Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter) : la critique du film (1979)

Drame, Guerre | 3h03min
Note de la rédaction :
9/10
9
Affiche reprise 2013 de Voyage au bout de l'enfer

  • Réalisateur : Michael Cimino
  • Acteurs : Robert De Niro, Meryl Streep, Christopher Walken, Rutanya Alda, George Dzundza, John Savage, John Cazale, Joe Grifasi
  • Date de sortie: 21 Mar 1979
  • Année de production : 1978
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : The Deer Hunter
  • Titres alternatifs : Łowca jeleni (Pologne), O Franco Atirador (Brésil), O Caçador (Portugal), El francotirador (Mexique), El cazador (Espagne), Die durch die Hölle gehen (Allemagne), Il cacciatore (Italie)...
  • Autres acteurs : Chuck Aspegren, Shirley Stoler, Pierre Segui, Mady Kaplan, Amy Wright, Mary Ann Haenel, Richard Kuss, Christopher Colombi Jr., Victoria Karnafel, Jack Scardino, Joe Strnad, Helen Tomko, Paul D'Amato...
  • Scénaristes : Deric Washburn, d'après une histoire de Michael Cimino, Deric Washburn, Louis Garfinkle, Quinn K. Redeker
  • D'après une oeuvre de :
  • Monteur : Peter Zinner
  • Directeur de la photographie : Vilmos Zsigmond
  • Compositeur : Stanley Myers
  • Chef Maquilleur :
  • Chef décorateur :
  • Directeurs artistiques : Ron Hobbs, Kim Swados
  • Producteurs : Michael Cimino, Michael Deeley, John Peverall, Barry Spikings
  • Producteurs exécutifs :
  • Sociétés de production : Universal Pictures, EMI Films
  • Distributeurs : Les Artistes Associés (France) / Universal Pictures (USA) / Columbia-EMI-Warner (Royaume-Uni)
  • Distributeur reprise : Action Gitanes (reprise 2000), Carlotta (reprises 2005, 2013, 2018)
  • Date de sortie reprise : 23 février 2000, 1er juin 2005, 23 octobre 2013, 25 juillet 2018
  • Editeur vidéo : Thorn EMI Video (VHS, France) ; Warner Home Vidéo (VHS, Best of Warner), Canal + Vidéo Classique (DVD), Canal + Vidéo (13ème Rue, la collection Action et Supense) StudioCanal (DVD), StudioCanal (DVD, Le Cinéma du Monde), DVD (Les Collections Atlas), Studio Canal (édition 2 DVD définitive), StudioCanal (Edition collector, DVD), Studio Canal (Blu-ray), Studio Canal (4K Ultra HD, steelbook), StudioCanal (Edition 40e anniversaire, 4K Ultra HD + blu-ray)
  • Date de sortie vidéo : 24 février 2003 (Canal + Vidéo, DVD), 7 juillet 2003 et 1er janvier 2008 (DVD, StudioCanal), 23 mai 2005 (édition 2 DVD définitive), 23 septembre 2008 (édition collector DVD), 23 septembre 2008 (blu-ray édition standard), 18 septembre 2018 (Coffret 40e anniversaire), 1er janvier 2020 (Blu-ray, simple), 1er mars 2023 (4K ultra HD, édition simple), 1er juillet 2023 (DVD)
  • Budget : 15 000 000 $
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 1 932 746 entrées / 593 165 entrées
  • Box-office France reprises : 7 349 (2000), 2 296 (2005), 3 037 (2013), 1 243 (2018)
  • Box-office nord-américain / ajusté au taux du dollar en 2023 50 000 000$ / 195 000 000$*
  • Classification : Interdit aux moins de 13 ans avec avertissement à sa sortie. Désormais, interdit aux moins de 12 ans
  • Formats : 2.20 : 1 (pour les copies 70mm), 2.39 : 1 / Couleur (Eastmancolor, 35mm, gonflé en 70mm)
  • Festivals : Berlin International Film Festival (1979)
  • Nominations : 9 nominations aux Oscars : Meilleur réalisateur, Meilleur Film, Meilleur acteur (Robert De Niro), Meilleur acteur dans un second rôle (Christopher Walken), Meilleure actrice dans un second rôle (Meryl Streep), Meilleur scénario original, Meilleure photo (elle est signée par le légendaire Vilmos Zsigmond), Meilleur montage, Meilleure bande son ; 8 nominations aux BAFTA ; 6 nominations aux Golden Globes (1979)
  • Récompenses : 5 Oscars en 1979 : Meilleur film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Acteur dans un second rôle, Meilleur Montage, et Meilleur prise de son ; 2 victoires aux BAFTA 1980 (Photographie, Montage) ; Meilleur film aux Golden Globes (1979)
  • Illustrateur/Création graphique : Affiche reprise 2013 de Voyage au bout de l'enfer - Design : Dark Star pour Carlotta. © 1978 - Canal + Image UK. Tous droits réservés / All rights reserved Affiche cinéma © Tom Jung. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 1978 EMI Films, Inc. © 1978 - Canal + Image UK. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Attaché de presse : Gilbert Guez
Note des spectateurs :

