Akira Kurosawa

Réalisateur, Scénariste
Rashômon, affiche de la version restaurée 4K du film de Akira Kurosawa (2022)

Personal Info

  • Nationalité : Japonais
  • Date de naissance : 23 mars 1910 à Tokyo (Japon)
  • Date de décès : 6 septembre 1998 à Tokyo (Japon)
  • Crédit visuel : © Création graphique : Marc Lafon / Distributeur 2022 : Potemkine. Tous droits réservés

Biographie

Note des spectateurs :

Réalisateur et scénariste japonais, Akira Kurosawa est issu d’une famille de samouraïs. Le jeune Akira connait le cinéma par son père et son grand frère Heido. Ce dernier devient même narrateur de films muets et c’est donc par son entremise que le jeune Akira est initié au cinématographe. Malheureusement, cette figure tutélaire pour lui se suicide alors qu’Akira n’est âgé que de 23 ans. Ce drame l’a marqué durablement.

Formation et premières œuvres

Akira Kurosawa a poursuivi ses études secondaires, puis a intégré l’école des Beaux-Arts de Tokyo. Il y étudie surtout la peinture et pense d’ailleurs se consacrer à cet art lorsqu’il répond à une annonce passée par un studio de cinéma qui deviendra la Toho. Dès lors, il devient assistant-réalisateur pour le compte de Kajiro Yamamoto. Entre 1936 et 1941, il ne tourne pas moins de 17 films avec ce même réalisateur. A la même époque, il rédige aussi des scripts pour d’autres réalisateurs et se met à la recherche du sujet idéal pour enfin passer à la réalisation.

Finalement, Kurosawa tombe sur un roman récent qui raconte l’histoire du judo et peut ainsi tourner son premier long-métrage intitulé La Légende du grand judo (1943) qui ne sortira en France qu’en 1979. Même si le film connaît des difficultés avec la censure militaire japonaise, il contient toutefois de très belles séquences qui augurent du meilleur pour la suite. Kurosawa se charge ensuite de deux commandes qui sont Le plus dignement (1944) et la suite de son premier succès intitulé La Nouvelle Légende du grand Judo (1945). Il enchaîne avec l’adaptation traditionnelle d’une pièce de kabuki nommée Qui marche sur la queue du tigre… (1945), avant de se lancer dans son premier vrai projet personnel avec Je ne regrette rien de ma jeunesse (1946) qui fait preuve d’un beau sens de l’humanisme qui caractérisera le reste de l’œuvre du cinéaste.

S’il cède aux sirènes du mélodrame avec Un merveilleux dimanche (1947), il révèle enfin ses immenses qualités de conteur avec L’ange ivre (1948) où le cinéaste emploie pour la première fois son acteur fétiche Toshiro Mifune. Il s’agit du premier grand classique d’un réalisateur en pleine ascension. L’année suivante, il confirme sa maestria avec le magnifique Chien enragé (1949) où un policier incarné par Mifune cherche à retrouver son pistolet perdu. Sur un sujet simple, le cinéaste parvient à un naturalisme d’une vérité confondante. Le métrage sort en France en 1961 et attire 49 305 curieux.

La révélation internationale de Rashomon

Rashômon, affiche de la version restaurée 4K du film de Akira Kurosawa (2022)

© Création graphique : Marc Lafon / Distributeur 2022 : Potemkine. Tous droits réservés

Toutefois, la véritable révélation intervient avec le chef d’œuvre Rashomon (1950) qui obtient contre toute attente le Lion d’or au Festival de Venise en 1951, ainsi que l’Oscar du meilleur film étranger. Non seulement le métrage révèle à l’Occident l’existence du cinéma japonais, mais inaugure également une nouvelle façon de raconter une histoire en osant présenter le même récit selon plusieurs angles différents. Une structure qui a été maintes fois copiée depuis. Sorti en France en 1952, Rashomon est un vrai succès avec 273 092 spectateurs séduits par la proposition d’un cinéma oriental.

Désormais considéré comme une valeur sûre, Kurosawa peut mener à bien ses projets les plus fous, et notamment quelques adaptations littéraires comme L’idiot (1951), Les bas-fonds (1957) ou encore La forteresse cachée (1958). Toutefois, on préférera d’autres films de la même période, finalement bien plus personnels et puissants comme Vivre (1952) qui a d’ailleurs obtenu l’Ours d’argent à Berlin. On adore également sa grande fresque guerrière des 7 samouraïs (1954) qui fut Lion d’argent à Venise. Cette fresque située au Moyen-Age a été son plus gros succès en France avec 401 512 guerriers malgré une durée conséquente de plus de trois heures.

Le temps des échecs et des remises en cause

Dans les années 60, Akira Kurosawa tourne plusieurs films qui ont marqué la cinématographie mondiale. Ainsi, on lui doit Le garde du corps ou Yojimbo (1961) qui a servi de modèle à Sergio Leone pour son western Pour une poignée de dollars (1964). Puis, il dégoupille un Sanjuro (1962) qui marque moins les esprits. Même chose avec Entre le ciel et l’enfer (1963) qui est en compétition à Venise, mais ne décroche finalement aucun prix.

