Pour une poignée de dollars : la critique du film (1966)

Western | 1h39min
Note de la rédaction :
8/10
8
Pour une poignée de dollars (affiche reprise 1978)

  • Réalisateur : Sergio Leone
  • Acteurs : Clint Eastwood, Gian Maria Volonté, Aldo Sambrell, Raf Baldassarre, Sieghardt Rupp, Daniel Martín, Antonio Molino Rojo, José Calvo, José Canalejas, Margarita Lozano, Antonio Prieto
  • Date de sortie: 16 Mar 1966
  • Année de production : 1964
  • Nationalité : Italien, Espagne, Allemagne
  • Titre original : Per un pugno di dollari
  • Titres alternatifs : A Fistful of Dollars (USA), Por un Punados de Dolares (Espagne), Für ein Handvoll Dollar (Allemagne)
  • Scénaristes : Víctor Andrés Catena, Sergio Leone, Jaime Comas Gil (sous le nom de Jaime Comas), et Mark Lowell (dialogue)
  • D'après une histoire de Adriano Bolzoni (sous le pseudonyme d'A. Bonzzoni), Sergio Leone, Víctor Andrés Catena
  • Directeur de la photographie : Massimo Dallamano (sous le pseudonyme de Jack Dalmas), Federico G. Larraya
  • Monteurs : Roberto Cinquini (sous le pseudonyme de Bob Quintle), Alfonso Santacana
  • Compositeur : Ennio Morricone (sous le pseudonyme de Dan Savio)
  • Producteurs : Arrigo Colombo (sous le pseudonyme d'Harry Colombo), Giorgio Papi (sous le pseudonyme de George Papi)
  • Sociétés de production : Jolly Film
  • Distributeur : Unidex (France - Paris, 1966), Eclair Journal (France - Province, Moyenne et petite exploitation, 1966), Les Films Océanic (France - Bordeaux, Lyon, Marseille, 1966), Rex Films (France - Strasbourg, 1966), Bruitte & Delemar (Lille - Paris, 1966), / United Artists (Etats-Unis, 1967)
  • Distributeurs reprises : Les Artistes Associés (1972), Gaumont (1973), CCFC (1976, 1979), UGC (1983, 1985), Tamasa Distribution (2015)
  • Dates de sortie reprise : 23 juin 1972 (Les Artistes Associés), 25 octobre 1973 (Gaumont), 30 juin 1976 (CCFC), 6 juin 1979 (CCFC), 8 juin 1983 (UGC), 31 juillet 1985 (UGC), 1er Juillet 2015 (Tamasa)
  • Editeur vidéo : René Chateau (VHS), MGM Home Entertainment (VHS), MGM Home Entertainment (DVD 2005), MGM Home Entertainment (2011)
  • Date de sortie vidéo : 1985 (VHS, première édition), 16 février 2011 (Blu-ray simple), 16 mars 2011 (DVD), 2 novembre 2011 (blu-ray Digibook Collector)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 4 383 331 entrées / 1 018 201 entrées
  • Box-office Paris 157 120 (1966), 293 309 (1972), 13 657 (1973), 181 511 (1976), 96 080 (1979), 110 546 (1983) 17 470 (1985), 869 entrées (2015)
  • Box-office européen : 14 797 275( Italie), 3 281 146 entrées (Espagne)
  • Budget : 200 000$
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.35 : 1 / Couleur (35 mm) / Couleur
  • Festivals et récompenses :
  • Illustrateur / Création graphique : © Vanni Tealdi (affiche originale). Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © copyright MXMLXIV Jolly Film S.R.L. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Franchise : Premier chapitre de La Trilogie du dollar
  • Remake de : Le garde du corps d'Akira Kurosawa
Note des spectateurs :

Malgré un scénario inégal, Pour une poignée de dollars parvient par la seule puissance de la mise en scène de Sergio Leone à dynamiter le western traditionnel et à créer un sous-genre à lui tout seul. Du grand cinéma populaire.

Synopsis : Deux bandes rivales, les Baxter, trafiquants d’armes, et les Rojo, qui font de la contrebande d’alcool, se disputent la suprématie et la domination de la ville de San Miguel, au sud de la frontière américano-mexicaine. Un étranger, vêtu d’un poncho, arrive à dos de mulet dans cette petite ville et s’immisce entre les deux
bandes. Proposant d’abord ses services aux Rojo, l’étranger va très vite tirer
profit des deux camps à la fois, à la grande joie du fabricant de cercueils
Piripero.

