exception de Nola Darling n’en fait qu’à sa tête (la révélation Spike Lee), La messe est finie (la révélation Nanni Moretti), Blue Velvet et La mouche, les deux vainqueurs d’Avoriaz 87 et surtout deux des étrangetés les plus formidables de David Lynch et David Cronenberg.

Un prom movie moins mature que les précédents jalons de Coppola

Le reste de l’actualité était au mieux terne, au pire désastreux. Peggy Sue s’est mariée rentre dans la catégorie des carrières ternes, avec 423 549 entrées, loin du million obtenu par les trois derniers films du cinéaste. La romance fifties était pourtant commerciale, certainement trop pour un public plus mature, sûrement étudiant et cinéphile, peu enclin aux prom movies et aux postulats fantastiques à une époque où ce public s’orientait désormais vers Wenders ou Jarmusch.

Kathleen Turner dans Peggy Sue s'est mariée

© 1986 TriStar Pictures, Inc. Tous droits réservés

Le phénomène des bals de fin d’année, à l’exception du Carrie de Brian De Palma, relevait surtout de l’institution américaine et les Français les associaient à des comédies légères pour ados. Or, même si les ZAZ et quelques comédies comme Police Academy pouvaient annuellement triompher, le public français préférait de loin le made in France en matière d’humour (la bande du Splendid était au sommet de sa popularité).

Remonter le temps de sa propre histoire : un fantasme universel récupéré par les cinémas français et américain

Revoir Peggy Sue s’est mariée, plus de trente ans après, revient à immédiatement relever le niveau du spectacle, maintenant que tous les préjugés de l’époque se sont dissipés. Peggy Sue s’est mariée a même connu des remakes indirects en France avec Camille redouble de Noémie Lvovsky et Bis de Dominique Farrugia en 2015, démontrant la porosité de notre production face à l’influence américaine. Evidemment, le cinéma hollywoodien, adepte des échanges de corps et des voyages temporels, a également repris l’idée, notamment dans 17 ans encore, la comédie avec Zac Efron post-High School Musical (2009). Ce dernier avait été un triomphe aux USA.

Œuvre de commande, mais film personnel

Même si Peggy Sue s’est mariée n’est pas un projet de Coppola mais une pure commande  (Penny Marshall devait initialement le réaliser) qu’il embrassa pour renflouer les caisses de sa société ruinée par Coup de cœur et Cotton Club, son travail est invariablement supérieur à tous les films cités plus haut. Coppola, conscient des codes de la comédie, ne cherche pas à redimensionner le spectacle comique par la réalisation. En revanche, la mise en scène est belle, joliment éclairée, et prend toute sa valeur à la revoyure en HD. Le cinéaste, fils des années 50, se replonge lui-même dans cette époque avec un regard de nostalgie qui semble souvent être le sien. Revoir ses parents jeunes, une famille à qui l’on n’a pas su, ni voulu dire les choses… Le postulat fantastique interpelle l’universel adulte et interroge sur notre capacité à vouloir changer les choses tant qu’on le peut. Mais le veut-on vraiment ?

Règlements de compte avec le puritanisme et le machisme des années 50

Pour le personnage de Peggy Sue, c’est surtout l’occasion de régler ses comptes avec son mari, que l’on retrouve au présent et passé. Nicolas Cage est l’acteur choisi par Coppola pour incarner la puérilité masculine frappé par le démon de la quarantaine et qui a abandonné sa femme pour une autre, malgré ses promesses lors de leurs belles années lycéennes où la flamme brûlait ardemment.

Si le discours et la conclusion peuvent paraître conservateurs, le choix de Kathleen Turner l’est moins. L’actrice, qui sortait du sulfureux et interdit aux moins de 18 ans, Les jours et les nuits de China Blue, est une force de caractère et donne du poids au discours féministe dans lequel baigne le film. Pour Peggy Sue, revenir dans le passé, c’est devoir se confronter de nouveau à la place rétrograde de la femme dans la société des années 50, et à une vision puritaine de la sexualité, en particulier pour les jeunes filles tout aussi fécondes en fantasmes que les jeunes hommes. Son coup d’un soir avec le fantasme de sa jeunesse, un Beatnik qui rêve de Kerouac, ne remet nullement en question son amour pour celui qu’elle choisira pour la vie.

Un jeu d’acteurs par toujours au firmament

Si Turner est épatante, le casting lui n’est pas toujours à la hauteur de son jeu. Nicolas Cage, imposé par son oncle de réalisateur, semble avoir eu beaucoup de problèmes avec l’actrice principale qui lui reprochait notamment son manque d’investissement. Senti attaqué dans les médias, Cage intentera un procès contre les propos diffamatoires de Turner et l’emporta. Forcément, cela pimente la projection de Peggy Sue s’est mariée quand on connaît les antagonismes des uns et des autres.

L’élégant et mélancolique Peggy Sue s’est mariée n’est pas un must, mais un bel aparté dans la filmographie de Francis Ford Coppola que l’Histoire n’a pas voulu retenir. Il serait pourtant pertinent pour les cinéphiles d’y retrouver son bonheur. En 2021, l’éditeur Carlotta a récupéré l’autorisation d’exploiter pour quelque temps le film pour une sortie en vidéo, dans une édition collector qui ne laissera pas insensible. Son éditeur historique ne vous avait pas fait ce plaisir jusqu’alors. On redécouvre avec notre propre mélancolie le film dans une mise en abîme habile.

