Moonraker : la critique du film (1979)

Action, Aventure, Blockbuster | 2h06min
Note de la rédaction :
6.5/10
6.5
Moonraker, l'affiche

  • Réalisateur : Lewis Gilbert
  • Acteurs : Roger Moore, Lois Chiles, Jean-Pierre Castaldi, Georges Beller, Michael Lonsdale, Brian Keith, Bernard Lee, Richard Kiel, Corinne Cléry, Mike Marshall, Geoffrey Keen, Desmond Llewelyn, Lois Maxwell
  • Date de sortie: 10 Oct 1979
  • Année de production : 1978
  • Nationalité : Britannique, Français
  • Titre original : Moonraker
  • Titres alternatifs : Moonraker: Misión espacial (Argentine), 007 Contra o Foguete da Morte (Brésil), Kuuraketti (Finlande), Måneraketten (Norvège), James Bond 007 - Moonraker - Streng geheim (Allemagne), Moonraker - Operazione spazio (Italie), 007: misión espacial (Mexique), Holdkelte (Hongrie), Operacija vesolje (Slovénie)...
  • Scénariste / D'après le personnage crée par :e : Christopher Wood / Ian Fleming
  • Directeur de la photographie : John Barry
  • Monteur : John Glen
  • Compositeur : John Barry
  • Chanson du générique : Moonraker, interprétée par Shirley Bassey
  • Producteurs : Albert R. Broccoli, Michael G. Wilson (producteur exécutif), associé à William P. Cartlidge,
  • Sociétés de production : Eon Productions, Les Productions Artistes Associés
  • Distributeur : Les Artistes Associés (France) / United Artists (Etats-Unis)
  • Distributeur reprise : CIC
  • Date de sortie reprise : 26 juin 1985
  • Editeur vidéo : Warner Home Vidéo (VHS), MGM / United Artists (DVD), Twentieth Century First (DVD, Blu-ray)
  • Date de sortie vidéo : 16 mai 2007 (DVD), 13 mai 2009 (DVD, blu-ray)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 3 171 274 entrées / 891 492 entrées
  • Box-office nord américain / monde : 70 308 099 $ (264 930 795$, ajusté en 2021) / 210 308 099$ (792 470 464$, à justé à l'inflation en 2021)
  • Budget : 34 000 000$ (128 116 776$, inflation 2021)
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleur / Dolby Stereo (copie originale 35 mm)
  • Festivals et récompenses : Nomination aux Oscar 1980 (Meilleurs effets spéciaux), 2 nominations aux Saturn Awards (Academy of Science Fiction, Fantasy & Horror Films)
  • Illustrateur / Création graphique : Affiche © Dan Goozee. Tous droits réservés. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 1979 United Artists Corporation and Danjaq LLC. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Franchise : Onzième segment de la franchise James Bond / Quatrième segment avec Roger Moore
Note des spectateurs :

Un budget démesuré pour toujours plus d’excentricités : souvent considéré comme un navet pour sa croisée des genres, Moonraker est un divertissement gonflé.

Synopsis : James Bond a pour mission de retrouver la navette spatiale Moonraker qui a disparu en plein vol. Son enquête le conduit de Venise à Rio où il soupçonne Hugo Drax, un milliardaire subventionnant la recherche spatiale, d’être à l’origine de ce détournement. Bond découvre que Drax veut devenir le maitre du monde…

Critique : Que du lourd ! 1978, après les cités sous-marines de L’espion qui m’aimait, l’équipe de production de la saga Bond, opportuniste sur ce coup-là, décide de surfer sur le principal phénomène commercial de l’époque, celui de la toute fraîche Guerre des étoiles. Pour nourrir l’amour du risque et le goût d’exotisme de l’espion globe-trotter, quitte à s’écarter toujours plus de l’esprit des classiques avec Sean Connery, la production est prête à tout, y compris à propulser son héros britannique dans les étoiles.