Voyage au bout de l’enfer est l’un des deux chefs d’œuvre de Michael Cimino, avec La porte du paradis (1981). Mais son seul triomphe. Le jeune cinéaste, après avoir réalisé Le Canardeur (1974), dans lequel il dirigeait Clint Eastwood, devient soudainement le cinéaste qui compte, éclipsant Spielberg et Coppola, au firmament d’un Nouvel Hollywood sur le point d’imploser.

Synopsis : 1968. Cinq amis, Mike, Steven, Nick, Stan et Axel, travaillent dans l’aciérie de la petite ville de Clairton, Pennsylvanie. Unis par un travail éprouvant, les cinq hommes forment une bande très liée. La vie suit son cours dans ce bourg d’immigrés russes où les histoires de cœur vont bon train : Steven épouse Angela, bien que celle-ci soit enceinte d’un autre, tandis que Nick flirte avec Linda, laquelle semble quelque peu troubler Mike. Mais cette tranquillité est rattrapée par la lointaine guerre du Vietnam lorsque Mike, Steven et Nick sont mobilisés pour partir au combat. L’expérience traumatisante du conflit va alors considérablement bouleverser leurs rapports une fois rentrés au pays…

1979 sera-t-elle l’année des Artistes Associés ?

Critique : En 1979, United Artists était très occupé. Le distributeur avait de la pellicule à projeter sur nos écrans et annonçait fièrement à la fin de 1978, son programme 79, dans un communiqué : Wanda Nevada de Peter Fonda, Hair de Milos Forman, Yanks de John Schlesinger, The Great Train Robbery de Michael Crichton, Last Embrace de Jonathan Demme, Raging Bull de Martin Scorsese, Le seigneur des anneaux de Ralph Bakshi, Hurricane de Jan Troell, Moonraker de Lewis Gilbert, The Brink’s Job de William Friedkin, Rocky II de Sylvester Stallone, Manhattan de Woody Allen, Comes a Horse d’Alan J. Pakula, Slow Dancing in the Big City de John G. Avildsen, L’invasion des profanateurs de Philip Kaufman, A Trip with Anita de Mario Monicelli, Le roi des gitans de Frank Pierson, La malazzetta de Sergio Corbucci, C’est la faute à papa de Joel Santoni, L’homme en colère de Claude Pinoteau, Deux clochards heureux de Sergio Citti… Bref, la société américaine implantée en France n’était pas là pour faire de la figuration. Certains titres changeront, d’autres seront traduits ou sortiront des années après, mais qu’importe. C’est la prévision des Artistes Associés 79. On respecte.

Christopher Walken dans Voyage au bout de l'enfer (The Deer Hunter) de Michael Cimino

Christopher Walken dans Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter) de Michael Cimino

Parmi les annonces, The Deer Hunter. La planche promotionnelle a été publiée en France le 1er décembre 1978 et le film ne sort aux USA qu’une semaine plus tard, un 8 décembre, de façon limitée pour lui permettre de concourir aux Oscars. Une discipline de studio aux rouages huilées qui s’applique encore 45 ans plus tard. Visiblement, le titre français n’est pas encore tombé (à savoir l’apposition de Voyage au bout de l’enfer et de The Deer Hunter. Oui, le titre français est officiellement Voyage au bout de l’enferThe Deer Hunter, et rien d’autre. L’histoire a parlé.

The Deer Hunter : l’un des dix plus gros succès américains pour un film sorti en 1978 !

Le film aussi contesté soit-il par son rapport ambigu au cauchemar vietnamien qui divise l’Amérique traumatisée post Vietnam, est surtout le 8e plus gros succès de l’année 1978 aux USA. Cet objet de cinéma de trois heures réalise 50M$ dans un box-office nord-américain annuel comportant surtout des divertissements en 1e place Grease, 3e Superman, 4e Doux, dur et dingue, 5e Les dents de la mer 2, 6e le remake du Ciel peut attendre par Warren Beatty, 9e Halloween de Carpenter, et en 10e place, Le convoi de Sam Peckinpah. The Deer Hunter, malgré son obsession pour le jeu, jeu de guerre, roulette russe… n’est pas un divertissement et n’est pas là pour encenser une vision de la vie à brûler par les deux bouts. Son rapport aux personnages, présentés en profondeur lors de trois parties distinctes dans le temps, nous permet surtout d’épouser une communauté lituanienne ouvrière, et de pouvoir comprendre la complexité des enjeux humains. Nos futurs soldats, pour la partie deux, dans laquelle on est projeté au cœur de sa guerre, sans transition aucune et sans ménagement, ne sont pas des figures emblématiques mal brossées, mais des psychologies posées dans l’impersonnel du champ de bataille.