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 7 janvier 1987

Edition Prestige Limitée Carlotta

Nos chroniques des films Carlotta

Peggy Sue s'est mariée, affiche française, poster

© 1986 TriStar Pictures, Inc. Tous droits réservés

Box-office :

Sorti sur Paris le 7 janvier 1987, Peggy Sue s’est mariée devait composer avec la concurrence de nouveautés telles que Emmanuelle V (5 893 entrées pour le premier jour parisien, sur 22 salles), Le beauf, comédie policière ratée avec Gérard Jugnot (3 778 entrées dans 34 cinémas), Firestarter d’après Stephen King (1 089 entrées dans 13 cinémas), Coca Cola Kid, avec le frère de Julia Roberts (416 entrées dans 10 cinémas) et Nola Darling n’en fait qu’à sa tête, petit succès de la semaine avec 1 193 spectateurs dans seulement 9 salles. Culte.

Emmanuelle Vs Peggy Sue

Coppola n’avait que 22 salles à sa disposition. Warner Columbia avait donc pour ambition de bâtir une carrière sur la durée. Les 5 460 entrées / 1er jour sont convenables pour Peggy Sue, mais loin de prédire un succès évènementiel.  Il n’empêche qu’à l’issue de la première semaine, le film ouvre à 49 663 spectateurs en 3e place, avec une belle moyenne par écran. Peggy Sue met un vent à l’érotisme démodé d’Emmanuelle V, premier faux pas de la franchise, qui réagit mal à ses 40 703 entrées dans 32 salles.

Peggy Sue était à l’affiche des cinémas le Gaumont Elysées, le Gaumont Halles, le Gaumont Alésia, le Gaumont Opéra, l’UGC Montparnasse, le Rex, le 14 Juillet Odéon/Bastille/Beaugrenelle, l’UGC Lyon Bastille et l’UGC Gobelins, le Gaumont Parnasse, Les Maillots et les Images.

En 2e semaine Peggy Sue passe à 35 495 spectateurs dans 23 salles, puis 30 019, 15 515… Toutefois en 5e semaine, c’est la dégringolade, avec 10 096 entrées dans 10 cinémas. Sur 5 écrans, Kathleen Turner rameute encore 5 330 spectateurs en 6e semaine… Le film restera au total 14 semaines pour achever timidement sa carrière à 155 984 spectateurs sur la capitale.

Avec 423 000 entrées, le Coppola de 1987 finira en 10e position de tous ses films sortis en France, très loin derrière le million six cent mille de Cotton Club.

Affiche de Cotton Club de Francis Ford Coppola

Illustrateurs : – Patrick Claeys – Michel Berbérian

Extrait de Peggy Sue s'est mariée

Le test blu-ray

Le 17 février 2021, c’est la journée Coppola chez Carlotta qui propose deux collectors Prestige en vente, puisque, outre Peggy Sue s’est mariée, le rare Jardins de pierre est aussi disponible dans cette même collection.

Le site de l’éditeur

Le blu-ray test et la critique de Jardins de pierre

Compléments & Packaging : 4.5 / 5

La collection Prestige de Carlotta propose des films moins connus dans des collectors où les bonus audiovisuels sont secondaires par rapport à la beauté du packaging et des goodies. On parle alors de compléments physiques, disponibles dans une box limitée à 1 000 exemplaires. Les retardataires auront seulement accès au traditionnel blu-ray avec fourreau de l’éditeur, sans les reproductions de 5 photos en papier glacé, du dossier de presse de l’époque et d’une affichette reprenant le visuel 2021, avec les crédits en bas d’affiche. Ce design est signé Dark Star, l’Etoile graphique, dont on salue le dynamisme et le talent.

Jaquette DVD et blu-ray Coffret Prestige de Peggy Sue s'est mariée, Carlotta

© 1986 TriStar Pictures, Inc. Tous droits réservés / All rights reserved – Design : Dark Star, l’Etoile Graphique

Ces objets sont des must have pour les collectionneurs qui auront rarement l’occasion d’une édition aussi bien personnalisée dans ce qu’elle peut avoir de puissamment cinématographique, à l’exception peut-être des Digibooks de Coin de Mire.

Au niveau des bonus vidéo, la bande-annonce originale est un plaisir et une présentation de Jean-Baptiste Thoret essaie de retrouver, via une analyse, les éléments personnels, inhérents à Coppola, dans cette production commandée par un studio dont le premier choix ne s’était pourtant pas porté sur le cinéaste. Le journaliste vous dira beaucoup de choses autour de cette œuvre.

Peggy Sue s'est marié, archives cinédweller, sortie VHS CBS FoxImage : 4 / 5

Le master respecte le format 1.85 du film. L’image est frustrante par rapport au potentiel auquel nous a habitué le cinéaste, mais la restitution, elle, fourmille de qualités sans atteindre le haut du panier des récentes restaurations 4K. C’est dans l’éclairage et l’appréhension des décors que le blu-ray se distingue, avec une restitution flamboyante de la colorimétrie du film.

Son : 4 /5

Proposé en Mono en 1986 (USA) et 1987 (France), le blu-ray propose une piste étrangère en 5.1. C’est sur la musique, très présente et signée – entre autres- John Barry, que la spatialisation porte. Les puristes se réfugieront sur la piste mono (DTS HD Master Audio) en version originale, pour retrouver la vraie dynamique du film qui passe chaleureusement le test du temps.

La VF est évidemment en Mono, pour retrouver le doublage mythique de Kathleen Turner, seulement.

Frédéric Mignard

Jaquette DVD et blu-ray de Kathleen Turner dans Peggy Sue s'est mariée, Carlotta

© 1986 TriStar Pictures, Inc. Tous droits réservés

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