Avalonia, l’étrange voyage, flop historique aux USA, rejoint Atlantis, l’empire perdu et La planète au trésor au rayon de l’animation Disney vieillotte et laide.
Synopsis : Les Clade, une famille d’explorateurs légendaires, découvrent un monde inexploré, plein de dangers et peuplé de créatures fantastiques. Ils sont aidés dans leur quête d’un blob espiègle et de leur chien à trois pattes. Hélas, les querelles entre ses différents membres menacent de faire échouer cette nouvelle mission, qui est – de loin – la plus cruciale.
Avalonia, le film cinéma qui ne parut que sur Disney+… en France
Critique : Envisagé un moment pour le cinéma en France, Avalonia, l’étrange voyage a vu sa sortie en salle invalidée par la maison mère Disney. Il s’agissait de refuser de se plier à la chronologie des médias hexagonale, afin de faire pression sur le ministère de la culture pour arranger le système en faveur de la plateforme de streaming, Disney+.
Ce cas d’école est un peu unique, puisque dans le reste du monde, Avalonia est bien sorti en salle au mois de novembre. Mais les résultats effroyables, avec 33M$ en 4 semaines d’exploitation pour un budget entre 120 et 180M$, ont démontré que Disney avait un autre souci bien plus important que la chronologie des médias françaises, la crédibilité de son secteur animation qui est loin de faire fantasmer : Frère des Ours, La ferme se rebelle, Chicken Little, Bienvenue chez les Robinson, Volt star malgré lui, Milo sur Mars, Les mondes de Ralph, Les nouveaux héros, Raya et le dernier dragon… Tous ces longs sont loin d’être des classiques. Ce sont même des essais de réinvention très médiocres et souvent très laids.
Un jeune héros LGBT
Alors qu’est-ce qui accable Avalonia? Véritable fable écologique avec un discours fort à destination de ses jeunes spectateurs (première romance gay entre deux ados dans un film animé Disney), ce Monde étrange marie aussi les ethnies et pousse le discours woke de l’acceptation de l’autre en filigrane, au plus près du militantisme, ce qui lui a valu de sacré écueils sur les forums où la production animée a reçu des commentaires assassins qu’elle ne méritait pas. Une politique presque transgressive de la part de Disney qui vient exacerber un peu plus la polarisation des Etats-Unis au détriment de la majorité silencieuse, ces spectateurs qui se fichent des guéguerres puériles qui enveniment les écoles américaines et qui considèrent ne pas avoir besoin de Disney pour inculquer des valeurs humanistes à leurs enfants. Le studio, plus éducateur que conteur, montre ainsi ses limites quand il s’agit d’animer une fiction par son récit ; les scénaristes sont empêtrés par le discours de bienveillance qui relève de l’échantillonnage mathématique. Or les mathématiques, cela n’a jamais fait battre les cœurs.
Un patchwork de luttes idéologiques qui ne mènent à rien
Ce patchwork de superficialité nous conduit donc à encourager le studio à lutter contre les discriminations en plaçant ces sujets de société au cœur d’une intrigue. La crédibilité artistique de ses talents gagnerait à s’investir vraiment dans une belle histoire d’amour au masculin ou féminin, avec des enjeux dramatiques liés à cette différence de genre ou d’orientation sexuelle. Cela serait plus intense, plus adulte aussi et autrement plus saisissant.
En outre, au lieu de chercher à systématiquement rapprocher les couleurs par des mariages factices, le studio pourrait peut-être enfin produire un film animé dans le contexte de la lutte pour les droits civiques, voire de l’esclavage, mais en se focalisant sur les discriminations ethniques comme carburant… Il y aurait tant d’histoires à raconter sur ces luttes ou ces amours mixtes présentées dans Avalonia comme une simple norme, alors qu’aujourd’hui aux USA, cela relève encore du combat face au conservatisme et aux suprémacistes blancs.
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Avalonia dans son arithmétique part dans tous les sens et abîme ainsi le message le plus important du film, à savoir la préservation de notre environnement. En effet, la fable écolo voulue est difficilement accessible. D’ailleurs, dans la dernière partie du récit, on passe totalement à côté de l’accomplissement narratif, en l’absence de vilains d’envergure pour donner du relief à l’intrigue.
Et l’écologie dans tout cela?
Les enjeux de survie pour la ville d’Avalonia sont aussi à peine développés. On aurait aimé voir celle-ci en danger pour donner de l’ampleur à ce périple aux sources d’une nature souterraine organique. Une trame paternaliste se substitue alors au dessein vert et l’on ne retient rien d’autre qu’une morale ronflante sur les pères étouffants qui veulent déterminer l’avenir de leurs enfants en fonction de leurs passions et donc de leur boulot. Attention, l’excès de stabilo est dangereux pour la santé des spectateurs.
Ce sentiment ressenti à l’issue de la projection est préjudiciable aux efforts graphiques mis en place dans la fantaisie pour dépeindre cette contrée habitée par des créatures de pure science-fiction, nombreuses et très travaillées, entre blob et aliens volants. Il y a de l’idée, mais c’est tellement chaotique qu’on ne s’accroche à rien. Le mélange de ruralité (le jeune héros est le fils d’un fermier, lui-même fils d’un aventurier archaïque à la Indiana Jones) et de science-fiction vintage, avec des appareils volants obsolètes, renvoie cette aventure intérieure dans la matrice terrestre aux naufrages commerciaux qu’ont été La planète au trésor et Atlantis, l’empire perdu, deux récits d’aventure au masculin qui mixaient les récits du XIXe siècle de grands auteurs comme Stevenson et Jules Verne, à un verbiage moderne comme pour s’excuser auprès du jeune public de toucher aux mythes d’hier.
Un loupé industriel
Disney, dans le déni de ses échecs passés donne l’impression de réitérer les erreurs d’hier – le ringardisme, osons le terme -, aggravé par toute la mièvrerie de son époque. Cela explique probablement pourquoi l’échec fut aussi conséquent aux Etats-Unis, avec une perte de plus de 100 millions de dollars.
Avalonia, l’étrange voyage est un loupé industriel qui devrait amener le studio à se poser les bonnes questions, notamment sur ses approches marketing, car in fine, même si ce n’est pas un grand cru, ce 61e ” classique” de l’animation Disney ne méritait pas non plus un cercueil comme accueil. On a vu pire au sein de la major. La longue liste citée plus haut mettre tout le monde d’accord.
Sorties de la semaine du 21 décembre 2022
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