Black Panther – Wakanda Forever : la critique du film (2022)

Aventure, Film de Super-héros | 2h41min
Note de la rédaction :
6.5/10
6.5
Black Panther : Wakanda Forever, affiche du film

  • Réalisateur : Ryan Coogler
  • Acteurs : Danai Gurira, Chadwick Boseman, Lupita Nyong’o, Winston Duke, Martin Freeman, Michael B. Jordan, Angela Bassett, Isaach de Bankolé, Tenoch Huerta, Letitia Wright, Robert John Burke, Connie Chiume
  • Date de sortie: 09 Nov 2022
  • Année de production : 2022
  • Nationalité : Américain
  • Titre original : Black Panther: Wakanda Forever
  • Titres alternatifs :
  • Scénaristes : Ryan Coogler, Joe Robert Cole
  • Directeur de la photographie : Autumn Durald Arkapaw
  • Monteurs : Kelley Dixon, Jennifer Lame, Michael P. Shawver
  • Compositeur : Ludwig Göransson
  • Producteurs : Kevin Feige, Nate Moore
  • Sociétés de production : Marvel Studios, Walt Disney Pictures
  • Distributeur : The Walt Disney Company France
  • Editeur vidéo : Marvel
  • Date de sortie vidéo : 17 mars 2023 (DVD, 4K)
  • Box-office France / Paris-Périphérie : 3 656 742 entrées / 1 057 924 entrées
  • Box-office nord américain / monde : 453 797 692$ / 858 535 561$
  • Budget : 250 000 000$ (approximatif)
  • Classification : Tous publics
  • Formats : 2.39 : 1 / Couleur (4K, Imax, Panavision) / IMAX 6-Track, Dolby Digital, DTS, Dolby Atmos
  • Festivals et récompenses : 5 nominations aux Oscars, dont meilleure chanson pour Rihanna et Meilleur second rôle féminin pour Angela Bassett, 3 prix sur 6 aux Critics Choice Awards, Golden Globe de la Meilleure actrice dans un second rôle pour Angela Bassett... Au total, plus de 142 nominations et 38 prix.
  • Illustrateur / Création graphique : © Art Machine. Tous droits réservés / All rights reserved
  • Crédits : © 2022 Marvel. Tous droits réservés / All rights reserved
Note des spectateurs :

Black Panther : Wakanda Forever est une suite palpitante, aux nombreux morceaux de bravoure, à peine diminuée par des effets spéciaux numériques qui laissent parfois circonspects et le caractère frêle de son héroïne qui n’a pas forcément l’étoffe de son rôle. Un Marvel de qualité qui se situe au-dessus de la mêlée. 

Synopsis : La Reine Ramonda, Shuri, M’Baku, Okoye et les Dora Milaje luttent pour protéger leur nation des ingérences d’autres puissances mondiales après la mort du roi T’Challa. Alors que le peuple s’efforce d’aller de l’avant, nos héros vont devoir s’unir et compter sur l’aide de la mercenaire Nakia et d’Everett Ross pour faire entrer le royaume du Wakanda dans une nouvelle ère. Mais une terrible menace surgit d’un royaume caché au plus profond des océans : Talokan.

La deuxième vie de Black Panther après une tragédie humaine

Critique : En institutionalisant la lutte pour les droits civiques dans le divertissement Marvel, Black Panther premier du nom, est devenu une œuvre phénomène qui s’est classée en 6e place des plus grosses recettes jamais réalisées aux USA (si l’on ne prend pas en considération l’inflation). Le film de super-héros se positionne ainsi devant Titanic, Le roi Lion, The Dark Knight. Le blockbuster devient un phénomène sociologique et démontre que le monde entier est capable, voire désireux de découvrir un récit dont la quasi entièreté du casting est constitué d’acteurs noirs. Nous sommes alors en 2018, et aucuns des Marvel qui suivront – à l’exception du philosophique et mature Les Eternels – ne parviendront à manifester autant de singularité et de charisme. Pis, certaines de ces productions sonderont les bas-fonds du genre (Captain Marvel, Les Nouveaux mutants, Black Widow, et deux Avengers fourre-tout).

Black Panther : Wakanda Forever en Ultra HD

Jaquette du 4K Ultra HD de Black Panther: Wakanda Forever. © 2022 MARVEL.

