Critters : la critique du film (1986)

Epouvante-horreur, Science-fiction, Comédie | 1h26min
Note de la rédaction :
6/10
6
Critters 1, affiche de Sciotti - Poster France

  • Réalisateur : Stephen Herek
  • Acteurs : Dee Wallace, Billy Zane, Lin Shaye, M. Emmet Walsh, Billy Green Bush, Scott Grimes
  • Date de sortie: 10 Sep 1986
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Critters
  • Titres alternatifs : Extrañas criaturas (Mexique) / Critters - Gli extraroditori (Italie) / Critters - Sie sind da! (Allemagne) / A Hora das Criaturas (Brésil)
  • Année de production : 1986
  • Scénariste(s) : Stephen Herek, Domonic Muir
  • Directeur de la photographie : Tim Suhrstedt
  • Compositeur : David Newman
  • Société(s) de production : New Line Cinema, Sho Films, Smart Egg Pictures
  • Distributeur (1ère sortie) : Les Films Jacques Leitienne
  • Distributeur (reprise) : -
  • Date de reprise : -
  • Éditeur(s) vidéo : Gaumont Columbia RCA Vidéo (VHS, 1987) / Gaumont Columbia Tristar (VHS, 1996) / Metropolitan FilmExport (DVD, 2004 et 2018)
  • Date de sortie vidéo : Mars 1987 (VHS, première édition)
  • Box-office France / Paris-périphérie : 294 607 entrées (France)
  • Box-office nord-américain : 13,1 M$ (31,6 M$ ajustés à 2021)
  • Budget : 2 M$ (4,8 M$ ajustés à 2021)
  • Rentabilité : -
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 1.85 : 1 / Couleurs / Son : Mono | Dolby Stereo
  • Festivals et récompenses : Nomination au prix du meilleur jeune acteur pour Scott Grimes, par l'Académie des films de science-fiction, fantastique et horreur en 1987 / Nomination au prix du meilleur jeune acteur pour Scott Grimes, lors des Young Artist Awards en 1987 / Nomination au prix du meilleur film, lors du festival Fantasporto en 1988.
  • Illustrateur / Création graphique : Enzo Sciotti
  • Crédits : New Line Cinema Corp.
  • Franchise : 1er volet de la saga Critters
Note des spectateurs :

Petite série B qui exploite le filon des Gremlins, Critters est un spectacle généreux et distrayant, porté par un humour salvateur. Sympathique.

Synopsis : A des milliers de kilomètres de la Terre, de dangereux prisonniers s’échappent de leur astéroïde-prison, à l’aide d’un vaisseau spatial. On lance à leurs trousses deux chasseurs de prime inter-galactiques, à qui l’on recommande de rattraper les évadés avant qu’ils ne trouvent à se nourrir. Car il s’agit des « Critters », à l’appétit criminel. Ces derniers ont choisi de se réfugier sur Terre. Ils se posent dans un coin de la campagne du Kansas, non loin de la ferme de la famille Brown…

New Line surfe sur le triomphe de Gremlins

Critique : En 1984, la production Amblin intitulée Gremlins (Dante) cartonne dans le monde entier, rapportant plus de 390 millions de dollars (ajustés au cours de 2021) rien qu’en Amérique du Nord. Cette formidable manne financière ne pouvait qu’initier d’autres imitations par des studios désireux de surfer sur la vague. Ainsi, la firme indépendante New Line (qui triomphe avec la franchise Freddy) achète le script de Domonic Muir décrivant des drôles de créatures extraterrestres nommées les Critters.

Critters, jaquette DVD

© 1986 New Line Cinema Corp / © 2018 Metropolitan Vidéo. Tous droits réservés.

Le réalisateur Stephen Herek, qui a aussi travaillé sur le scénario, ne cesse d’insister en interview sur le fait que l’idée d’origine était venue à Muir plusieurs années avant la sortie de Gremlins. Mieux, si l’on croit ses propos, il aurait contribué à diminuer les points communs entre les deux œuvres. Peu importe finalement puisque le script a bien trouvé preneur grâce au triomphe de Gremlins et que la volonté de New Line était bien de lancer une nouvelle franchise lucrative. La dimension commerciale du projet est d’ailleurs particulièrement évidente puisque le film horrifique se teinte de comédie, que le héros est un gamin de treize ans et que la violence est limitée à deux morts dont on n’étale pas les souffrances.

