Creepshow 2 : la critique du film (1987)

Epouvante-Horreur, Film à sketchs | 1h32min
Note de la rédaction :
6/10
6
Creepshow 2, l'affiche

Note des spectateurs :

Moins enthousiasmante que le chef d’œuvre de Romero, cette suite ne démérite pas totalement grâce à deux excellents segments sur trois. L’esthétique y est moins soignée, la réalisation moins brillante, mais l’ambiance demeure toujours aussi séduisante.

Synopsis : Plusieurs histoires horrifiques écrites par des maîtres du genre : une nappe gluante à la surface d’un lac engloutit de jeunes innocents; une femme adultère est poursuivie par un auto-stoppeur écrasé; une statue de bois devient possédée et commet des crimes atroces…

Suite tardive d’un classique de l’horreur. Critique

Peu de temps après le succès rencontré par le premier Creepshow, Stephen King accepte de créer cinq nouvelles histoires horrifiques qui sont aussitôt transformées en script par George A. Romero. Pourtant, le projet ne se concrétise pas immédiatement et finalement, George Romero s’en désintéresse totalement.

© 2002 Lakeshore Entertainment Group LLC. Tous droits

Après plusieurs années passées dans un tiroir, le script est racheté par la compagnie New World Pictures de Roger Corman. La réalisation tombe alors dans l’escarcelle de Michael Gornick, fidèle chef opérateur de Romero avec qui il est alors en froid. Cela ne l’empêchera pas de travailler avec de nombreux collaborateurs habituels du maître de Pittsburgh dont Tom Savini.

Si Gornick signe ici sa première réalisation cinématographique, il s’est déjà fait la main sur des sketchs de la série télévisée Tales from the Darkside, ce qui lui donne une légitimité supplémentaire dans la confection de cette suite tardive. Avec un budget serré de 4 millions de billets verts – deux fois moins que pour le premier opus – l’équipe est contrainte d’abandonner deux sketchs et de se concentrer sur le tournage de trois segments d’une demi-heure, entrecoupés de quelques passages animés.

Aie aux coupes budgétaires !

Les coupes budgétaires se ressentent notamment sur les séquences animées, pas toujours jolies, ainsi que sur le remplacement du Creep d’origine, superbe spectre squelettique, par un personnage grotesque ressemblant davantage à une espèce d’elfe maléfique. Michael Gornick opte également pour une esthétique bien plus réaliste, là où l’épisode précédent se voulait un hommage visuel aux bandes dessinées EC. Comics avec ses éclairages bariolés. Sur le plan formel, Creepshow 2 est donc nettement plus frustre que son illustre prédécesseur.

On ne sera pas très tendre non plus envers la première histoire mettant en scène une statue de bois indienne revenant à la vie pour venger un couple de petits vieux assassiné par des jeunes délinquants. Un peu mièvre, le sketch pâtit d’une ambiance redneck qui s’accorde mal avec l’idée que l’on peut se faire d’un film horrifique. Si les vétérans George Kennedy et Dorothy Lamour incarnent ce vieux couple avec talent, ils symbolisent aussi une Amérique idéalisée où régnerait l’harmonie entre les peuples. Après une mise en place fastidieuse, l’intervention de la statue animée n’est pas des plus remarquables, la plupart des meurtres restant hors champ.

© 2002 Lakeshore Entertainment Group LLC. Tous droits réservés.

Creepshow 2 parvient toutefois à se relever de ce faux départ légèrement décevant grâce à un excellent deuxième segment intitulé Le radeau. Cette fois, des jeunes un peu stupides viennent se baigner dans un lac isolé et se retrouvent piégés par une étrange créature qui cherche à les ingérer les uns après les autres. Sur ce pitch basique, Michael Gornick arrive à créer une atmosphère tendue du plus bel effet. Pas besoin ici de faire intervenir des éléments extérieurs, la menace se suffit à elle-même grâce à d’excellents effets spéciaux et à l’implication du jeune casting. La fin et son twist ironique finissent par nous convaincre et nous tenons là le meilleur passage du film.

Creepshow 2, box-office

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Creepshow 2 est une suite largement inférieure au film d’origine

Heureusement, le dernier segment n’est pas en reste et propose une histoire totalement démente où une automobiliste qui vient de renverser par inadvertance un auto-stoppeur se retrouve harcelée par ce dernier qui semble increvable. Davantage humoristique que véritablement horrifique, ce sketch a le mérite de pointer du doigt les problèmes raciaux aux Etats-Unis (l’auto-stoppeur est afro-américain), tout en auscultant l’individualisme à l’œuvre dans une société américaine des années 80 uniquement préoccupée par le développement personnel. Le comique de répétition fonctionne parfaitement ici jusqu’à une conclusion logique, et là encore ironique comme le veut la tradition de chute des EC. Comics.

George A. Romero revient marcher sur terre

Montage par Frédéric Mignard / Photos : Laurel Group

Au final, Creepshow 2 est une suite largement inférieure au film d’origine, mais qui possède un charme indéniable. Sa faiblesse principale vient du nombre limité de sketchs et de la présence en amorce du segment indien, assez pauvre. Le reste est par contre bien plus amusant, ce qui permet de faire de la projection un bon moment. Cette suite tardive n’a pas démérité au box-office américain, cumulant seulement 14 M$ aux Etats-Unis contre 19M$ pour le premier qui avait toutefois coûté plus cher. En France, une exposition moindre dans les salles ne lui a permis de rassembler  que 168 446 amateurs du romancier dans les salles. Pas folichon, même si le contexte de crise du cinéma peut l’expliquer. Sur Paris, curieusement, le film connut une carrière sur la durée, réussissant à multiplier par quatre ses chiffres de première semaine.

Les sorties de la semaine du 16 décembre 1987

Stephen King Christine
Critique de Virgile Dumez

© 2002 Lakeshore Entertainment Group LLC. Tous droits réservés / © 2019 Bach Films. Graphisme : John Capone.

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