Petit slasher fort sympathique, Vœux sanglants bénéficie d’une ambiance soignée et d’un décor impressionnant. Une rareté à redécouvrir, donc.
Synopsis : La jeune Kelly, qui appartient à une confrérie à l’université, est soumise à un rite d’initiation : avec d’autres membres, elle doit pénétrer de nuit dans un magasin mais, entrés illégalement, ils réalisent qu’ils ne peuvent plus en sortir. Un tueur commence alors à les éliminer un par un…
Un slasher qui arrive un peu tard sur les écrans
Critique : Depuis le triomphe d’Halloween, la nuit des masques (John Carpenter, 1978) et de Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980), le sous-genre horrifique du slasher déferle sur les écrans américains à raison de plusieurs titres par mois durant plusieurs années. De nombreux producteurs indépendants y ont vu l’occasion de réaliser de très gros profits pour une mise de départ dérisoire. Au sein de cette production pléthorique, Vœux sanglants arrive un peu en queue de comète au cours de l’année 1984.
Produit par la firme New World Pictures, spécialisée dans la série B, Vœux sanglants a été écrit sur commande par le scénariste Charles Pratt Jr. qui y a injecté aussi une bonne dose de références au cinéma européen, et notamment au genre du giallo. Ainsi, les motivations du tueur viennent d’un trauma d’enfance, tandis que les meurtres se rapprochent de ceux entrevus dans La baie sanglante (Mario Bava, 1971).
Peter Crane, un premier réalisateur sous influence européenne
Toutefois, le film fait aussi penser au cinéma de Dario Argento et de son émule américain Brian De Palma, le brio formel en moins. Preuve de la bonne connaissance du genre de la part des artistes impliqués, l’un des rôles principaux a été octroyé à la grande Vera Miles, déjà présente dans le proto-slasher Psychose (Alfred Hitchcock, 1960). Enfin, le métrage s’inscrit également dans un sous-genre du slasher qui est le film de sororité, initié avec Black Christmas (Bob Clark, 1974) et poursuivi avec The House on Sorority Row (Mark Rosman, 1982).
© 1984 New World Pictures / © 2023 Extralucid Films ; design : John Capone. Tous droits réservés.
De même, le réalisateur britannique Peter Crane a sélectionné la jeune actrice Daphne Zuniga après l’avoir vue dans un autre slasher intitulé La maison de sang (Stephen Carpenter et Jeffrey Obrow, 1982). Alors qu’il n’a que deux autres films à son actif, Peter Crane est surtout connu pour son travail à la télévision américaine sur des séries. Pourtant, il semble s’être laissé débordé par le travail et a été licencié par les producteurs à cause de trop nombreux retards par rapport au planning initial. Il est à l’origine du premier gros quart d’heure du film, avec notamment des plans en vue subjective, ainsi que toutes les séquences dans l’hôpital psychiatrique.
Un second réalisateur plus conventionnel
Remplacé par Larry Stewart, un simple exécutant dont ce sera la seule incursion au cinéma, Peter Crane ne fut pas crédité au générique du film, mais est reconnu aujourd’hui comme étant la tête pensante du film et celui qui en a fixé l’esthétique. Le travail effectué par Larry Stewart n’est pas forcément mauvais, mais ne se distingue pas non plus du tout-venant. Il a ainsi contribué à banaliser le produit fini, au lieu de le singulariser par des trouvailles de mise en scène.
Le résultat est pourtant loin d’être déshonorant et Vœux sanglants s’avère plutôt une bonne surprise pour les amateurs de slasher des années 80. Non seulement il bénéficie d’une bonne ambiance avec une musique synthétique sympathique, mais aussi d’un décor exceptionnel avec l’impressionnant Dallas Market Center, gigantesque centre commercial qui a été investi par l’équipe chaque nuit pendant plusieurs semaines. Ses couloirs vont voir mourir une à une les jeunes filles de la sororité qui subissent un bizutage. Les auteurs nous envoient naturellement sur une fausse piste quant à l’identité du tueur et terminent le métrage par une révélation qui ne tient pas nécessairement la route, mais qui fait toutefois son petit effet.
Vœux sanglants, un échec en salles, mais qui a connu la rédemption en vidéo
Joué avec conviction par Daphne Zuniga et James Read, ainsi que par l’ensemble des étudiants recrutés dans les universités du Texas, Vœux sanglants possède un bon rythme, tandis que les différents meurtres interviennent de manière régulière, avec ce qu’il faut de sang pour satisfaire les amateurs, sans pour autant tomber dans le gore. Comme dans tout bon slasher de l’époque, les corps se dénudent assez généreusement, offrant une allure sexy à un ensemble décidément bien dans l’air du temps.
Sorti sur les écrans américains au cours de l’automne 1984, le long-métrage n’a guère eu d’écho puisqu’il a été totalement éclipsé par la sortie événementielle de Les griffes de la nuit (Wes Craven, 1984) que tous les adolescents américains sont allés voir en priorité. Ainsi, Vœux sanglants n’a été diffusé que dans quelques villes, et parfois seulement en double programme. Sa véritable carrière a finalement débuté en VHS où le slasher a acquis petit à petit une dimension culte.
En France, le film n’est pas sorti en salles (sauf dans le Nord de la France et l’Alsace si l’on en croit le site Encyclociné) et c’est bien le visuel de la VHS qui a marqué les fans de genre dans les vidéoclubs de l’époque. Après une longue absence en format physique, l’éditeur Extralucid Films a publié en 2023 un blu-ray qui reprend le master utilisé par l’éditeur Arrow pour sa sortie américaine en 2016.
Critique de Virgile Dumez
Les sorties de la semaine du 12 mars 1986
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© 1984 New World Pictures. All Rights Reserved.
Biographies +
Larry Stewart, Peter Crane, Vera Miles, Clu Gulager, Daphne Zuniga, James Read
Mots clés
Films d’horreur des années 80, Slasher, Les tueurs fous au cinéma, Extralucid Films