L’apogée fantaisiste de Roger Moore

Le succès inespéré de Roger Moore dans les pompes de l’espion de Sa Majesté donne du poids à la personnalité fantaisiste de la star du Saint et Amicalement vôtre au risque de dénaturer ce que les fans de la première heure adoraient en Bond. Albert Broccoli emploie à nouveau le scénariste de L’espion qui m’aimait Christopher Wood, spécialiste d’un humour pas toujours fin (Confessions d’un moniteur d’auto-école), pour mieux investir le potentiel fanfaron de la star qui peut s’adonner à la comédie pure. Des gags burlesques jalonnent le film : l’attaque de samouraïs à Venise (dont l’un finit planté les pieds en l’air dans un piano) où le badass Requin – qui plébiscité par le public, revient dans la saga -, joue à l’amoureux transi avec une Bavaroise ! Décidément, les temps changent.

Jouissant d’un budget doublement plus élevé que le précédent volet, le résultat est forcément d’une exquise connerie (sans aucun morceau de Sean à l’intérieur). Moonraker n’a aucune honte à préfigurer les blockbusters d’action pétaradants des années 90, en louvoyant entre le nanar de luxe et le blockbuster explosif qui refuse de se prendre au sérieux.

Le réalisateur Lewis Gilbert, qui rempile pour la troisième fois, soigne la réalisation et va titiller le grandiose et le sublime. Sa mise en scène réserve quelques joyaux d’esthétique très seventies, une attaque animale, par deux beaucerons de toute beauté, et surtout des plans terrestres et même spatiaux parfois éthérés, ou poétiquement cosmiques dans la dernière partie.

James Bond chez les Amazones et les Sélénites

Pendant deux heures, Roger Moore – particulièrement vieillissant physiquement, la haute définition du Blu-ray ne cache plus rien des crevasses sur son visage – tombe inévitablement toutes les femmes, et voyage dans un monde de carte postale qu’il dynamite. Il convole sur gondole électrique à Venise parmi les touristes (l’une des mauvaises idées du film !). Notre espion préféré débarque également en plein carnaval de Rio dont il va côtoyer les hauteurs vertigineuses, avant de se faire enlever par des Amazones qui lui réservent un combat royal avec un python. Il passe par le magnifique château de Vaux-le-Vicomte censé se trouver… en Californie. Cette fois-ci, le jalon britannique est coproduit par la France, d’où la présence étrange du comique George Beller au générique et du supersonique Concorde.

Le clou des pérégrinations bondiennes est évidemment l’argument commercial principal, surexploité par les bandes-annonces et l’affiche, la dérive extraterrestre du film qui propulse double zéro sept à bord d’une station spatiale d’anticipation, voir de space opéra. Le héros se met à contempler l’infini, lors de moments intenses lorgnant du côté de 2001 : L’odyssée de l’espace, avant de s’adonner à d’authentiques combats à l’arme laser. L’ombre de Dark Vador n’est jamais très loin. Une telle kitscherie relève du cinéma spectaculaire aussi grotesque que généreux et qui, aujourd’hui encore, impressionne par la qualité de ses nombreuses cascades et de ses effets spéciaux (nommés aux Oscar à l’époque).

Moonraker est un blockbuster moderne

Le charme patent de ce film faussement daté passe aussi par l’ampleur de sa composition musicale du formidable John Barry dans lequel on retrouve la gloire vocale de Goldfinger et des Diamants sont éternels, pour un titre certes plus mineur, mais majestueux.

Du côté du casting féminin, le charme envoutant de Loïs Chiles, revue par la suite en garce dans la série Dallas et le dernier sketch de Creepshow 2, l’impose comme une James Bond Girl évidente.

Le public américain fit de cette aventure par-delà les étoiles un triomphe, avec 70M$ de recettes, c’est-à-dire plus de 260 millions de dollars, si l’on ajuste les recettes au taux du dollar en 2021. En comparaison, L’espion qui m’aimait, le précédent volet, n’en avait engendré que 46 ! Évidemment, les Français, moins portés sur la conquête de l’espace, en firent un succès raisonnable à 3 millions d’entrées, ce qui établit Moonraker, score canonique pour Roger Moore sur notre territoire où Sean Connery est le gagnant au box-office.

