Box-office USA : Le manoir hanté déserté pour Barbie et Oppenheimer. Disney encore perdant. Retour sur une année noire pour le studio dont le bilan prend un tournant désastreux. Analyse également des chiffres gagnants et perdants du week-end.
Disney n’en finit plus de décevoir aux USA. Malgré le bon score des Gardiens de la Galaxie 3 (358M$ en 13 semaines) qui reste toutefois en deçà des 389M$ du second volet, Disney a perdu beaucoup dans les salles américaines :
- Ant-Man et la Guêpe : Quantumania a péniblement atteint les 214M$, doublant à peine ses chiffres d’ouverture
- La Petite Sirène est à la porte des 300 000 000$ en 10 semaines, mais toujours en-deçà d’Aladdin (355M$ en 2019), La Belle et la Bête (504M$ en 2017), Le Livre de la jungle (364M$ en 2016) et évidemment Le Roi Lion (543M$ en 2019). Ce n’est pas un désastre, mais le classique de 1990 était la carte maîtresse restante du studio en matière de Live Action Reimaginings.
- Elémentaire a eu beau se maintenir pendant tout l’été, son démarrage catastrophique rend ses 144M$ en 7 semaines totalement insipides. Le film d’animation de 200M$ de budget peut au moins se satisfaire d’avoir fait mieux que Buzz l’éclair en 2022 (118M$) et surtout Le voyage d’Arlo (123M$ en 2015), mais il incorpore le club ultra réduit des 8 films qui n’auront pas dépassé les 200M$ à l’issue de leur exploitation en salle. Toutefois les recettes américaines dépendant de l’inflation, on rappellera que les 192M$ de Toy Story en 1995 équivalent à 403M$ en 2023, les 162M$ de 1001 Pattes en 1998 à 314M$ aujourd’hui, que les 191M$ de Cars 2 en 2011 donneraient 252M$ en 2023, et même Le voyage d’Arlo a franchi les 150M$ avec le taux d’inflation. Elémentaire souffre vraiment de recettes calamiteuses.
- Indiana Jones et le cadran de la destinée s’essouffle à près de 100M$ alors qu’il en a coûté 300M$ et n’arrive pas à doubler son démarrage à 60M$.
Les Films Pixar
Evidemment, tous ces mauvais points succèdent aux désastres que furent Avalonia, Amsterdam, Buzz l’éclair, Encanto, Les Eternels, Jungle Cruise, Black Widow, Raya et le dernier dragon, et aux conséquences d’une flopée de mauvaises décisions s’orientant vers le développement de la plateforme Disney+ au détriment de la structure salle historique.
Après deux ans de piteux service, le PDG Bob Chapek a été remercié en novembre 2022 et c’est Bob Iger, qui avait dirigé brillamment le studio de 2005 et 2020, qui est revenu paver le chemin vers un avenir plus solide. Il a immédiatement recentrer les priorités d’un studio à la dérive sur le cinéma, le grand écran, et non la plateforme de streaming. Toutefois, il doit essuyer les plâtres des sorties actuelles comme celle de The Haunted Mansion.
Ce week-end, la sortie du Manoir hanté, nouvelle adaptation d’une attraction des parcs à thèmes Disney après Pirates des Caraïbes ou Jungle Cruise, est un nouveau bide au démarrage. Avec 3 740 cinémas, cette aventure surnaturelle ne conjure pas le mauvais sort. Elle l’aggrave : 24M$ en 3 jours pour un budget de 150M$. On est donc face à une nouvelle catastrophe qui ne devrait pas être sauvée par l’international où son potentiel est mince au vu du casting (Rosario Dawson, LaKeith Stanfield, Owen Wilson, Tiffany Haddish, Jared Leto, Jamie Lee Curtis, Danny DeVito). C’est la seconde fois que le studio Disney floppe sur ce titre, après une adaptation catastrophique avec Eddie Murphy, réalisée pour 90M$ en2003. Le Manoir hanté et les 999 fantômes avait alors démarré au même niveau (24M$), mais avec plus de spectateurs dans ses salles, pour finir à 75M$ aux USA et 182M$ dans le monde. Sa sortie hivernale avait limité sa force de frappe. La version 2023 peut a priori compter sur le mois d’août pour perdurer. Néanmoins, Les Teenage Mutant Ninja Turtles reviennent le 2 août et devraient logiquement diviser ses recettes au moins de 50%. Les critiques très mitigées ne l’aideront pas. Le public semble néanmoins, à la sortie de salle, plus positif à son égard qu’en 2003 à l’égard du Eddie Murphy qui était totalement rance.