Pour une poignée de dollars, un remake d’Akira Kurosawa aux pseudonymes nombreux

Critique : Jusqu’alors plutôt spécialisé dans la réalisation de péplums, Sergio Leone décide en 1964 de transposer le film japonais Yojimbo – le garde du corps (1961) de Kurosawa dans l’Ouest américain. Afin de réduire les coûts de production, le réalisateur engage un jeune acteur de télévision américain nommé Clint Eastwood (il s’est fait repéré dans la série télévisée Rawhide) et localise son tournage en Espagne, dans la région d’Almeria. Véritable contrefaçon destinée à envahir le marché européen en se faisant passer pour un produit américain, Pour une poignée de dollars sort à l’époque en dissimulant au maximum au public son origine européenne. Ainsi, le film est signé Bob Robertson (pseudonyme de Sergio Leone), joué par Johnny Wels (en réalité le grand Gian Maria Volonté) et mis en musique par Dan Savio (à savoir Ennio Morricone). Ces différents noms d’emprunt montrent bien la modestie d’artisans italiens encore considérés comme de simples exécutants. Le triomphe du long-métrage sur le marché européen, puis l’exceptionnelle carrière du film aux Etats-Unis lors de sa sortie en 1967 ont bouleversé la donne et créé un sous-genre à part entière, souvent désigné de manière dédaigneuse par le terme western-spaghetti.

Le style de Sergio Leone flingue les références américaines

Alors que stylistiquement le début du film peut sembler s’inscrire dans une certaine tradition américaine, avec mise en place d’une intrigue classique voyant deux clans s’affronter pour la possession d’un village, Sergio Leone affirme son style baroque en cours de métrage. Dans la dernière demi-heure, il multiplie les décadrages, les gros plans sur les yeux des protagonistes et commence à allonger la temporalité des scènes (toutes figures qui deviendront sa marque de fabrique). De même, là où les grands classiques américains respectent toujours un certain code moral, Leone bouleverse la donne en décrivant un Ouest sauvage, gangrené par l’appât du gain. Même le personnage mythique de l’Homme sans nom agit à la fois par altruisme et par intérêt (il tire profit de la lutte entre les deux familles).

Un scénario fragile compensé par le sadisme inhérent au genre spaghetti

Si Pour une poignée de dollars bénéficie de l’interprétation charismatique d’Eastwood et de Gian Maria Volonté, d’une somptueuse musique d’Ennio Morricone et d’une excellente réalisation, il pâtit toutefois d’un scénario un peu léger, ayant légèrement tendance à tourner en rond. Heureusement, sa dernière demi-heure, dynamitée par un sadisme bienvenu et des fulgurances baroques typiquement européennes, est tout bonnement exemplaire, annonçant avec brio les futurs chefs d’œuvre du metteur en scène. Créateur d’un sous-genre à part entière, Sergio Leone n’a certes pas signé avec ce premier opus un film irréprochable, mais le personnage principal créé par Clint Eastwood a suffisamment marqué les esprits pour susciter un nombre incalculable d’imitateurs. Assurément la marque des grands films.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 16 mars 1966

Promotion René Chateau pour la toute première sortie VHS de Pour une poignée de dollars

Promotion René Chateau pour la toute première sortie VHS de Pour une poignée de dollars de Sergio Leone (1985). © René Chateau

Box-office Pour une poignée de dollars

Quand Pour une poignée de dollars débarque en France en mars 1966, sa réputation est flatteuse. Dès le mois de janvier, l’écho de ses chiffres records en Italie (plus de 14 millions de spectateurs) l’impose comme un événement important. Le distributeur parisien Unidex vante ses 2 milliards 127 millions de Lires en 14 mois, dont 142 108 000 à Rome, 138 448 000 à Milan, et 83 737 000 de Lires à Turin.

L’acteur américain Clint Eastwood sera au western spaghetti ce que Steve Reeves était au péplum, genre qui se déprécie aussi vite que l’étonnant western européen se repend dans les salles du monde entier. Le charme va être immédiat lors d’un mois de mars très riche en nouveautés mythiques comme Du riffifi à Paname de Denys de La Patellière

Le Rex à Paris sort le grand jeu

A 40 jours de Cannes et moins d’un mois des Oscars, l’Italie défie l’ordre établi et le tapis rouge est déployé. Avec une conférence de presse le vendredi 25 mars, Sergio Leone et Clint Eastwood sont dans la place pour vendre l’événement. Un “gala dans la rue” est organisé devant le Rex sur les Grands Boulevards, et le Normandie, sur les Champs Elysées. Des écrans de télévision sont placés devant les deux temples de l’exploitation parisienne projetant les 18 premières minutes du film. Habile. Un jeu du cowboy est également organisé pour permettre aux badauds de gagner des places.

