Le Roi Lion (2019) : la critique du film (2019)

Aventure, Animation, Famille | 1h58min
Note de la rédaction :
4/10
4
Affiche du Roi Lion

  • Réalisateur : Jon Favreau
  • Date de sortie: 17 Juil 2019
  • Nationalité : Américaine
  • Titre original : The Lion King
  • Compositeur : Hans Zimmer
  • Chansons du film Tim Rice, Elton John
  • Distributeur : The Walt Disney Company France
  • Éditeur vidéo :
  • Date de sortie vidéo :
  • Box-office USA / Chine / Monde
  • Box-office France / Paris-Périphérie
Note des spectateurs :

Entre simulacre de réalisme et réplique du film d’animation, Le Roi Lion version 2019, ne choisit pas et rate sur les deux tableaux. Subsiste l’impression désagréable d’un film figé et désincarné.

Synopsis : Au fond de la savane africaine, tous les animaux célèbrent la naissance de Simba, leur futur roi. Les mois passent. Simba idolâtre son père, le roi Mufasa, qui prend à cœur de lui faire comprendre les enjeux de sa royale destinée. Mais tout le monde ne semble pas de cet avis. Scar, le frère de Mufasa, l’ancien héritier du trône, a ses propres plans. La bataille pour la prise de contrôle de la Terre des Lions est ravagée par la trahison, la tragédie et le drame, ce qui finit par entraîner l’exil de Simba. Avec l’aide de deux nouveaux amis, Timon et Pumbaa, le jeune lion va devoir trouver comment grandir et reprendre ce qui lui revient de droit…

Affiches simba jeune et adulte dans Le Roi Lion

©2019 Disney Enterprises, Inc. All Rights Reserved.

Critique : L’argument technologique semble implacable, irréfutable. Conçu à l’aide d’un moteur de jeu et des outils de réalité virtuelle que l’on nous annonce comme à la pointe de la technologie, permettant au réalisateur, Jon Favreau, de faire ses repérages, se promener et filmer comme s’il se trouvait réellement en Afrique. Le film est fait pour imprimer la rétine du spectateur.

Pour charpenter le tout, et dans la logique de la suite de remakes de ses classiques étant déjà sortis au cinéma, rien de moins que Le Roi Lion, l’un des plus gros succès de la firme, sorti en 1994 et réalisé par Roger Allers et Rob Minkoff, sur une musique de Hans Zimmer et des chansons d’Elton John et Tim Rice.

Avec une adaptation au succès fracassant sur les planches de Broadway trois ans plus tard, le classique des studios Disney est donc un marqueur important de la culture populaire américaine.

On comprend dès lors tout l’intérêt de la firme d’en proposer une nouvelle version. 

Nouvelle, vraiment ?

Mufasa et Simba

Crédits : The Walt Disney Company France

Le Roi Lion, le même film, 15 ans plus tard.

Un soleil levant, une voix puissante qui le salue, une procession des animaux de la savane. L’intro du film Le Roi Lion est connue. Présentant un régime monarchique dont le pouvoir se transmet par le sang, c’est tout le royaume qui vient saluer la naissance du futur roi. Les plans sont à peu près les mêmes, quoique moins larges que dans son pendant animé.

Le titre martelé, et c’est la même petite escapade d’un mulot dans une caverne qui finit entre les pattes de l’oncle maudit, du frère maléfique, Scar.

En bref, rien ne change. Dans le générique de fin, on peut lire « basé sur le film d’animation de 1994 » (ou quelque chose d’approchant) mais c’est bien le moins que l’on puisse dire, puisque le long-métrage est entièrement calqué sur son aîné (toujours aucune mention, en revanche, d’Osamu Tezuka dont l’oeuvre Le Roi Léo inspira largement le film des studios Disney).

On remarquera, de-ci de-là, quelques petites scènes ajoutées à certaines séquences allongées, quelques petites variations de plan ou de dialogues, et même un nouveau morceau de Beyonce venu souligner le départ de Simba de son havre de paix. Mais rien qui ne change réellement le point de vue sur les personnages ou l’histoire.

Un propos que l’on ne pardonne plus.

Si Le Roi Lion était merveilleux pour les enfants que certains d’entre nous étions en 1994, séduisant pour ses couleurs et sa bande originale très réussie, en voir aujourd’hui une copie qui ne prend pas la peine de s’interroger sur les valeurs qu’il véhicule pose problème.

Des valeurs très conservatrices, qui subliment la monarchie de droit divin comme un modèle d’équilibre. Des valeurs qui légitiment une harmonie entre certains animaux tout en en excluant d’autres, les hyènes qui vivent dans l’ombre et sont perpétuellement affamées, comme une classe sociale défavorisée qu’un gouvernement voudrait cacher, ou des immigrés meurtris à qui l’on refuserait l’entrée sur le territoire. Des hyènes conduites par une femelle, une organisation qui s’impose donc comme le négatif du royaume de la lumière sur lequel règnent Mufasa et Simba, des mâles affirmés. 