Voyage au bout de l’enfer, un titre pour Apocalypse Now, profite des déboires de Francis Ford Coppola

Un tel succès, avec des critiques dithyrambiques, un public emballé, et 5 Oscars, fait de Michael Cimino le dieu tout puissant d’Hollywood, profitant de l’absence de Francis Ford Coppola dont le tournage d’Apocalypse Now dérape et accumule les retards. Apocalypse Now aurait pu s’approprier le titre de Voyage au bout de l’enfer, avec plus d’un an de retard de livraison qui a vraiment servi l’ascension fulgurante de Michael Cimino le temps d’un film.

Meryl Streep dans Voyage au bout de l'enfer (The Deer Hunter) de Michael Cimino

Meryl Streep dans Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter) de Michael Cimino – © 1978 – Canal + Image UK. Tous droits réservés / All rights reserved

Les Artistes Associés, en France, décide d’une sortie le 7 mars. Et pour cause, mars est le mois des Oscars, celui où les nominations, tombées à la fin du mois de février, permettent aux heureux nominés d’avoir davantage d’échos dans nos salles, surtout en cas de victoires.

The Deer Hunter : de la chasse aux cerfs à la pêche aux Oscars

Woody Allen (Intérieurs), Alan Parker (Midnight Express), Warren Beatty (Le ciel peut attendre), Hal Hashby (le film anti Vietnam Retour / Coming Home, avec la militante Jane Fonda qui déteste The Deer Hunter pour ses ambiguïtés) et Cimino sont nommés dans la catégorie du Meilleur réalisateur. Du beau monde. Euphémisme.

The Deer Hunter décroche un flot de nominations : Meilleur réalisateur, Meilleur Film, Meilleur acteur (Robert De Niro), Meilleur acteur dans un second rôle (Christopher Walken), Meilleure actrice dans un second rôle (Meryl Streep), Meilleur scénario original, Meilleure photo (elle est signée par le légendaire Vilmos Zsigmond), Meilleur montage, et Meilleure bande son.

Avant Cannes, voilà le Cimino, la synthèse d’un cinéma d’auteur pour un public large et exigeant

Quand The Deer Hunter sort en France, le 21 mars 1979, elle dévoile l’image d’une Amérique détricotée qui cherche enfin la recomposition. Le film dingue de trois heures, interdit aux moins de 18 ans, est lancé sans concurrence frontale du côté du spectacle américain. La Fox a bien proposé Magic de Richard Attenborough, avec Hopkins et Ann Margret une semaine plus tôt, et Warner Columbia lance le 21/03, pour les jeunes adultes, Halloween 1, intitulé alors La nuit des masques, de John Carpenter… Mais rien de bien méchant. Les thématiques ne sont pas les mêmes. Voyage au bout de l’enfer est un drame psychologique, sur fond historique, sociologique, une œuvre hors-norme.

La vraie concurrence pour Cimino aurait été cannoise. Gilles Jacob a annoncé les nommés, en cette fin mars. Des titres magnifiques en provenance d’Amérique : Hair de Milos Forman, Le syndrome chinois de James Bridges, avec Jane Fonda, Les moissons du ciel de Terrence Malick, avec Richard Gere, Norma Rae de Martin Ritt… Des films d’auteur pour un public large qui s’intéresse aux USA dans sa mythologie, ses combats militants, ses communautés, ses ouvriers, sa radicalité, ses pouvoirs et contre-pouvoirs… L’esprit du cinéma de Cimino, donc.

Robert De Niro dans Voyage au bout de l'enfer (The Deer Hunter) de Michael Cimino

Robert De Niro dans Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter) de Michael Cimino

Le 21 mars, Voyage au bout de l’enfer est clairement la nouveauté du jour. Le film sort en avant-première sur la capitale française pendant 15 jours, dans le circuit UGC, avec 18 écrans (Paris + Périphérie). Si la comédie coquine Et la tendresse bordel ? de Patrick Schulmann caracole encore en tête en 4e semaine (77 903 entrées, dans 24 salles), Cimino est le héros du moment pour les cinéphiles. Dans l’antichambre des Oscars qui se tiendront le 7 avril, le cinéaste a déjà remporté de nombreux prix en préambule, dont le Golden Globe du Meilleur film. Mieux, il vient de rafler le 31e Prix de la Director Guild of America, qui, à l’exception de deux films en 30 ans, annonce systématiquement l’Oscar du Meilleur film…

Et le succès devint intergénérationnel

Aussi, les Parisiens se pressent : 69 188 spectateurs pour une œuvre de 3 heures, avec comme conséquence une séance en moins par salle. Au Rex, 12 088 spectateurs l’ont découvert dans des conditions optimales pour l’époque, hissant le palace en première place du classement salle. Le Bretagne (8 610), l’UGC Ermitage (8 276) ou l’UGC Odéon (7 199) réalisent aussi des scores remarquables.

