Pur accident industriel, Les nouveaux mutants est effrayant par sa capacité à sonder le vide durant une très longue heure et demie. Ennuyeux, raté et terriblement vain.
Synopsis : Rahne Sinclair, Illyana Rasputin, Sam Guthrie et Roberto da Costa sont quatre jeunes mutants retenus dans un hôpital isolé pour suivi psychiatrique. Le Dr Cecilia Reyes, qui estime ces adolescents dangereux pour eux-mêmes comme pour la société, les surveille attentivement et s’efforce de leur apprendre à maîtriser leurs pouvoirs. Lorsqu’une nouvelle venue, Danielle Moonstar, rejoint à son tour l’établissement, d’étranges événements font leur apparition.
Quatre ans entre le début de la production et la sortie en salles
Critique : En 2014, le réalisateur Josh Boone affole les compteurs du box-office américain avec un drame romantique intitulé Nos étoiles contraires. Le film cumule plus de 120 millions de dollars sur le sol nord-américain et même la France succombe au drame avec un peu plus d’un million d’entrées. Dès lors, le réalisateur est pressenti pour tourner un spin-off de la saga X-men. Les nouveaux mutants est donc sur les rails dès 2015 et la production démarre en 2016. Toutefois, la phase d’écriture dure plusieurs mois, de même que la recherche du bon casting, composé de nombreux inconnus. Finalement, le tournage démarre en 2017 et s’achève au mois de septembre de la même année.
© 2020 20th Century Studios – Kinberg Genre – Marvel Entertainment. Tous droits réservés.
Malheureusement, la déception commerciale des derniers segments de la franchise X-Men a entraîné de nombreuses réécritures en cours de tournage et la disparition de connections avec les autres numéros de la saga. Par la suite, les tractations de rachat de la Fox par Disney n’ont eu de cesse de repousser la date de sortie d’une œuvre qui avait de toute façon besoin d’ajustements, aussi bien en termes de narration que d’effets spéciaux. En réalité, les reshoots envisagés ne sont finalement pas programmés par le nouveau studio acquéreur.
Une sortie sans cesse repoussée
Initialement prévue pour avril 2018, la sortie est d’abord repoussée au mois de février 2019, puis encore au mois d’août de la même année pour ne pas concurrencer d’autres produits maison. Une fois racheté par Disney, le long-métrage subit un nouveau report au mois d’avril 2020, mais la crise du coronavirus passe par-là et le long-métrage finit par atterrir en salles en août 2020, soit près de trois ans après la fin des prises de vues. Aux Etats-Unis, Les nouveaux mutants a été un cuisant échec avec seulement 46,2 millions de dollars de recettes, tandis qu’en France, le long-métrage n’a attiré que 383 201 fans de super-héros, en pleine période de pandémie.
Il faut dire que le long-métrage est bien loin d’être satisfaisant. Alors qu’il a été vendu comme une tentative d’amener le film de super-héros vers davantage de noirceur, et même parfois comme un pur film d’horreur, Les nouveaux mutants ne risque guère d’effrayer les plus de huit ans. Par contre, sa capacité à sonder le vide absolu est sans nul doute ce qui fait le plus peur.
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Les nouveaux mutants, un comics initial plutôt sombre
Pourtant, l’idée d’exploiter le cycle court de l’ours démon était intéressante puisqu’il s’agissait de quelques épisodes marquants du comics. Pour mémoire, la bande dessinée était initialement une tentative de rajeunir le cœur de cibles des comics X-Men qui triomphaient dans les kiosques au début des années 80. Le scénariste Chris Claremont n’était pas nécessairement enchanté de devoir raconter les aventures de jeunes adolescents, mais a réussi à donner une certaine profondeur aux personnages, tous marqués par des traumas. L’arrivée au dessin de l’artiste au style révolutionnaire Bill Sienkiewicz a accentué encore plus l’aspect horrifique de ce comics initialement destiné aux kids, mais qui a gagné ainsi des fans plus matures, dont l’auteur de ces lignes.
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En bon connaisseur du comics, Boone se saisit donc de l’arc narratif le plus mature, mais il n’arrive jamais à lui donner la moindre épaisseur. Il prend ainsi la décision malheureuse et même catastrophique d’enfermer le jeune groupe de mutants dans un hôpital durant la totalité du long-métrage. Cet unique décor, par ailleurs dépouillé de la moindre fioriture et, plus étonnant encore, du moindre figurant, nous plonge dans une ambiance de série B qui contraste fortement avec l’ampleur des derniers films super-héroïques. Certes, le budget qui tourne autour de 80 millions de dollars est plutôt faible pour ce type de production à effets spéciaux, mais on a rarement eu l’impression d’assister à un film totalement fauché, au point qu’on se demande où est passé l’argent investi.
Comment expérimenter le seuil du vide !
Signalons qu’il faut tout de même une heure de film pour que les pouvoirs des différents mutants soient enfin exposés. Entre-temps, les jeunes acteurs font ce qu’ils peuvent pour occuper l’espace – vide – de leur présence – peu charismatique dans l’ensemble. Si l’on apprécie les jeux d’Anya Taylor-Joy et Charlie Heaton, les autres jeunes acteurs manquent singulièrement d’épaisseur. Pour leur défense, il faut reconnaître qu’ils n’ont guère de personnage à défendre et que leur prestation souffre de dialogues mal écrits, construits sur des clichés. La métaphore qui consiste à faire de la puberté un moment de mutation biologique traumatisant est elle-même plutôt lourde. Pendant cette longue, très longue heure, il ne se passe tout simplement rien du tout.
Problème, le film ne dure qu’une heure et vingt minutes (si l’on retire les dix minutes du générique final). Cela est certes lié au remontage du film qui a été expurgé de tous les liens avec la saga X-Men, mais cela n’empêche pas l’ensemble de souffrir d’un déséquilibre notoire. L’action ne se déclenche donc que dans le dernier quart d’heure. Trop tard pour renverser la vapeur. On se retrouve donc ici dans un cas identique à celui des Quatre fantastiques (Trank, 2015).
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Le film d’horreur pour gamins de moins de dix ans
Doté d’images globalement laides, d’effets numériques peu probants et surtout d’un script inepte, Les nouveaux mutants ne suscite jamais la moindre émotion. On cherche encore les fameuses scènes horrifiques censées faire bondir les spectateurs de leur siège. Force est de constater qu’il s’agissait une fois de plus d’un argument marketing et non d’une démarche artistique assumée jusqu’au bout. Face à une telle débâcle, on préfère vraiment retourner à nos bons vieux comics qui, du coup, ont été réédités grâce à la sortie du film. C’est bien là la seule bonne nouvelle pour les fans de cette sympathique équipe.
Critique de Virgile Dumez
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