Enzo Sciotti est une légende du cinéma italien. Il contribua par son art visuel, à vendre des films parfois géniaux, souvent ingrats dans les domaines de la série A, B et Z.
Son travail immédiatement reconnaissable était caractérisé par son sens du naturalisme sublime, transcendé par un trait de pinceau d’une finesse absolue et un goût personnel pour les éclairages bleutés qu’il retranscrivait magnifiquement.
© 1984 National Cinematografica – Nuova Dania Cinematografica – Filmes International – Les Films du Griffon / Affiche : Enzo Sciotti. Tous droits réservés.
Dans les années 80, Enzo Sciotti devient une figure majeure auprès des amateurs de cinéma fantastique, même si il a réalisé de très nombreuses œuvres, dans des genres très différents et notamment la comédie populaire italienne (la “commedia all’italianna).
Fils d’un peintre de grand talent, il perd son père alors qu’il est encore jeune. L’héritage artistique sera naturel. Le jeune Sciotti aime peindre et combinera cet amour à celui du septième art. A l’âge de 16 ans, alors que les années 60 démarrent, il commence une carrière dans l’affiche qu’il poursuivra jusqu’à sa mort, malgré la crise de l’art pictural à l’ancienne, au début des années 90, précipitée par l’avènement des techniques du numérique.
Il se diversifie et crée notamment, à Cisterna di Latina, une entreprise de graphisme publicitaire, Art Designer. Ses enfants collaborent avec lui.
Son œuvre riche de plusieurs centaines d’affiches de cinéma lui a permis de peindre des stars immenses et de très nombreuses vedettes du cinéma bis : Elvis Presley, Brad Pitt et Tom Cruise (Entretien avec un vampire de Neil Jordan), Arnold Schwarzenegger (Pumping Iron) Madonna (Crazy for You), Tom Hanks (The Burbs de Joe Dante), Charles Bronson (Protection rapprochée, Le messager de la mort, Kinjite, Le justicier de minuit…), Burt Reynolds (Malone, un tueur en enfer), Ursula Andress (La montagne du dieu cannibale), Marcello Mastroianni (La double vie de Mathias Pascal de Mario Monicelli), Christophe Lambert (Le Sicilien, Fortress), Alain Delon (Parole de flic), Robert De Niro (Jack Knife), Gene Hackman (Besoin d’amour de Jerry Schatzberg), Matt Dillon (Violence dans la ville, Target), Katharine Hepburn et Nick Nolte (Grace Quigley pour Cannon Films), Jean-Claude Van Damme (Bloodsport), Marlène Jobert et Kirk Douglas (To Catch a Spy),
Carole Bouquet (Mystère), Rutger Hauer (Le sang des guerriers), Max von Sydow (Professione figlio), Nino Manfredi (Spaghetti House), Jennifer
Connelly (Phenomena de Dario Argento), Johnny Hallyday, Claude Brasseur et Nathalie Baye (Détective de Jean-Luc Godard), Kurt Russell (New York 1997), Shirley MacLaine (Madame Sousatzka de John Schelsinger), Michael Dudikoff (American Ninja 4, Platoon Leader pour Cannon), Klaus Kinski, Ernest Borgnine et Lee Van Cleef (Nom de code : Oies sauvages), Everett McGill (Les lauriers de la gloire), Isabelle Adjani (L’été meurtrier), Sissy Spacek (Marie), Klaus Maria Brandauer (Le bateau phare de Jerzy Skolimowski), Ed Harris (Knightriders de George A. Romero) Brigitte Nielsen (Domino), la chanteuse Sabrina Salerno (Fratelli d’Italia), Sophia Loren et Richard Harris (Le pont de Cassandra), Henry Silva (The Violent Breed), Marc Singer (Dar l’invincible de Don Coscarelli)… La liste est colossale.
Evidemment, la France pouvant compter, notamment dans les années 80, sur le talent de ses propres illustrateurs (Melki, Landi…) et d’autres italiens comme Casaro et Mascii la plupart des visuels de Enzo Sciotti ne parviendront pas jusqu’à nos cinémas. Toutefois, certains réussiront à faire grande impression, notamment dans l’horreur, le post-nuke et l’érotisme : Maximum Overdrive de Stephen King, Démons de Lamberto Bava, Apocalypse dans l’océan rouge du même Bava Jr., 2020 Texas Gladiators, Les prédateurs du futur de Ruggero Deodato, Le gladiateur du futur de Joe D’Amato, 2019 après la chute de New York de Sergio Martino, Final Executor, Plaisirs pervers de Lucio Fulci, La retape de Joe D’Amato, La maison du cauchemar de Umberto Lenzi, La flic à la police des mœurs avec Edwige Fenech, La lycéenne fait de l’œil au proviseur, Crimes au cimetière étrusque, Tex le seigneur des abysses, Démoniaque présence, Deux yeux maléfiques…
En Italie, Enzo Sciotti a réalisé également le fameux visuel érotique de Blue Velvet de David Lynch, et ceux d’autres titres dont Le bal d’Ettore Scola, L’au-delà, Cat in the Brain et L’éventreur de New York de Lucio Fulci, Evil Dead de Sam Raimi, devenu La casa en Italie…
La disparition d’Enzo Sciotti le dimanche 11 avril 2021 est un jour funeste pour l’art cinématographique italien qui perd l’un de ses illustrateurs les plus reconnus. Pour les amateurs de visuels classieux et déjantés de ce peintre, une visite sur son site Internet et l’achat de ses deux ouvrages ultra limités s’imposent.
Frédéric Mignard, fan et collectionneur depuis 1984.
© Sciotti