En 1965, le film Barberousse met fin à la collaboration entre Kurosawa et Mifune après plus de quinze longs-métrages en commun. Akira Kurosawa entame de nombreux projets ambitieux à Hollywood qui capotent tous et il doit se rabattre sur Dodeskaden (1970), son tout premier film en couleurs. Cela ne lui a pas porté chance puisque le film qui a coûté cher est un énorme échec commercial qui fragilise fortement sa position.

La renaissance artistique des années 80

Kagemusha, l'affiche

© 1980 Kurosawa Production Co. – Toho Company – Twentieth Century Fox – Zoetrope Studios / Affiche : Michel Landi. Tous droits réservés.

Totalement désespéré, Akira Kurosawa fait une tentative de suicide en 1971 dont il sort indemne. Finalement, il parvient à trouver des financements en URSS et peut ainsi tourner le superbe Dersou Ouzala (1975) qui est le film de la renaissance pour lui. Ainsi, le long-métrage obtient l’Oscar du meilleur film étranger, tandis que les Français se ruent dans les salles avec plus d’un million d’entrées. Un triomphe qui remet donc en selle le réalisateur.

Toutefois, les financiers japonais ne lui font toujours pas confiance et Kurosawa doit compter sur l’aide des cinéastes américains Francis Ford Coppola et George Lucas pour mener à bien son projet suivant : Kagemusha (1980). Bien leur a pris puisque le métrage a décroché la Palme d’or à Cannes. Le public français a encore répondu présent avec 920 793 samouraïs dans les salles.

Remis sur les rails, Kurosawa revient en 1984 avec une nouvelle fresque librement inspirée du Roi Lear de Shakespeare : le splendide Ran qui est produit cette fois-ci par Steven Spielberg et George Lucas. Le film événement glane 823 564 cinéphiles dans les salles françaises et obtient l’Oscar des meilleurs costumes, ainsi que deux nominations aux César. Après cette belle réussite, Kurosawa revient avec un film à sketches intitulé Rêves (1990) qui est surtout remarqué pour ses qualités esthétiques. Le film attire 449 537 rêveurs dans les salles de France et de Navarre. Après ces grandes fresques qui demandaient des budgets conséquents, Kurosawa revient à un drame plus intimiste avec Rhapsodie en août (1991) qui reçoit le soutien des critiques mais suscite l’indifférence du grand public. Même punition, même motif pour son ultime réalisation : Madadayo (1993) passe inaperçu et la critique commence à le lâcher.

Malgré son grand âge, Akira Kurosawa continue à écrire des scripts comme La mer regarde et Après la pluie. Malheureusement, il est victime d’un accident en 1995 et reste coincé dans un fauteuil roulant, ce qui l’empêche de revenir sur un plateau. Vers 1998, le cinéaste est désormais bloqué au lit et finit par succomber à une attaque cérébrale. Il meurt à l’âge de 88 ans. Il restera comme l’un des plus grands réalisateurs japonais du 20ème siècle.

Virgile Dumez

Ils nous ont quittés en 1998

Filmographie :

Réalisateur (longs-métrages cinéma uniquement) :

  • 1943 : La Légende du grand judo (Sugata Sanshirō)
  • 1944 : Le Plus dignement (Ichiban utsukushiku)
  • 1945 : La Nouvelle Légende du grand judo (Zoku Sugata Sanshirō)
  • 1945 : Qui marche sur la queue du tigre (Tora no o wo fumu otokotachi)
  • 1946 : Ceux qui bâtissent l’avenir (Asu o tsukuru hitobito) co-réalisé avec Kajirō Yamamoto et Hideo Sekigawa
  • 1946 : Je ne regrette rien de ma jeunesse (Waga seishun ni kui nashi)
  • 1947 : Un merveilleux dimanche (Subarashiki nichiyobi)
  • 1948 : L’Ange ivre (Yoidore tenshi)
  • 1949 : Le Duel silencieux (Shizukanaru kettō)
  • 1949 : Chien enragé (Nora-inu)
  • 1950 : Scandale (Shubun)
  • 1950 : Rashōmon (Rashōmon)
  • 1951 : L’Idiot (Hakuchi)
  • 1952 : Vivre (Ikiru)
  • 1954 : Les Sept Samouraïs (Shichinin no samurai)
  • 1955 : Vivre dans la peur / Chronique d’un être vivant (Ikimono no kiroku)
  • 1957 : Le Château de l’araignée (Kumonosu-jō)
  • 1957 : Les Bas-Fonds (Donzoko)
  • 1958 : La Forteresse cachée (Kakushi toride no san-akunin)
  • 1960 : Les salauds dorment en paix (Warui yatsu hodo yoku nemuru)
  • 1961 : Le Garde du corps (Yōjinbō)
  • 1962 : Sanjuro (Tsubaki Sanjūrō)
  • 1963 : Entre le ciel et l’enfer (Tengoku to jigoku)
  • 1965 : Barberousse (Akahige)
  • 1970 : Dodes’kaden (Dodesukaden)
  • 1975 : Dersou Ouzala aussi appelé L’Aigle de la Taïga (Derusu Uzāra)
  • 1980 : Kagemusha, l’Ombre du guerrier (Kagemusha)
  • 1985 : Ran (Ran)
  • 1990 : Rêves (Yume)
  • 1991 : Rhapsodie en août (Hachi-gatsu no kyōshikyoku)
  • 1993 : Madadayo (Mādadayo)
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