Une dimension humoristique sympathique

Dès le départ, Critters ne cherche pas à se prendre au sérieux. Les extraterrestres qui poursuivent les boules de poils aux dents longues prennent ainsi l’apparence d’un groupe de metal FM comme il en pleuvait en ce milieu des années 80. C’est d’ailleurs l’acteur Terrence Mann lui-même qui s’est amusé à pousser la chansonnette pour Power of the Night, titre quasiment parodique qui rappelle les belles heures du hard rock pour gamines prépubères.

Stephen Herek nous présente ensuite la petite famille de ruraux qui seront les héros de cette histoire. Il décrit au passage une petite bourgade typiquement américaine, avec ses flics qui s’ennuient dans leur voiture, ses piliers de bar, son idiot du village et ses centaines de kilomètres de champs à perte de vue. Le scénario suit donc la logique de Gremlins en proposant une peinture mi-amusée, mi-attendrie d’une certaine Amérique traditionnelle, la causticité d’un Joe Dante en moins.

Critters s’inscrit dans la mouvance des divertissements Amblin

Stephen Herek décrit une petite famille attachante menée par Dee Wallace, habituelle mère au foyer des années 80 depuis ses prestations remarquées dans E.T. (Spielberg, 1982) et Cujo (Teague, 1983). La référence à l’univers d’Amblin (firme de Spielberg) n’est pas isolée puisqu’une poupée E.T. se trouve dans la chambre du gosse, tandis que les plans sur les vélos nous renvoient directement à l’ambiance adolescente des productions de l’époque. En bon cinéphile, Stephen Herek a encore ajouté des clins d’œil à Ghoulies (Bercovici, 1984) lorsqu’un critter sort de la cuvette des toilettes ou à S.O.S. Fantômes (Reitman, 1984) par le biais d’un faux logo sur le blouson d’un des personnages.

Ces références incessantes à la culture populaire de l’époque rend le long-métrage fort sympathique, d’autant que le jeune incarné par Scott Grimes n’est jamais irritant et que la plupart des protagonistes sont bien campés, par-delà le fait qu’ils correspondent à des stéréotypes. Cerise sur le gâteau, les frères Chiodo – futurs réalisateurs du culte Les clowns tueurs venus d’ailleurs en 1988 – ont créé une bébête charismatique avec ces Critters qu’on nous montre quand même beaucoup. Leur aspect de boule de poils les rend acceptables pour les enfants, mais leur bouche volumineuse et leurs dents proéminentes en font des armes redoutables. Les effets spéciaux d’époque sont encore efficaces de nos jours et les bestioles parviennent à voler la vedette aux acteurs à plusieurs reprises.

Critters, teaser magazine, Les films Jacques Leitienne

Les Archives CinéDweller

Le premier et le meilleur film de Stephen Herek

Malgré un nombre de morts très limité, Critters s’avère être un spectacle généreux, dopé aux séquences trépidantes et dynamité par un humour jamais parodique. Le film a le grand mérite d’assumer pleinement son statut de simple série B destinée à divertir le temps d’une soirée. Ce sens de l’efficacité et de l’économie se retrouve dans la durée ramassée du produit, parfaitement calibré.

Cette ambiance détendue a beaucoup fait pour la réputation d’un film qui reste l’un des meilleurs de son réalisateur. Effectivement, Stephen Herek s’est ensuite spécialisé dans les spectacles humoristiques et familiaux pour la plupart insipides (Les petits champions en tête). Son premier film reste donc l’un de ses meilleurs, sans être un classique incontournable pour autant.

Un joli succès international en salles et en VHS

Avec 13,1 M$ de recettes (31,6 M$ ajustés au cours du dollar en 2021) pour un budget de 2 M$ (4,8 M$ ajustés à 2021), Critters a atteint la 69ème place annuelle aux Etats-Unis. La VHS a ensuite connu une jolie carrière en vidéoclub. En France, la série B étonne également en se plaçant à la 5ème position du classement parisien, la semaine de sa sortie. La suite est un peu moins valeureuse à Paris, mais le métrage s’est globalement mieux maintenu dans le reste de la France. Critters a terminé sa carrière française à 294 607 gamins effrayés, avant d’être là aussi relayé par des locations en VHS.

Il n’en a pas fallu plus pour qu’une suite soit envisagée. Malheureusement, les trois segments qui suivront ne seront guère au niveau de cet épisode séminal. Depuis 2019, la télévision s’est emparée de la franchise avec une série et un téléfilm destinés à un jeune public.

Critique de Virgile Dumez

Les sorties de la semaine du 10 septembre 1986

Les Films Jacques Leitienne

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Critters 1, affiche de Sciotti - Poster France

© 1986 New Line Cinema Corp / Affiche : Enzo Sciotti. Tous droits réservés.

