Robert De Niro est, avec Al Pacino et Dustin Hoffman, le plus grand acteur américain de sa génération. Il a collaboré avec Coppola, Cimino, Leone et surtout Scorsese, de Mean Streets à The Irishman en passant par Taxi Driver.
De l’Actors Studio à Scorsese
Robert De Niro est un enfant de New York et de Little Italy. Formé au Stella Adler Conservatory et à l’Actors Studio de Lee Strasberg, il débute à l’écran en 1964, dans le film indépendant The Wedding Party de Brian De Palma, qui sera distribué cinq ans plus tard. Après de la figuration et des seconds rôles pour Marcel Carné, Roger Corman ou Ivan Passer, il se retrouve en tête d’affiche dans Le dernier match (1973) de John D. Hancock et surtout, la même année, Mean Streets de Martin Scorsese. Son personnage de « Johnny Boy » Civello marque sa première collaboration avec le réalisateur, qui lui offrira ses plus belles compositions de cinéma. Son rôle de Vito Corleone jeune dans Le parrain 2 (1974) de Francis Ford Coppola élargit son audience et le voit nommé à l’Oscar dans la catégorie second rôle masculin.
Mais c’est Taxi Driver (1976) de Scorsese, Palme d’or à Cannes, qui consolide le mythe De Niro, époustouflant dans la peau de Travis Bickle, chauffeur de taxi new-yorkais confronté à la violence de sa ville. De Niro devient une valeur sûre de Hollywood, et est nommé à l’Oscar du meilleur acteur. La même année 1976, il est du casting de 1900 de Bernardo Bertolucci. Le trio qu’il forme avec Gérard Depardieu et Dominique Sanda est inoubliable, mais la fresque historique est un échec commercial, tout comme Le dernier nabab (1976), beau film crépusculaire d’Elia Kazan. Et l’agréable New York, New York (1977) de Scorsese vaut moins par sa présence que celle de Liza Minnelli. Le succès critique et public est par contre évident avec le superbe Voyage au bout de l’enfer (1978) de Michael Cimino, pour lequel il est cité à nouveau à l’Oscar du meilleur acteur. Mais il décroche enfin la statuette (la seule de sa carrière) pour son interprétation époustouflante du boxeur Jake LaMotta dans Raging Bull (1980), autre sommet de Scorsese. En mode mineur, il porte ensuite le polar Sanglantes confessions (1981) d’Ulu Grossbard, avant de kidnapper Jerry Lewis dans La valse des pantins (1983) de Scorsese. De Niro fait alors une autre rencontre de première importance en étant dirigé par Sergio Leone dans Il était une fois en Amérique (1984). Dernier chef-d’œuvre de Leone, le film de plus de trois heures est un semi-échec commercial (surtout aux États-Unis où il est distribué dans une version tronquée), mais devient vite considéré comme un monument du septième art.
La seconde moitié des années 80 est un peu moins marquante pour De Niro, qui s’efface devant Jonathan Pryce dans Brazil (1985) de Terry Gilliam, Jeremy Irons dans Mission (1986) de Roland Joffé, Mickey Rourke dans Angel Heart (1987) d’Alan Parker, ou Kevin Costner dans Les incorruptibles (1987) de De Palma, avant d’être la vedette de productions mineures signées Martin Brest, Neil Jordan ou Martin Ritt.
Robert De Niro, six décennies de cinéma américain
Son grand retour s’effectue dans Les affranchis (1990) de Scorsese, film de gangsters grandiose, et autre nomination à l’Oscar du meilleur acteur. L’année suivante, les deux hommes récidivent pour Les nerfs à vif : nouvelle citation à l’Oscar pour De Niro, mais pénible numéro de cabotinage, qu’il renouvelle dans Frankenstein (1994) de Kenneth Branagh. Il faut par contre redécouvrir le méconnu Mad Dog and Glory (1993) de John McNaughton, qui vaut mieux que les pesantes productions réalisées par Irwin Winkler, Tony Scott, Barry Levinson ou Joel Schumacher. Mais on le revoit au meilleur de sa forme dans Casino (1996) de Scorsese, et il reste génial dans un rôle d’abruti pour Jackie Brown (1997) de Quentin Tarantino, tout en ayant droit à de belles scènes dans Copland (1997) de James Mangold. Son meilleur film de cette période reste toutefois Heat (1995) de Michael Mann, polar où il partage l’affiche avec son rival Al Pacino. C’est également dans les années 90 que De Niro, par ailleurs producteur, s’essaie à la réalisation avec Il était une fois Bronx (1993), qui sera suivi par Raisons d’État (2006).
Les années 2000 et 2010 voient toujours De Niro au premier plan du cinéma américain mais les films qu’ils tournent sont nettement moins convaincants, de comédies familiales sans éclats (dont la série des Mon beau-père) à des thrillers conventionnels, où il est dirigé par Michael Caton-Jones ou Jon Avnet. Il est nommé à l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle pour Happiness Therapy (2012) de David O’Russell et collabore avec Harold Ramis, Luc Besson, Garry Marshall ou Taylor Hackford. En 2019, il incarne l’animateur de télévision pourchassé par Joachin Phoenix dans Joker de Todd Phillips, et retrouve Scorsese à l’occasion de la production Netflix The Irishman.
Outre son Oscar, Robert De Niro est lauréat de plusieurs récompenses dont deux Golden Globes et un Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière.