Aquaman : la critique du film (2019)

Action, Film de super-héros, Blockbuster | 2h23min
Note de la rédaction :
6/10
6
Aquaman, affiche

Note des spectateurs :

Aquaman est une kitscherie foutraque qui semble avoir été réalisée pour séduire le marché chinois. Sa générosité narrative est telle qu’on en oublie volontiers ses vilains défauts, en particulier la laideur absolue des effets spéciaux numériques, pour savourer le plaisir réel du divertissement total.

Synopsis : Le film revient sur les origines d’Arthur Curry, mi-homme, mi-créature de l’Atlantide, puis l’entraîne dans le périple de sa vie. Une aventure qui l’obligera non seulement à accepter sa véritable identité, mais à savoir s’il est digne de son destin : être né pour devenir roi.

Critique : Aquaman pourrait être la meilleure surprise de l’année en matière de film de super-héros. A l’exception de Black Panther, dont l’aspect politique parait ses antagonismes de substance, le bilan 2018 dans le genre super-héroïque n’est guère brillant. Avengers Infinity War, superbement réalisé, était un gloubi boulga d’histoires, dont l’absence de psychologie, faute d’avoir un fil narratif satisfaisant, rendait l’épopée funeste trop choral pour émouvoir. Deadpool 2 n’avait pas de scénario, se satisfaisant paresseusement d’une succession ringarde de gags métacinématographiques. Quant à Ant Man, son sequel était bien sympa, mais avait-il quelque chose à raconter ? On en doute encore.
Aquaman, pour sa part, est un nanar. Nous osons le mot. Un vrai de vrai, mais un rigolo. Les premières séquences s’enchaînent de façon laborieuse, avec une curieuse histoire d’amour, à peine crédible, à peine digne de Splash de Ron Howard (1984), entre la reine des Atlantes, jouée par Nicole Kidman, actrice désormais défigurée par le travail sur son visage, et le Néo-Zélandais Temuera Morrison, au visage affreusement rajeuni numériquement également… Tous deux, aussi factices que l’univers dans lequel ils évoluent, font très peur. Oui, cela pique les yeux et l’on est embarrassés par les première scènes qui les rassemblent en préambule.

Copyright: © 2018 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. Photo Credit: Courtesy of Warner Bros. Pictures

Le temps d’acclimatation aux effets spéciaux est également particulièrement long. Même dans les salles de projection les plus impressionnantes, cette déferlante grotesque d’effets spéciaux en tout genre, est floue, approximative, odieuse même pour la vue qui s’est habituée à la finesse de piqué qu’offre la haute définition aujourd’hui. Le film a coûté cher, mais on est loin des réussites visuelles du genre que peuvent être le dernier Avengers et surtout Tron l’héritage auquel le film de James Wan aimerait aussi beaucoup ressembler, jusque dans l’improbable bande-son qui mange à tous les râteliers, incluant même un extrait de Depeche Mode, It’s no good. Faute d’une définition de l’image satisfaisante, le spectateur doit envisager de fuir les projections en 3D qui aggravent cette sinistre impression. La présente critique se base sur une séance dans une salle Premium ICE, en projection laser 4K, 3D, avec un son Dolby Atmos. L’on soulignera d’ailleurs que les photos d’exploitation proposées par Warner ne sont pas là pour vanter les prouesses techniques, puisque le rendu voilé est déjà bien présent sur ces images. La superproduction ploie par ailleurs sous le poids du kitsch assumé ; les costumes, carapaces et couleurs s’approprient les codes des blockbusters chinois qui partagent le même goût de la surenchère d’effets spéciaux improbables et grotesques. Ajoutez à cela la balourdise de Jason Momoa, avec des lentilles improbables, les yeux laser d’Amber Heard, et vous aurez un aperçu certain du mauvais goût de cette production.
Bon gré mal gré, au fil des séquences, malgré les défauts patents, on se met à l’aimer, cet Aquaman, pour sa différence, ses références. James Wan, réalisateur généreux par excellence, fait un boulot dantesque quand il s’agit de nourrir l’atmosphère par le décor et l’action. Imaginez Star Wars et Tron l’héritage pendant plus de deux heures, au plus profond des océans, et vous aurez un aperçu de cette aventure épique qui aime aligner au moins un plan spectaculaire à la seconde. En vrac, on citera dans les références Gladiator et Thor RagnarokStarship TroopersPinocchioA la poursuite du diamant vertKing Kong Skull IslandLe Choc des TitansFast & FuriousAssassin’s creedA la poursuite d’octobre rouge, et même, Mamma Mia, pour l’improbable virée latine… Tout y passe dans cette collision des genres qui, in fine, gratifie l’œil du spectacle le plus explosif, jouissif et exotique de l’année.

Copyright: © 2018 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. Photo Credit: Courtesy of Warner Bros. Pictures

L’on se croit dans un premier temps contraint à l’oppression marine d’une oeuvre entièrement dédiée à l’océan, mais il n’en est rien. l’on se retrouve dans différents univers/paliers de jeux vidéo, perdus dans le désert saharien, dans des fosses dantesques où rodent des milliers de créatures que l’on croirait issues d’un cauchemar de Lovecraft (une scène à l’antre de cette fosse déploie un plan d’anthologie, d’une noirceur magnifique), ou encore dans un cœur terrestre préhistorique où Jules Verne est convié… L’imagination n’est jamais en berne, au risque du trop-plein : trop de mondes aquatiques, trop de créatures, trop d’effets spéciaux qui nous font inévitablement revenir à nos réserves quant à l’approximation de leur définition…

La générosité est totale, très loin des limites d’un Wonder Woman pour les DC, ou d’un Antman pour Marvel. Aquaman, le héros au sang mêlé, est un molosse bêta mais fun, qui gratifie le spectateur du blockbuster ultime, qu’aucune bande-annonce ne pourra jamais retranscrire tellement ses 2h30 sont épuisantes.
Un tel divertissement est rare, surtout dans le domaine patenté du nanar, et pour cela on mettra en garde les récalcitrants face à l’indigestion assurée, tout en restant cohérent par rapport à la réalité du plaisir ressenti pendant la dernière heure et demie du film… Aquaman est en fait le plus recommandable des produits hollywoodiens de cette année 2018, pour ceux qui veulent ressortir bousculés et ébouriffés (on n’ose imaginer une projection en 4DX !). C’est aussi une invitation à un univers aquatique cohérent, où l’avènement du mythe du roi des Océans n’est pas gâché par des clins d’œil poussifs à d’autres Justiciers de la Justice League, pour nous vendre de futures orgies de super-héros. Plus héroïque que super-héroïque, Aquaman est la quintessence du succès populaire pour jeunes, de ceux qui raviront sans aucune difficulté tous les 10-25 ans.

Les sorties de la semaine du 19 décembre 2018

 

 

 

 

 

 

 

 

Copyright: © 2018 WARNER BROS. ENTERTAINMENT INC. Photo Credit: Courtesy of Warner Bros. Pictures

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