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Barbie est le triomphe de l’été 2023
Si l’on écarte les films Disney du moment, le box-office du week-end a été radieux.
Barbie – que nous avons finalement détesté -, réalise un magnifique deuxième tour (93M$, – 42.6%, total extravagant de 351M$). Le blockbuster Warner est indéniablement le triomphe de l’été 2023 et va dépasser le numéro 1 du début de la saison, Spider-Man: Across the Spider-Verse (378M$ en 9 semaines). Si la projection du film de Greta Gerwig nous a été insupportable, on ne manquera pas de souligner une fois de plus l’amour indéniable des spectateurs à son égard.
Christopher Nolan est digne : Oppenheimer ne perd que 44% de sa fréquentation (46M$, total de 174M$) et convole déjà à 400M$ avec l’ensemble des chiffres internationaux. Sound of Freedom réalise encore du chiffre (12.4M$, total de 148M$), encouragé par les politiciens de droite et autres fervents admirateurs du complotisme de QAnon. Attention, le triomphe d’un film politisé, de Gauche ou de Droite, n’est nullement un signe de victoire aux prochaines élections. On se souvient du phénomène de Gauche, Fahrenheit 9/11 de Michael Moore. Son insolente santé en salle n’avait pas empêché le Républicain George W. Bush de rempiler à la Maison Blanche, malgré le portrait à charge qui en était fait dans le film.
L’autre nouveauté du week-end du 28 juillet était un film d’épouvante distribué par A24 : Talk to Me (The Hand, pour reprendre son titre français) trouve 10M$ à encaisser sur 2 340 sites. Dans le même genre, on est proche des 13M$ d’Hérédité d’Ari Aster, sur cette même période, que la structure indépendante culte avait distribué. Le petit budget de 4.5M$ de cette production australienne en fait un gagnant facile dans un contexte où les productions horrifiques attirent même quand, qualitativement, elles sont nullissimes. Ainsi Insidious : The Red Door figure toujours dans le Top 10, à l’issue de son 4e week-end, avec 3M$ et un total surréaliste de 78M$.
Insidious The Red Door © 2023 Sony Pictures. All Rights Reserved.
Tom Cruise est la victime collatérale de “Barbenheimer”
Tout le monde reste déçu par les 139M$ de Mission Impossible : Dead Reackoning Part One (à peine 10.7M$ pour son 3e week-end). Tom Cruise doit se faire à l’idée de ne pas briller cette année. Il est la victime collatérale du duel au sommet entre Barbie et Oppenheimer. Ce 7e épisode, budgété à 300M$, affiche des chiffres décevants partout dans le monde. Or, il a la lourde tâche de préparer le monde au second épisode qui ne sortira que dans deux ans. Pour Tom Cruise qui a pris tant de risques physiques sur ce premier film, on peut imaginer le désarroi et un sentiment d’injustice. La Covid a contraint Paramount de repousser sa sortie d’un an.
Pas trop gaga du manga The First Slam Dunk
Petite déception en 12e place pour The First Slam Dunk de la Toei Animation qui génère 625 000$ dans 581 cinémas, soit une moyenne insuffisante de 1 076$. Pour ce 5e plus gros animé de l’histoire, avec des recettes globales de 263M$, on est très loin des autres films d’animation japonais récents comme Suzume (5 000 000 $ dans plus de 2 000 cinémas), One Piece Film : Red (9 300 000$ dans 2 367 cinémas), Dragon Ball Super: Super Hero (21M$ dans 3 018 cinémas), Jujutsu Kaisen (18M$ dans 2 418$)… Au moins fait-il mieux que le 4e et dernier Rebuild of Evangelion, Evangelion: 3.0+1.01 Thrice Upon a Time qui avait déçu en décembre 2022, avec 320 000$ dans 745 cinémas. Il est vrai que cet opus durait pas moins de 2h30. Tous les autres mentionnés plus haut étaient nettement plus court, puisque seul Suzume franchissait (et de justesse) les 2h.
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