Ant-Man et la Guêpe – Quantumania est un pur Marvel, sans ingéniosité, mais divertissant, limité par un trop-plein d’effets spéciaux.
Synopsis : Les super-héros et partenaires Scott Lang et Hope Van Dyne – alias Ant-Man et la Guêpe – vont vivre de nouvelles péripéties. En compagnie de Hank Pym et Janet Van Dyne – les parents de Hope – le duo va explorer la dimension subatomique, interagir avec d’étranges nouvelles créatures et se lancer dans une odyssée qui les poussera au-delà des limites de ce qu’il pensait être possible.
Bienvenue dans Avengers : The Kang Dynasty
Critique : Film de série à l’intérêt limité, Ant-Man et la Guêpe – Quantumania a l’honneur de semer les jalons d’une nouvelle dynastie, celle d’un vilain, Kang le Conquérant, qui s’érige d’entrée de jeu comme l’un des plus puissants et des plus intéressants de l’univers Marvel. Joué par l’impeccable Jonathan Majors (Creed 3), ce personnage à la temporalité qui échappe à notre réalité terrestre, sera des Avengers : The Kang Dynasty en 2025 et Secret Wars en 2026. Disney ne s’y est pas trompé, l’acteur a de la gueule, du tempérament, et surtout une incroyable propension à l’ambiguïté dans ses expressions et relève tout de suite le niveau d’un film familial au casting insipide.
Pour son troisième épisode en solo, Ant-Man est encore accompagné dans le titre de son alter ego féminin. La Guêpe est pourtant l’une des erreurs de casting les plus flagrantes des blockbusters de ce genre. Evangeline Lilly, inexpressive et fade, n’a rien de cet insecte à la vélocité féroce. Elle avait déjà causé beaucoup de mal au second Ant-Man par son manque d’incarnation. Le film fut par ailleurs l’un des moins pertinents des Marvel récents.
Le côté gentillet de Paul Rudd était probablement un point fort de la comédie Ant-Man 1. Dans ce troisième épisode, cet aspect cool est poussé à son paroxysme dans son rapport à la paternité avec le personnage adolescent joué par Kathryn Newton au jeu très limité. Malheureusement, Rudd, la cinquantaine passée, n’a plus le charisme jeunot d’antan. Le visage partagé entre des airs d’éternel adolescent et des traits fatigués, il mériterait de laisser son personnage gagner en maturité.
Le monde ne suffit pas
Ces trois personnages, axés sur la valeur ronflante de la famille, n’ont rien d’excitant à offrir dans un déluge d’effets spéciaux qui fait les yeux doux aux spectateurs. Les producteurs et scénaristes d’Ant-Man et la Guêpe – Quantumania ont décidé que le monde ne suffisait pas. Pour s’éloigner du contexte terrestre de moins en moins plausible de par la surdensité superhéroïque, ils misent donc, à l’instar de Doctor Strange in the Multiverse of Madness, sur des dimensions de réalité physique autres, où les infinis spatiaux temporels offrent des perspectives de macrocosme inédit et où tout est donc à inventer. A condition d’avoir de l’ambition et de l’imagination.
Ant-Man et la Guêpe – Quantumania est ainsi une relecture incroyable du Retour du Jedi, avec son périple auprès de monstres, créatures et humanoïdes, où le loufoque (une sorte de professeur Simon diabolique, fort de son cerveau protubérant) côtoie le “what-the-fuck” (les bâtiments vivants et pachydermiques qui abritent les rebelles de ce domaine quantique). On peut y apprécier ce clin d’œil prometteur en aventures et en surprises, mais on peut aussi très vite se lasser du tout numérique. Film de l’écran vert où tout s’assimile à de la synthèse d’image, Ant-Man et la Guêpe – Quantumania est le contraire de ce qui est voulu et peut-être attendu, un spectacle impressionnant aux visions époustouflantes. L’échelle et la variété des éléments déployés à l’écran devaient visiblement répondre à ce désir du “prepare to be awed” (l’anglais est intraduisible à ce niveau), mais en réalité nourrit un sentiment de déception. Le spectateur aura du mal à être épaté par cette entièreté numérique, à moins d’avoir moins de 14 ans.
Ant-Man et la Guêpe – Quantumania, un déluge forcément excessif d’effets numériques
Ant-Man 3 a été créé par une armée de petites fourmis anonymes issues du département technique, ce qui annihile la possibilité de saluer le travail d’un seul homme. Le réalisateur et les auteurs sont invisibilisés, voire discrédités et l’on se demande bien qui est ce Monsieur Peyton Reed et ce qu’il a bien pu réaliser dans cette manifestation patente des capacités infinies de l’informatique contemporaine.
Tous les éléments reprochés ne rendent pas le film inintéressant ou déplaisant. Ant-Man et la Guêpe – Quantumania a bien quelques charmes. Outre la relecture du manichéisme qu’offre le grand Kang (encore une fois Jonathan Majors est, osons la redondance, une révélation majeure), on saluera également le glamour de Michelle Pfeiffer. L’actrice est de retour dans un univers d’aventure qui lui sied finalement bien, après des premiers pas moins convaincants précédemment. Son personnage dissimule à merveille des secrets que l’on perce non sans envie quand, à l’écran, son Michael Douglas de mari nous laisse de marbre. Comme quoi, une actrice d’âge mature peut en un seul film, éclipser les personnages super-héroïques qui sont sa fille (la Guêpe) et par extension sa petite-fille, et même son beau-fils. En cela, on restaure la primauté du talent de comédien sur celui des coquilles vides et stéréotypées qu’incarne une grande partie du casting.