Que l’on apprécie ou déteste ce que Moonraker peut représenter dans la saga James Bond, sa singularité en fait au moins l’un des titres les plus remarquables dont on se souvient aisément des séquences et audaces.

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 10 octobre 1979

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Moonraker, l'affiche

© 1979 United Artists Corporation and Danjaq LLC / Affiche : Dan Goozee. Tous droits réservés.

Box-office :

Moonraker a été le deuxième plus gros démarrage parisien après Les dents de la mer (309 158 entrées), avec 262 948 spectateurs, soit 57 000 entrées de plus que le précédent James Bond, L’espion qui m’aimait (205 120 entrées en octobre 1977).

Aucune grosse sortie faisait face à James Bond en octobre 79. Apocalypse Now restait solide en 3e semaine (112 576), Alien célébrait sa 5e semaine (44 926).

Dans les années 70, le cinéma d’auteur était solide : Le tambour de Volker Schlöndorff poursuivait une brillante carrière. En 4e semaine, la Palme d’or étonnait encore 60 171 spectateurs.

La luna de Bernardo Bertolucci, film délicat sur l’inceste entre une mère et son fils, était encore fort en 2e semaine, avec 54 296 entrées.

Parmi les nouveautés, Gaumont avec L’école est finie profitait de la présence de Corinne Dacla (Diabolo menthe) pour attirer 33 318 spectateurs. Nom de code : Jaguar, nanar bis très drôle, entrait 8e sur Paris, avec 24 113 spectateurs. David Cronenberg se faisait progressivement un petit nom avec 22 472 spectateurs pour Chromosome 3. Le corps a ses désirs intégrait le top 15 avec 12 968 clients. Baby Love s’enamourait de 10 133 entrées dans 11 cinémas. Adolescentes perverses générait 10 496 spectateurs en première semaine. Le défi mortel du karatéka intégrait 10 010 amateurs d’arts martiaux. La comédie italienne Où es-tu allée en vacances?, coréalisée par Mauro Bolognini, peinait à rassembler 10 000 spectateurs malgré Sordi, Tognazzi et Sandrelli en tête d’affiche.

A l’échelle française, Moonraker ouvrait à 461 116 spectateurs, total moins brillant que sur Paris. James Bond restera 3 semaines en tête, empêchant La dérobade ou Le toubib en première semaine de se hisser toute suite au sommet.  C’est Roman Polanski et Nastassia Kinski avec Tess qui feront basculer Moonraker du sommet.

Box-office de Moonraker, Paris

Le box-office Paris-périphérie (première semaine, du 10 au 16 octobre 1979. Extrait du Film Français du 19 octobre 1979. Tous droits réservés.

Reprise de Moonraker en 1985

Moonraker ressortira en France le 26 juin 1985 dans 24 cinémas à Paris, soit la 3e plus grosse combinaison de ce mercredi après Gros dégueulasse (82 308 entrées en première semaine dans 39 salles), La forêt d’émeraude (145 878 entrées dans 32 cinémas) et devant Les anges se fendent la gueule (58 495 entrées dans 22 cinémas).

Moonraker ouvrira en 6e place sur Paris-Périphérie, avec 35 579 entrées en première semaine et en 11e place, en France, avec 57 638 nostalgiques.

Le test Blu-ray

En 2012, l’édition de Moonraker était épatante, cela va sans dire !

Compléments : 5 / 5

Évidemment, on connaît déjà les bonus, car ils figurent tous sur l’édition Ultimate parue en DVD en 2006, mais peu importe. Que peut-on vraiment y rajouter sans tomber dans le piège de la surenchère ? La personnalisation du film touche à la perfection. Comme toujours avec les suppléments d’un 007.