Le décès de Chadwick Boseman, roi T’Challa de la contrée africaine fictive du Wakanda, et incarnation de Black Panther, est un choc en août 2020. En toute dignité, dans le refus de la médiatisation de sa maladie, l’acteur afro-américain disparaît d’un cancer, au sommet d’une gloire qui a fait de lui l’idole d’une génération. Son personnage à l’écran était à l’image de son charisme, séduisant et tortueux. Jamais nous n’aurions pu imaginer cette figure fraternelle abandonner nos contingences terrestres pour l’éternité des astres, quand tant d’espoirs étaient placés en lui.

Les scénaristes de Black Panther 2, film que Chadwick Boseman devait tourner s’il n’avait pas été terrassé par la maladie, sont contraints de changer entièrement leurs plans narratifs. La franchise doit connaître une effroyable redirection, à l’instar de la saga de Fast & Furious qui en était à son numéro 7 lorsque l’une de ses deux plus grandes stars, en l’occurrence Paul Walker, décède accidentellement lors du tournage.

Les funérailles d’un mythe dans une émotion palpable, mais toujours dans la sobriété

C’est logiquement sur les funérailles de son roi que le pays fictif du Wakanda est réintroduit dans toute sa beauté de lumières et de couleurs, quatre ans après la sortie originale de ce monument de l’histoire du divertissement américain qui avait bouleversé la sociologie des grosses productions américaines. Les funérailles sont sobres ;  l’émotion est prégnante. Ce n’est plus un personnage que les acteurs pleurent à l’écran, mais bel et bien l’ami, l’acteur et le symbole d’une reconnaissance tardive du “pouvoir noir” à Hollywood.

Cette sobriété est poignante et servira de leitmotiv dans le rapport à ce personnage finalement omniprésent dans les mémoires ; son ombre tutélaire plane sur les 2h40 de métrage jusqu’à la chanson de générique de fin, requiem par la ballade, signée par une Rihanna sans emphase. Narrativement, la disparition du roi T’Challa va révéler au grand jour bien des secrets du Wakanda au bord d’une guerre totale qui sera à l’écran un moment d’action et de suspense impressionnant.

Sublime Angela Bassett dans Black Panther : Wakanda Forever

Angela Bassett est Ramonda dans Black Panther Wakanda Forever. Photo by Annette Brown. © 2022 Marvel.

Une dynastie de personnalités que l’on aime

Black Panther : Wakanda Forever est donc dédié à Chadwick Boseman et l’acteur le mérite. Mais sa disparition implique aussi la nécessité de survie pour ceux qui portent sur leurs épaules les espoirs d’une diversité à l’écran. Aussi, c’est toute une dynastie de personnages bien-aimés que l’on retrouve avec un plaisir non dissimulé. La Reine Ramonda, jouée par l’impératrice et diva Angela Bassett écrase tout le casting. Elle est sublime. La guerrière Okoye, toujours jouée par la Michonne de The Walking Dead, l’épatante, Danai Gurira, gagne en importance, même si son rôle est toujours subordonné. Nakia est toujours jouée par la magnifique Lupita Nyong’o. Et son personnage, jusqu’en toute fin, a bien des choses à dévoiler. Et, évidemment, on retrouve la sœur du défunt héros, Shuri, jouée par Letitia Wright, ancien personnage secondaire, qui va prendre entièrement les rênes du film.

Wright, alias Black Panther 2, est une actrice éminemment sympathique, mais malheureusement frêle. C’est elle qui enfile la tenue moulante de la panthère noire qui n’a pas été pensée, à l’origine, pour son allure maigrelette. Autant la prestance de Boseman était évidente dans cet habit félin qui lui collait à la peau. Sur Letitia Wright, une analogie avec Catwoman joue en sa défaveur. Il faut dire que Shuri n’aurait jamais dû investir ce premier rôle. Elle l’occupe par défaut quand une présence périphérique aurait été plus à-propos.

Danai Gurira est Okoye dans Black Panther : Wakanda Forever

Design : LA. – Black Panther : Wakanda Forever. © 2022 Marvel.

Ça vaut quoi un film Marvel en vrai?

