Réalisateur, producteur et monteur américain, Robert Wise a été obligé d’arrêter très jeune ses études pour travailler. Il débute à la RKO en 1933 par des petits boulots, avant de s’initier au montage.
Le monteur de Citizen Kane
Il est d’abord assistant monteur durant les années 30 et devient monteur à part entière au début des années 40. Il monte notamment Citizen Kane (1941) d’Orson Welles, ce qui lui vaut une première nomination aux Oscars et l’admiration des cinéphiles du monde entier au vu de la structure audacieuse du long-métrage. Il enchaîne avec La splendeur des Amberson (Welles, 1942).
Robert Wise, réalisateur de séries B à la RKO
Il est ensuite relégué à la série B par la politique de la maison RKO qui l’emploie. Il peut toutefois y réaliser son premier film en tant que réalisateur : La malédiction des hommes-chats (1943) qu’il reprend des mains du réalisateur Gunther von Fritsch, incapable de tenir les délais impartis par un studio pingre. Il va ensuite enchaîner les tournages de modestes séries B pour la RKO. On peut retenir de cette période le film en costumes Mademoiselle Fifi (1944), mais le meilleur du lot est sans aucun doute Le récupérateur de cadavres (1945) où il adapte Robert Louis Stevenson. Après plusieurs films mineurs, il accède à un budget plus confortable avec Ciel rouge (1948), bon western avec Robert Mitchum.
On lui préfère encore Nous avons gagné ce soir (1949), film sur la boxe qui est son dernier long pour la RKO. Finalement, Robert Wise décroche un contrat avec la 20th Century-Fox où il tourne plusieurs petits films avant de signer son premier grand film, le classique de science-fiction Le jour où la terre s’arrêta (1951). Toutefois, si le long-métrage est devenu culte sur la durée, il ne rencontre qu’un faible écho à sa sortie.
Les années 50 ou l’accession à la série A
Il tourne ensuite des films noirs comme La ville enchaînée (1952) ou encore des œuvres plus imposantes comme La tour des ambitieux (1953), cette fois pour la MGM. Il y retrouve l’univers de la boxe avec l’excellent Marqué par la haine (1956) où il fait tourner Paul Newman. Passé à la United Artists en 1957, Robert Wise peut désormais faire tourner des stars d’envergure comme Clark Gable et Burt Lancaster dans L’odyssée du sous-marin Nerka (1958). Il continue à déployer ses idées progressistes à travers un pamphlet contre la peine de mort intitulé Je veux vivre ! (1958) qui vaut un Oscar de la meilleure actrice à Susan Hayward. Durant les années 50, Robert Wise a aussi tourné des grosses productions plus impersonnelles comme Hélène de Troie (1955) ou le western La loi de la prairie (1956).
Les années 60 : le temps des triomphes
Au début des années 60, Robert Wise devient son propre producteur et choisit désormais les films sur lesquels il veut travailler. Il débute cette période par la comédie musicale triomphale West Side Story (1961). Le film est coréalisé par le chorégraphe Jerome Robbins et obtient le nombre astronomique de dix Oscars, dont celui de la meilleure réalisation, partagé avec Robbins.
Après cette énorme production, Wise revient à des œuvres plus intimistes comme Deux sur la balançoire (1962) et surtout La maison du diable (1963) qui est devenu un classique de l’horreur suggestive. Retour à la comédie musicale en 1965 avec La mélodie du bonheur qui est un nouveau triomphe pour le réalisateur, sacré meilleur réalisateur aux Oscars. Il enchaîne avec La canonnière du Yang-Tsé (1966) qui met en scène Steve McQueen dans un film de guerre au sujet étonnant et bien mené. Il connaît par contre un rude échec avec Star ! (1968), une comédie musicale avec Julie Andrews qui ne réitère pas le succès de La mélodie du bonheur.
Un lent déclin au cours des années 70
Robert Wise se met en retrait quelques années et signe un film de SF anxiogène qui est devenu un vrai classique : Le mystère Andromède (1971). Après l’intimiste Brève rencontre à Paris (1973), il sacrifie à la mode du film catastrophe avec L’odyssée du Hindenburg (1975). Il revient à l’horreur avec Audrey Rose (1977), plutôt correct mais qui ne rencontre pas le succès. Il est ensuite amené à tourner un space opéra prestigieux : Star Trek : le film (1979) qui fonctionne surtout sur les marchés anglosaxons.
Après dix ans d’inactivité, Robert Wise revient derrière la caméra pour Rooftops (1989) que personne ne calcule et il termine son immense carrière par Une rencontre pour la vie, un téléfilm avec Peter Falk (2000).
Robert Wise, géant du cinéma, s’est éteint à la suite d’une crise cardiaque à Los Angeles en 2005 à l’âge respectable de 91 ans. Il est une figure incontournable du Hollywood de la deuxième moitié du 20ème siècle.