On commence par des commentaires audio fournis (ici du cinéaste, chef opérateur, et d’un des producteurs encore vivants, Michael G. Wilson). Puis, on entame la section Les dessous de MI6. Dans celle-ci, il faudra compter sur les featurettes d’époque regroupées sous le nom de 007 à Rio (12mn50). Ce document nous replonge dans la promotion du tournage avec des interventions répétées de Broccoli qui nous explique les raisons du retour de Requin et pourquoi le film a pu bénéficier d’un tel budget.

Dans Bond 79 (12mn17), toutes les motivations de l’équipe sont évoquées, avec des interventions de Lois Chiles, du réalisateur ou de Roger Moore. Le document est passionnant, truffé d’anecdotes, malgré sa relative courte durée.

Pour le dépaysement d’époque, il faut compter sur Les films de production de Ken Adam. L’éternel chef opérateur nous fait suivre son travail de repérage au Guatemala pour les pyramides incas ou en Amazonie pour les impressionnantes scènes de cascade. Il revient sur la mise en scène d’un faux carnaval de Rio, emballé quelques mois après le vrai qu’Adam avait observé avec grande attention. Le type est un passionné de voyage qui communique son plaisir avec toujours autant d’ardeur que sur les autres Bond (durée 12mn03). Pour finir cette partie, Plan d’essai de la chute libre complète le complément précédent avec un retour sur de nombreuses cascades et offre des plans alternatifs.

Deuxième section : La mission de 007. Toujours aussi vaine : on passera vite sur cette anthologie d’extraits classés par thèmes (007, les femmes, les vilains, les alliés…) pour s’attarder sur l’excellente troisième partie, Les dossiers, composé de deux segments de choix.

Les coulisses de Moonraker (42mn) est un formidable résumé du film. Il évoque les origines de ce 11ème numéro de la franchise, les problèmes de production en Grande-Bretagne qui ont conduit l’équipe à coproduire le film avec la France où la grande majorité des scènes à effets spéciaux ont été conçues et tournées. Des anecdotes (comme celle sur les syndicats français ou sur le tournage de la scène finale d’amour en apesanteur) nous amusent. Un document exemplaire dans son montage et son ton, qui oscille entre l’archive et la promotion intelligente.

– Pendant 18mn30, on passe ensuite à un hommage aux concepteurs des effets spéciaux de la saga, qui ont largement contribué au succès sur la durée d’une série loin d’être vintage ! De Bond en Bond, on revient sur les défis techniques des films, jusqu’à l’extinction naturelle des grands noms qui auront marqué l’histoire de la saga et de Hollywood (John Stears par exemple). Un beau tribut.

Pour finir la partie bonus, on notera le retour des sections Ministère de la propagande (une bande-annonce d’époque) et Banque d’images (pour l’illustration en clichés).

Que du Bond, on ne vous le dira jamais assez.

Moonraker en blu-ray

© 1979 United Artists Corporation and Danjaq LLC. © 2012 Metro Goldwyn Mayer Studio Inc. © Twentieth Century Fox

Image : 4 / 5

Encore une fois, on reste impressionné par la qualité visuelle des 007 en haute-définition. Moonraker resplendit, offrant un voyage de toute beauté dans le Brésil d’hier ou dans l’espace extra-terrestre. Mis à part quelques passages moins pointus lors de plans en basse-lumière, l’ensemble est d’un foudroyant dynamisme : de belles couleurs naturelles, un contraste équilibré et surtout une précision de détails qui nous donne l’impression de côtoyer la réalité charnelle des comédiens.

Son : 4,5 / 5

Encore une fois, on est épaté par la qualité de la version originale DTS HD master audio, qui, sans être flamboyante comme beaucoup de Bond contemporains, irradie de son charme d’époque étoffé. Voix parfaitement posées, sons confondants de naturel… Les conditions sont optimales pour apprécier le film qui avait bénéficié initialement de la nouvelle technologie audio, la Dolby Stéréo, sur ses copies cinéma.

La version française (simple DTS) jouit d’un très beau doublage et d’une netteté impressionnante pour un film aussi ancien.

Frédéric Mignard

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Bande-annonce 4Kde Moonraker

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