Une première semaine brillante dans trois cinémas

Pour sa première semaine parisienne (les films sortaient en province dans un deuxième temps, ndlr) Pour une poignée de dollars obtient la seconde place avec 40 533 spectateurs, derrière la reprise de 20 000 lieues sous les mers de Disney (44 139). Quoi de Neuf Pussycat? est loin derrière avec 23 841 spectateurs.

Les trois cinémas parisiens le programmant, le Rex, le Normandie et la Rotonde font salles pleines. 26 696 Parisiens se sont pressés au Rex qui s’octroie sans mal le meilleur score hebdomadaire. En deuxième semaine, la salle, qui fête ses 100 ans à Paris en 2022, sabre encore le champagne avec 28 803 spectateurs. Si ses entrées sont globalement en hausse sur la capitale en semaine 2 (45 743), la parodie de James Bond Notre homme Flint de Daniel Mann, avec James Coburn, l’empêche de saisir la première position, avec 46 243 spectateurs. Pas de chance pour le symbole.

Alors qu’aux USA Docteur Jivago et La mélodie du bonheur se battent pour arracher l’Oscar du meilleur film – qui reviendra au film de Robert Wise -, la troisième semaine de Pour une poignée de dollars est impériale : 40 210 spectateurs. Le film est alors en 3e place, toujours derrière Notre homme Flint qui demeure stoïque.

Le bouche-à-oreille et la presse très favorable face à cette proposition de western “explosif”, évoque volontiers Gary Cooper en parlant de Clint Eastwood. La province est prête et c’est la semaine du 6 au 12 avril que le classique de Sergio Leone débarque avec des scores solides à Grenoble (1er), Lyon (3e), Toulouse (1er) ou Nice.

Pour une poignée de dollars, reprise 1983

Pour une poignée de dollars, reprise 1983. Promo UGC.

En 4e semaine, Pour une poignée de dollars figure toujours dans les trois cinémas parisiens de sa sortie et recule à 30 735 curieux, mais il demeure troisième. Avec près de 19 000 spectateurs au Rex, c’est encore la bousculade. Pourtant sa première exploitation parisienne est terminée, avec 157 220 entrées et une 39e place annuelle, loin de Notre homme Flint (30e), et même Quoi de Neuf Pussycat? (18e, 13 semaines), certains spectateurs sont frustrés et devront attendre près de 6 ans avant de revoir le classique sur leur écran lors d’une reprise à succès en juin 1972.

Les Français allaient trouver un peu plus tard en 1966 dans Le Dollar troué avec Giuliano Gemma en juin, un autre succès populaire qui allait s’emparer de la première place et la 81e place annuelle quand 100 000 dollars pour Ringo d’Alberto De Martino, avec Richard Harrison, achève sa carrière en 1966 à 54 000 Parisiens et une belle 112e place en fin d’année.

De nombreuses reprises au cinéma pour un million d’entrées sur Paris

Que l’on ne s’inquiète pas trop pour Pour une poignée de dollars de Sergio Leone. Au gré des nombreuses reprises estivales, il allait atteindre 4 383 000 spectateurs sur toute la France, et le million sur Paris/Périphérie. Il sera ainsi repris en juin 1972 (Les Artistes associés), octobre 1973 (Gaumont), juin 1976 (CCFC), juin 1979 (CCFC), juin 1983 (UGC), juillet 1985 (UGC)… jusqu’à Tamasa en 2015 qui allait en récupérer une misère (moins de 1 000 entrées). Il faut dire que cette réédition en 4K est celle d’une époque très différente où les films sont désormais exploités en format physique (VHS, DVD, Blu-ray…), en VOD / streaming et multidiffusés à la télévision.

La première parution en VHS de , chez René Chateau, qui en détiendra longtemps les droits sur ce support, est tardive, puisque le film n’apparait finalement qu’en 1985, pour ne pas parasiter la carrière du mythe du western italien dans les salles, jugée toujours à fort potentiel.

Et Et pour quelques dollars de plus dans l’histoire?

Attention, le deuxième volet de la trilogie du Dollars, Et pour quelques dollars de plus , apparaîtra très vite en France. Il sera distribué par Les Artistes Associés, société très puissante, dès le mois de septembre 1966, à peine 6 mois après la sortie du premier opus. Sur Paris, en première exploitation, le sequel trouverait 9 salles et resterait 7 semaines à l’affiche, avec un total provisoire de 150 724 entrées.

Box-office de Frédéric Mignard

Biographies +

Sergio LeoneClint Eastwood, Gian Maria Volonté, Aldo Sambrell, Raf Baldassarre, Sieghardt Rupp, José Calvo, José Canalejas, Margarita Lozano

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Pour une poignée de dollars (affiche reprise 1978)

Bande-annonce 4K de Pour une poignée de dollars

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