The Deer hunter devra attendre trois semaines avant de pouvoir se dévoiler dans le reste de la France. Il passe en 3e semaine enfin à 100 000 spectateurs. Une bonne initiative puisque le 7 avril le cinéaste voit son film triompher lors de la 51e cérémonie des Oscars, avec 5 statuettes pour ce Voyage au bout du succès : Meilleur film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Acteur dans un second rôle, Meilleur Montage, et Meilleur prise de son. On notera l’Oscar de la meilleure actrice pour Jane Fonda, pour Retour, film complémentaire sur le Vietnam, et le retour des combattants, qui avait été dévoilé à Cannes, en mai 1978.

Affiche originale de Voyage au bout de l'enfer (The Deer Hunter) de Michael Cimino

Affiche originale de Voyage au bout de l’enfer (The Deer Hunter) de Michael Cimino © 1978 – EMI Films Inc. Tous droits réservés / All rights reserved

La carrière de Voyage au bout de l’enfer sera exaltante dans l’Hexagone, avec quatre mois dans le Top 30 national, une belle carrière à travers les quelques stations balnéaires de l’été 79, et un total de près de 2 millions d’entrées, vingt ans plus tard,  dont un peu plus de 500 000 Parisiens.

Devenue une véritable œuvre initiatique et une porte d’entrée dans la cinéphilie pour plusieurs générations, Voyage au bout de l’enfer invitera les spectateurs à le découvrir, au fil du temps, via de nombreuses reprises dans les années 80 et 90, proposant généralement des copies neuves. Par ailleurs, son regard sur le Vietnam, qui n’est pas celui d’un authentique film de guerre qui joue sur les explosions, l’action et les massacres, invitera à la réflexion pendant des décennies. Et pour cause, sorti très peu de temps après le retrait des Américains du Vietnam, Voyage au bout de l’enfer est indéniablement un précurseur qui, avec Apocalypse Now (1979) et Platoon (1986) est un incontournable pour tout ceux qui veulent mieux comprendre les enjeux humains et psychologiques de ce conflit.

Plus récemment, en 2000, 2005, 2013 et 2018, Action Gitanes, puis Carlotta, ont repris le film dans les salles, vérifiant le caractère culte et nécessaire de cette plongée dans l’Amérique désunie des années 70.

Voyage au bout de l’enfer est devenu un classique intergénérationnel que tout le monde a pu voir ou se doit de voir, d’autant que son omniprésence est frappante. Après des VHS, dès 1981 chez Thorn Emi, puis chez Warner Home Vidéo, le cauchemar larvé de Cimino a multiplié les éditions DVD entre 1998 et 2023. Une dizaine de DVD, dont une édition pseudo “définitive” 2 DVD en 2008, chez StudioCanal, des blu-ray, des éditions 4K (simple, steelbook)… La plus belle édition demeure celle parue en 2018, pour les 40 ans du film, avec une restauration 4K que Carlotta avait essayé d’exploiter en salle.

Aussi, pour une œuvre aussi vulgarisée à travers le temps, il serait inapproprié de s’essayer à une énième critique ou analyse du film. CinéDweller n’est pas là pour répéter les arguments précieux de Philippe Rouyer ou ceux de spécialistes comme  Jean-Baptiste Thoret, qui voue un culte au film et à Cimino, de façon plus globale. Ces deux journalistes sauront vous convaincre de la nécessité de découvrir cette date de l’histoire du cinéma, de celles qui réorientent une cinéphilie.

Frédéric Mignard

Les sorties de la semaine du 21 mars 1979

Affiche de la reprise de Voyage au bout de l'enfer (Carlotta, 4K, 2018)

Affiche de la reprise du Voyage au bout de l’enfer (Carlotta, 4K, 2018), StudioCanal, Carlotta

Biographies +

Michael Cimino, Robert De Niro, Rutanya Alda, Meryl Streep, Christopher Walken, George Dzundza, John Savage, John Cazale, Joe Grifasi

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Affiche reprise 2013 de Voyage au bout de l'enfer

Bande annonce de Voyage au bout de l'enfer

Drame, Guerre

Extrait de Voyage au bout de l'enfer

Extrait 2 de Voyage au bout de l'enfer

Extrait 3 de Voyage au bout de l'enfer

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