On peut y lire une effarante légitimation du capitalisme américain et de la politique anti-migratoire de Trump, jamais remise en question ne serait-ce que par des interrogations des personnages principaux, là où le remake d’Aladdin proposait au moins un rôle plus puissant à une Jasmine coincée dans un système patriarcal.

Dès lors, l’on comprend que la volonté est bien de réitérer le même succès en proposant absolument le même film, ou presque.

Scar

Crédits : The Walt Disney Company France

L’argument technologique du film Le Roi Lion.

La principale différence est évidemment d’ordre visuel. Vendu dès son annonce comme étant un film « live-action », Le Roi Lion de Jon Favreau est pourtant bel et bien un film d’animation. Mais le parti pris esthétique est d’en faire un film à l’environnement et aux personnages photo-réalistes, comme une démonstration de savoir faire technique.

Mais l’art a-t-il besoin de photo-réalisme pour transmettre des émotions ? 

Un trait de crayon, un environnement peint, une stylisation des formes, toutes ces techniques participent à extraire l’essence pure d’un sentiment, d’une idée. 

Mais il semble ici, avec cette course à la technologie, qu’il n’est plus question de support à l’expression artistique, mais que le simulacre de ce que l’on appelle la réalité est l’horizon indépassable dans lequel le principe de l’art se fond et justifie toutes les avancées technologiques, et encourage tous les remakes possibles.

Or si ce principe a bel et bien une limite, Le Roi Lion de Favreau s’y fracasse allègrement.

Le vilain Scar dans Le Roi lion

©2019 Disney Enterprises, Inc. All Rights Reserved.

Le Roi Lion, une coquille désincarnée…

De ce nouveau départ esthétique, il aurait pu y avoir une proposition forte et radicale, un film muet qui mettrait en scène, puisqu’il le faut, la même histoire. Mais les studios ont préféré jouer double-jeu : photo-réalisme et postures de dessin animé.

Le résultat est un film étrange, dans lequel des animaux, qui ne sont pas équipés pour parler ou avoir autant d’expressions faciales qu’un être humain, parlent et chantent. Les babines remuent, les gueules s’agitent et les têtes penchent et tournent, mais rien se passe sur le plan de l’émotion puisque l’on y croit pas une seule seconde. Parfois, sur certains morceaux chantés, les gueules semblent même figées.

Impossible alors de fusionner l’interprète et son personnage, on imagine beaucoup trop facilement James Earl Jones, Donald Glover ou Beyoncé Knowles en cabine de doublage s’amusant sur des images du National Geographic comme certaines émissions humoristiques. 

La mise en scène est à l’avenant. Très étriquée, contrainte par la direction artistique qui se veut proche de la réalité, l’ensemble est finalement en dessous du dessin animé qui pouvait se permettre quelques folies dans la mise en scène des numéros musicaux. À l’image de la chanson Je voudrais déjà être roi qui se terminait en une grande pyramide impossible des animaux de la savane, ici l’on se contente de suivre Simba et Nala slalomer entre les pattes des girafes dans une mare où elles s’abreuvent. Et c’est pareil pour tout le film.

Simba, Nala et Zazu

Crédits : The Walt Disney Company France

…dans lequel l’ennui guette.

Alors, une fois habitué aux impressionnantes images de synthèse lors de l’introduction, on finit par s’ennuyer. À peine esquissera-t-on quelques sourires à certaines blagues du duo Timon et Pumbaa, doublés par les excellents Billy Eichner et Seth Rogen. Quoique leur humour essentiellement composé de clins d’œil appuyés aux spectateurs lasse vite. 

La mise en scène de Favreau n’est jamais stimulante, même dans le morceau de bravoure que constitue la débandade des gnous. Tout paraît mou, beaucoup trop contraint aux lois de la gravité pour un film qui reste, somme toute, une fantaisie animalière. On repense avec gourmandise à certains modèles du genre, comme Happy Feet de George Miller, qui ne sacrifiait pas sa mise en scène sur l’autel du réalisme et proposait des séquences d’animation dingues.

Mais le choix d’employer l’un des réguliers de la firme, homme à tout faire (comme son rôle dans les films Marvel) passant de licences en licences sans y imprimer quoi que ce soit de mémorable, permet sans doute d’avoir l’assurance que les films ne déborderont pas sur des prétentions d’auteur indésirables. Il se glisse facilement dans les univers des autres, et demeure sans doute un technicien très capable qui connait les rouages des films de cette ampleur.

Au final demeure donc la sensation d’un film vain, conçu pour être une démonstration technique qui fera sans doute sensation dans les salles de cinéma, mais qui sera vite oublié et, surtout, très vite daté. 

Ce que n’est pas, en revanche, le film original.

Critique : Franck Lalieux

Disney live action reimagining

Les sorties du mercredi 17 juillet 2019

Le Roi lion affiche définitive

©2019 Disney Enterprises, Inc. All Rights Reserved.

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Affiche du Roi Lion

Bande-annonce du film Le Roi Lion

Aventure, Animation, Famille

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