Mais qu’importe la réalité de son jeu, Letitia Wright n’a certes pas l’étoffe des super-héroïnes, mais elle n’en demeure pas moins habitée par une émotion réelle. Et puis son personnage renvoie à des destins tragiques qui dépassent la simple réalité de l’être, ce qui lui permet de transcender son caractère humain et un jeu parfois maladroit.

Les interactions de Shuri avec un monde à la géopolitique en ébullition qui dénonce notamment l’action française et américaine en Afrique, sont toujours pertinentes, tantôt drôles ou empreintes de colère et surtout d’empathie pour les victimes marginales d’un monde bâti sur l’esclavage dont les souvenirs de l’histoire peuvent revenir en boomerang comme le plus grand danger pour l’espèce humaine. Chez Letitia Wright, la gravité côtoie aussi l’expression d’un naturel quasi adolescent, malgré la réalité de son âge de quasi trentenaire. Cela la rend peu à l’aise en tête d’affiche d’une telle production, mais paradoxalement, elle en ressort touchante.

Black Panther Wakanda Forever : un succès du blockbuster américain

Si Black Panther Wakanda Forever aurait dû coûter beaucoup plus cher et a vu son budget rétrograder à la mort de son acteur phare, il appartient aux blockbusters de 200 millions de dollars qui ont tous les arguments pour offrir un spectacle intégral à un public en manque de super production valable. Pas de doute qu’il écrase bon nombre de concurrents. On oubliera volontiers les affres de Black Widow et de Thor Love & Thunder pour goûter au caractère sombre et épique de Wakanda Forever qui a de la personnalité et du spectacle à revendre.

Tenoch Huerta Mejía dans Black Panther Wakanda Forever

Tenoch Huerta Mejía est Namor dans la production Marvel Studios, Black Panther Wakanda Forever Photo : Eli Adé. © 2022 Marvel

Malin. Avant Aquaman 2 et Avatar 2, voici Black Panther 2

L’intrusion d’un peuple des abysses, d’une puissance effroyable, à la texture de peau d’un bleu qui paraît avoir été choisi pour servir de transition à l’arrivée simultanée d’ Avatar 2 : la voie de l’eau, relance considérablement les enjeux, permettant de mettre de côté les bisbilles avec le monde occidental, pour une confrontation avec le passionnant K’uk’ulkan (son nom pour ses amis), aussi connu en tant que Namor pour ses ennemis. A l’instar des protagonistes développés du film Les Eternels, grand Marvel méconnu qui brille au firmament du studio, ce “bad guy” aquatique, aux sandales ailées, n’a rien du vilain traditionnel et démontre une fois de plus la capacité des scénaristes, quand ils le veulent, à brosser quelques beaux portraits dans une franchise où l’affrontement psychologique et idéologique entre T’Challah et Erik Killmonger (Michael B. Jordan) avait rendu l’opus précédent passionnant.

Empereur charismatique d’un monde aquatique que l’on n’imaginait même pas, l’acteur mexicain Tenoch Huerta a la carrure des grandes figures de cinéma. Son impressionnante armada aquatique renvoie Aquaman dans les tréfonds du nanar sympa, même si, les effets spéciaux, notamment au niveau de la retranscription esthétique de sa cité sous-marine sont loin d’être satisfaisants. Pour les séquences sous-marines, trop sombres, c’est même esthétiquement décevant.

Au final, comme pour bien des Marvel récents, on peut reprocher l’abus de fonds verts pour réussir l’intégration des acteurs dans un monde essentiellement numérique. Mais au vu des nombreuses qualités narratives et de l’incroyable sympathie que dégagent tous les acteurs, le sentiment de succès demeure. Black Panther Wakanda Forever est un spectacle impressionnant, parfois porté par une musique paroxysmique qui pousse l’émotion au plus haut. Ce n’est pas toujours du niveau des Eternels, mais c’est en tout cas une suite digne de son prédécesseur, dont on aurait peut-être coupé une quinzaine de minutes sur la toute fin pour rendre la durée globale plus acceptable. Mais là encore, on chipote.

Frédéric Mignard

Sorties de la semaine du 9 novembre 2022

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Black Panther : Wakanda Forever, affiche du film

Design original : Art Machine © 2022 Marvel Studios

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