Box-office :

Succès surprise aux USA, Critters est sorti dans les cinémas de France, contrairement aux autres ersatz de Gremlins de l’époque, les Ghoulies (1985), Munchies (1987) Hobgoblins (1988), et autre Troll qui sortiront tous en vidéocassette dans l’Hexagone, en raison de leur qualité moindre.

Les Films Jacques Leitienne a eu beaucoup de chance en achetant les droits de diffusion en amont de la sortie américaine, puisque le film connut un beau succès de série B hors major, en avril 1986, soit à peine 5 mois avant la France. Pour le distributeur français, il s’agissait ni plus ni moins de son ultime vrai succès de salle.

Avec 27 écrans parisiens, soit la 5 meilleure combinaison des nouveautés du mercredi, Critters se rangeait derrière La couleur pourpre (37 écrans, 10 195 entrées premier jour P.P) de Spielberg, Le complexe du kangourou avec un Roland Giraud post Trois hommes et un couffin (34, 2 816), la grosse comédie française avec stars, Je hais les acteurs (29, 8 904), et le thriller made in France Mort un dimanche de pluie (28, 2 516).

Les salles parisiennes de Critters en première semaine :

Critters, les chiffres du box-office France en première semaine

Extrait du Film Français N° 2107 (19 septembre 1986)

Avec 4 621 entrées, les boules de poiles extra-terrestres réalisaient une entame croustillante, devenant le 3e meilleur film du mercredi. Les bonnes critiques spécialisées, la campagne basée sur l’affiche de Enzo Sciotti, fait des merveilles, avec une omniprésence parisienne. Aussi sa première semaine est convaincante. Critters dévore 35 920 entrées et se classe 5e dans un box-office de rentrée où le précèdent Jean de Florette, La couleur pourpre, Je hais les acteurs et Les aventures de Jack Burton. Une série B au milieu de gros budgets ou de films d’auteur précieux (Mélo de Resnais, Le Rayon vert de Rohmer, My Beautiful Laundrette de Frears). Une semaine plus tôt, la série B Cannon de Tobe Hooper, L’invasion vient de Mars, démarrait à peine à 30 000 tickets pour chuter à 11 000 la semaine suivante.

Comme toujours, les séries B horrifiques s’effondrent sur Paris en 2e semaine. La plupart étant gonflées pour cartonner lors de leur investiture. C’est en province que se joue la suite. Malgré ses bons chiffres initiaux, le film New Line est en France une sortie du très humble Jacques Leitienne qui ne peut maintenir son poulain sur les écrans de la capitale. Ces derniers ont par ailleurs besoin de place pour accueillir le phénomène américain Top Gun. Critters perd donc 6 salles et surtout près de 19 000 spectateurs. Le voilà 9e, avec 16 813 amateurs. En 3e semaine, il doit subir une autre série B maline, produite par New World Pictures cette fois-ci, en l’occurrence, le premier House de  Steve Miner. Les deux films ont exactement la même cible.

Critters en VHS, jaquette / artwork

Jaquette VHS de Critters – 1987 – Illustrateur : Soyka © 1986 New Line Cinema Corp

En semaine 4, les monstres rouleront dans 6 salles pour un malheureux score de 2 590 spectateurs pour un total de 64 472 spectateurs. Critters se fait alors battre par les Démons de Lamberto Bava, enfin lâchés dans les cinémas français après une sortie estivale en province. En fin de carrière, la comédie horrifique trouve 778 entrées dans une salle minuscule des Montparnos et 1 401 spectateurs à la Cigale. L’invasion cesse à 67 155 bestioles remuantes.

En VHS, c’est le combo Gaumont, Columbia Pictures et RCA qui éditera la première VHS en mars 1987. Un deuxième épisode signé Mick Garris sortira dans les salles français durant l’été 1988. Le distributeur Les Films Jacques Leitienne, désormais à terre, devra céder le second épisode à Capital Cinéma, riche cette année-là de sorties vendeuses (Creepshow 2, House 2, Hidden, Homeboy, Hairspray, The Gate...). Critters arrêtera sa carrière à 41 000 spectateurs sur Paname.

Frédéric Mignard 

Critters 2, affiche du film de Mick Garris

Illustrateur Soyka © 1986 New Line Cinema Corp

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Critters 1, affiche de Sciotti - Poster France

Bande-annonce de Critters (VO)

Epouvante-horreur, Science-fiction, Comédie

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